SUCCESS STORY: Marion Schoutteten et sa marque mode Orta Store
C’est l’histoire d’un succès singulier. Celui d’une marque tout aussi singulière, dont l’amour de la mode se conjugue depuis le premier jour en lien intime avec l’humain et l’éthique. Et qui, près de six ans plus tard, a fait d’un style sublimé par le sens, le gage de sa réussite. Rencontre avec la créatrice, d’Orta, Marion Schoutteten.
Raconter Orta, c’est songer d’emblée à ces modèles aux coupes fluides et au rendu solaire, aux matières nobles et aux touches délicates, qui depuis son lancement, sont l’apanage de la marque. Mais aussi à des créations tissées de valeurs et d’authenticité, un ADN engagé qui en habite chaque fibre. C’est évoquer une griffe au succès qui force l’admiration, une tribu, une communauté. Une fantastique aventure humaine.
Se lancer
2017. Marion Schoutteten quitte un poste de responsable communication dans le prêt-à-porter qui ne l’épanouit pas et se donne six mois pour lancer sa propre enseigne de mode, avant de reprendre, si nécessaire, un emploi alimentaire. La période marque la réussite des labels émergeants, promouvant leurs créations par Instagram, mais aussi d’une prise de conscience depuis jamais démentie, des conditions de fabrication des enseignes fast fashion. Installée depuis peu en Belgique avec son mari Gauthier Prouvost, la lilloise n’a ni grand réseau d’influence, ni expérience en fabrication textile, mais la certitude d’un créneau ne demandant qu’à être développé, grâce au changement des mentalités. “J’ai commencé à me renseigner sur la façon de concevoir des vêtements, à prospecter dans des usines. Jusqu’à rencontrer la manufacture lilloise avec laquelle je travaille encore aujourd’hui.
J’ai vu les prix, le mode de fabrication et j’ai compris que c’était possible. A ce moment-là, c’était clair, il fallait foncer. Je n’avais pas de projection, pas de plan établi. Je suis partie de zéro. Mais je n’avais pas peur. Je ne craignais pas de me retrousser les manches. Tout ce qui comptait c’était d’essayer.
Portée par une inépuisable énergie, une détermination à l’égal d’un travail acharné, Marion lance Orta, acronyme d’Objectif, Responsable, Tendance, Abordable, leitmotiv premier de ce label, à contre-courant de l’inaccessibilité rimant, souvent avec l’élégance des labels de luxe. Mais affirmant à égale mesure le souhait de se démarquer par un style sublime comme par une véritable accessibilité, de prix et d’approche, et une profonde conscience écologique.
Le lien comme fil rouge
Les challenges sont multiples, les défis nombreux. Les deux premières années, Marion enchaine les petits boulots, comme être nourrice par exemple, le soir après le travail, afin de pouvoir consacrer ses journées à la marque. Les vacances ne sont pas une option, et lorsque naît Marceau, le fils de Marion et Gauthier, pas question de prendre plus de quatre jours de congé de maternité. Si Orta se développe rapidement, il faut vendre 80% de chaque collection pour être rentable, un énorme challenge au quotidien. Des difficultés inhérentes au métier d’entrepreneuse, que Marion partage sans fards sur son compte Instagram, de la comptabilité réalisée le dimanche matin, aux colis à envoyer, ou aux clichés des collections, dont elle est la photographe et le modèle, à mille lieux des campagnes sophistiquées et ultra-travaillées d’autres enseignes. Tout comme la présence de Gauthier, pilier et soutien indéfectible de la marque. Une spontanéité et une authenticité source de lien, amenant rapidement Orta à se développer autour d’une communauté soudée de followers au cœur battant pour le projet, à l’unisson de sa fondatrice.
C’est notre communauté qui nous a permis de grandir. Elle a évolué à nos côtés. Les banques ont refusé Orta pendant quatre ans, jusqu’à ce qu’arrive la notoriété, mais nos clientes elles, n’ont jamais attendu ce type de reconnaissance. Elles ont fêté chaque étape avec nous, notre première logistique, nos premiers bureaux, notre déménagement… Rien n’existerait sans elles.
L’humain avant tout
Célébrer chaque réussite, peu importe son échelle, est partie intégrante de la philosophie de Marion depuis le premier jour. “Quand on débute, surtout à l’ère des réseaux sociaux, on a l’impression que chaque entreprise fait des millions de chiffres d’affaires. De mon côté, je n’avais pas d’attente, j’étais heureuse de chaque pas, chaque micro-victoire. Je me rappelle d’avoir vendu 30 pièces lors du premier pop-up et d’avoir trouvé ça incroyable. Poser les mots sur ces succès a été essentiel.”
Opposer le positif à l’adversité, même lorsqu’elle balaye les certitudes et touche en plein cœur et continuer de se battre. Comme en 2020 avec l’entrée du monde en pleine ère Covid, alors qu’ils sont désormais quatre à travailler pour Orta, dont Marion et Gauthier. Et qui coïncide avec la découverte de la leucémie de Gauthier. Un tsunami intime mais aussi un moteur de lien humain extrêmement fort. “La maladie n’est pas un secret chez Orta. Notre co-fondateur a eu deux récidives de cancer en deux ans et demi. Mais l’adversité soude et rapproche. Non seulement au niveau de ceux qui nous suivent, mais aussi de l’équipe, devenue au fil du temps une vraie tribu.
Je considère Orta comme une véritable marque communautaire, dépassant le cadre de l’entreprenariat. C’est l’humain qui porte, rend capable de déplacer des montagnes. Qui donne tout son sens à ce projet.
La suite
Et si de la maladie est née une résilience que seuls peuvent comprendre ceux qui l’affrontent intimement, elle a aussi été porteuse d’un projet exceptionnel. Orta – La Suite. Imaginé par Gauthier depuis son lit d’hôpital, il représente la première chaîne de production d’un vêtement 100% européen, de la création de la matière à l’arrivée du produit fini. Une façon de faire d’autant plus sens et de développer pleinement l’engagement mis en place par la marque depuis son lancement.
“Nos usines sont les mêmes qu’il y a près de six ans. Qu’il s’agisse de notre fabrique française ou de celle au Portugal, leur savoir-faire est la preuve de notre capacité à réaliser du made in Europe d’excellence. Elles ont pris des risques fous pour nous accompagner et savoir qu’on leur permet de grandir et de se développer, est la plus belle des réussites. Que grâce à Orta, notre usine lilloise qui, lorsque je l’ai rencontrée, craignait de ne pas pouvoir finir l’année, a depuis embauché huit personnes et qu’au Portugal, elles sont quatre cents couturières à travailler pour nous. Avec à la clé une indépendance financière et une vie confortable. Cela vaut bien plus que de réaliser des millions de chiffres d’affaires. Transmettre, partager, c’est ce qui me booste et fait sens.”
De même, à Bruxelles Orta compte désormais une équipe de 29 personnes. 29 personnalités et profils uniques, tous portés par le même essentiel, celui d’amener l’enseigne vers les sommets, belges, européens, mondiaux, en continuant à cultiver sa marque de fabrique d’authenticité et de bienveillance et son parfum de spontanéité. “Je ne rêve pas à la suite d’Orta. Chaque jour est la suite d’Orta. Maintenant qu’on a grandit, autant y aller à fond, mais toujours accompagné des mêmes partenaires et usines. Je ne me suis jamais mis de limites et c’est cela qui rend capable de tout accomplir. Je nous vois devenir pionniers du monde du textile éthique, secouer les dinosaures de la fast fashion en leur volant des parts de marché, tout en conservant cette autodérision et ce côté humain qui font toute l’âme d’Orta.”
En commençant la marque, j’y ai investi toutes mes économies, gagnées durement pendant dix ans, en ne pensant jamais les revoir. J’ai appris à fonctionner à coup de plans B, C, D… Je ne veux pas perdre ce côté pragmatique, ancré dans la réalité.
Je n’aurais jamais cru qu’on pourrait un jour ouvrir notre boutique La Baraque, et encore moins dans ce quartier de rêve, rue Jean Stas, à deux pas de l’avenue Louise. Et pourtant on l’a fait. Lorsqu’on s’est dit qu’on allait faire appel uniquement à des fabricants belges et européens, demander à des architectes de l’aménager, cela me semblait surréaliste, moi qui m’imaginait venir peindre les murs le week-end, comme avant je déménageais les pop-ups avec ma petite voiture. C’était une expérience incroyable et c’est là que j’ai réalisé à quel point on avait grandit et progressé. Mais en parallèle, c’était aussi fantastique de louer une baraque à frites pour sillonner les routes belges et dévoiler son lancement. Orta, c’est tout ça, cette liberté d’innover, de créer, d’oser les idées les plus folles. Mais aussi ces si belles et talentueuses personnes, qui vivent le projet comme le leur. Une magnifique histoire d’humains. Plus que jamais, j’ai la certitude qu’il faut persévérer, croire en ses rêves, garder son énergie pour avancer. Forcer le destin aussi parfois. Et que lorsqu’on est passionné, on peut tout faire.”
Les créations Orta sont disponibles sur le site de la marque, à la boutique rue Jean Stas 16a à 1060 Bruxelles, et dans les différents pops ups stores organisés en Belgique, France, notamment les deux prochains, à Paris et à Knokke, dont toutes les informations sont à retrouver ici.
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