Nadia (31 ans) est policière: ““Être une femme n’a jamais été un frein””
Aujourd’hui, c’est la Journée internationale des droits de la femme! Et bien que nous célébrions les femmes tous les jours chez Flair, nous le faisons deux fois plus en cette date symbolique. À cette occasion, nos journalistes sont heureuses de mettre à l’honneur des femmes qui les inspirent au quotidien. #WomenPower
Laura, journaliste culture, a interviewé Nadia, sa meilleure amie depuis plus de 20 ans. “Elle a déjà vécu 1001 vies. Près des animaux en Afrique du Sud, à Paris, à l’école de police. Elle a pris le temps avant de trouver sa voie, elle a essayé, elle a échoué mais elle s’est toujours relevée. Nadia, c’est une amoureuse de la vie, qui savoure l’instant présent, qui se fiche des qu’en dira-t-on, du regard des autres, qui s’assume pleinement, telle qu’elle est. Elle ne hausse jamais la voix, elle rit à gorge déployée, elle aime de tout son être, sans compter. Elle écoute, elle ne baisse jamais les bras, elle est là, depuis tout ce temps. Elle est de ces amies qui vous élèvent par tout ce qu’elle représente. Pour toutes ces raisons-là, elle est devenue la marraine de mon fils.”
Ce que j’admire chez toi, c’est ta sérénité, ta zénitude à toute épreuve. Comment as-tu appris à gérer ton stress?
“Lors de mes voyages. Avant de devenir policière, j’ai étudié le tourisme. Dans le cadre de ma formation, j’ai passé six mois seule en Afrique du Sud avant de m’installer ensuite à Paris. Ces voyages m’ont permis de gagner en confiance en moi, d’avoir une grande ouverture d’esprit et de rester calme face à une situation stressante. Car, quand tu voyages seule, ces moments angoissants sont nombreux. Ces expériences m’ont permis de me prouver à moi-même que j’étais capable de m’en sortir dans toutes les situations. Ils m’ont fait gagner en maturité.”
Tu es finalement rentrée en Belgique pour intégrer l’école de police. Que dirais-tu à celles et ceux qui, comme toi, n’ont pas trouvé leur voie du premier coup?
“J’ai des parents très ouverts d’esprit. Ils ne nous ont, mes sœurs et moi, jamais poussées à faire d’études. Ils nous ont soutenues, quels que soient les projets que nous entreprenions. Je suis consciente d’avoir eu cette chance quand, à 18 ans, je me suis sentie un peu perdue face à mon avenir. A celles et ceux qui se trouvent aujourd’hui dans la situation dans laquelle j’étais à l’époque, je dirais : ‘Prenez une année sabbatique, pour penser à vous. Pas pour vous tourner les pouces, mais pour essayer de trouver votre voie en faisant, par exemple, du bénévolat, en voyageant pour apprendre une langue. Vivez des choses qui vous permettront d’acquérir des bagages supplémentaires pour votre vie future.’”
Comment as-tu su que, ce qui te conviendrait, ce serait de devenir policière ?
“En travaillant dans le tourisme, j’ai été amenée à devoir régler des situations problématiques dans l’urgence. Les évacuations dans un parc d’attraction, les clients mécontents … J’ai toujours réussi à résoudre les conflits sereinement tandis que la plupart de mes collègues se laissaient vite accaparer par le stress. J’ai compris que c’était ma force: être capable d’intervenir posément dans une situation angoissante. Et je me suis inscrite à l’école de police.”
Être une femme dans la police n’a jamais été un frein.
Comment te sens-tu, en tant que femme, dans un milieu majoritairement masculin ?
“Je me sens bien. Être une femme dans la police n’a jamais été un frein. Bien sûr, il y a des situations dans lesquelles je suis moins à l’aise. Lorsqu’une bagarre éclate, ce sont souvent mes collègues masculins qui prennent les devants. C’est pour ça que nous travaillons toujours en équipe, nous avons chacun nos forces.”
Ce qui se passe au travail reste au travail. Certaines interventions sont plus marquantes que d’autres mais nous en parlons énormément entre collègues pour nous aider à les surmonter émotionnellement.
Comment gères-tu le fait d’être confrontée à la violence au quotidien?
“J’arrive à faire la part des choses. Ce qui se passe au travail reste au travail. Certaines interventions sont plus marquantes que d’autres mais nous en parlons énormément entre collègues pour nous aider à les surmonter émotionnellement. Mon fiancé est parfois inquiet des risques que je prends au travail. J’évite de lui raconter tous les détails pour ne pas l’effrayer.”
T’arrive-t-il tout de même parfois de t’inquiéter?
“Oui. Je stresse, comme tout le monde. Mais, mon stress est plutôt positif, c’est un boost d’adrénaline qui me pousse à me surpasser. Le seul inconvénient, c’est que mon entourage a parfois le sentiment que je ne prends rien au sérieux parce que suis d’un naturel très détendu (rires).”
As-tu des regrets?
“Avec du recul, je me dis que si j’avais trouvé ma voie plus tôt, j’aurais peut-être eu une situation financière plus stable aujourd’hui. J’ai longtemps cumulé les petits boulots pour m’en sortir. Mais, ce n’est pas quelque chose qui me fait peur ou qui m’angoisse. Au contraire, j’aime profiter de la vie, je suis une épicurienne, je préfère m’offrir tous ces petits plaisirs que de mettre mon argent de côté. “
De quoi rêves-tu aujourd’hui?
“Tout ce que je veux, c’est une vie simple. Fonder une famille. Je suis heureuse.”
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