ENDOMÉTRIOSE: 7 questions posées à une gynécologue
Des études démontrent qu’environ une femme sur 10 en âge de procréer est atteinte d’endométriose. Pourtant, cette maladie reste encore mystérieuse aux yeux du grand public.
Nous avons posé 7 questions à Docteur Carla Tomassetti, gynécologue spécialisée en chirurgie de l’endométriose, pour mieux comprendre cette maladie.
1. L’endométriose, c’est quoi?
“L’endométriose est une affection chronique dans laquelle l’endomètre – c’est-à-dire la membrane muqueuse située à l’intérieur de l’utérus – se développe en dehors de l’utérus et forme des lésions dans les organes colonisés. Les zones les plus touchées sont le péritoine, les ovaires, les trompes de Fallope, les intestins, la vessie et les uretères, mais le diaphragme et les poumons peuvent également être atteints. La maladie provoque une réponse inflammatoire chronique dans le corps”.
2. Quels sont les symptômes?
“La plupart du temps, la maladie se manifeste par des crampes abdominales sévères pendant les règles. Certaines femmes ressentent des douleurs tout au long de leur cycle (au ventre, en urinant, en faisant l’amour,...), sont atteintes de constipation ou diarrhée chronique. Des blessures peuvent également survenir dans l’intestin, près de la vessie ou entre l’arrière du vagin et le devant du côlon. Les femmes atteintes d’endométriose se plaignent également souvent d’une grande fatigue. La plupart du temps, celles-ci souffrent depuis tellement longtemps sans que la maladie ne soit diagnostiquée qu’elles apprennent à vivre avec. Mais ça ne devrait pas être le cas: une douleur menstruelle intense n’est pas normale”.
3. L’endométriose joue-t-elle un rôle dans la fertilité?
“Les problèmes de fertilité peuvent également être la conséquence de l’endométriose. Nous ne possédons pas de statistiques exactes, mais nous supposons que 60 à 70% des femmes atteintes d’endométriose éprouvent des difficultés à tomber enceinte. Souvent, la maladie n’est d’ailleurs découverte que lorsque les femmes consultent un médecin spécialisé en fertilité”.
4. Pourquoi faut-il souvent beaucoup de temps avant de poser un diagnostic?
“Des études révèlent qu’en moyenne les femmes vivent pendant 7 ans avec la maladie avant que le mot endométriose ne soit prononcé. C’est trop long. Parfois, les patientes elles-mêmes attendent longtemps avant de consulter un médecin. Elles ne veulent pas avoir l’air de se plaindre “pour rien” et il est encore un peu gênant de parler de sujets tels que la douleur pendant les rapports sexuels ou les règles. À côté de ça, de nombreux prestataires de soins de santé ne reconnaissent pas l’endométriose. C’est encore une maladie très sous-estimée et non reconnue”.
5. Comment se fait le diagnostic?
“Les kystes sur les ovaires et les gros nodules peuvent généralement être détectés par un examen manuel, via une échographie ou une IRM, mais vous n’obtiendrez 100% de certitude qu’il s’agit de l’endométriose qu’après une endoscopie chirurgicale. Vous ne pouvez pas voir ou sentir les lésions plus petites, alors qu’elles peuvent également causer des douleurs intenses. Avec l’endométriose, les blessures les plus grosses et visibles ne sont pas forcément les plus pesantes...”.
6. À quel point cette maladie est-elle répandue?
“Des études suggèrent que 7 à 10% des femmes en âge de procréer sont touchées par une forme d’endométriose, soit environ 176 millions de femmes dans le monde! Nous ne connaissons pas le chiffre exact car il y aura toujours des femmes qui ne ressentent pas fort les symptômes, ne consultent pas de médecin et ne sont jamais diagnostiquées comme atteintes de la maladie”.
7. Un traitement est-il possible?
“L’endométriose ne se soigne malheureusement jamais complètement. En fonction des symptômes, vous pouvez choisir de prendre des analgésiques, opter pour une solution hormonale et/ou une intervention chirurgicale. Seul ce dernier traitement fera disparaître les lésions (en tout cas temporairement car celles-ci peuvent revenir), mais il n’est pas nécessaire pour toutes les femmes. Par exemple, de nombreuses pilules contraceptives exercent un effet bénéfique sur les douleurs causées par l’endométriose. Il faut toujours chercher ce qui convient le mieux à chaque cas particulier et ce qui provoque le moins d’effets secondaires. Pour une femme qui souhaite tomber enceinte par exemple, nous lui conseillerons plus facilement l’option chirurgicale” .
Plus d’infos sur l’endométriose via le site Web endobelgique.be.
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