Maladie longtemps incomprise, le psoriasis ne touche pas que la peau des personnes qui en souffrent. Elle a un impact sur leur qualité de vie et le moral. Où en est la recherche? Lui ferons-nous bientôt la peau ou aura-t-il la nôtre d’abord?
“À l’époque, j’habitais dans mon kot à Bruxelles. J’ai remarqué que j’avais des squames blanches dans les oreilles, mais j’ai cru que c’était dû à mon shampooing que je rinçais mal ou que l’eau de Bruxelles m’asséchait plus la peau” nous explique Julie. “Puis, ça s’est propagé sur mon crâne, près de la nuque, avec les démangeaisons et les gênes associées. J’ai mis du temps à consulter un dermatologue, malgré le fait que ma grand-mère en avait sur les jambes, je n’ai jamais fait le lien avec ce qui apparaissait dans mes cheveux”. Pourtant, le lien est bien là. Le psoriasis est une maladie chronique du système immunitaire dont les recherches ont montré que le patrimoine génétique jouait un rôle dans l’apparition des symptômes. Elle se manifeste entre 15 et 35 ans en général et touche aussi bien les hommes que les femmes. Aujourd’hui, la maladie est toujours incurable mais la recherche pourrait bien bousculer la donne.
Les symptômes
Le psoriasis se manifeste sous forme de plaques rouges recouvertes de squames blanches, soit des peaux mortes. On parle d’accélération anormale du renouvellement de l’épiderme, c’est-à-dire que la peau se régénère trop vite et ne parvient plus à éliminer les surplus de peaux mortes à temps. Une personne normale voit son épiderme se renouveler tous les 28 jours alors que chez une personne atteinte de psoriasis, ce processus s’effectue tous les 5 à 7 jours. Hors, le corps ne permet pas une élimination des squames aussi rapidement que la peau se régénère, ce qui crée un épaississement de certaines zones de peau du corps sur lesquelles vont s’accumuler des petites peaux blanches. Celles-ci vont s’éliminer au fur et à mesure sous forme de pellicule dont la taille varie. À ces plaques rouges et blanches s’accompagne une réaction inflammatoire qui provoque des démangeaisons. Celles-ci peuvent être si intenses que les plaques saignent et forment des crevasses, ce qui est particulièrement douloureux pour les patients.
Ces plaques peuvent apparaître partout sur le corps, avec des variations de taille et d’intensité. Le cuir chevelu en est la forme la plus répandue mais le psoriasis touche aussi les coudes, les genoux, la région sacro-iliaque, les mains, les pieds, les ongles, les organes génitaux, etc. Comme c’est une maladie chronique, elle est très variable selon les individus qui peuvent voir s’alterner des périodes de rémission et des poussées plus fortes.
Source: Psoriasis contact
Les types de psoriasis
Selon Psoriasis contact, on distingue deux types de psoriasis :
- TYPE 1 – la maladie se déclare avant 30 ans (antécédents familiaux importants).
- TYPE 2 – la maladie se déclare plus tard, après 50 ans, et de façon sporadique (sans antécédents familiaux et évolution plus bénigne).
À ces deux types s’ajoutent 4 caractéristiques de psoriasis*.
Psoriasis en plaques (ou psoriasis vulgaris)
C’est la forme la plus courante. Certains endroits de la peau sont inflammés et rouges, et se recouvrent de squames blanches.
Psoriasis en gouttes
Ce type apparaît plus tôt que les autres, durant l’enfance ou à l’adolescence. Il ne manifeste par des plaques en forme de goutte. Ce type de psoriasis est généralement en lien avec une infection comme la pharyngite streptococcique.
Psoriasis inversé
Il se manifeste dans les plis du corps (l’aisselle, l’aine, l’entrejambe, le genou). “Il est en général très rouge, et peut sembler lisse et brillant. De nombreuses personnes atteintes de ce psoriasis présentent également un autre type ailleurs sur leur corps”.
Psoriasis pustulaire
“Caractérisé par des pustules blanches entourées par une peau blanche, ce type de psoriasis affecte souvent des zones restreintes du corps, comme les mains ou les pieds. Ces pustules sont remplies d’un pus non infectieux constitué de globules blancs”.
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*Source: Let me be clear, site d’informations scientifiques à destination des personnes souffrant de psoriasis.
Les facteurs aggravants
Si l’apparition des plaques et des régions inflammées divergent selon les périodes de rémission ou d’aggravation, certains facteurs peuvent intensifier les symptômes, ainsi que le rappellent les spécialistes.
- “La stimulation intempestive créée par le grattage, les frottements ou une pression excessive sur les lésions. Ce phénomène bien connu est encore appelé ‘phénomène de Koebner’
- Le stress, qu’il soit positif ou négatif et qui peut être inhérent au psoriasis lui-même. [cf. La gestion du stress par la sophrologie]
- certaines infections (streptocoques, des angines).
- un traumatisme, une cicatrice, un coup de soleil (phénomène de Koebner).
- le tabagisme. [cf. Le tabac aggrave le psoriasis]
- les stress environnementaux.
- certains médicaments tels que :
- le lithium qui est prescrit pour la dépression
- les bêtabloquants utilisés en cardiologie
- les anti-malariques. Il est à noter que la nivaquine est également utilisée dans certains cas d’allergie solaire
- l’interféron qui est prescrit pour la sclérose en plaque et l’hépatite
- certains anti-inflammatoires, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine prescrits pour l’hypertension”
Plus qu’une maladie de peau
Au-delà de la manifestation physique, le psoriasis a un impact sur de nombreuses sphères. Celle de la santé mentale dans un premier temps, puisqu’il provoque par sa visibilité une diminution de la confiance en soi, une gêne physique et une anxiété. “Les personnes en souffrant sont plus exposées au risque de dépression en raison de leur état de santé. Les personnes affectées par le psoriasis ont déclaré des répercussions sur leur:
Vie émotionnelle : Jusqu’à 98 %
Vie familiale : 70%
Carrière : 68%
Éducation : 21%
Intimité sexuelle : 17%”*.
*Source
Les patients ont peur d’en parler mais il est vivement conseillé d’aborder tous les symptômes, y compris ceux qui ne se voient pas, avec un médecin pour recevoir un traitement et/ou une aide adaptée.
Le psoriasis peut également entraîner d’autres maladies, “comme l’arthrite psoriasique (qui affecte les articulations), le psoriasis des ongles (caractérisé par des changements (piqûres) au niveau de la matrice de l’ongle), la maladie de Crohn (inflammation du système digestif), des problèmes métaboliques (pression sanguine et glycémie élevées, et excès de graisse corporelle)”.
Les traitements
Si la maladie est toujours catégorisée d’incurable, des traitements peuvent aider le patient. Certains nécessitent une prescription médicale, d’autres pas.
Les traitements sans prescription
- Il a été démontré que l’exposition au soleil a un effet bénéfique sur le psoriasis puisqu’il participe à l’amélioration voire à la disparition des plaques. Malheureusement, le soleil est un faux ami puisque les UV génèrent un vieillissement prématuré de la peau et peuvent provoquer des cancers. Il est recommandé de ne pas s’exposer pendant les heures chaudes et de bien protéger sa peau avec une crème adaptée.
- L’eau de mer a également fait ses preuves sur le psoriasis. “Les bienfaits de la mer Morte ne sont pas négligeables pour les patients atteints de psoriasis. La mer Morte se situe à 417 mètres sous le niveau de la mer. Cette basse altitude combinée à la saturation de l’air en eau due à l’intense évaporation de l’eau de mer forme un filtre naturel des rayons ultraviolets. Les UVB nocifs pour la peau sont davantage affaiblis que les UVA à plus grande longueur d’onde. D’autres conditions comme la température élevée et constante, la très haute teneur de l’eau en sel et en sels minéraux, la qualité de la boue y sont réunies, toutes bénéfiques pour le psoriasis”.
- Le thermalisme, soit l’exposition dans des eaux minérales naturelles, aide également à la diminution des symptômes. Ces eaux sont riches en minéraux qui ont des propriétés calmantes sur le psoriasis. La détente influe également sur le stress qui est un facteur aggravant.
- L’hydratation de la peau quotidienne peut freiner de 50% le renouvellement de l’épiderme et diminuer d’autant les démangeaisons.
- La prise en charge par un médecin est non-négligeable. Elle permet une écoute et une meilleure compréhension de la maladie, ce qui diminue les facteurs aggravants.
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Les traitements sous prescription
Il existe des traitements pour diminuer les démangeaisons, contrôler les poussées des plaques et améliorer le cadre de vie. Ainsi que le rappellent les spécialistes, “comme le psoriasis a souvent tendance à revenir, il ne faut jamais hésiter à le traiter à nouveau. Par ailleurs, un traitement qui a été efficace à un moment donné ne le sera peut-être plus lors d’une nouvelle poussée”.
- Traitements locaux du psoriasis: sous forme de pommade, de crème, de lotion, de gel que l’on applique directement sur les plaques de psoriasis.
- Les dérivés de la cortisone: il s’agit des traitements les plus fréquemment utilisés, également présentés sous forme de pommade, crème ou lotion.
- Les calcipotriènes ou dérivés de la vitamine D3: il s’agit de médicaments dérivés de la vitamine D3 qui ralentissent le renouvellement cellulaire.
- Les rétinoïdes ou dérivés de la vitamine A: ces traitements facilitent la maturation des cellules superficielles de la peau et empêchent la prolifération des cellules de la couche cornée. De plus, ils sont immunorégulateurs et agissent sur la part immunitaire du psoriasis.
- L’acide salicylique et l’urée: ce sont deux substances qui aident à décaper la peau et à éliminer les squames.
Pour lire l’entièreté des traitements médicaux, rendez-vous ici.
Chaque patient peut aussi détecter dans son quotidien ses propres facteurs aggravants. Julie en fait les frais à plusieurs reprises avant de remarquer que certains produits cosmétiques empiraient son psoriasis. “En dehors des traitements prescrits par le dermato (Dovobet et Clobex), j’ai essayé l’argile blanche. Ça soulage les squames et les démangeaisons, mais ça n’empêchait pas la propagation. Et puis un jour, j’ai changé de shampooing. Fini de les acheter en supermarchés, j’ai été investir dans les produits “René Furterer” en parapharmacies. Bien sûr ça n’a pas enlevé mon psoriasis, mais ça n’a plus jamais été aussi insupportable qu’avant. D’ailleurs dès que je n’ai pas le choix d’utiliser un autre shampooing, mon psoriasis se réveille instantanément” explique-t-elle.
Certains produits irritants peuvent provoquer davantage de démangeaisons. Il est donc conseillé de demander conseils aux experts de la santé.
Si vous souffrez du psoriasis, sachez que vous n’êtes pas seul(e).
Le psoriasis affecte plus de 300.000 personnes en Belgique. Si vous souhaitez plus d’informations sur l’association de patients francophones en Belgique, cliquez ici.
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