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Émotions - Getty
Émotions - Getty

Comment mettre les émotions que l’on ressent à notre service?

Manon de Meersman

Qu’est-ce que les émotions? Comment les reconnaître et parvenir à en faire une force plutôt qu’un handicap? Valentine Anciaux, diplômée en psychoéducation à l’Université de Québec, nous éclaire sur ce sujet aussi vaste que passionnant.

Valentine Anciaux s’occupe d’intervenir auprès d’enfants et d’adolescents présentant des troubles d’apprentissage et des troubles du comportement. Elle dispense également des formations aux enseignants et aux intervenants psychosociaux sur les approches innovantes en gestion de la motivation, de l’estime de soi, de troubles du comportement, troubles d’apprentissage et Trouble Déficitaire de l’Attention (TDA/H). Avec Stéphanie de Schaetzen, logopède de formation, elle a créé l’outil en ligne psychoeducation.be, qui répertorie contenu, livres pour enfants et adultes, le tout dans le but de développer des outils permettant la prise en charge émotionnelle.

Lire aussi: Comment dépasser la peur de revivre une blessure émotionnelle pour grandir?

Qu’est-ce qu’une émotion?

C’est dans ce cadre que Valentine Anciaux nous explique ce qui se cache derrière le terme “émotion”. “Il s’agit d’une énergie qui transporte de l’information, commence-t-elle. Nous possédons toutes et tous une boussole intérieure composée de 4 émotions de base:

  • La joie;
  • La peur;
  • La tristesse;
  • La colère.

La joie nous indique que nous sommes sur le bon chemin, elle nous permet d’avancer. La peur nous fait reculer. La colère nous pousse. Et la tristesse permet de lâcher. Chacune de ces émotions nous dit quelque chose. Cette énergie nous communique des éléments importants par rapport aux situations que nous vivons. Si nous vivons une rupture, par exemple, nos émotions nous glisseront le message: “prends un break”. Si nous faisons face à une situation qui ne nous convient pas, elles nous diront: “pose tes limites”. Les émotions ont toutes quelque chose à nous dire.”

Bien entendu, certaines émotions ne sont pas agréables à ressentir. “On peut même qualifier certaines d'”atroces”, précise Valentine Anciaux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on a parfois tendance à s’en couper, et à ne pas les écouter et ce, que l’on soit enfant ou adulte. Cependant, plus on se coupe de nos émotions, plus on se transforme en cocotte minute, prête à exploser auprès des personnes que l’on aime le plus – parce que celles-ci seront les plus enclines à nous accepter ainsi. Aussi, il est possible de somatiser ces émotions... Sauf que lorsqu’une émotion n’est pas entendue, elle va continuer à frapper à la porte. Les écouter et y prêter attention s’avère dans ce cadre primordial.”

Comment identifier une émotion?

Valentine Anciaux nous suggère d’identifier les sensations physiques générées par nos émotions. Maux de ventre, gorge serrée, maux de tête, coeur qui pompe à toute allure, sourcils froncés... “Je conseille de regarder son émotion droit dans les yeux et de s’éloigner de son cerveau rationnel. Les adultes ont tendance à rester dans le mécanisme de défense, tandis que les enfants progressent plus facilement à ce niveau-là, précise-t-elle. Mais force est de constater que lorsqu’on regarde ses sensations physiques, on affronte ses émotions.”

Cela fait partie de ce qu’on appelle la méthode TIPI, soit la Technique d’Identification des Peurs Inconscientes. Il s’agit d’une méthode dont le but est ni plus ni moins supprimer nos peurs et nos angoisses, et ainsi se libérer des émotions qui nous rongent au quotidien, nous empêchant d’avancer comme il faut. Cette méthode propose d’observer sensoriellement parlant les manifestations physiologiques de notre stress et anxiété. De cette manière, on vient travailler sur le ressenti physique qui traduit notre émotion afin de s’en libérer ensuite. “Elle permet foncièrement de comprendre, et de regarder l’émotion dans les yeux. On peut aussi observer le besoin auquel est rattaché cette émotion.”

Les 3 émotions – la peur, la tristesse et la colère – sont désagréables. Cependant, on peut aussi les accueillir, comme leur dire “stop”. Dans ce cadre, soit on les nourrit, soit les arrête. À qui souhaite-t-on donner à manger? À la peur en rajoutant de la catastrophe à la catastrophe? À la tristesse, en s’apitoyant chaque seconde un peu plus sur son sort? À la colère, en se répétant à quel point la situation est injuste?

Dans cette optique, Valentine Anciaux suggère cette question: “Identifier ses émotions, c’est bien. Mais dans quelle mesure décide-t-on de passer du temps avec?”. Ainsi, la spécialiste nous conseille d’aimer chacune de nos émotions. “Mes émotions sont comme mes potes et j’en apprécie certain·e·s plus que d’autres. Ça ne veut pas dire être heureux tout le temps, mais c’est s’écouter et traiter les informations. Par exemple, si je suis fatiguée, c’est un fait; je dois alors faire mon petit saut et dormir. Autre exemple: si je suis triste parce que l’un de mes amis ne vient pas à mon anniv, je peux accueillir l’information et voir ensuite ce que je fais: est-ce que je passe un chouette anniversaire ou est-ce que je décide de me focaliser sur cet ami qui ne vient pas et de facto, sur la tristesse?

La gestion des émotions s’inscrit dans des choix à poser. Nous devons choisir pour faire face à l’adaptation.

Il faut en réalité chérir ses émotions. “Les adorer, mais également les laisser s’en aller, précise Valentine Anciaux. De cette manière, il faut, certes, apprivoiser ses émotions, mais ne jamais oublier que le boss, c’est nous.” La spécialiste illustre ses propos en nous suggérant un court dessin animé: “Stress Crocodile”, soit l’histoire d’une jeune femme qui se fait suivre par un crocodile, qui représente sa timidité. Comme il lui empoisonne sa vie, elle tente par tous les moyens de s’en débarrasser, jusqu’à ce qu’elle conscientise qu’elle est la boss.

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Les émotions et l’intelligence émotionnelle

C’est dans ce contexte de compréhension de ses émotions que s’inscrit l’intelligence émotionnelle, soit la capacité de reconnaître, comprendre et maîtriser celles-ci. Valentine Anciaux nous épingle les 5 axes de ce type d’intelligence.

Lire aussi: Pourquoi et comment développer son intelligence émotionnelle?

La conscience de soi

“Cela revient à se demander: quels sont mes besoins et quel positionnement j’adopte face à mes émotions?”

La maîtrise de soi

“La maîtrise de soi désigne la manière dont on gère nos émotions. Lors d’une grosse tempête émotionnelle, comment vais-je m’y prendre pour garder mon sang froid?”

 

L’auto-motivation

“Quelle est l’énergie qui m’habite? C’est ce qui va nous permettre de soulever des montagnes, d’être motivé·e. Et pour l’être, il faut tomber amoureux·se de la cause, de notre projet.” Valentine Anciaux souligne d’ailleurs l’importance de cet axe, d’autant plus à l’heure actuelle où la nouvelle génération tombe dans ce qu’elle appelle “la génération dopamine”. “Soit une génération où on a tout tout de suite et où on se coupe d’un puits d’énergie où puiser pour investir dans nos rêves. Le plaisir immédiat semble plus important que le dépassement de soi; on a la sensation d’être comblé·e, mais ce n’est pas le cas. La pompe à dopamine constitue un drame nous coupant de l’autodétermination. Or, si on se dépasse, on réalise notre personne au travers d’un projet. C’est cette quête-là qu’il faut privilégier.”

Ainsi, avec cette quête, nous devons mobiliser nos émotions, très puissantes, de la joie comme de l’amour. On met nos émotions au service de nos activités.

L’empathie

“L’empathie revient à comprendre que ce que nous pensons n’est pas forcément ce que l’autre ressent. Si je ne suis pas d’accord, je peux le comprendre. On sort de la vision binaire de l’existence. Comprendre les besoins de l’autre, nourrir ce besoin, assimiler ses émotions...”

Les relations interpersonnelles

“Il s’agit de vivre en harmonie avec les autres et de déceler ce qui est bon pour nous et ce qui ne l’est pas; ce qui nécessite parfois de faire le tri autour de soi.”

Valentine Anciaux et Stéphanie de Schaetzen proposent une série d’outils à consulter sur leur site afin de mieux appréhender la dimension émotionnelle de nos vies.

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