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8 célibataires nous racontent la drague en confinement

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste


Certes bien plus insignifiante que la crise sanitaire ou la crise financière, la crise des célibataires se joue aussi en 2020. Comment dater confiné.e ? Comment s’embrasser masqué.e ? Nous avons pris le pouls de ces âmes solitaires qui ne diraient pas non à agrandir leur bulle…


 

Kath, 31 ans


« En février dernier, j’ai matché un mec sur Tinder et on a sympathisé assez vite. On a alors décidé de se voir et là, pas de bol, le lockdown est arrivé ! On a continué à discuter sur les réseaux sociaux, mais je sentais que notre relation virtuelle s’essoufflait. Il fallait trouver quelque chose ! Je lui ai donc proposé un e-apéro et il a directement été partant.



Nous avions rendez-vous le dimanche soir, à 21 h. Le soir venu, j’étais super nerveuse ! Je m’étais apprêtée… uniquement du haut (rires). Vers 21 h, on s’est appelés, on avait chacun prévu de quoi prendre l’apéro, Gin pour moi, Lillet pour lui. Les quatre premières minutes ont été bizarres et stressantes, et puis, ça a été génial ! On a discuté une bonne partie de la nuit. Chacun chez soi, bien en règle du confinement… Ce qui m’a le plus dérangé, c’est qu’il n’était pas possible de regarder l’autre dans les yeux à travers l’écran. Mais dans tous les cas, nous avons créé un lien ce soir-là. Pendant 15 jours, nous avons refait ce type de « rencard-apéro ». On apprenait à se connaître simplement. Après une semaine, on se skypait jusqu’à nos tables de chevet… Et puis il a fallu attendre l’autorisation du gouvernement pour se voir vraiment. Un jour, l’autorisation de voir « une personne en plus de son ménage » est tombée. Le 24 avril, nous avions notre vrai rencard. Après deux mois de discussions virtuelles… Il est venu chez moi avec un plateau traiteur italien et une bonne bouteille de vin. Quand il a sonné à ma porte, j’étais simplement super impatiente de le voir. Après les heures passées à discuter, c’était comme si on s’était vu la veille. Vu que les contacts étaient encore interdits, on s’est demandé si on pouvait se faire la bise (rires). Nous avons fêté nos six mois la semaine dernière en reproduisant notre première soirée. Nous sommes super amoureux et c’est grâce au confinement que j’ai pu construire cette histoire, car en temps normal, j’ai une vie à 200 à l’heure, je bosse 7 jours sur 7 …. Je n’avais jamais le temps pour une histoire, pas le temps de laisser de la place pour un mec dans ma vie. Le confinement m’a donné l’occasion de m’intéresser à quelqu’un, de discuter… Donc oui, je pense que le confinement m’a réellement permis de rencontrer l’amour. »

Chloé, 27 ans


« Pendant le premier confinement, c’était le flip total. Je ressentais un besoin pressant de rencontrer quelqu’un, de trouver un mec. J’avais peur que ce confinement m’isole. Résultat : je swipais comme une folle sur Tinder. C’était une période où je n’avais pas confiance en moi et je sentais que j’avais besoin du regard d’un mec pour me sentir bien. En plus, vu que c’était l’été, j’avais l’impression qu’on me volait la meilleure période du célibat. En été, tu rencontres des gens tout le temps, tu bois des verres. En tant que célibataire, c’est le summum. Du coup, vu que je ne pouvais pas en profiter, j’avais envie d’être en couple. J’ai donc fait quelques dates et je remarque maintenant que je voulais absolument que ça marche. Je me projetais directement avec un mec que je connaissais à peine. Et ça n’aboutissait à rien. Maintenant, avec ce deuxième confinement, j’ai surtout envie de rencontrer de nouvelles personnes, d’échanger, de voir d’autres visages. Je ne suis plus dans une optique de rencontrer l’âme sœur. C’est bizarre car, malgré que ce soit l’hiver, le célibat m’angoisse moins. Peut-être aussi parce que j’ai plus la flemme de faire des dates quand il fait déjà noir à 17 h.  Je suis aussi lassée des applications de rencontres, d’essayer d’être rigolote par message, d’être mystérieuse, de ces discussions qui sont toujours les mêmes : ‘alors tu tiens le coup ? Tu fais quoi pour t’occuper ?’  Ce n’est tellement pas naturel. Un de mes matchs m’a récemment demandé ce qui m’attirait chez un mec et ce qui au contraire, me repoussait. L’horreur : je n’ai aucune envie de répondre à un questionnaire sur mes exigences. Avec cette situation sanitaire lugubre, j’ai envie de légèreté, de rigoler… Donc pour le moment, je me dis juste que je dois profiter d’être bien avec moi. Je suis mieux dans ma peau. Le premier confinement m’a fait réaliser que je n’étais pas si mal toute seule. En bref, je rentre dans une phase hibernation et on verra plus tard pour l’âme sœur. »

 

Liza, 27 ans


« Je suis célibataire depuis 1 an maintenant et depuis le début du confinement, c’est un peu le calme plat sentimentalement parlant. J’ai totalement renoncé aux rencontres physiques car avec ce Covid qui coure les rues, il est devenu trop dangereux de voir des gens. Je prends un peu sur moi et en plus, je n’aime pas vraiment les dates donc ça m’arrange bien… Je me sens un peu coupée du monde dans mon studio de 43 mètres carrés. Excepté lire, regarder Netflix et faire des apéros Skype avec des potes, je m’ennuie un peu donc il m’arrive de passer le temps sur des applications de rencontre. Le problème, c’est que je me lasse assez rapidement des discussions virtuelles. J’ai du mal à m’intéresser à une personne que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam et que je n’ai jamais vu physiquement. Demander à quelqu’un comment s’est passé sa journée, alors qu’honnêtement, je m’en fous, ce n’est pas mon truc. Mais disons que ça passe le temps… Pour passer à la vitesse supérieure, la seule solution qu’on a, en tant que célibataire, est de faire des dates par vidéos ou par téléphone. Mais le souci, c’est que je suis phobique du téléphone, j’ai horreur de ça ! Déjà, lors d’un date normal, j’ai toujours peur de ne rien avoir à dire à la personne, qu’on ne s’intéresse pas mutuellement. Et par téléphone, c’est encore pire car si on n’a rien à se dire, on ne peut même pas interagir sur ce qui se passe à côté de nous… Donc dernièrement, un mec à qui je parlais pas mal virtuellement m’a proposé de faire le test des 36 questions pour susciter l’amour. C’est une expérience qui a été mise en place par des chercheurs américains : elle consiste à demander à de parfaits inconnus de se poser une série de 36 questions. Ce questionnaire est censé faire immerger un sentiment amoureux. J’ai accepté sa proposition car je me suis dit, qu’au moins, ça éviterait des silences gênants. On s’est appelés et ça s’est super bien passé. C’est assez long comme test donc il faut quand même avoir du temps (et quelques verres de vin). Résultat des courses : pas vraiment de coup de foudre comme promis. Par contre, on a vraiment appris à se connaître et une petite complicité est née entre nous. Depuis, on continue à se parler régulièrement, mais je ne pense pas que j’irai jusqu’à faire un rendez-vous en live avec lui car j’ai trop peur du Covid en ce moment. Il faut calmer ses ardeurs et je ne suis pas prête à avoir des cotons-tiges dans les deux narines pour un date. Mais en tout cas, ce test des 36 questions est parfait pour les célibataires phobiques du téléphone en confinement ! »

Grégoire, 30 ans


« Je trouve que le confinement est une période géniale pour les rencontres sur les réseaux, car il y a énormément de personnes actives sur Tinder et surtout, plus aucun moyen de faire des rencontres autrement !

Personnellement, je n’ai jamais eu autant de matchs que maintenant.


Malheureusement, comme toujours, beaucoup de filles cherchent l’amour et pas l’amusement… Pour les dates, soit on va se balader dans la nature, soit on va directement chez elle. Pour ma part, j’ai su dénicher des plans cul depuis mars, car je suis tombé sur des filles qui avaient envie de s’amuser sans prise de tête, ou sur des filles qui avaient rompu avant le confinement et qui n’avaient pas envie d’être en couple directement. Et dernière chose : j’adore le couvre-feu car j’ai une excuse pour pouvoir partir à 22 heures et ne pas dormir avec la fille. Je déteste déloger… »

Clément, 33 ans


« J’ai rencontré une meuf sur Tinder en septembre, quand on pouvait encore boire des verres dans des bars. On s’est vu seulement trois fois, mais ça se passait super bien. Par contre, on était toujours bien saouls quand on se voyait… Quand on a dû se reconfiner, on s’est dit qu’on se choisissait mutuellement comme +1 pour notre bulle. C’était marrant car c’était déjà une sorte d’engagement après s’être vus trois fois. Donc on a passé la nuit ensemble il y a peu… Sobres, cette fois. Et là, j’ai réalisé… qu’elle ronflait à fond ! J’ai le sommeil hyper sensible donc c’est un vrai problème pour moi. Résultat : j’ai été dormir dans le canapé pour notre première nuit ensemble. Et là, avec ce confinement, je suis bloqué avec une ronfleuse (rires). C’était peut-être un peu trop tôt pour se ‘confiancer’. »

 

Sacha, 29 ans


« Moi, je n’ai juste aucune histoire à raconter. Voilà. Je suis nulle en Tinder, donc c’est le néant (rires). »

 

Marine, 30 ans


« Être célibataire en temps de confinement, c’est flirter sur les réseaux sociaux plus que de raison, puisque c’est désormais impossible en vrai. C’est faire des allusions, poser des likes, réagir à des stories, poster plus de photos de moi, tout en sachant que ça ne donnera jamais rien, mais au moins, ça nourrit un peu le besoin d’attention qui était déjà important hors confinement, alors maintenant… Être célibataire en temps de confinement, c’est accepter de revoir mon ex, foncer vers du réconfort un peu safe, parce qu’on n’a plus personne à qui faire des câlins (à part ma coloc qui en a marre que je la prenne dans mes bras tous les jours juste pour avoir un peu de contact humain). Être célibataire en temps de confinement, c’est aussi apprécier la solitude, la vraie, la physique et la mentale. C’est se découvrir des moyens de s’occuper seule, et de se faire plaisir : tricoter, cuisiner, écrire, faire de la musique, se masturber un peu plus que d’habitude. C’est réapprendre à s’aimer sans distraction. Être célibataire en temps de COVID/déconfinement progressif, c’est utiliser la phrase « est-ce qu’on ne deviendrait pas contact rapproché ? » à une personne qui vous plaît mais qu’évidemment, vous n’avez pas encore embrassé, parce que eh, maintenant, il faut demander pour être certain de ne pas attraper le virus !
Cette phrase est tellement représentative du monde du dating en temps de Covid. « Puis-je être ton contact rapproché ? »… En vrai, elle signifie : « Est-ce qu’on peut s’embrasser ? Se caresser ? » alors qu’avant, on n’avait pas à la rendre intelligible, cette envie de toucher. Il fallait juste se regarder, et si on voulait s’embrasser, on s’embrassait. Pas besoin de demander « à quand remonte ton dernier test PCR ? ».

Le Covid, c’est une nouvelle IST, mais en plus nul, parce que l’attention doit se porter sur les premières étapes du contact.


On n’a plus l’opportunité d’être spontanés. »

 

Laurent, 31 ans


« Le problème avec le confinement et surtout, ce couvre-feu, c’est qu’il faut prévoir de se voir assez tôt, si on n’a pas envie de dormir avec l’autre personne. Mais j’ai quand même réussi à aller chez un type l’autre soir… Il m’attendait, il avait mis de la musique et des petites bougies, mais on a juste fait l’amour, avant 22 h ! Sur le chemin du retour, j’ai reçu un autre message d’un gars avec qui j’avais déjà discuté sur Grindr et que j’avais rencontré lors d’une visite de l’appartement que j’ai finalement acheté. Il m’a demandé si je me rappelais de lui… et s’il pouvait venir voir mon appartement et les rénovations que j’avais faites. Beau prétexte… Il est venu et on a fait l’amour toute la nuit. C’était la petite aventure marrante du confinement.  J’ai l’impression que ce confinement fait ressortir des vieux dossiers. »





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