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Julie a fait preuve de résilience après son cambriolage.
© Getty Images

À COEUR OUVERT: victime d’un cambriolage à main armée, Julie se sent désormais plus forte

Sarah Moran Garcia

Il y a deux ans, par une froide nuit d’hiver, Julie (nom d’emprunt), a vécu un cambriolage à main armée à son domicile. Un événement qui laissera durablement des traces, mais dont elle s’est finalement remise. Résiliente, elle a fait de cet épisode traumatique une force dans son métier.

Julie (nom d’emprunt) ne s’attendait pas à ce qui lui est arrivé, il y a de cela deux ans. C’était un soir d’hiver, il était 20h. La Namuroise s’apprêtait à promener son chien quand deux individus ont pénétré chez elle par la porte arrière. “Ils sont entrés chez moi malgré la caméra de surveillance, et malgré le chien. Ils ont attendu que mon conjoint parte de la maison et que je sois seule. Les mouvements caméras en attestent”, explique-t-elle.

Au moment du cambriolage, Julie sortait des toilettes. Les aboiements de son chien l’ont alertée, mais elle n’a pas eu le temps de réagir. Elle a reçu un coup à la tête, puis est tombée au sol. Elle explique avoir gardé ses pleines capacités, mais être tout de même restée figée durant deux secondes “par peur et soumission”. Mais le coup aurait pu être plus grave si elle n’avait pas tenté de l’esquiver. Pour elle, c’était comme un cauchemar, elle avait presque l’impression que ce qu’il se passait n’était pas réel.

Un cambriolage qui aurait pu mal tourner

Loin de se laisser démonter, Julie a tenu tête aux malfrats, refusant de leur donner ce qu’ils voulaient: son argent. “C’était un instinct de survie, j’ai eu peur que cela dégénère”, explique la Namuroise. “De toute façon, je n’avais pas d’argent à donner. En tant qu’indépendante, je suis organisée. Et de toute façon, rares sont les indépendants qui ont encore du cash, surtout depuis le Covid.” Julie précise vivre modestement, mais que c’est son activité d’indépendante qui a dû attirer les cambrioleurs.

Je suis de nature rebelle et débrouillarde, mais j’ai eu peur qu’ils tirent à travers la porte. Je savais cependant que le bruit allait les faire fuir.

Femme qui dit non
© Getty Images

Les deux malfrats étaient armés, portaient un revolver et une matraque. “Ils étaient cagoulés, mais semblaient jeunes. Ils étaient habillés tout en noir, il était donc impossible d’en savoir plus sur eux. Ils ont peu parlé”, se rappelle-t-elle. L’un fouillait la maison, tandis que l’autre surveillait Julie. “J’étais toujours à côté des toilettes, alors sans réfléchir, je me suis levée et je m’y suis enfermée. En quelque sorte pour mettre une barrière entre eux et moi.” Par la fenêtre, elle a appelé à l’aide malgré l’interdiction des voleurs, qui lui avaient sommé de garder le silence. Elle a hurlé si fort qu’elle est restée presque aphone durant deux semaines. “Je suis de nature rebelle et débrouillarde, mais j’ai eu peur qu’ils tirent à travers la porte. Je savais cependant que le bruit allait les faire fuir.”

Et ça a fonctionné. Une voisine a fini par entendre ses appels à l’aide et est venue voir ce qu’il se passait, car il lui avait semblé remarquer quelque chose d’anormal. ” À ce moment-là, j’étais déjà sortie de ma cachette et de la maison. Heureusement qu’elle n’est pas venue plus vite en sauveuse”, commente Julie.

Trouble du stress post-traumatique

Ce soir-là, plus de peur que de mal pour la Namuroise. En revanche, les mois qui ont suivi ont été horribles. “J’avais besoin de m’enfermer, j’avais peur du noir, de rester seule, je faisais des cauchemars, je surveillais beaucoup de choses. Une hypervigilance caractéristique”, explique la psychologue. Elle se rappelle de premiers jours très intenses avec des crises de stress aiguës. “Les symptômes de stress post-traumatiques sont apparus par la suite et furent dans la continuité des premiers, avec des images qui me revenaient quand je me trouvais dans mon hall, ou quand je croisais des personnes habillées tout de noir.”

Mon compagnon a été traversé par un sentiment d’impuissance face aux agresseurs, alors que moi, j’ai pu me sentir plus forte et plus maligne qu’eux.

Après cet événement, Julie a été beaucoup soutenue par son entourage, par la police, auprès de qui elle a porté plainte, par des consœurs, dont une spécialisée dans les traumatismes et pratiquant la thérapie EMDR (intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires, ndlr). Par son compagnon, aussi, qui était partagé entre la peur et la colère. Même s’il n’a pas vécu ce qu’a vécu Julie, lui aussi a ressenti des symptômes stress post-traumatique. “La différence avec moi, c’est que, lui, a été traversé par un sentiment d’impuissance face aux agresseurs, alors que moi, j’ai pu me sentir plus forte et plus maligne qu’eux.”

Deux ans plus tard, le cambriolage dont elle a été victime l’affecte toujours, mais à de très rares occasions. “Je ne souhaite plus regarder de films de home invasions, par exemple (rires), mais la peur du noir et d’être seule ont disparu”, indique Julie, qui retient tout de même du positif de cet événement traumatique. “Cela m’a permis de remettre ma vie et mes priorités en perspective, mais surtout, d’améliorer la croyance en mes capacités de résilience.”

Nous avons tous des capacités de résilience. Il est important de sortir de la honte, de parler, d’exprimer, de se faire aider, de s’accrocher.

Illustration empathie.
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Plus d’empathie, moins de honte

Elle en a aussi tiré du positif dans son travail. “Plus je vis de choses, plus mon empathie pour les patients s’affine. Désormais, quand j’aborde les traumatismes des personnes, je comprends encore mieux leur vécu, même si les faits ne sont pas les mêmes”, explique la psychologue. “Parfois, je peux glisser des mots de soutien différents, tel qu’on le pratique dans des techniques de pair-aidance (entraide entre personnes ayant vécu les mêmes traumatismes, la même maladie, ndlr).”

Et la Namuroise d’ajouter: “Dans ces mots, une vraie reconnaissance peut être ressentie et apporte beaucoup, notamment en ce qui concerne la croyance que l’on peut aller mieux, même après un événement difficile. Nous avons tous des capacités de résilience. Il est important de sortir de la honte, de parler, d’exprimer, de se faire aider, de s’accrocher. Et, petit à petit, un pas après l’autre, c’est un rebond, puis un redéploiement qui peut se produire.”

Malgré la plainte qu’elle a déposée à la police à la suite de ce cambriolage, les malfrats n’ont pas été identifiés. Le dossier est ouvert, et une enquête est toujours en cours. Si les cambrioleurs courent toujours, ils sont rentrés bredouilles de leur intrusion chez Julie: “Ils ont emporté un sac à main que je venais justement de vider... (rires).”

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