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© Babi via Unsplash

DANS MON PORTEFEUILLE: ““Je suis en médiation de dettes et c’est un enfer””

Barbara Wesoly

Chaque semaine, une lectrice nous parle de sa situation financière. De son salaire à son compte épargne, en passant par ses économies et ses dépenses, elle fait le point sur son budget et son rapport à l’argent.

  • Prénom Eve
  • Âge 39 ans
  • Situation célibataire, a une fille de 7 ans
  • Études se forme actuellement pour devenir assistante dans l’immobilier
  • Emploi combine ses études avec un emploi de laborantine en hôpital (en 4/5e)
  • Salaire net ± 1900 € qui partent en médiation collective de dettes. Bénéficie d’une allocation de subsistance de 750 €.
  • Avantages extralégaux 5 € par jour de chèques repas, assurance hospitalisation et groupe.
  • Revenus du ménage ± 750 € par mois
  • Frais fixes ± 750 € par mois
  • Épargne 0 €
En ce moment, il me reste seulement 40 € dans mon portefeuille et je dois tenir avec cette somme encore au moins une semaine.

Eve « Je travaille comme laborantine dans un hôpital depuis plus de 10 ans. Les échantillons qui arrivent de l’hôpital et de laboratoires externes sont enregistrés dans le système par mes collègues et moi-même et transmis à nos techniciens de laboratoire, afin qu’ils puissent les analyser. La flexibilité est, à mes yeux, le plus gros avantage de mon travail, mais je considère la nouvelle politique ­hospitalière comme un inconvénient. Et je ne suis pas la seule, puisque de nombreux ­collègues sont partis, ce qui impacte mon bonheur au boulot et la satisfaction que je tire de mon job. En même temps, leur départ a été le coup de pouce qu’il me fallait pour ­explorer de nouveaux horizons et enfin oser poursuivre mes rêves. La vie est trop courte pour les abandonner.

Prête pour l’étape suivante

Même si je suis fière du chemin que j’ai ­parcouru sans diplôme d’études secondaires, je ne me vois pas exercer cet emploi jusqu’à ma retraite et je suis prête à passer à l’étape suivante de ma carrière. Lorsque j’étais toute jeune adulte, je n’avais aucune vision globale de l’avenir et je faisais n’importe quoi. C’est pourquoi aujourd’hui je rattrape le temps perdu en combinant mon travail avec une ­formation pour devenir assistante ­immobilière. Je m’intéresse à tout ce qui touche à l’aspect juridique, mais un bachelier ou un master universitaire me paraissait trop ambitieux. J’envisage malgré tout de ­commencer le Droit, mais pour cela il me faut un diplôme secondaire, que j’essaye d’abord d’obtenir par cette voie. Si je réussis, rien ne m’empêche de poursuivre des études à plus long terme. J’espère parvenir à gérer, à la fois, mon boulot, mes cours, les tâches ménagères et l’éducation de mon enfant.

Des milliers d’euros de dettes

Je ne bosse pas à temps plein, mais à 80 % et cela me rapporte 1900 € par mois, mais, étant en médiation collective de dettes, mes revenus vont entièrement au remboursement de celles-ci et je reçois une allocation de subsistance de 750 € par mois. Mon ex-partenaire, le père de ma fille, dépensait sans compter, souffrait de problèmes d’addiction et, à mon insu, avait mis de l’argent de côté pour préparer son départ. Nous étions aussi en retard de paiement pour certaines factures, ce qui n’est pas sans conséquence. Nos dettes s’élèvent donc à des milliers d’euros. Cette situation dure ­depuis près de 5 ans. Les 4 premières années ont été dominées par la procédure judiciaire. Cela fait maintenant un an que je rembourse ces dettes et cela prendra encore 6 ans pour qu’elles soient épurées.

40 € pour une semaine

Être en médiation collective de dettes a un impact énorme. Je n’ai pas à payer mon loyer avec mon allocation de subsistance, mais cela ne m’empêche pas d’avoir du mal chaque mois à joindre les deux bouts. En ce moment, il me reste seulement 40 € dans mon portefeuille et je dois tenir avec cette somme encore au moins une semaine. La plupart des salaires sont indexés, mais ce n’est pas le cas de mon allocation de subsistance. La vie est devenue bien plus chère ces 3 dernières années, mais je dois toujours me débrouiller avec 750 €. Avoir un flexi-job supplémentaire pour gagner plus n’est pas non plus une option, car je devrais aussi céder ce revenu à la ­médiation de dettes. Le fait de ne pas avoir la moindre épargne est frustrant, et si j’en avais, elle devrait de toute ­façon servir à couvrir le remboursement. Ce n’est pas une situation facile, mais je n’en n’ai pas honte, car je sais que cela peut arriver à n’importe qui. Même si mon entourage ­comprend ma situation, mes proches ne ­réalisent pas ce que c’est que de devoir se contenter d’un budget si serré, en tant que mère célibataire. J’adorerais dire oui à un voyage ou week-end, mais 100 € représente beaucoup pour moi. “

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