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© Getty Images

3 étapes pour retrouver l’épanouissement personnel

Edwina Poppe, notre experte, veut nous éviter de jeter notre bien-être mental aux orties. Au contraire: elle nous exhorte à oser aborder nos problèmes psychologiques, nous montre le chemin vers une aide réellement efficace et nous explique comment devenir notre propre psychologue.

La santé mentale reste un sujet délicat à aborder. De ­nombreuses personnes n’osent pas admettre qu’elles ont ­besoin d’aide, par crainte d’être ­jugées ou simplement de paraître vulnérables. Résultat? Elles souffrent en silence pendant des années et ne font appel à une aide professionnelle que bien trop tard. Et lorsqu’elles osent enfin franchir le pas, elles sont souvent confrontées à de (très) ­longues listes d’attente chez les ­psychologues. Ce qui ne fait que compliquer les choses et laisse trop souvent des personnes en proie à de graves problèmes de santé mentale se débattre en silence. Edwina ­Poppe, psychologue ­clinicienne et thérapeute pense qu’il est grand temps de changer les chose. Dans sa théorie qui suggère de devenir son propre psy, elle explique ce qu’elle entend par là.

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Edwina Poppe: « Nous sommes très nombreux à nous sentir malheureux. Nous souffrons d’une sensation de vide et d’insatisfaction, et ce n’est pas ce que nous voulons. Nous essayons de combler ce vide en nous occupant, en travaillant beaucoup, en nous ­réfugiant dans des substances comme l’alcool, les cigarettes et les drogues, en ­pratiquant le shopping à outrance ou en utilisant d’autres personnes pour combler ce vide. J’aimerais vous ­emmener dans un nouveau mode de vie durable. N’attendez plus et devenez votre propre psy et, surtout, des psychologues les uns pour les autres. Je veux vous aider à y parvenir en transmettant mes connaissances et outils issus de la pratique. ­Ensemble, nous allons rendre le monde un peu meilleur. Il s’agit aussi d’oser aborder les problèmes psychologiques et de donner à ­chacun un fil conducteur concis, mais robuste, ainsi qu’un guide vers une aide appropriée. Mais c’est aussi mon message personnel, authentique: si nous sommes tous la meilleure ­version de nous-mêmes – à la fois pour nous-mêmes et les uns pour les autres , si nous prenons à bras-le- corps ce qui nous préoccupe suffisamment tôt, les listes d’attente diminueront inévitablement chez les psychologues et nous viendrons à bout de cette problématique sociale. »

Ce processus se déroule en 3 étapes: prise de conscience, changement et entretien. Et pour chaque étape, elle livre quelques jalons intermédiaires. Un peu comme le début d’une vraie promenade de santé, avec vous-même dans le rôle du psychologue!

Étape 1: la prise de conscience

Selon Edwina Poppe, la première étape du développement personnel est la « prise de conscience »: une étape cruciale pour en appréhender les enjeux. Elle nécessite de ­s’accorder des moments de réflexion, des moments où vous prenez le temps de répondre à quelques ­questions sur vous-même afin de mieux comprendre les difficultés que vous pourriez ressentir.  

Que ressentez-vous?

Comment vous sentez-vous en ce moment? Qui ou qu’est-ce qui est à l’origine de votre mal-être?  Supposez que j’aie une baguette ­magique et que je puisse faire ­disparaître tous vos problèmes. Quand vous vous lèverez demain, à quoi ressemblera votre journée? Où vous trouverez-vous? Avec qui? Que ferez-vous? Parmi ces pistes, quelles sont celles que vous pouvez déjà emprunter dans votre vie ­quotidienne? Essayez de rendre cette réflexion aussi concrète que possible. Par exemple: « Chaque lundi, je veux passer une petite demi-heure à planifier un petit voyage. »

La quête de la perfection

Quand avez-vous eu pour la dernière fois la sensation de devoir atteindre la perfection? Décrivez la situation. Quelles étaient vos pensées à ce moment-là? Comment vous sentiez-vous? Pourquoi pensiez-vous que la perfection était indispensable? Auriez-vous géré la situation autrement sans cette quête de perfection?

La règle des 80 %

La règle des 80 % suggère qu’on consacre environ 20 % de son temps et de son énergie pour réaliser 80 % d’un projet, tandis que les 20 % ­supplémentaires nécessaires pour le mener totalement à bien peuvent accaparer 80 % de nos efforts. Comment pourriez-vous mettre en pratique cette règle des 80 %? Que pourriez-vous essayer de réaliser à « 80 % » afin de vérifier si quelqu’un voit la différence par rapport aux « 100 % »? Si vous ne trouvez pas, essayez d’enfiler 2 chaussettes ­dépareillées et voyez qui le remarque.  

Mener l’enquête

Imaginons que vous êtes détective et que vous devez enquêter sur le temps que votre partenaire passe sur son smartphone, sa tablette ou la ­télévision. Comment procéderiez-vous? Vous installeriez sans doute une application comme « My Phone Time » – cherchez Temps d’écran sur Apple Store ou Google Store –, ou plus simplement: vous vous assiériez à côté de lui·elle avec un minuteur. ­Appliquez à présent ces techniques à vous-même. Combien de temps perdez-vous à scroller? Et que ­pourriez-vous faire de plus satisfaisant ou qui vous rapproche de vos objectifs pendant ce temps? 

... heures de TikTok

... heures d’Instagram

... heures de Snapchat

... heures de Facebook

... heures de WhatsApp

... heures de Netflix

... heures de télé

À quoi consacrez-vous le plus clair de votre temps? Est-ce vraiment important pour vous? Pourquoi?  

Que voulez-vous dire?

Que voudriez-vous dire à quelqu’un depuis un certain temps? Pensez à ce message que vous gardez peut-être au fond de vous-même depuis trop longtemps. Qu’est-ce qui vous ­retient? Quel conseil donneriez-vous à l’ancienne version de vous-même et pourquoi ne le mettez-vous pas en pratique?  Quel sentiment éprouvez-vous quand vous pensez à ce ­message et à cette conversation? Écoutez votre cœur. Qu’est-ce que cela signifie? Comment pourriez-vous communiquer avec votre cœur? Prenez le temps d’y réfléchir. Par exemple, vous pourriez dire que vous ne vous êtes pas senti·e apprécié·e la dernière fois que votre collègue n’a montré aucun signe de reconnaissance pour votre travail. Si vous ne dites pas ce que vous avez sur cœur, vous ­risquez de vous mettre réellement en colère au lieu d’expliquer la raison de votre ressentiment la prochaine fois. Qu’est-ce qui vous empêche ­d’exprimer enfin le fond de votre ­pensée? Est-ce une question de ­courage? Avez-vous besoin d’un ­espace sûr? Ou simplement de ­trouver les mots justes? 

La vie est dure

Quel est le dernier combat que vous avez mené? Qu’avez-vous fait pour le remporter? Quelles sont les difficultés auxquelles vous devez faire face aujourd’hui?  

Moment de réflexion: le coût

Combien investiriez-vous dans une nouvelle salle de bains? Et combien dépenseriez-vous pour votre santé mentale? 

Qui êtes-vous?

Que répondriez-vous à la question « Qui êtes-vous? »

Intuition

Votre intuition est une sorte de guide intérieur qui sait toujours ce que vous voulez vraiment. Par exemple, si quelque chose vous semble trop beau pour être vrai, c’est souvent le cas. Que faites-vous pour essayer de cerner ce sentiment? Comment savez-vous que c’est votre feeling qui parle? Voici quelques suggestions pour apprendre à mieux écouter vos sentiments. 

Plus fort

Et si vous cessiez de vous soucier de ce que les autres pensent de vous? Après tout, ce que pensent les autres ne vous regarde pas. Qu’est-ce qui changerait en vous? Comment vous sentiriez-vous? Et si vous investissez 10 fois plus fort, 10 fois mieux, avec 10 fois plus de sagesse et 10 fois plus en vous-même? Qu’est-ce que cela vous apporterait? Vous êtes ce que vous vous entraînez à être. Pratiquez la gratitude et vous constaterez que vous deviendrez une personne ­reconnaissante. Pratiquez la ­victimisation – consciemment ou non – et vous deviendrez une victime. Nous allons nous entraîner ensemble à atteindre délibérément, et donc en pleine conscience, à la meilleure version de vous-même.

Étape 2: le changement

La deuxième étape est celle du « changement », qui consiste à travailler activement – par le biais d’exercices – au développement de nouveaux schémas de pensée. À en finir avec les vieilles habitudes. 

Détox numérique

Dans les périodes où vous vous sentez moins bien, mettez ­Facebook, Instagram et TikTok en pause. Supprimez les applications de votre téléphone pendant un certain temps. Pas (nécessairement) votre compte. Il est ­mentalement plus facile de mettre quelque chose de côté pour un temps que de l’effacer définitivement. Consacrez le temps ainsi libéré à des activités à l’extérieur. 

Changez

Bloquez des moments pour accomplir un « travail en profondeur ». Réservez des plages spécifiques dans votre journée pour travailler avec une concentration maximale, sans distraction. Par exemple, vous pouvez commencer la journée avec les tâches les plus intenses et mettre votre téléphone en mode avion pendant quelques heures. Vous pouvez également désactiver les notifications des applications qui vous distraient le plus et fermer les onglets ­inutiles. Planifiez des moments spécifiques pour les réseaux ­sociaux au lieu de rester ­connecté·e en permanence. 

Utiliser la technique Pomodoro

Travaillez en blocs de 20 minutes entrecoupés de pauses de 5 minutes. Utilisez un minuteur. Pendant la pause, faites quelque chose de complètement différent, de préférence une activité en extérieur. Vous conserverez ainsi votre faculté de concentration sans vous épuiser. De toute façon, nous ne pouvons pas nous concentrer plus de 50 minutes. 

Limitez les réseaux sociaux

Fixez-vous des limites de temps sur les réseaux sociaux et respectez-les. Pensez à nos enfants. Nous leur disons souvent qu’ils n’ont pas droit à plus d’une demi-heure de temps d’écran par jour. Pourquoi n’appliquerions-nous pas ce principe à nous-mêmes? 

Pleine conscience et méditation

Pratiquez quotidiennement des exercices de pleine conscience ou de méditation pour entraîner votre cerveau à maintenir son attention et à gérer les distractions. 

Changez certaines habitudes

Remplacez le temps que vous passez sur les réseaux sociaux par une autre activité plus agréable, comme de la lecture, du sport ou un autre loisir. 

Présentation non verbale

Comment vous présenteriez-vous en 3 minutes en utilisant exclusivement un langage non verbal, c’est-à-dire sans dire un mot? 

Amour de soi

Souvent, nous sommes trop dur·e·s avec nous-mêmes, nous ne nous aimons pas. Pratiquons ensemble un petit exercice thérapeutique: imaginez que votre fille de 6 ans ou votre amie vienne vous faire part de la situation qui vous préoccupe. Par exemple: « J’ai fait une erreur au travail et je n’arrête pas d’y penser parce que je suis en colère contre moi-même. » Que diriez-vous à votre enfant? Probablement quelque chose comme: « Ça va aller, ne t’inquiète pas, ce qui est fait est fait... » Comment pouvez-vous vous parler à vous-même avec la même bienveillance et le même amour ? 

Souriez

Aujourd’hui, essayez de voir ce que vous apporterait un peu de gentillesse. Vous n’avez pas besoin de faire grand-chose. Une bonne tranche de rire, un bonjour avec le sourire... Qu’est-ce que cela vous a apporté Comment l’autre a-t-il réagi? 

Ligne de vie

Explorez votre développement ­personnel et les moments clés de votre vie qui ont contribué à faire de vous la personne que vous êtes aujourd’hui. Tracez une longue ligne sur une feuille de papier ou dans un cahier. Cette ligne représente votre vie, de votre naissance à aujourd’hui. Sur cette ligne, marquez les moments importants de votre vie comme la fin de vos études, des relations, des ­emplois, des mariages, des décès, des naissances... Tous ces grands changements et autres moments particuliers de réussite, de difficultés, de joie ou de tristesse. Puis pour chaque point, décrivez brièvement ce qui s’est passé, ce que vous avez ressenti et pourquoi ce moment a été important dans votre développement et votre identité. 

Observez

Allez vous asseoir à l’extérieur durant un moment. Restez immobile et silencieux·se: vous verrez rapidement une foule de choses prendre vie. Les plantes et les animaux font ce qu’ils font, sans vous prêter la moindre attention. C’est comme ça. Ils font ce qu’ils font. Sans frein, sans réfléchir, sans la complexité inhérente à notre nature humaine. Il peut être purifiant et apaisant d’en reprendre régulièrement conscience. 

Nouvelles expériences

Nous le savons tou·te·s: il n’est pas toujours amusant de tenter de ­nouvelles choses. Surtout quand cela nous oblige à sortir de notre zone de confort ou quand nous n’avons aucune idée du résultat. Pourtant, la recherche scientifique montre que ces nouvelles expériences contribuent à notre sentiment de bonheur. Il s’agit en fait d’une forme de prévention contre la dépression. Mais comment? En essayant quelque chose de nouveau, nous brisons la routine par une nouvelle expérience, une expérience différente. Faites quelque chose de fou aujourd’hui, quelque chose que vous ne feriez pas normalement. Ce sont ces moments dont nous nous souviendrons sur notre lit de mort. Sortez de temps en temps de votre zone de confort et essayez quelque chose de neuf pour rester en bonne santé mentale. Lancez-vous. Par exemple, créez un journal d’activités où vous noterez des idées d’activités fun que vous voulez encore essayer. Pendant un moment, nous lâchons le contrôle et nous nous abandonnons à nous-mêmes.

Qui est proche de vous?

Dessinez un cercle et placez-y visuellement 3 personnes proches de vous. Ensuite, placez à l’extérieur de ce cercle des personnes qui sont plus éloignées de vous.

Étape 3: l’entretien

La dernière étape est celle de l’entretien, quand le nouveau ­comportement devient un élément naturel de votre vie. Pour ce faire, Edwina Poppe utilise 4 piliers, ou un trèfle à 4 feuilles. « Ce trèfle vous aidera à transformer les connaissances et les prises de conscience acquises au cours des moments de réflexion et des changements apportés par les exercices en un bonheur durable, tant au niveau individuel qu’au niveau social. Vous n’obtiendrez de résultats durables que si vous investissez quotidiennement dans ces 4 piliers. Une soirée en amoureux, c’est sympa, mais cela ne veut pas dire que vous pouvez perdre de vue votre partenaire pour le reste de la semaine. »

Les 4 piliers d’un bonheur durable 

La meilleure version de vous-même

Celle dans laquelle vous vous sentez bien dans votre peau, vous avez trouvé la paix intérieure et vous pouvez faire face aux moments moins agréables.

Ensemble, c’est mieux

Ce pilier souligne l’importance de la ­communauté et de la coopération, de faire partie d’un ensemble plus grand que soi et d’être bien entouré. 

Simplicité et authenticité

Ce pilier inclut la capacité à être ­soi-même. L’authenticité. Vous vous acceptez comme vous êtes et vous vous aimez à 100 %. Vous vous donnez de l’espace pour respirer et vous reposer et vous vous accordez le droit de commettre des erreurs. 

Amour

L’amour est le fondement d’un bonheur durable. C’est un concept que nous avons du mal à saisir et qui, pourtant, nous rend réellement heureux. L’amour pour notre planète, pour toutes les choses, animaux et personnes qui la composent nous donne une orientation, un fil conducteur dans le chaos de la vie.

Et donc...

Envie de fixer à côté de votre porte une plaque dorée avec votre nom au-dessus du mot « Psychologue »? À 100 %! À condition d’y travailler, évidemment. Edwina Poppe: « La thérapie et le changement nécessitent un travail quotidien et produisent leurs effets progressivement, mais c’est la seule voie vers un bonheur durable. Pour ancrer un bonheur durable, il est plus efficace d’adopter un nouveau mode de vie plutôt que de prendre rendez-vous chez un psychologue. C’est pourquoi j’insiste: ‘Devenez votre propre psychologue.’ »

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