À COEUR OUVERT: ““Je vis avec une douleur constante depuis une visite chez le dentiste””
Une simple visite chez le dentiste s’est transformée en cauchemar, pour Sarah, qui, depuis, vit un véritable enfer fait de douleurs aiguës. Les spécialistes ne savent pas ce qui peut provoquer ses maux, pas plus qu’ils ne connaissent de traitement pour la soulager. Sarah se confie sur son combat quotidien.
Le cauchemar de Sarah commence en 2022. C’était un jour de mai, les arbustes bourgeonnaient, quelques fleurs s’épanouissaient dans les frondaisons. Sarah, elle, avait rendez-vous chez un stomatologue, sur les conseils de sa dentiste, pour une dent mal dévitalisée qui devait être extraite. “J’ai pris le premier qui était disponible près de chez moi”, commente la trentenaire. “Il recevait en privé et avait des avis positifs sur Google.”
L’opération en anesthésie locale a duré cinq minutes, se souvient-elle. “Au moment où il a arraché ma dent, j’ai entendu un gros ‘crac’. Il était allé vite… trop vite, selon moi”. Si la douleur liée à sa dent dévitalisée a disparu, une nouvelle est apparue, plus lancinante. Malgré les antidouleurs, celle-ci ne s’estompait pas. Sarah a pensé qu’un nerf avait été touché, mais elle a tout de même voulu avoir l’avis d’un expert. Elle s’est rendue chez un second stomatologue qui lui a répondu que cette douleur n’était pas normale. “La façon de procéder de la personne qui m’a arraché la dent n’était pas habituelle, selon lui. Il l’a extraite d’un coup, alors qu’il aurait dû la découper en quatre avant de l’enlever”, indique la Lasnoise.
Encore à l’heure actuelle, on n’a pas de mots pour décrire ce que j’ai, sinon une neuropathie atypique.
Le professionnel qu’elle a consulté lui a prescrit un scanner, qui n’a rien montré de concluant. Les médecins ne comprenant pas quel mal la rongeait, ils ont dirigé Sarah vers le service de neurologie. “Ils ont d’abord évoqué une névralgie. Ils m’ont fait passer un tas d’examens très poussés et m’ont administré un traitement lourd”, explique-t-elle. “Les examens étaient tous bons, et le traitement ne fonctionnait pas… J’ai été redirigé vers un neurochirurgien qui devait m’opérer pour réduire la sensibilité dans ma mâchoire.” Le spécialiste a constaté ce que les scanners n’avaient pu déceler. Un nerf avait été blessé. Possiblement durant sa visite chez le stomatologue.
Malgré cette opération, les douleurs aiguës, très localisées, en bas, à gauche de sa mâchoire, ont persisté. Qu’importe ce qu’elle faisait pour en réduire l’importance, elle les sentait toujours. N’en pouvant plus de ce problème très handicapant au quotidien, Sarah a décidé d’aller dans une clinique de la douleur, où on lui a proposé plusieurs méthodes pour réduire la douleur. Mais rien n’a réellement porté ses fruits. “Encore à l’heure actuelle, on n’a pas de mots pour décrire ce que j’ai, sinon une neuropathie atypique”, regrette la jeune femme.
Une douleur remise en question
La médecine conventionnelle ne parvenant pas à trouver une cause et une solution à son mal, Sarah s’est tournée, en dernier recours, vers les médecines alternatives. Mais elles non plus, elles ne sont pas parvenues à soulager sa douleur. “À vrai dire, cela n’a rien d’étonnant. Je suis une personne très terre-à-terre, je n’étais pas assez dans l’instant présent, peut-être”, suppose-t-elle. “Puis, ce genre de pratique a un coût très important qui n’est pas remboursé.”
Deux mois avant les premières douleurs, Sarah avait accouché de son fils. Certains médecins questionnaient un post-partum. “Ils m’ont prise pour une folle”, ne décolère-t-elle pas. “Mais ça n’avait absolument rien à voir. Et ça n’a toujours rien à voir. Ma douleur est bien réelle! Le plus dur, c’est certainement la chronicité de cette douleur. Avoir mal un jour sur deux, ça va, mais là, c’est absolument tous les jours.”
Dans les premiers mois de vie de son fils, la mère de famille a dû beaucoup compter sur son compagnon pour qu’il l’épaule dans les tâches du quotidien. Au point que ce dernier a dû mettre sa carrière de policier entre parenthèse. “C’était gentil, mais je ne pouvais pas non plus me reposer sur lui tout le temps”, indique la trentenaire. “Puis, il a dû reprendre le travail. Notamment en raison de difficultés financières. J’étais juriste et ne peux plus travailler, car je sais que je ne suis pas fiable. Je peux à tout moment être prise de crises de douleurs insoutenables. Or, on a besoin de revenus.”
Je me suis sentie très incomprise. Au début, les gens prenaient de mes nouvelles. (...) Puis ils m’ont peu à peu mise de côté, jusqu’à ce que l’on ne se parle plus.
Changement de vie
Ce n’est qu’au bout de plusieurs mois que Sarah a appris à vivre avec la douleur. Et c’est aussi à ce moment-là que son caractère de battante est revenu. Malgré cette manière de penser, il y a encore des choses qu’elle ne peut plus faire. Le sport, qu’elle pratiquait tant par le passé dans une optique de se muscler et de répondre à des critères que la société impose, c’est désormais fini. À la place, elle fait les choses par plaisir, comme de la poterie ou des escapades dans la nature. Elle jardine, aussi.
Les sorties sont à présent une histoire ancienne pour la Lasnoise. Déjà, parce que la douleur l’empêche parfois de profiter de l’instant présent, mais également parce qu’elle a perdu quelques amis au cours de cette épreuve. “Je me suis sentie très incomprise. Au début, les gens prenaient de mes nouvelles. Sauf que j’étais triste et très négative, voire dépressive. Eux sortaient, alors que moi, je n’osais pas, notamment à cause des opérations qui m’empêchaient de boire ou de manger ce que je voulais”, se souvient-elle. “C’est comme ça qu’ils m’ont peu à peu mise de côté, jusqu’à ce que l’on ne se parle plus. J’ai encore quelques amies, mais je n’ai pas la même relation ni la même façon de vivre et de me comporter avec elles. Simplement parce que, psychologiquement, quand t’as mal quelque part, t’as peur que quelque chose se passe mal et accentue la douleur.”
Mais pour Sarah, ce n’est pas grave. S’il lui arrive de regretter sa vie d’avant, elle a trouvé une autre forme d’équilibre et est bien entourée par ses proches, notamment par son compagnon et son fils, qui a soufflé ses deux bougies cette année.
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