Gaëlle, éternelle romantique, pensait avoir trouvé le bon, mais la vie en a décidé autrement. À près de 30 ans, elle questionne sa sexualité et tente de déconstruire les idées reçues. Pour y parvenir, rien de mieux que la pratique et le partage d’expériences.
L’autre jour, on parlait avec mes copines de nos fantasmes et de ce qui nous excite. La conversation était vraiment très intéressante parce que la majorité de mes amies sont plutôt féministes et ont tendance à décortiquer les rôles sociétaux dans lesquels on se met parfois sans le vouloir. C’est le genre de discussions qui me passionne parce qu’elles m’apprennent aussi à mieux me connaître et à remettre en question certains de mes « acquis ». Le moment le plus enflammé touchait à la posture d’objet sexuel dans laquelle on se glisse très souvent, à défaut d’autre chose. Vous voyez ce que je veux dire? Il s’agit d’un rôle qu’on connaît bien: les femmes, objets du désir, sont représentées comme des trophées qu’il est bon d’afficher, voire de sauter. Tout pour la gloire. Ma pote Marie disait d’ailleurs à juste titre: « Chez moi, mes soeurs et moi avons été éduquées avec, en priorité, l’obligation de bien présenter. Ma mère nous a toujours incitées à nous apprêter, à nous féminiser. Aujourd’hui, je dirais même presque à nous sexualiser comme quand elle disait qu’on devait mettre des talons pour sortir. Tout le côté intellect venait en deuxième position. » Et ce qui ressortait de ce discours, ce sont surtout les complexes corporels, la peur de prendre du poids, de perdre sa désirabilité. « C’est comme si en prenant les 10 kilos que j’ai en trop maintenant, j’avais perdu ma finesse, mon élégance, mon charme. Du coup, aucun mec ne pourrait me désirer aujourd’hui, ça me semble impossible. » Autre élément qui en découle, les femmes ont tendance à se focaliser sur le plaisir de l’autre, au dépend du leur. Cet aspect-là aussi peut trouver ses racines dans notre enfance. Alors qu’on donne aux petits garçons des jouets d’exploration, d’aventure, de créativité, comme des Lego ou des voitures, on donne aux filles des poupées et des dînettes. Aux hommes la prise de pouvoir, aux femmes le fait de prendre soin des autres. Ce qui fait qu’au lit, il devient plus difficile d’être centrée sur soi, sur ses sensations. On a plutôt tendance à faire attention à l’autre, à sacrifier son plaisir pour que l’autre prenne son pied. La preuve? Combien de rapports se terminent dès que le mec a joui alors que sa partenaire pas? J’ose croire que ce n’est pas le cas pour tout le monde, mais il faut quand même avouer que la majorité des femmes dans ces postures savent rarement ce qu’elles aiment au lit. Elles l’ont découvert par le prisme de ce que l’autre propose, à défaut d’autre chose. Comme par exemple une fessée qui fait du bien et qui, peu à peu, amène des jeux de soumission. Heureusement, certain·e·s partenaires sont très attentif·ve·s à ces carcans et nous incitent à mettre le doigt sur ce qui nous fait profondément du bien et qui stimule notre excitation. Toujours est-il que ces rôles nous poussent bien souvent dans une forme de sexualité de performance, à faire toujours plus, toujours mieux, quitte à se déconnecter totalement de ses envies profondes et de ses sensations corporelles. La question qu’on se posait toutes, c’était bien sûr de comment trouver des moyens de sortir de ça. La solution? Tenter de communiquer davantage, d’explorer en solo ou en duo, dans la bienveillance, en s’offrant aussi plus de temps pour l’intimité, à travers l’exploration de caresses, en tentant également de ne pas répéter les schémas traditionnels de « préliminaires-pénétration ». Mais ce n’est pas aussi facile à dire qu’à faire. C’est certain. Ce sont des choses qui demandent des prises de conscience et du temps de réflexion. C’est fou, voilà que même pour jouir, notre charge mentale s’intensifie!
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