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À COEUR OUVERT: ““J’ai été diagnostiquée d’une leucémie aigüe à 23 ans””

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Personne n’est à l’abri d’avoir un cancer. Même quand on a un mode de vie sain, on ne peut être immunisé·e. En 2021, Kato, 25 ans, a été diagnostiquée d’une leucémie aigüe.

« Une semaine avant le diagnostic, j’étais plus fatiguée que d’habitude. J’ai arrêté de cuisiner des repas chauds, car après une journée à la crèche où je travaillais, je n’avais plus d’énergie pour préparer quoique ce soit. Au mieux, je mangeais une tartine, je me glissais sous les couvertures et je dormais sans interruption jusqu’au lendemain matin. Je ne savais pas pourquoi j’étais si fatiguée, mais lorsque j’ai commencé à avoir de la fièvre et des éruptions cutanées sur les jambes, je suis allée chez le médecin sur les conseils de ma patronne.

Mon médecin généraliste n’a pas jugé nécessaire de procéder à une prise de sang et a préféré effectuer un test Covid, qui s’est révélé négatif. Mais comme j’avais des doutes, j’ai exigé qu’on me fasse quand même une prise de sang. Le même jour, j’ai appris que j’étais atteinte d’une leucémie aiguë. J’ai d’abord eu du mal à croire cette nouvelle. Dans mon esprit, se tromper d’assouplissant ou apprendre une grossesse imprévue étaient des événements bien plus logiques dans ma vie que le diagnostic d’un cancer à 23 ans.

Je me suis demandé: “Pourquoi moi?” et “qu’est-ce que j’ai fait de mal?”. J’avais pourtant un mode de vie sain. Bien sûr, j’ai déjà mangé des pizzas ou des chips, mais qui ne le fait pas?

Une fois le choc de l’annonce passé, j’ai compris qu’il n’y avait qu’une seule solution. Après avoir fait congeler mes ovules pour préserver mon désir d’avoir des enfants, j’ai reçu ma première chimiothérapie. Peu à peu, j’ai commencé à avoir des effets secondaires tels que la perte de cheveux, mais j’ai essayé de le prendre avec humour. Par exemple, il m’est arrivé de retirer ma perruque à des moments inattendus pour provoquer des réactions (rires). Pour moi, l’autodérision et l’humour noir étaient une façon de gérer la situation. Comme j’ai eu un cancer à l’époque du Covid, j’ai passé la majeure partie de mon temps en isolement pendant cinq mois. J’ai trouvé que c’était la partie la plus difficile, car j’avais déjà beaucoup souffert du fomo (“fear of missing out”, anxiété sociale liée à la peur constante de manquer des choses telles que des nouvelles ou des sorties, ndlr). J’étais seule avec mes pensées, mais heureusement, je n’ai jamais pensé que les choses allaient mal tourner.

Punie

Bien que je sois débarrassée du cancer, le chapitre n’est pas encore clos, car je dois encore me rendre à l’hôpital pour des examens de contrôle tous les quatre mois. Plus ce moment approche, plus le stress augmente. Jusqu’à présent, je n’ai pas fait de rechute, mais à chaque hématome, et lorsque je suis plus fatiguée, je suis en panique. J’ai parfois du mal à accepter que les personnes qui ont eu un cancer soient punies d’une certaine manière. Aujourd’hui, par exemple, je ne suis pas encore propriétaire, mais je me rends compte qu’il sera plus difficile d’emprunter et que je devrai peut-être mettre la main à la poche pour réaliser ce rêve de logement, simplement parce que j’ai eu une leucémie. D’une certaine manière, je le comprends, mais cela n’enlève rien au fait que je trouve ça injuste, car personne ne choisit d’avoir un cancer.

Néanmoins, je suis une personne positive et j’essaie de voir le bon côté des choses. C’est peut-être un peu naïf, mais je pense que c’est une belle vision pour avancer dans la vie. Ça m’a aidée quand j’ai été confrontée à cette terrible épreuve. Le diagnostic de mon cancer a été un coup dur, mais il fallait peut-être que cela arrive. J’ai parfois l’impression qu’il a fallu qu’il me réveille et qu’il me fasse prendre conscience de ce que je veux vraiment, et du chemin que je dois emprunter pour atteindre mes objectifs. C’est pourquoi j’ai décidé d’étudier les soins infirmiers. Pendant ces cinq mois à l’hôpital, les infirmières ont fait la différence pour moi, alors maintenant, je veux à mon tour apporter quelque chose à d’autres patients atteints de cancer. Je voudrais les encourager, mais aussi leur montrer que les choses peuvent bien se terminer. Le cancer ne doit pas toujours être la fin, heureusement. »

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