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En France, un label désigne désormais les ““maternités bienveillantes””

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

En France, un label vient d’être inventé, permettant de trouver une maternité qui promeut la bienveillance et le bien-être de la mère et de l’enfant. Une manière de lutter contre les violences obstétricales.


Déclenchement d’accouchement, manque de tact et d’informations, remarques déplacées, épisiotomies inutiles… Ces dernières années, les langues se sont déliées quant aux violences obstétricales. De nombreuses femmes ont osé parler de leur accouchement, vécu parfois comme un véritable cauchemar.

 

Un label pour les “maternités bienveillantes”


C’est pour lutter contre ces violences que le Collège des gynécologue et obstétriciens (CNGOF), en France, vient de lancer le label Maternys, pour identifier les « maternités bienveillantes ». Pour le moment, ce label, lancé au mois de septembre, a déjà été attribué à une soixantaine d’établissements à travers la France, mais ce n’est que depuis le jeudi 17 octobre que son lancement officiel a été annoncé.

L’objectif final est d’offrir aux patientes une prise en charge qui soit la plus humaine possible, et un accouchement en accord avec leurs désirs. Pour l’enfant aussi, le bien-être sera au centre de l’initiative avec, par exemple, une organisation des soins en accord avec le rythme du sommeil du nouveau-né. Une fois sortie de la maternité, les mamans pourront alors donner leur avis sur leur prise en charge, en répondant à un questionnaire, permettant ainsi de garantir la validité du label.

 

Transparence et informations


En tout, ce ne sont pas moins de 12 critères de qualité qui ont été définis, notamment la possibilité de « vivre un accouchement démédicalisé » en l’absence de facteurs de risque, mais aussi la transparence sur les taux d’épisiotomie, les accouchements déclenchés et les césariennes. L’idée n’est pas de pointer du doigt les maternités qui manquent de bienveillance, mais bien de les éclairer sur le sujet et sur d’éventuels manquements, dont les praticiens ne se rendent pas toujours compte. En parallèle, une application baptisée “Maternys” a été lancée. Celle-ci permet aux femmes enceintes et jeunes mères de bénéficier d’informations précieuses pour les soutenir du premier trimestre de grossesse au suivi post-accouchement.

 

Et en Belgique?


En Belgique, il n’existe pas (encore) de label de type. Pourtant, le taux d’épisiotomie y serait largement supérieur qu’en France, avec 32,2% des naissances vivantes. Un chiffre qui grimpe jusqu’à 47,2% pour les premiers accouchements, selon les derniers chiffres datant de 2015. Les chiffres varieraient de 11 à 49,9 % selon les maternités.

 

De la poudre aux yeux


Selon Marie-Hélène Lahaye, auteure d’Accouchement : les femmes méritent mieux, mais aussi militante féministe et juriste, interrogée par le journal Libération, ce label serait de la poudre aux yeux. Notamment à cause des critères. Par exemple, l’un d’eux veut que « toute intervention en urgence donne lieu à une explication avant la sortie de la maternité ». Or, la loi Kouchner de 2002 dit qu’il faut le consentement libre et éclairé du patient avant chaque acte médical. Une patiente doit donc avoir obtenu toute l’information nécessaire en avance pour accepter ou non un acte médical. Ici, le critère incite à donner une explication trois jours après l’accouchement, soit d’aller à l’encontre de ce que dit la loi.

 

Vers un changement sociétal


Un début de solution serait, selon l’auteure toujours, de considérer que les femmes sont capables de mettre leur enfant au monde, que la médecine doit être au service des femmes.

C’est très différent de la logique actuelle où la médecine est dans la domination des femmes. On leur impose des protocoles contraires aux recommandations et à ce que la science dit, dans une logique de rentabilité, d’optimisation des salles d’accouchement, du personnel. Il faut changer complètement de point de vue, ça dépasse la maternité. On ne peut pas demander aux gynécos de se remettre en question alors qu’ils sont formatés dans cette idée que l’accouchement est dangereux, qu’ils sont indispensables pour sauver la vie des femmes et des bébés. Il faut un changement sociétal.


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