La souffrance féminine trop souvent sous-estimée par les soignants
On a beau être au 21e siècle, niveau égalité des sexes, on a encore quelques retards à rattraper. Dans le monde du travail et au sein de la société, mais aussi, de manière plus préoccupante encore, dans le domaine des soins de santé.
Camille Noe Pagán, la journaliste santé du prestigieux New-York Times, avance en effet que la souffrance féminine serait trop souvent perçue comme étant d’origine psychosomatique par le corps médical. Une discrimination qui ne date pas d’hier, puisqu’il y a deux mille ans déjà, Hippocrate soulignait que “les médecins commettent la faute de ne pas s’informer exactement sur la cause des maladies des femmes”. Une cause que les professionnels cherchent souvent de manière biaisée, quand ils ne décident pas tout bonnement qu’il s’agit d’une affliction psychologique. Injuste, mais logique quand on sait que les données transmises aux étudiants en médecine lors de leurs études ont pour la plupart toutes été rassemblées et rédigées par des hommes, qui écrivent selon leur perspective.
Les professionnels de santé peuvent, inconsciemment, avoir intériorisé des données biaisées qui impactent la manière dont les femmes sont entendues, comprises et traitées.
Avec des résultats interpellants: selon les études épluchées par Camille Noe Pagán, alors même que les femmes se plaignent de douleurs plus fréquentes et plus intenses que les hommes, les médecins ont tendance à leur prescrire moins d’anti-douleurs qu’à ces derniers. Autre effet pervers de cette médecine genrée: les femmes attendraient en moyenne 16 minutes de plus que les hommes aux urgences avant qu’on leur administre un traitement anti-douleur. Des injustices dans le traitement qui ont des effets potentiellement catastrophiques: selon une étude réalisée par le département de cardiologie de Yale, les femmes hésitent plus que les hommes à signaler une crise cardiaque potentielle car elles ont peur d’être qualifiées d’hypocondriaques.
Prendre la souffrance féminine au sérieux
La solution pour faire changer les mentalités et surtout éviter le pire? Selon la neurologiste new-yorkaise Fiona Gupta, il s’agit de persévérer. Notamment, en n’ayant pas peur de le dire si on a l’impression que la personne qui nous soigne ne nous prend pas au sérieux. Mais aussi en étant extrêmement directe et en osant demander aux médecins sur quelles bases se fondent le traitement qu’ils recommandent. Et éviter de la sorte que l’inégalité des sexes ne nous rende (littéralement) malades.
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