À COEUR OUVERT: ““Huit ans plus tard, je me suis rendu compte que j’avais été droguée””
Malory, 30 ans, s’est rendu compte, il y a quelques mois seulement, qu’elle avait probablement été droguée lors d’une soirée en Allemagne, quand elle avait 22 ans.
En mai 2016, alors qu’elle était à Séville, Malory, 30 ans aujourd’hui, a rencontré un Allemand prénommé Ulrich (nom d’emprunt). Lui était en vacances, elle effectuait un master en traduction audiovisuelle. “On a passé quelques jours ensemble à se dragouiller et à s’embrasser, mais sans aller plus loin. Avant son retour en Allemagne, il m’a dit qu’il n’avait pas voulu coucher avec moi, car il me ‘respectait’ et qu’il voulait qu’on se donne une chance”, se souvient la jeune Française.
Il lui a ensuite proposé de le rejoindre chez lui, à Stuttgart. Elle a accepté. Arrivée sur place, les choses ne se passeront pas vraiment comme prévu. Premièrement, le jeune homme vivait encore chez sa mère, elle devra donc cohabiter avec sa famille. Deuxièmement, elle dormira par terre, sur un matelas jeté à même le sol, pendant qu’Ulrich sera confortablement installé dans son lit douillet. “Après moult tentatives pour lancer un acte sexuel, toutes ratées, je suis rentrée chez moi frustrée et vexée”, raconte Malory.
Une soirée floue, comme si elle n’avait jamais eu lieu
Outre la frustration, une sorte d’incompréhension entache son séjour en Allemagne. Quelques jours avant de repartir chez elle, la traductrice pour une grande plateforme de streaming rencontre les amis d’Ulrich. Ils étaient entre huit et dix, tous Allemands. Ensemble, ils vont boire des verres dans une rue animée de Stuttgart. “À l’époque, je buvais très peu. J’ai commencé par prendre une bière de 25 cl, puis une autre. Entre mes deux bières, je suis allée aux toilettes. J’avais alors les idées très claires, je n’étais pas du tout embrumée par ma bière”, explique-t-elle. De retour à table, elle boit sa seconde bière, qui était déjà servie avant qu’elle ne revienne. À partir de ce moment-là, les souvenirs de Malory sont très flous. “Je me vois aller retirer de l’argent, puis vomir dans la rue et dans le bus retour vers chez Ulrich. Il me soutenait par la taille parce que j’étais vraiment dans un sale état”, ajoute-t-elle. C’est là tout ce dont se souvient la jeune femme. Le moment où elle est arrivée chez son ami? Aucun souvenir. Le moment où elle s’est lavée? Rien non plus. Pas plus que le moment où elle est allée se coucher.
Je ne me souviens absolument pas de ma soirée. J’ai mis ça sur le compte des bières allemandes, qui devaient être plus fortes.
Le lendemain, Malory était un peu vaseuse. Elle s’est dit qu’elle avait une simple gueule de bois. “Même si, bon, une pinte de bière n’est pas censée me faire vomir. Même si je ne buvais presque pas d’alcool, à l’époque”, commente-t-elle. “J’ai mis ça sur le compte des bières allemandes, qui devaient être plus fortes que les bières françaises.”
Le reste de son périple allemand se passera sans encombre, sans que plus jamais elle repense à cette fameuse soirée. Bien que, sur le moment, elle se soit demandée si les bribes de souvenirs dont elle se rappelait étaient vraies. “Pour moi, c’était comme si la soirée n’avait jamais eu lieu.”
La prise de conscience
La révélation arrivera huit ans plus tard, lors de son séjour linguistique au Japon. “J’écoutais le podcast ‘Transfert’, dans lequel des gens sont invités à raconter des choses qu’ils ont vécues”, raconte Malory. “Une jeune femme racontait que sa mère avait été droguée pendant des années par son mari qui la prostituait et la filmait à son insu. Le témoignage était poignant et je me souviens m’être dit: ‘Quelle chance quand même, je n’ai jamais vécu ça, je n’ai jamais été droguée.’” Puis, en se repassant mentalement des épisodes de sa vie, la Française a eu un déclic.
Selon un camarade de cours, les effets que je lui décrivais se rapprochaient de ceux du GHB.
“Ça m’a frappée”, souligne-t-elle. Entre l’Allemagne et le Japon, la jeune femme a connu un black-out lors d’une soirée chez des amis. Son premier vrai black-out. Le lendemain, elle s’est sentie mal, comme lorsqu’elle s’est réveillée chez Ulrich. Mais cette fois, elle avait des souvenirs très nets de sa soirée et de ses sensations de la veille. “J’en ai discuté avec un des élèves de ma classe qui disaient avoir consommé beaucoup de drogues différentes. Selon lui, les effets que je lui décrivais se rapprochaient du GHB”, poursuit-elle.
Droguée? Mais qui a pu faire ça?
Aujourd’hui, Malory ne sait toujours pas qui a pu mettre de la drogue dans son verre. Ulrich reste son principal suspect, bien que cela n’ait pas de sens pour elle. “Je ne comprends pas pourquoi il m’aurait droguée, alors que j’étais littéralement venue pour coucher avec lui et que je tentais de le séduire par tous les moyens”, commente la jeune femme. Elle en est en outre persuadée, son ami n’a pas tenté d’abuser de la situation. “Le lendemain, je n’avais pas cette sensation propre à une nuit de sexe, pas non plus de fluides qui auraient pu indiquer que l’on était passé à l’acte”, poursuit-elle.
Est-ce un ami d’Ulrich, ou un autre gars qui était présent dans le bar au même moment? Pour Malory, cette soirée reste un mystère. Et elle le restera, car elle n’a pas souhaité questionner l’Allemand à propos des événements.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le GHB, et notamment comprendre si vous avez été drogué·e à votre insu, rendez-vous sur le site d’Infor Drogues.
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