À COEUR OUVERT: ““Le diagnostic tardif de mon TDAH m’a permis d’être plus heureux””
Lorsqu’il avait 24 ans, on a diagnostiqué à Nicolas un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Si ce fut un choc pour lui, le jeune homme a ainsi pu mettre des mots sur ses différences et mieux comprendre son comportement ainsi que son enfance.
Nicolas a toujours su qu’il était un enfant à part, un peu différent de ses camarades, mais ce n’est qu’il y a trois ans qu’on lui a diagnostiqué un TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité). Aujourd’hui, Nicolas a 27 ans. Il s’agit donc d’un diagnostic plutôt tardif, puisque celui-ci a généralement lieu dans l’enfance, voir à l’adolescence.
“Au niveau scolaire, je n’ai jamais eu de problèmes. En revanche, sur le plan social, lorsque j’étais petit, je compensais sans arrêt pour combler une différence que je sentais entre moi et mes camarades. En quelque sorte, je cachais mon trouble, alors que je n’avais pas conscience d’en avoir un”, se souvient le jeune homme. “J’avais un comportement différent, mais qui me semblait normal. Par exemple, j’avais tendance à interrompre des conversations parce que mes idées fusaient.”
Je suis tombé des nues. Pour moi, je n’avais pas le profil. Et les symptômes que l’on m’a décrits n’étaient pas les miens.
Diagnostic tardif
Puis à l’âge de 18 ans, Nicolas a commencé à ressentir les premières difficultés. Son copain, avec qui il était déjà depuis deux ans, l’a aussi aidé à prendre conscience qu’il était peut-être nécessaire pour lui de consulter l’avis d’un professionnel pour comprendre ce qui n’allait pas.
Au départ, ceux-ci ont pensé à un trouble anxieux. “J’ai été traité deux ou trois ans pour cela. Ça a certes réglé mon anxiété, mais pas le problème de fond. Puis mon médecin a évoqué le TDAH. Je suis tombé des nues, je me disais que seuls les enfants étaient touchés par ce trouble”, commente-t-il. “Pour moi, un garçon TDAH, c’était un garçon qui court partout et n’écoute rien à l’école. Ce qui n’était pas du tout mon cas. Je me disais que je n’avais pas le profil. Et les symptômes que l’on m’a décrits n’étaient pas les miens”, poursuit Nicolas. “Selon moi, l’acronyme n’est pas représentatif du trouble et de ce que ressentent les gens. Par exemple, je n’ai pas une hyperactivité physique, mais bien mentale.”
Quand on lui a diagnostiqué ce TDAH, son entourage a eu deux réactions différentes, avec d’un côté, celles et ceux qui ne pouvaient pas y croire, et de l’autre, celleux qui trouvaient cela évident. “Comme s’il n’y avait que moi qui ne m’en étais pas rendu compte”, commente-t-il. Ses parents, qui travaillent pourtant tous les deux dans l’enseignement, ne se sont jamais douté du trouble de Nicolas. “Ils m’ont expliqué que j’avais des comportements étonnants qui créaient parfois des conflits”, se souvient-il. “Je n’étais pas un enfant insupportable, mais, par exemple, quand ils partaient quelque part, je déplaçais presque systématiquement les meubles et les objets pour rendre les choses plus faciles pour moi. Ils n’ont jamais pensé à me faire diagnostiquer, mais c’est certainement lié au fait que je camouflais très bien mon trouble.”
Le diagnostic n’est jamais obligatoire, mais selon moi, c’est une étape très importante pour être plus heureux.
Mieux se comprendre et être plus heureux
Après le diagnostic, le jeune homme a entamé un traitement spécifique au TDAH. Celui-ci consiste en des soins psychologiques (suivi psy et thérapie), ainsi qu’en un traitement médicamenteux. Ce dernier n’est pas obligatoire, mais il lui fait du bien. “J’ai vraiment senti la différence par rapport au traitement pour le trouble anxieux”. L’avantage, si on peut l’appeler ainsi, c’est que le traitement pour le TDAH, s’il ne permet pas de la réguler directement, permet tout de même de combattre l’anxiété, “car je gère mieux ma vie”.
Ce diagnostic tardif a permis à Nicolas de se poser, de comprendre qu’il n’était pas bizarre, de se redéfinir, de mieux s’expliquer son parcours de vie jusqu’à présent, et de comprendre certains comportements qu’il avait quand il était plus jeune. “Mais aussi de mieux vivre, et surtout, il m’a permis d’être plus heureux”, souligne-t-il. “Le diagnostic n’est jamais obligatoire dans le cadre d’un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, mais selon moi, c’est une étape très importante pour être plus heureux”, conclut Nicolas.
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