Les 4 étapes à franchir pour surmonter un traumatisme
Qu’est-ce qu’un traumatisme? Comment le surmonter? Quelles ressources mobiliser pour parvenir à passer au-dessus? Christine Calonne, psychologue et psychothérapeute, nous éclaire sur ce sujet complexe en nous épinglant les attitudes adopter pour dépasser les évènements traumatiques.
Un traumatisme désigne tout évènement impliquant trois conditions: l’impuissance, l’isolement/solitude et le sentiment d’insécurité face à une personne ou une situation. “Insécurités dans les relations d’attachement, face à une maladie ou à l’abandon... Ces traumatismes impliquent des agressions psychologiques, explique Christine Calonne. On y retrouve des carences affectives ou des négligences, au même titre qu’une non-reconnaissance des besoins.” Pour illustrer ses propos, la psychothérapeute évoque l’exemple des victimes de pervers narcissiques, qui se retrouvent dépouillées de ce qu’elles sont intérieurement. “Lorsque ça se répète, on parle de traumatisme complexe. C’est le cas de beaucoup de victimes de pervers narcissiques qui ont vécu l’emprise; emprise qui peut durer des années impliquant la répétition des traumatismes.”
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Les 4 attitudes face à un traumatisme
Pour Christine Calonne, le traumatisme n’est pas insurmontable. Mais d’abord, pour parvenir à attaquer le noeud du problème, il est important de repérer qu’on est dans un traumatisme complexe. “J’ai eu beaucoup de personnes qui venaient pour parler de leur vécu de victime suite à un traumatisme pendant des années. Lorsqu’on a été sous emprise, la compréhension ne suffit pas, c’est-à-dire qu’on peut comprendre le vécu traumatique sans pour autant changer.”
De là, Christine Calonne dresse les 4 étapes à franchir pour parvenir à surmonter le traumatisme:
S’adresser à quelqu’un
“Lors d’un traumatisme, nous sommes seul·e. Il faut donc sortir de l’isolement. C’est pourquoi pour en sortir, s’adresser à des personnes bienveillantes et empathiques est primordial. De cette manière, on peut exprimer ses émotions, si on parvient à s’y connecter. Et si cela est trop compliqué, parler à quelqu’un de spécialisé se dessine dans tous les cas comme une première étape dans la guérison.”
Prendre du temps pour soi
“Lors d’un traumatisme, la personne a été si maltraitée qu’elle est épuisée et plongée dans un stress chronique. Ce que je conseille, c’est de parler à son enfant intérieur, soit la partie de soi émotionnelle qui est dans le ressenti, et lui parler avec bienveillance, lui dire que c’est normal que la concentration soit difficile. Il faut pouvoir s’autoriser à ne rien faire et se donner du temps pour soi. C’est vital pour se reconstruire.”
Mobiliser ses ressources
“Ces ressources sont de plusieurs ordres:
- Les ressources physiques: on mobilise les ressource du corps. On respire une huile essentielle, on va se perdre en pleine nature pour admirer la beauté des paysages. C’est ce qu’on appelle la psychologie positive: on se connecte à la beauté de chaque détail qui nous entoure.
- Les ressources psychologiques: c’est notamment l’importance d’être attentif·ve aux souvenirs, de s’intéresser à ce qui autrefois nous apaisait. On peut imaginer des lieux de sécurité imaginaire comme des moments où on a pu être bien avec soi. Il ne faut pas oublier que dans un traumatisme, l’identité a été mise mal et qu’il est question de perte d’estime de soi. L’apaisement est primordial.
- Les ressources émotionnelles: cela peut aussi bien être le fait de caresser son chat ou son chien que de s’entourer de relations bienveillantes. Cela n’est pas simple; ça demande de développer ses émotions et de cibler ce qui est bien pour nos besoins. Nos émotions et besoins sont vitaux et c’est une force quand on sait les mobiliser.
- Les ressources créatives: un cours de peinture, l’écriture d’une poésie... Stimuler son esprit, son imagination, sa créativité afin de s’épanouir dans des activités qui redonnent confiance en soi.
- Les ressources relationnelles: nous pouvons trouver un modèle, une famille de coeur, une personne qui nous conseille, nous apaise, qu’on apprécie et à laquelle on se rattache. Le but? Miser sur l’amour bienveillant.
- Les ressources spirituelles: ces ressources englobent la compassion et l’empathie. Il n’est pas simple pour les victimes de parler de leurs traumatismes car elles ont peur de l’incompréhension, du jugement, de la honte… Ces ressources sont pourtant terriblement importantes, pour au moins être dans l’empathie vis à vis de soi.
En réalité, en identifiant au niveau du corps les sensations et les besoins, on apprend à être bienveillant et à reconnecter son corps aux énergies pour se reconstruire. Quand on a été victime, on a été anéanti·e dans nos besoins, dans notre estime. On reconstruit notre identité. Si on s’y reconnecte, on peut retrouver les activités agréables que l’on faisait avant l’isolement et l’emprise. Dans ce cadre, mieux structurer son temps et se retrouver en reprenant du temps pour soi apparaît comme une tâche indispensable. Ainsi, il faut parvenir à s’autoriser d’inscrire des temps pour soi dans son agenda pour mieux se comprendre.
Inscrire ce nouveau schéma sur le long terme
“La dernière étape, c’est inscrire dans sa vie ces moments pour se reconstruire. Cela demande de reconstruire des relatons sécurisantes, des relations d’attachement.”
Retrouver la compassion de sa personne
Pour Christine Calonne, lorsqu’on a vécu des traumatismes complexes à répétition, on se coupe totalement de soi. “On est dans un état de dissociation, on est un peu comme si nous n’étions plus acteur·trice de sa vie. On peut observer quelles sont les parties de soi qui se sont coupées de la vie. C’est notamment ce qu’on appelle la théorie des états du moi, à savoir être capable de reconnaitre la partie coupée de soi en se figeant.
Il y a peut-être aussi chez la victime une préparation au combat, prête à se battre pour se dire que c’est du passé et qu’on peut s’apaiser. Un dialogue intérieur avec les parties de soi qui ont été mises à mal peut s’imposer comme une solution”,
explique la spécialiste, précisant que dans le processus, “il y a également une partie qui prend peur et qui se dirige vers la fuite. Il devient alors impossible de se relaxer. C’est pourquoi il est important de retrouver cette partie de soi, qui peut se réfugier dans des addictions: alcool, nourriture, travail, internet, médicament, drogues… Dans le but de fuir l’insupportable. Car oui, les parties de soi luttent contre la souffrance insupportable en étant mobilisées par la volonté de combattre, de se figer ou de se réfugier ailleurs. La bienveillance est alors importante pour dialoguer avec soi-même et pour retrouver la compassion et l’empathie pour soi.”
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