Comment vos potes vous poussent à boire plus en soirée
Vous n’arrivez jamais à tenir vos promesses de limiter votre consommation d’alcool en soirée? Et si c’étaient vos potes qui vous poussaient à boire?
“Allez, juste un verre vite fait, mais je ne la fais pas tard et je ne compte vraiment pas trop boire”, s’est déjà dit tout le monde. Et n’a jamais respecté... On n’a pas envie de dire “personne”, mais en tout cas, celles et ceux qui arrivent à s’y tenir ne se cachent ni à la rédac’, ni dans nos groupes de potes respectifs. Et visiblement, on n’est pas les seules dans le cas.
Une nouvelle étude de l’Agence wallonne pour la sécurité routière révèle en effet qu’un tiers des Wallons disent boire plus d’alcool sous la pression de l’effet de groupe. Pour les 2.400 conducteurs wallons sondés, “ne pas boire d’alcool lors d’un événement festif est mal perçu dans notre société”. Ce qui expliquerait que même en partant de chez soi avec les meilleures intentions, on se retrouve dans son lit avec la tête qui tourne et l’estomac légèrement barbouillé en fin de soirée.
Boire et déboires
Plus encore si on est jeune, d’ailleurs: chez les 18-34 ans, la proportion de personnes que l’effet de groupe pousse à boire (plus) passe à 40%. 25% des Wallons confient même boire parfois “à contrecoeur”, parce qu’ils se sentent poussés par les autres à le faire. Enfin, un Wallon sur trois avoue boire plus à cause de la pression de son entourage.
En 2015 déjà, une étude suisse publiée dans la revue “Addiction” révélait que l’effet d’entraînement aurait un impact important sur la consommation d’alcool chez les jeunes, et que plus ces derniers sont entourés d’un nombre important d’amis en soirée, plus leur consommation de boissons alcoolisées augmente. Une tendance qui se confirme d’autant plus chez les hommes que chez les femmes.
Ainsi que le souligne la plateforme belge Aide Alcool, “lorsque vous pensez qu’un.e ami.e a un problème avec l’alcool, il peut être difficile de lui en parler. Aborder frontalement la consommation provoquera probablement une réaction défensive, voire un déni ou une dispute. Vous entendrez peut-être que «ce n’est pas si grave», «je maîtrise», «ce ne sont pas tes affaires», etc”. Oui mais que faire alors? Parmi les conseils prodigués, Aide Alcool recommande notamment de choisir un moment adéquat pour aborder le sujet, et de le faire plutôt par l’angle des inconvénients que vous ressentez et qui sont le résultat d’une consommation excessive d’alcool, des insultes proférées en état d’ivresse par exemple.
Dites concrètement ce qui vous a blessé.e ou déçu.e. Votre ami.e en viendra probablement tôt ou tard à prendre conscience des inconvénients d’une telle consommation, ce qui peut motiver un changement” Aide Alcool.
Mais si le problème ne se situe pas chez un·e de vos potes mais bien en votre chef? Le psychiatre et addictologue suisse Christian Uehlinger se veut à la fois strict et rassurant: “le groupe se sent menacé par l’abstinence. Il stigmatise celui qui ne boit pas. Si l’abstinent ne cède pas à la tentation, il s’exclut de lui-même quand il ne se fait pas exclure, et se retrouve seul. Mais ce n’est qu’un passage, car il se construira peu à peu un nouveau réseau relationnel”. Ses conseils?
- Eviter la compagnie des personnes qui boivent.
- Eviter les débits de boissons et les endroits fréquentés par les amis qui boivent encore.
- Si tout cela n’est pas possible, au moins se préparer à résister aux pressions des paires buveurs. Se rappeler ses motivations et s’entraîner à les faire valoir (comme un acteur ou une actrice devant un miroir).
Vous avez le sentiment que quelque chose ne va pas mais vous n’êtes pas certain·e d’avoir “vraiment” un problème avec l’alcool? Pour en avoir le coeur net, n’hésitez pas à réaliser ce test en ligne proposé par le Service de Gastro-entérologie du CHC de Liège. Et à trouver de l’aide ici.
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