Gaëlle, éternelle romantique, pensait avoir trouvé le bon, mais la vie en a décidé autrement. À près de 30 ans, elle questionne sa sexualité et tente de déconstruire les idées reçues. Pour y parvenir, rien de mieux que la pratique et le partage d’expériences.
L’autre jour, Alex m’a emmenée à Bruges. On a pris le train un vendredi soir direction la ville des amoureux. Rien ne pouvait me rendre plus heureuse que de passer un weekend dans ce lieu si romantique. Arpenter ses ruelles pavées, admirer les canaux, acheter des orangettes chez le chocolatier du coin, j’en rêvais déjà. Mais avant ça, une bonne heure et demie de trajet me plongea dans mes pensées. J’avais lancé le podcast Le coeur sur la table dans mes oreilles. Interloqué par mon écoute, Alex regardait mes yeux plongés dans le vide de la vitre briller d’émotions. « Je peux écouter ? Ça a l’air de te retourner les tripes. » Je l’ai d’abord briefé sur le contenu engagé qui animait mes oreilles : « ce podcast est très intéressant pour déconstruire le côté toxique des relations. Il aborde plein de sujets qui me tiennent beaucoup à coeur. Si ça te dit, j’écoute un épisode sur le consentement. Je peux même le remettre au début. Il acquiesça et se lança à mes côtés dans l’épisode en question avec attention. On y découvrait le témoignage d’une personne qui disait prêter une extrême attention au consentement lors des relations sexuelles. Vous aviez déjà remarqué que quand on couche avec une personne sur la durée, on met très vite le consentement de côté. Il devient tacite. Soit l’envie se manifeste pour les partenaires en même temps et tant mieux, soit elle naît chez l’un ou l’autre et se joue alors la séduction d’amener l’autre au même niveau pour partager un moment ensemble. Dans les cas de relations consenties évidemment. Je ne parle même pas ici des violences sexuelles, des viols conjugaux ou des relations sexuelles en demi-teinte, celles en zone grise qui laissent un goût si pas horrible au moins amer en bouche. Tout cela m’a beaucoup remuée. Je me suis souvenue en particulier d’un moment avec Ben, il y a longtemps. Alors que j’étais endormie, il avait insisté pour qu’on fasse l’amour et s’était immiscé en moi dans un demi-sommeil. Après coup, je vis ce moment comme un abus. Je n’étais pas pleinement consciente, je n’en avais pas envie à ce moment-là et il a profité de la situation pour m’imposer son désir. En en parlant à Alex, j’ai conscientisé à quel point je ne voulais plus jamais que ça se reproduise. On a alors décortiqué le consentement en profondeur. Comment manifester clairement le oui ou le non sans forcément le verbaliser? Comment s’assurer en permanence qu’on est toujours sur la même longueur d’onde? Évidemment, le/la partenaire a un rôle essentiel à jouer; celui d’observer avec attention les signaux qui indiqueraient que tout est toujours ok, plaisant et confortable. Pour des raisons évidentes, je trouve que le consentement devrait être beaucoup plus valorisé, même quand on est en couple depuis dix ans, même quand on a une routine au lit bien rodée. J’ai demandé à Alex ce qu’il penserait de consentir oralement chaque geste durant le sexe, pour voir comment on se sentirait. De prime abord, je me suis demandé si ça ne serait pas presque too much, que ça casserait la spontanéité. Mais il avait l’air partant pour voir, pour explorer. On s’est dit qu’on ferait très attention à ça dès notre prochain rapport et qu’on tenterait de verbaliser chaque geste, quitte à en faire trop. J’avais hâte quelque part, de voir comment mon corps allait réagir à cette forme de respect absolu. Et Alex a très bien lancé le mood. Alors que l’épisode se terminait, il m’a regardée dans les yeux en me demandant s’il pouvait m’embrasser et poser ses mains sur mon visage. Vraiment, il n’y a pas à dire: le consentement, c’est sexy.
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