Gaëlle, éternelle romantique, pensait avoir trouvé le bon, mais la vie en a décidé autrement. À près de 30 ans, elle questionne sa sexualité et tente de déconstruire les idées reçues. Pour y parvenir, rien de mieux que la pratique et le partage d’expériences.
L’autre jour, j’ai tenté d’aborder le concept de relation libre avec Alex. Ça fait quelques semaines qu’on se voit, bientôt deux mois en fait. Il serait peut-être temps qu’on mette un certain cadre autour de notre relation. « Dis Alex, est-ce que tu vois d’autres personnes à part moi? » Je ne savais pas trop par quoi commencer, un topo de la situation m’a donc semblé la meilleure façon de procéder. « Pas vraiment », m’a-t-il répondu. Voilà qui veut tout et rien dire. Il a repris: « En fait, depuis qu’on se voit, je n’ai couché qu’avec toi. Je t’avoue que je ne m’étais même pas posé la question. Pourquoi tu me demandes ça? Et toi, tu vois d’autres personnes? » Je ne parviens pas à formuler correctement mes phrases. Qu’est-ce que je voulais en réalité? Le voir et voir d’autres personnes aussi? Ne pas m’engager tout de suite? Quel était l’intérêt, au-delà de la liberté? J’avoue que j’aurais dû mieux y réfléchir avant de me lancer. Je me suis laissé emballer par le concept avancé par mon ami Jenny sans réellement prendre le temps de penser à mes besoins. Mais tant pis, tant qu’on y est, autant y aller à fond. « T’as déjà pensé à explorer une relation libre? Je veux dire… Qu’on soit ensemble mais qu’on se laisse de la place pour voir d’autres personnes? » Alex était interloqué, mais positivement. J’ai continué sur ma lancée: « Personnellement, je sors d’une longue relation avec des frustrations. Je pense que me remettre en couple dans l’immédiat est peut-être prématuré. Mais je passe de bons moments privilégiés avec toi, j’ai confiance en toi, je t’apprécie beaucoup. Du coup, je me disais que ça serait peut-être un moyen de préserver ça sans s’enfermer? » « Eh bien… » Il a réfléchi un moment. « Pourquoi pas, mais avec un certain cadre alors. Genre je ne suis pas fermé sur l’idée, mais ça voudrait dire qu’on doit fixer certaines limites. Par exemple, je pense que j’aurais besoin qu’on se dise tout sincèrement s’il se passe quelque chose avec d’autres. Et ce n’est pas parce qu’on se lance là-dedans qu’on n’a pas le droit de changer d’avis. » J’étais tout à fait d’accord avec lui. Je pense que si ça réveille des insécurités, on doit pouvoir se les communiquer. De même, sur le plan sexuel, il va de soi que la protection est essentielle. Et puis, effectivement, l’idée de revenir sur notre accord à tout moment doit être possible, quitte à rediscuter des termes et à ajuster si nécessaire. « Je pense que ça me plairait qu’on établisse une forme de hiérarchie. Toi et moi, on serait la relation primaire, et ce qu’il se passe avec d’autres serait secondaire ». « OK », a répondu Alex. « Donc on part sur des relations secondaires sans sentiment. Parce que ça, ça me poserait problème, bien que je sois assez lucide sur le fait que même les gens en couple fermé prennent le risque de tomber amoureux d’autres personnes tous les jours. Mais là, ça ouvre une porte où ça pourrait potentiellement arriver beaucoup plus vite. Juste de la drague, du flirt, pourquoi pas du sexe si on est d’accord. Et si ça part vers autre chose, on communique. » J’ai longuement hésité à poser la question qui va suivre, mais j’ai bien trop tiqué quand il a dit « sans sentiment ». « Tu veux dire quoi par sans sentiment? Ça veut dire que tu en ressens pour moi? » Mon cerveau bouillonnait. N’était-ce pas un peu tôt pour parler de ça? Et pourtant… J’avais besoin de savoir, sans connaître l’implication potentielle d’un oui ou non. « Gaëlle, ça fait deux mois qu’on se voit, qu’on parle toute la nuit, qu’on rigole et qu’on fait l’amour comme des fous. Je ne te cache pas que je pense à toi dès que t’es plus là et que tu me manques trop vite. Ça répond à ta question? »
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