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Elles racontent sans tabou leurs premières semaines de maternité

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Tout comme chaque grossesse et chaque accouchement sont uniques, les premiers mois passés avec un nouveau-né le sont aussi. Dix lectrices racontent comment leur découverte de la maternité s’est déroulée, plus ou moins proche du fameux nuage rose…

Soraya, 22 ans 

« Le dernier jour de 2021, mon mari Niels et moi sommes devenus les parents comblés de notre fils Ezra, né par césarienne d’urgence après une grossesse de seulement 32 semaines. Ma vie ne tenait plus qu’à un fil à ce moment-là, je n’ai donc pas pu voir ni toucher mon fils avant ses deux jours. Ezra était un beau bébé, mais quand je l’ai vu dans la couveuse avec toutes sortes de fils et d’autocollants, mon nuage rose a disparu instantanément. De plus, tous mes souhaits et mes attentes ont soudainement été balayés par cet accouchement prématuré : adieu l’accouchement à domicile que j’avais en tête, adieu l’allaitement, à cause des médicaments que je devais prendre, et enfin, adieu le peau à peau. Ce dernier point en particulier a rendu les choses très difficiles, si difficiles que je n’ai pas vraiment ressenti d’amour pur au cours de cette première semaine. Je ressentais seulement beaucoup d’insécurité, car Ezra devait survivre avant que je puisse vraiment me sentir mère. Lorsque notre fils a eu une semaine, il a été transféré dans un hôpital plus proche de chez nous afin que Niels et moi puissions le nourrir, le changer et le laver nous-mêmes. C’était aussi compliqué, parce qu’à la maison, toutes les affaires de bébé étaient prêtes et j’étais mentalement et physiquement épuisée.

À six semaines, Ezra a atteint son objectif de poids et il a finalement été autorisé à rentrer à la maison. C’est là qu’a commencé la recherche d’une routine.

Une grande panique m’a envahi: et s’il se passait quelque chose maintenant, sans que des alarmes veillent sur sa respiration? Je me tenais souvent près de son lit pour voir s’il respirait encore.

Je n’ai pas pu profiter de ses premiers mois de vie. La phase du nouveau-né semble si belle pour beaucoup, en particulier sur les réseaux sociaux, mais nous, nous nous en remettons toujours. Pas à cause des nuits blanches que nous n’avons pas eues à cause d’un bébé qui pleure, mais à cause de l’énorme tristesse que nous avons pu ressentir. J’entends régulièrement dire que nous devrions être plus reconnaissants, car il est vivant, je suis vivante. Je suis reconnaissante, bien qu’après cinq fausses couches, nous ne sachions que trop bien ce que c’est que de perdre espoir. Mais moi aussi j’ai le droit de faire le deuil d’une période de maternité normale, à laquelle nous n’avons malheureusement pas eu droit. »

Sophie, 30 ans 

« Ma fille Coco est mon premier enfant et a rendu nos vies tellement plus belles depuis le 1er février 2022. La grossesse s’est déroulée sans incident et l’accouchement qui a suivi s’est aussi passé plus facilement que prévu, mais les premiers jours ont été effrayants, car Coco avait beaucoup de problèmes de mucus, ne buvait pas bien et avait la jaunisse. Une échographie de son cœur a également été faite car on a détecté un bruit, mais heureusement, cela s’est avéré être une fausse alerte. Avant d’accoucher, j’avais vraiment peur de donner naissance, mais à peine un jour après l’accouchement, je me promenais déjà à nouveau. J’étais particulièrement impressionnée par le fait que mes seins soient si énormes et douloureux. Une fois de retour à la maison, ma fille dormait bien et était à peu près toujours heureuse, mais quand elle a eu un mois, elle a eu de fortes crampes, qui sont devenues extrêmes vers la sixième semaine. Après une visite chez le pédiatre, on a détecté un reflux caché et peu de temps après, une allergie au lait de vache a également été diagnostiquée.

Après quatre changements de lait, nous avons enfin trouvé le bon, qui coûte pas moins de 48 euros pour un pot de quatre cents grammes, mais c’est le prix à payer pour qu’elle soit en bonne santé, tout comme les visites hebdomadaires chez l’ostéopathe.

Lentement mais sûrement, nous avons le sentiment que les choses évoluent enfin dans le bon sens et que nous pouvons commencer à nous faire plaisir. Dès le premier jour, j’étais sur un gros nuage rose, qui se transformait parfois en nuage d’orage, mais mon mari et moi l’avons traversé main dans la main. Je sais déjà que je veux un deuxième enfant un jour, même si je suis aussi honnête : quand je repense aux derniers mois, je pensais que la parentalité serait un peu plus facile. »

Evy, 32 ans 

« Sid fêtera son premier anniversaire le 13 septembre 2022. Depuis sa naissance, nous avons appris à gérer la parentalité, mais pendant ces premières semaines et ces premiers mois, ce fut un vrai bouleversement. Avant son arrivée, je n’avais aucune attente. Pour moi, un enfant n’a jamais été une nécessité et nous pouvions aussi vivre une vie de couple sans enfant, mais mon copain, Niels, voulait être papa, et je ne voulais pas lui enlever ce rêve. Aujourd’hui, je suis super heureuse que notre fils soit là : il enrichit tellement nos vies. Jusqu’à présent, cela a été une grande aventure. La fatigue a pris une nouvelle dimension, surtout au début, quand j’allaitais toutes les deux ou trois heures. Je m’endormais la plupart du temps, ce qui empêchait Sid de boire suffisamment. Nous avons fini par voir quasiment toutes les heures au compteur. Peu de temps après, nous sommes passés au biberon la nuit, mais personne ne vous dit à l’avance combien de travail cela implique. Heureusement, je peux compter sur mon amour inconditionnellement. Même quand il était déjà de retour au travail et que je ne l’étais pas encore, il se levait toutes les nuits avec moi. Quand j’ai arrêté d’allaiter, il a fait le quart de nuit et moi le matin. La rapidité avec laquelle notre tout-petit change est très folle et amusante à vivre. C’est dur parfois, cependant. Je ne m’en cache pas, mais dès qu’il sourit, j’oublie tout. »

Maike, 35 ans 

« J’ai trois enfants : Daan a quatre ans, Lore a presque deux ans et la petite Kristen est née le 3 janvier 2022. Bien que notre troisième enfant soit désiré, la grossesse n’était pas prévue. Lorsque nous avons appris que j’étais enceinte, nous n’avons pas ressenti d’euphorie particulière et je dois dire qu’on a même hésité un instant. Pouvions-nous assumer une famille de cinq personnes ? On se sentait déjà au complet avec deux enfants. D’ailleurs, j’avais déjà si peu de temps pour moi. J’étais donc pessimiste à ce sujet, mais après que chacun de nous ait dressé une liste des avantages et des inconvénients, nous avons décidé de nous lancer. Les premiers mois après l’accouchement se sont plutôt bien passés. Au final, un troisième enfant se mêle vite à la dynamique du reste de la famille, mais ce qui est difficile, c’est que tous les enfants ont besoin d’attention et parfois en même temps. Je manque littéralement de mains et il peut parfois arriver que Kristen doive attendre un peu plus longtemps avant que je puisse la réconforter. Un jour, j’ai la sensation de tout avoir sous contrôle, et le lendemain, je réalise en fin d’après-midi que je ne me suis même pas encore brossé les dents. Nous sommes passés d’une vie très occupée à une vie très mouvementée, même si la réalité est moins difficile que prévu. Kristen est un bébé calme et facile, on a beaucoup de chance.”

Margot, 32 ans 

« Je suis maman de deux enfants, dont ma petite Martha, qui est née en décembre 2021 après une grossesse difficile de 38 semaines. Quoi que vous pensiez attendre ou désirer, positivement ou négativement, cela ne correspond en rien à la réalité, du moins pas dans notre cas. J’étais préparée à ce que le bébé numéro deux ne soit pas aussi facile que notre premier-né – qui a dormi à cinq semaines – mais rien ne pouvait me préparer à un tel cauchemar. Les derniers mois ont été particulièrement éprouvant. Quand Martha est née, j’étais éperdument amoureuse, mais en même temps je ressentais aussi une énorme culpabilité envers mon fils Jacob, parce que je ressentais énormément d’amour pour sa sœur. À peine six jours après l’accouchement, je suis tombée dans une profonde dépression physique et j’ai été transportée d’urgence à l’hôpital, où il s’est avéré que j’avais une infection utérine extrême et une septicémie déjà avancée (un empoisonnement du sang, ndlr). Si on ne m’avait donné des médicaments que deux jours plus tard, je n’aurais pas été là pour vous raconter cette histoire… Alors que j’essayais de surmonter ce traumatisme, Martha s’est mise à pleurer sans arrêt. Et par non-stop, je veux vraiment dire des heures d’affilée. Martha souffrait, n’arrivait pas à aller à la selle et la nourriture était un désastre avec elle. Elle n’avait même pas soufflé sa première bougie qu’elle avait déjà été admise cinq fois à l’hôpital pour alimentation par sonde, allergie au lait de vache, reflux, anorexie, covid et VRS. Elle a déjà dû tout traverser, et notre famille aussi. Cela me brisait le cœur et chaque fois que je devais laisser Jacob à la maison, c’était encore pire. Mon fiancé et moi craignions la dépression post-partum, mais heureusement, je me suis peu à peu remise debout. Mais si je suis honnête, j’aurais imaginé la vie avec deux enfants différemment. Ça devient, lentement mais sûrement, plus amusant, mais une bonne nuit de sommeil n’a pas encore été possible et je deviens parfois jalouse des histoires des autres. Je serai donc très heureuse lorsque la phase de bébé sera terminée, même si je sais qu’entre-temps, il est normal d’être malheureuse de temps en temps et de ne pas avoir de patience. Il n’y a pas de mal à s’apitoyer sur son sort de temps en temps. Je trouve l’adaptation d’un à deux enfants incroyablement difficile, mais l’amour triomphe de tout. »

Lien, 30 ans 

« J’ai eu pas moins de trois enfants en trois ans, dont deux bébés corona : un de presque deux ans et un bébé de six mois. Disons que je suis bien occupée ! Ils demandent tous les deux beaucoup d’attention et les difficultés sont incalculables, mais nous passons de très bons moments ensemble. Heureusement, je n’ai pas fait mes enfants seule : ils ont un papa dévoué, avec qui je forme une équipe au top, même si nous attendons tous les deux avec impatience le jour où nous pourrons rattraper notre sommeil. »

Ine, 32 ans 

“Pour aller droit au but : j’aime mon mari à mort! Je n’ai jamais été aussi amoureuse. À part les brûlures d’estomac et l’hypertension artérielle, ma grossesse s’est déroulée sans problème, même si j’ai subi un sérieux choc mental lorsque mon père est décédé de façon inattendue le jour de notre première échographie. C’est encore fou de penser que nous avons entendu le cœur de notre futur bébé battre pour la première fois le jour même où mon père a fait un arrêt cardiaque... Lucas est né le 23 février 2022 et est devenu notre soleil.

Après sa naissance, j’avais hâte d’allaiter pendant six mois. J’ai apprécié les deux premiers jours, mais Lucas était relativement petit et n’avait donc pas beaucoup de force pour boire, ce qui faisait que mes mamelons se craquelaient au point de saigner et que je sanglotais de douleur.

J’avais des crampes à chaque fois qu’il essayait et j’ai donc commencé à tirer mon lait, mais c’était très intensif avec un bébé qui ne savait pas se débrouiller seul et qui passait pratiquement toute la journée sur moi. En fin de compte, j’ai dû arrêter après cinq semaines et j’ai dû entreprendre une sorte de deuil. J’avais l’impression d’avoir échoué, mais avec le soutien de ma sage-femme, de mon chéri et de mes amis, j’ai lâché prise et je suis devenue une maman beaucoup plus heureuse. J’ai pris la décision consciente de prendre un congé de maternité de six mois. Ça voulait dire mordre sur ma chique financièrement et je me rends bien compte que tout le monde ne peut pas s’offrir ce luxe. Cette période a filé à toute allure. Bientôt, il ira à la crèche et quand j’y pense, mes émotions s’emballent. J’ai hâte de retrouver mes collègues, mais ce sera un défi de ne pas avoir mon bébé à mes côtés pendant la journée. Il y a eu des moments difficiles, mais plus Lucas vieillit, plus nous apprenons à nous connaître. J’aime le voir grandir. Il s’agit d’une recherche d’équilibre entre le fait d’être une mère, une femme, une partenaire et, surtout, d’être moi-même. Prendre soin de soi figure malheureusement en bas de ma to-do list, mais je n’aurais manqué ces derniers mois pour rien au monde. »

Marjolaine, 29 ans 

“Jeanne a presque quinze semaines. Je voulais être mère, mais après sa naissance, je n’ai pas ressenti immédiatement l’amour immense que l’on est censé ressentir. L’allaitement ne s’est pas bien passé non plus en raison de mauvais conseils, si bien que je dois désormais tirer mon lait à plein temps. C’est très difficile, mais j’aime le faire pour ma fille. Bien que notre enfant soit très calme et ne pleure presque jamais, je pensais que la parentalité serait un peu plus facile. Mais tout cela en vaut la peine et je ressens maintenant cet amour, mais je ne peux le dire que depuis quelques semaines. »

Karen, 28 ans 

« Après avoir commencé par une pré-éclampsie, j’ai été provoquée et finalement Oonah est venue au monde par césarienne le 17 décembre 2021. L’accouchement a été difficile, mais grâce à mon partenaire, au personnel hospitalier et aux médecins, tout s’est bien passé. Les derniers mois avec un si petit être à mes côtés ont également été moins exigeants que prévu. Nous avons décidé de lâcher prise et nous nous sommes mis au bon rythme. L’allaitement s’est bien passé et Oonah est un amour de bébé, alors mon partenaire et moi sommes aussi sur un nuage rose. Même lorsqu’elle est malade, elle garde le sourire. Tout montre que c’est une enfant très heureuse, et cela nous comble. Bien sûr, il y a des moments difficiles, mais cela en fait partie. »

Anna, 31 ans 

« La nouvelle année a commencé avec un nouveau chapitre de ma vie : la maternité ! Je devais accoucher en février, mais ma fille Nora est née deux semaines plus tôt. Le souci, c’est que j’avais consciemment opté pour un accouchement à domicile, mais que toute la maison était encore en chantier, car le programme des rénovations était très serré. Heureusement, la pièce où je devais accoucher venait tout juste d’être rénovée, mais puisque les voisins se sont plaints et ont menacé d’appeler la police, mon corps a arrêté mes contractions. L’accouchement a pris beaucoup de temps et à cause d’une hémorragie abondante du placenta, j’ai quand même dû aller à l’hôpital. Heureusement, les dégâts ont été limités et j’ai pu rentrer chez moi le jour même. Puisque Nora est arrivée plus tôt que prévu, nous avons eu le luxe que personne ne soit au courant que j’avais déjà accouché. Nous avons pu nous habituer à notre famille de trois personnes en toute intimité. Bien que j’étais surchargé de fierté et d’amour, je ne ressentais pas ce que je pensais devoir ressentir. Les réseaux sociaux, les amis et les proches donnaient toujours l’impression qu’un bébé était accompagné de nuages roses, d’arcs-en-ciel et de ballons de confettis, mais j’étais épuisée. Au début, j’ai gardé ces sentiments pour moi, mais finalement je les ai avoués à mon mari en éclatant en sanglot. Je ne savais pas si je devais me sentir comme une mauvaise maman, si je faisais une dépression post-partum. Il m’a dit qu’il existait tout un monde entre ce fameux nuage rose et la dépression post-partum. Il avait raison, et maintenant je sais que de nombreux parents éprouvent des sentiments similaires.

La parentalité est comme une montagne russe. Nora grandit vite et chaque jour je l’apprécie un peu plus, même si je ne me sens pas encore maman à 100%.

Ma fille est peut-être la chose la plus importante dans ma vie, mais je pense que le sentiment de maternité arrivera quand j’aurai davantage d’interactions avec elle. Il faut de la patience, mais je suis sûre que ça arrivera. »

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