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Comment les violences sexuelles impactent les victimes sur le long terme

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Troubles du comportement alimentaire, dépression, anxiété… Autant de symptômes que peuvent expérimenter les personnes victimes d’agression sexuelle, des années après les faits. Céline, 30 ans, a créé le compte Instagram @Celine_la_survivante, pour raconter le viol dont elle a été victime, ses séquelles post-traumatiques et aussi les thérapies entreprises pour s’en sortir.

Le 3 février 2018: Céline, 30 ans aujourd’hui, fête ses 25 ans dans un lieu public. « En quittant ce lieu, je me suis retrouvée avec deux garçons: un que je connaissais, en qui j’avais confiance. Et l’autre, que je ne connaissais pas », nous raconte Céline. C’est ce soir-là qu’elle sera victime, ainsi qu’elle le dénonce, d’un viol, suivi de la diffusion sur la plateforme snapchat de vidéos à caractère sexuel. « Mes amis me cherchaient partout, ils ne savaient pas où j’avais disparu. Le lendemain,  je leur ai donné une excuse bidon. J’ai dit que j’avais trop bu et que j’avais été dormir chez moi. Je n’ai pas dit la vérité. » Céline ne réalise pas tout de suite, comme de nombreuses victimes, que ce qu’elle vient de vivre est grave et répréhensible par la loi. C’est la culpabilité et la honte qui prennent alors toute la place. « Ressentir de la honte et de la culpabilité après des violences sexuelles est quasiment systématique chez les survivant·e·s », rapporte Roxane Evrard, psychologue et sexologue clinicienne spécialisée dans le psychotraumatisme. « Plusieurs facteurs expliquent ces ressentis, mais ils sont normaux, bien que souvent intenses dans un premier temps, détaille-t-elle. On peut comprendre la culpabilité comme une tentative de reprise de contrôle sur une situation qui nous échappe et d’y mettre du sens. » Ainsi, penser avoir provoqué le viol pourrait aider la victime à pallier un manque de compréhension, de sens et de logique face à un acte inhumain. Mais la culpabilité peut aussi se développer lorsque les auteurs de l’agression ont exprimé des phrases du type: « Je sais que tu aimes ça », « Ça se voit que tu le voulais! ». « La culpabilité et la honte peuvent également faire partie de la mémoire traumatique car elles contiennent les actes violents, les paroles, et les comportements de l’agresseur », confirme Roxane Evrard.

L’impression de sortir de son corps

Si Céline ne réagit pas immédiatement après ce qu’elle a vécu, si elle n’en parle pas à ses proches ou ne porte pas plainte, c’est aussi parce qu’elle est dissociée. Elle est comme sortie de son propre corps, pendant l’acte. « Les victimes vont avoir l’impression d’être là sans être là, de sortir de leur corps, de se voir de haut/de loin, ailleurs, sans rien ressentir pendant que les violences se poursuivent, éclaire la spécialiste. La dissociation est un mécanisme de défense très puissant qui permet finalement la survie, lorsque se défendre ou fuir n’est pas possible. » Ce phénomène pourtant très fréquent nourrit cette honte, de la part de la victime: celle de ne pas avoir dit non, ne pas s’être débattue. Roxane Evrard: « Lors d’un viol, environ 70 % des personnes vont être paralysées, sidérées, incapables de réagir en raison d’une déconnexion du cortex cérébral. Cette réaction de survie n’est pas un choix délibéré et volontaire. C’est d’ailleurs ce qui culpabilise beaucoup les survivant·e·s par la suite. Pendant un viol, la majorité des personnes vont donc être anesthésiées émotionnellement et physiquement en raison de cette dissociation. » Ce sentiment de « ne plus être là » n’est pas l’unique mécanisme qui peut se mettre en place. Ainsi que l’explique la psychologue, la victime peut aussi expérimenter la dépersonnalisaton (= avoir l’impression de ne plus être soi-même), la déréalisation (= avoir l’impression que l’environnement dans lequel on est nous est inconnu, irréel, étrange), l’amnésie (= le fait de ne plus se souvenir des faits), etc. Ces mécanismes sont de fabuleux cadeaux que nous offre notre cerveau, lorsqu’il n’est plus en mesure d’élaborer, de stocker, d’encoder ce qui se passe de manière adaptée. Il « disjoncte », pour éviter à la victime une sorte d’électrocution psychique.

Les victimes vont avoir l’impression d’être là sans être là, de sortir de leur corps, de se voir de haut/de loin, ailleurs, sans rien ressentir pendant que les violences se poursuivent.

Roxane Evrard

Psychologue

Le piège de la mémoire traumatique

Mais ces protections n’ont pas qu’une facette salvatrice. La dissociation peut par exemple devenir chronique par la suite et engendrer des troubles dissociatifs.  Car en se dissociant, le cerveau va en quelque sorte caser les souvenirs non pas dans la mémoire autobiographique consciente et contrôlée, mais dans la mémoire traumatique, qui comprend tous les aspects émotionnels et sensoriels des violences dans ses moindres détails. Le problème, c’est que, par la suite, même longtemps après l’événement, cette mémoire risque de se réactiver en raison d’un déclencheur, qui peut être n’importe quoi: une situation, une odeur, un bruit, une pensée, un regard, un vêtement, un décor… « Lorsqu’elle est réactivée, la personne peut ressentir les mêmes sensations ou émotions vécues durant les violences sans avoir de contrôle là-dessus. » C’est précisément ce qu’a expérimenté Céline: « Pendant l’année qui a suivi les faits, j’étais dans le déni total, comme dissociée. J’ai essayé de laisser ça de côté du mieux que je pouvais. Ce n’était pas évident, car j’étais confrontée sans cesse à des personnes qui étaient là le soir des faits et qui me mettaient à nouveau dans un état d’angoisse. Un jour, je discutais avec une copine et je lui parlais de cette nuit-là de manière complètement détachée. Comme si c’était juste une soirée qui avait mal fini. Là, mon amie m’a dit: ‘Mais Céline, ce que tu as vécu là, c’est un viol’. À ce moment-là, je ne me rappelle plus de ma réaction: j’ai oublié. Mais je sais que c’est ce jour-là que j’ai réalisé ce qui s’était passé. Ce fut la descente aux enfers. Je devais accepter que j’avais vécu quelque chose d’inhumain et d’injuste. C’était dur à accepter. » Céline revit alors cette fameuse nuit d’anniversaire par flashback dès qu’elle se retrouve face à des éléments déclencheurs: une odeur, un son, un visage…

Tout me revenait à la mémoire par bribe. Je faisais énormément de cauchemars, je rêvais que j’étais séquestrée, j’avais aussi des paralysies du sommeil, je me mettais à pleurer soudainement.

Je ne comprenais pas pourquoi je me sentais aussi mal », se rappelle Céline, qui a aussi connu des pensées suicidaires. Ce qu’elle vit, à ce moment-là, a un nom: le syndrôme anxiodépressif, ainsi que nous le décrit Roxane Evrard: « Il est fréquent qu’après un événement potentiellement traumatique les personnes ressentent énormément d’anxiété alors qu’elles ne ressentaient aucune angoisse auparavant. Des symptômes dépressifs peuvent également apparaître par la suite bien qu’il ne s’agisse pas forcément d’une véritable dépression. Cependant, si un épisode dépressif apparaît dans les 3 mois suivant l’événement, il y a un risque que l’état de stress post-traumatique se chronicise. À long terme, il est également possible que ces symptômes anxio-dépressifs perdurent et deviennent des troubles à part entière. »

Contrôler son corps, pour ne plus perdre le contrôle

Durant les mois qui ont suivi l’agression, Céline a aussi développé des troubles du comportement alimentaire. « J’ai commencé à être dans le contrôle extrême par rapport à mon alimentation. J’étais obsédée par la nourriture saine et par le sport. J’angoissais dès que j’allais manger au restaurant ou chez des amies. Je me disais que je ne m’étais pas respectée cette nuit-là, que c’était de ma faute, et que je devais me reprendre en main pour éviter que ça se reproduise. Je voulais devenir parfaite. Arrêter l’alcool, faire régime, m’entraîner. Reprendre le contrôle, là où je l’avais perdu. Ça a duré 2 ans, avant que je commence à faire des crises d’hyperphagie: je mangeais le plus possible en cachette. J’ai pris 30 kilos sur 1 an », se souvient Céline, qui à l’heure d’écrire ces lignes, alterne toujours entre boulimie et anorexie. Elle met là en lumière l’une des autres conséquences potentielles d’une agression sexuelle. Si le rapport entre alimentation et viol peut sembler obscur à première vue, il est pourtant logique. Roxane Evrard, psychologue:

Les troubles du comportement alimentaire peuvent être des conséquences psychotraumatiques de violences sexuelles. Il peut s’agir de tentatives d’apaisement: ce sont donc des tentatives d’auto-guérison et non des comportements destructeurs. 

Autrement dit, la victime tente de s’apaiser en reprenant le contrôle de son corps, là où un viol le fait perdre totalement. Mais les crises de boulimie, par exemple, peuvent aussi mener la victime à se couper de son corps, à être comme ‘dans une bulle’. À se dissocier une nouvelle fois, comme lors de l’agression, pour échapper au mal-être. Parmi ce qu’on appelle les ‘conduites dissociantes’ — qui permettent d’échapper à la souffrance de manière compulsive — on trouve aussi des conduites à risques et des mises en danger, comme l’automutilation, la consommation de drogues et d’alcool ou encore des techniques dissociantes (balancements, mouvements saccadés, musiques très fortes, etc). Autant de techniques trouvées par l’inconscient pour se couper de ses émotions et se déconnecter d’une réalité trop lourde à encaisser. « Elles permettent de plonger la personne directement dans un état d’anesthésie de ses souffrances quand un lien se fait avec les violences par exemple », conclut la spécialiste. Céline a aussi dû maîtriser son rapport à l’alcool: « J’avais du mal à ne pas en consommer. Il fallait apaiser les moments où je me retrouvais dans une situation sensible, qui me faisait penser au soir de mon anniversaire. Quand je me retrouvais dans un bar, par exemple. »Outre les troubles alimentaires, le corps de Céline a développé d’autres symptômes. Elle souffre de fibromyalgie: une maladie chronique caractérisée par des douleurs diffuses, des troubles du sommeil et une importante fatigue. Selon une enquête réalisée par Amnesty International, les femmes victimes de violences sexuelles démontrent un taux trois fois plus élevé de fibromyalgie que le reste des femmes interrogées. « On sait qu’aujourd’hui, le fait d’avoir vécu des violences sexuelles notamment dans l’enfance peut avoir un lien avec des pathologies somatiques chroniques », confirme Roxane Evrard. « Cependant, bon nombre de professionnels des soins de santé ne questionnent pas leurs patient·e·s sur un potentiel vécu de violences sexuelles dans leur vie. Et donc, le lien entre ce passé traumatique et des pathologies médicales actuelles n’est pas établi, alors que s’il l’était, les plaintes psychosomatiques ne seraient plus traitées isolément. »

Un rapport aux autres conflictuel

Au niveau sentimental, Céline n’en est pas non plus sortie indemne: « Je suis en couple actuellement, mais mon compagnon a dû s’armer de patience pour que je me lance avec lui. Je fais des crises de colère: il suffit d’un geste ou d’un mot de travers de sa part pour que j’aie l’impression de ne pas être respectée et d’être prise pour un objet. C’est ma mémoire émotionnelle qui réagit. J’ai de la chance, car il est patient, gentil et respectueux.» Roxane Evrard donne plusieurs explications à cette irritabilité chronique: «On peut les comprendre comme une manière de lutter contre ce qu’il s’est passé et contre l’image symbolique de l’agresseur, contre la culpabilité à gérer, contre la dissociation afin d’en sortir, ou encore comme l’expression de la mémoire traumatique, mais aussi pour exprimer l’injustice, la frustration ou l’anxiété, ou pour reprendre du contrôle sur leur situation, etc.» Le phénomène de revictimisation peut aussi s’installer dans la vie de la victime: «Vivre des violences sexuelles rend fragile, vulnérable. On est une proie facile par la suite», explique Céline. «Si on n’est pas pris en charge, on rentre dans un cercle vicieux. Je suis moi-même plus facilement manipulable, je dois rester sur mes gardes, en hypervigilance, ce qui demande beaucoup d’énergie. Du coup, je m’isole socialement pour me protéger, mais je souffre paradoxalement de cet isolement. » Lors de son dernier job, qu’elle a quitté par la suite, Céline a souffert de son état de fragilité. « Pour le moment, je ne travaille pas: mon rapport au monde professionnel est devenu compliqué. Dans mon ancienne boîte, j’ai vécu du harcèlement et je me suis retrouvée dans une situation d’emprise. C’est l’une des conséquences, quand on vit des violences sexuelles puisqu’on brise notre identité profonde. Comment assumer un travail avec tout cela? »

De victime à survivante

Fin décembre 2022, Céline a ouvert le compte Instagram @Céline_la_survivante. L’objectif? Canaliser sa colère et libérer sa parole. «J’ai beaucoup écrit, raconté mon histoire. J’avais envie de la partager et rapidement, j’ai reçu des retours, mais aussi pas mal de questions. J’ai réalisé que je pouvais aussi l’utiliser pour sensibiliser aux violences sexuelles et aux conséquences sur la santé mentale et physique. Ça peut faire tellement de bien aux victimes de comprendre ce qui leur arrive.

Pendant des années, j’ai pensé que j’étais folle. Comprendre les mécanismes de mon cerveau m’a permis de réaliser que je ne l’étais pas. J’étais une survivante.

 Car oui, Céline préfère le terme survivante, à celui de victime: « C’était important de me reconnaître en tant que victime dans un premier temps, mais je ne voulais pas rester enfermée dans ce statut. Il faut savoir que quand j’ai ouvert ce compte, j’étais encore dans la peur. Il y a un an, j’avais reçu un classement sans suite de la plainte que j’avais introduite, suite à quoi j’ai fait une tentative de suicide. J’avais besoin d’être entendue, de me réapproprier mon histoire et de reprendre le pouvoir. Être victime c’est important, mais ce n’est plus à moi d’avoir peur. » Ce compte Instagram, Céline l’utilise aussi pour relater le processus d’une guérison lente, mais prégnante, et les méthodes utilisées pour se relever. « J’ai testé beaucoup de thérapies, certaines plus concluantes que d’autres. Ce qui m’a aidée à aller mieux, c’est le suivi avec ma psy, l’amour de mes proches, le partage avec d’autres victimes. Parmi les thérapies alternatives, je pense à l’EMDR et le massage somato-émotionnel, qui m’ont apporté beaucoup, mais aussi le sport, l’art thérapie, l’écriture. Au fur et à mesure que j’ai pris soin de moi, la petite voix de la culpabilité et de la honte a diminué. Elle n’a pas encore disparu, mais elle ne parasite plus mon quotidien. J’ai retrouvé une certaine insouciance et j’arrive à parler de ce qui m’est arrivé, là, où avant, j’explosais en sanglots sans même comprendre ce qui se passait en moi. Le viol est un meurtre psychique. On ne s’en remet jamais vraiment, mais il faut apprendre à vivre avec ce qui s’est passé. Mais on survit et je peux vous assurer que tous les symptômes s’apaisent. »

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Vers une prise en charge adaptée

Quand peut-on parler de stress post-traumatique ?

Roxane Evrard, psychologue et sexologue clinicienne spécialisée dans le psychotraumatisme: « L’état de stress post-traumatique ne peut être diagnostiqué qu’au minimum un mois après l’événement potentiellement traumatique. Avant ce délai de quatre semaines, des symptômes peuvent néanmoins apparaître. C’est ce que l’on appelle les réactons de l’état de stress aigu qui peuvent être tout à fait normales quand on vit une agression sexuelle. D’ailleurs, pour une grande partie des personnes concernées, ces symptômes diminueront dans les semaines suivant l’agression. Cependant, pour environ 50 à 60 % des victimes de viol, voire jusqu’à 80 % selon les études, ces symptômes ne diminueront pas et perdureront au-delà d’un mois : il s’agit alors de l’état de stress post-traumatique. »

De quels symptômes s’agit-il?

« Les caractéristiques principales correspondent à des symptômes envahissants (flashbacks, souvenirs répétés involontaires, cauchemars, etc.), à des réactions d’évitement de tout ce qui rappelle l’événement traumatique, à une altéraration de l’humeur et des cognitions, ainsi qu’à des symptômes concernant l’éveil et la réactivité (irritabilité, crises de colère, hypervigilance, sursauts, difficultés de concentration et de sommeil, etc.) voire des symptômes dissociatifs (absence, sentiment d’étrangeté de soi ou de son environnement). Si une personne se reconnaît dans ces manifestations cliniques, qu’elle est en détresse de manière significative depuis qu’elle a vécu une agression sexuelle, alors il est important qu’elle aille consulter un.e psychologue spécialisé.e dans le domaine du psychotraumatisme. »

                                               

Que peut-il se passer si la victime n’est pas prise en charge?

« Le trauma peut se cristalliser et engendrer d’autres conséquences psychotraumatiques ou pathologies : dépression, anxiété, difficultés sexuelles, addictions, troubles du comportement alimentaire, troubles anxio-dépressifs, troubles de la personnalité, comportements à risques, etc. »

Le fait d’avoir été violé·e sous l’influence de la drogue ou alcool modifie-t-il les conséquences à long terme pour les victimes ?

« On sait aujourd’hui grâce aux recherches sur le sujet que, même si une personne est agressée sexuellement sous l’influence de drogues ou d’alcool, et qu’elle n’a aucun souvenir ou très peu de cet événement en raison d’une déconnexion de l’hippocampe (= disque dur de la mémoire autobiographique), elle peut potentiellement quand même avoir des séquelles post-traumatiques liées à cette agression. Même si l’esprit a été dissocié du corps à cause de substances, celui-ci était présent et peut néanmoins se souvenir de l’événement via la mémoire émotionnelle et somatique. Il n’y aura probablement pas d’images claires et précises en mémoire, mais un sentiment de mal-être, des douleurs physiques, émotions de peur/angoisse, et autres symptômes peuvent apparaître par la suite. »

Quelles sont les thérapies adaptées pour apaiser les syndromes? La thérapie classique, soit par la parole, fonctionne-t-elle pour les traumas?

« La thérapie par la parole peut aider et apporter énormément aux survivant·e·s de violences sexuelles, mais ne permettra pas de désarmorcer la mémoire traumatique installée par ces violences, ni de l’intégrer en mémoire autobiographique. Il est dès lors essentiel de se tourner vers des psychologues formé·e·s à une thérapie du trauma. L’EMDR est probablement l’approche thérapeutique la plus en vogue à l’heure actuelle et a réellement fait ses preuves. Cependant, il existe d’autres méthodes thérapeutiques telles que l’hypnose, l’ICV, la thérapie sensorimotrice, les TCC axées trauma, etc. »

L’amnésie traumatique: quand le cerveau préfère oublier

Il arrive que le cerveau se protège d’un évènement traumatique tel un viol en oubliant l’évènement, en tout ou en partie. Céline, elle, a toujours une amnésie partielle, ce qui signifie qu’elle ne se rappelle pas de la totalité des faits: « J’ai mis du temps à remettre de l’ordre dans mes souvenirs, les mots, les images… Quand je pensais à ça, c’était comme si ça explosait dans ma tête. » Roxane Evrard apporte son éclairage: « L’amnésie traumatique signifie que les personnes ne se souviennent pas de l’événement potentiellement traumatique vécu, ou alors de quelques parties parcellaires. Elle est beaucoup plus fréquente chez les personnes ayant vécu des violences sexuelles dans l’enfance. Cela peut durer des jours, des mois, des années, voire même toute une vie. Une levée d’amnésie peut arriver soit spontanément, soit être déclenchée par un élément qui rappelle l’événement, ou encore durant un état de conscience modifié (sommeil, relaxation, méditation, état hypnotique, etc.). Ce type d’amnésie est une conséquence post- traumatique due à la dissociation traumatique : une structure du cerveau qui permet l’encodage en mémoire des souvenirs, l’hippocampe, va être séparée de l’amygdale et ne pourra pas stocker le souvenir de l’événement. Le cortex disjoncte, et le tout provoque des troubles de la mémoire. »

Crédit photo: Doris Michel

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