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La peur du bonheur - Getty
La peur du bonheur - Getty

La chérophobie, la peur du bonheur qui empêche d’être heureux

La rédaction

Le bonheur est un concept abstrait pourtant omniprésent dans notre société. Tel le but à atteindre dans nos vies, il se matérialise par des relations exaltantes, la richesse et bien d’autres choses. Le bonheur peut aussi être un idéal à éviter. C’est en tout cas le constat inconscient des gens qui souffrent de chérophobie.

Le bien-être est un sujet de société qui anime tant le débat politique que les enjeux de santé. Ainsi, le bonheur est étudié sous toutes ses coutures et fait le beurre du développement personnel. À l’heure actuelle, il peut même être vécu comme une injonction, rappelant à quiconque étant malheureux, ou en tout cas “pas parfaitement heureux”, que sa vie gagnerait en valeur. Mais pour de nombreuses personnes, le bonheur peut être effrayant. On parle alors de chérophobie, un phénomène mis au jour dans des études scientifiques en 2014.

Il s’agit de mécanismes conscients ou inconscients mis en place pour éviter toute situation qui participerait à notre bonheur personnel et/ou à celui de la société.

Le chérophobie et ses mécanismes

Le terme cherophobie provient du grec “chairo”, qui signifie “se réjouir” et “phóbos”, la frayeur, crainte ou répulsion. On parle donc d’aversion ou de peur du bonheur. Ce dernier peut être défini comme un état de satisfaction globale, même s’il n’y a pas de définition universelle du bonheur. Il est donc subjectif mais reflète un état dénué d’affects négatifs.

Une étude sur la chérophobie menée en 2014 précise qu’il existe différents types de bonheur et d’aversions à celui-ci (Joshanloo & Weijers, 2014). Ce qui signifie qu’on peut éviter certaines situations de bonheur et pas d’autres. Par exemple, un individu peut tout à fait rechercher de la satisfaction à travers son travail mais fuir les relations amoureuses.

Dans la culture occidentale, le bonheur individuel prime sur la collectivité. Mais ce n’est pas le cas partout. En Amérique centrale, par exemple, c’est surtout le bonheur de la collectivité qui est mis en avant, le bonheur individuel étant alors relégué au second plan, et donc moins important. Une étude de 2004 a même démontré que le bonheur personnel peut être perçu comme nuisible à l’harmonie sociale. C’est-à-dire que les personnes souffrant de chérophobie peuvent considérer, par exemple, qu’une recherche individuelle de satisfaction mettrait à mal les objectifs de paix sociale. De manière globale, la recherche individuelle de bonheur nous laisse un arrière-goût d’égoïsme qu’il est préférable de fuir.

Mais ce n’est pas la seule fausse croyance en cause dans la chérophobie.

Les fausses croyances sur le bonheur

Vous est-il déjà arrivé de vivre un moment de bonheur tout en vous demandant à quel moment tout allait se casser la gueule?

Comme si c’était la seule issue possible: si tout va bien, ça ne peut forcément pas durer.

Voilà une fausse croyance qui est ancrée dans bien des esprits. Il en découle qu’être heureux engendre le risque que des mauvaises choses se produisent. Le bonheur rend donc le risque de chute et de douleur beaucoup plus grand. En vous ouvrant à ces sentiments joyeux, vous vous convainquez qu’ils seront forcément suivis par de la tristesse. Dans des cas plus profonds, les chérophobes sont persuadés que le malheur est tellement inhérent au bonheur qu’il vaut mieux se contenter d’un état plus neutre. Ils sont donc incapables de se réjouir d’un point culminant de joie ou de gratitude car celui-ci indique une diminution immédiate qu’il aurait été plus confortable de ne pas connaître.

Finalement, c’est comme si votre zone de confort était l’inconfort. L’inconfort est connu de votre conscient donc vous le maîtrisez et il vous fait moins peur.

On rejoint alors un autre aspect de la chérophobie: la peur des émotions. Le bonheur pouvant être associé à des émotions intenses, de nombreux individus peuvent développer de l’anxiété à l’idée de perdre le contrôle de leurs émotions. Pourraient s’en suivre des réactions surprenantes, donc il vaut mieux les refouler, ou mieux; ne pas susciter leurs créations en évitant toute situation de joie.

Parmi les autres croyances négatives, on retrouve également l’idée qu’être heureux fait de nous une moins bonne personne. C’est-à-dire qu’atteindre un état de bonheur aggraverait le ressenti des autres. On ressent alors de la culpabilité face aux autres qui sont en souffrance. Le bonheur n’est donc pas juste et il vaut mieux l’éviter.

Dans la même veine, exprimer son bonheur n’est pas socialement acceptable car il y a un risque de froisser autrui, de le rendre plus malheureux. Certaines personnes ont donc tendance à amenuiser ce qu’elles ressentent, à saboter leur bonheur et/ou à y ajouter des éléments négatifs afin de continuer à appartenir à un groupe, conduites par la peur d’être rejetées par celui-ci.

Vaincre la chérophobie

Même s’il ne s’agit pas d’une phobie reconnue dans le manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM), les psychologues sont au fait de l’existence de ces mécanismes d’évitement du bonheur. De nombreuses techniques peuvent vous aider à déconstruire ces croyances et à élargir votre zone de confort inconfortable à une zone confortable dans laquelle le bonheur a une place.

Prendre conscience des pensées limitantes, comme celles citées ci-dessous, est déjà un pas vers un mieux-être. Car quelles que soient celles qui vous ont empêché·e de croire au bonheur jusqu’à présent, il va de soi que nous méritons toutes et tous de vivre une vie heureuse.

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