Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…
© w33, Dusseldorf, NRW, Deutschland, small business, shoppen, einkaufen, second hand, vintage, small business owner, fashion addict (w33, Dusseldorf, NRW, Deutschland, small business, shoppen, einkaufen, second hand, vintage, small business owner, fas

Le déshopping, la pratique malhonnête que les réseaux sociaux encouragent

Kathleen Wuyard

Dans la course aux likes, un nombre croissant d’influenceuses et d’influenceurs s’adonnent au déshopping. Soit une pratique (illégale) consistant à porter des vêtements puis à les renvoyer comme si de rien n’était.


Que les choses soient claires, il ne s’agit pas ici de se rendre compte, une fois sa commande reçue et passée au test du miroir, que la coupe ou la couleur ne nous vont pas et de la renvoyer fissa. Evidemment, que lorsqu’on commande en ligne, il est nécessaire d’essayer les vêtements avant de savoir si on les garde ou si on les renvoie.

Mais ce n’est pas de ça qu’il s’agit avec le déshopping. Ici, pas question de passer les vêtements ou accessoires commandés pour se faire une impression mais bien de les porter, le temps d’un shooting photo ou plus si affinités, avant de les renvoyer comme si de rien n’était. Une pratique qui ne date pas d’hier, nombre de films et séries articulant l’un ou l’autre gag autour d’une protagoniste portant une tenue ayant toujours ses étiquettes (“elle est trop chère, je la mets puis je la ramène, oh non, quelqu’un m’a arraché l’étiquette” – insérer ici les rires enregistrés), mais qui a gagné en popularité avec l’essor des réseaux sociaux et de la course effrénée aux likes qu’ils encouragent. Une quête qui s’accompagne le plus souvent d’un nombre de changements de tenues ahurissant, afin de continuer à proposer du contenu surprenant, et donc, cliquable.

Acheter c’est acheter, le déshopping c’est voler


Sauf que même les influenceu.r.ses les mieux payé.e.s n’ont pas des budgets illimités, et pour pouvoir donner l’impression que leur garde-robe, elle, est infinie, ils sont de plus en plus nombreux à s’adonner au déshopping. Une pratique tout sauf anodine: d’après une analyse de marché réalisée par le bureau d’études King and Balmer, le déshopping, également connu sous le nom de “location gratuite”, coûterait 16 milliards d’euros par an aux commerçants... et ce, rien qu’aux Etats-Unis. Difficile, vu les pertes que ça représente, de se convaincre qu’il s’agit-là d’une petite entourloupe sans conséquences. D’autant que comme le rappelait ce message qui tournait avant chacun de nos DVD à l’époque, voler une voiture, non, un sac, non plus, mais pirater un film, c’est pareil, et il en va de même pour le déshopping qui, vu les coûts impliqués, est aussi une forme de vol, et n’est pas légal non plus.

En vous adonnant au déshopping, vous enfreignez explicitement les conditions de vente indiquées sur les différents sites de vente en ligne qui indiquent tous que seuls les vêtements, chaussures et autres accessoires jamais portés peuvent être renvoyés. Même si, dans les faits, la surveillance semble au mieux lacunaire: il y a quelques années de cela, trois journalistes du “Laatste Nieuws” avaient ainsi décidé de tester la technique sur Zalando. En commandant d’abord pour près de mille euros de vêtements sur Zalando avant de les porter lors d’une journée de travail puis de se faire rembourser intégralement le montant. Répétée à plusieurs reprises d’affilée, en repoussant à chaque fois un peu plus les limites (vêtements portés dans un local fumeur, étiquettes arrachées,  voire même vêtements troués) pour voir à chaque fois le montant de leur commande remboursé intégralement une fois celle-ci renvoyée.

À l’époque, Andrea Ricciarelli, porte-parole de Zalando pour le Benelux, avait assuré que “la majorité de nos clients retournent les vêtements en parfait état. Environ 97 % de tous les retours peuvent, après inspection, être revendus immédiatement. Les abus sont limités “. Reste que pour les limiter encore plus, Asos mais aussi Zalando, entre autres, ont désormais décidé d’apposer de grandes étiquettes extrêmement visibles sur le devant de leurs vêtements les plus chers. Peut-être que ça n’empêchera pas les plus motivé.e.s de les porter quand même pour un shooting ou un événement particulier, mais cela demandera des heures de retouche par après, et dans la vraie vie, c’est carrément impossible à masquer avec un filtre.

Lire aussi: 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires