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Suicide d'un proche
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À COEUR OUVERT: ““L’idée de mettre, moi aussi, fin à mes jours m’a frôlé l’esprit””

Sarah Moran Garcia
Sarah Moran Garcia Journaliste web

Nadia (nom d’emprunt) a dû faire face au deuil d’une amie proche qui a mis fin à ses jours. Trois ans plus tard, elle s’est remise de ce tragique événement, mais cela n’a pas été sans peine.

Nadia (nom d’emprunt) avait une amie proche avec qui elle partageait régulièrement ses tristesses, et inversement. Cette amie souffrait terriblement, mais jamais Nadia n’aurait pu imaginer ce qu’il s’est produit. Un jour de mai 2021, la jeune femme reçoit un coup de fil. À la simple évocation du nom de son amie, elle sait ce qu’il se passe, elle sait que son amie n’est plus de ce monde.

L’annonce de son suicide a été un choc, mais pas une surprise pour autant. Nadia et d’autres proches étaient constamment là pour leur amie, pour la soutenir, mais malgré tout, ils savaient qu’un jour, d’une manière ou d’une autre, elle tenterait de mettre fin à ses jours.

Une part de moi sent encore une once de culpabilité. Il m’a fallu plus d’un an pour accepter que, malgré tout ce qu’on avait pu faire pour elle, sa décision était prise...

Un manque à la limite du supportable

“Nous nous sommes rencontrées en 2012, quand je suis arrivée chez les scouts. Mais ce n’est qu’en 2013 que nous sommes devenues proches, après avoir discuté des idées noires qui avaient déjà traversé nos pensées”, explique Nadia. Par la suite, cette relation d’entraide et de confidente à perdurer. “Nous nous soutenions énormément dans nos moments down. La dernière fois, ce fut en 2020, pendant le Covid. Elle avait partagé avec moi sa douleur et son souhait de me revoir lors de jours meilleurs.”

Nadia ne sait pas exactement ce qui a poussé son amie à commettre l’irréparable, mais elle pense que le fait d’être éloignée de ses proches à cause de la pandémie l’a fait beaucoup souffrir. “Ce manque a dépassé la limite du supportable”, commente la jeune femme.

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Le temps de la déculpabilisation

Cela fait aujourd’hui plus de trois ans que son amie n’est plus, mais Nadia y pense encore énormément. Depuis un an, cependant, le souvenir de son amie n’est plus pour la jeune femme une source de tristesse, mais une force qui la pousse à aller de l’avant. Cependant, elle se sent encore en partie responsable de son suicide. “Une part de moi sent encore une once de culpabilité. Il m’a fallu plus d’un an pour accepter que, malgré tout ce qu’on avait pu faire pour elle, sa décision était prise…”, regrette-t-elle.

Une part de moi sent encore une once de culpabilité.

En dépit de cette perte tragique, jamais elle n’en a voulu à son amie. “Quand l’émotion nous submergeait, moi et mes amies, nous nous demandions si elle avait pensé à nous avant de passer à l’acte. Mais nous savions qu’elle souffrirait moins en nous quittant”, ajoute Nadia. Après la mort de son amie, la jeune femme a été suivie par une psychologue, et elle pense que sans cette aide, jamais elle ne serait parvenue à surmonter sa tristesse. Désormais, elle parvient à se dire que, “d’en haut, elle serait fière de nous voir et de voir qu’on ne se morfond pas, qu’on vit pleinement”.

Aux personnes qui font face au deuil d’un proche, Nadia conseille de prendre son temps, d’y aller étape par étape. “Le deuil est un long processus, et celui post-suicide est encore différent. En parler aide énormément, et mettre des mots sur les émotions permet de les rendre moins douloureuses”, insiste-t-elle. “L’idée de mettre, moi aussi, fin à mes jours m’a frôlé l’esprit, mais j’ai réussi à en parler pour ne pas commettre cet acte tragique.”

Si vous ou en proche avez des pensées suicidaires, vous pouvez contacter la ligne d’écoute du Centre de Prévention du Suicide au 0800 32 123. Elle est anonyme, gratuite et disponible 24h/24, 7j/7. L’équipe du Centre est composée de bénévoles qui assurent une écoute citoyenne, bienveillante et sans jugement à toute personne qui en ressent le besoin. Plus d’informations sur www.preventionsuicide.be.

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