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© Getty Images/Johner RF

Faut-il se montrer nu devant ses enfants ?

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

On aborde peu le sujet de la nudité au sein des familles et pourtant, chacun·e d’entre nous a eu un rapport différent avec la nudité dans l’enfance. Une expérience qui nous a plus ou moins influencé·e·s dans notre rapport à notre corps. Mais y a-t-il une bonne façon de faire? Nous avons posé la question à Marie Géonet, psychologue, spécialisée en psychologie du couple et sexologie.

Les parents sont bien souvent les premiers corps nus qu’un enfant verra dans sa vie. « C’est inévitable, confirme la psychologue, Marie Géonet, ne serait-ce que par des situations tout à fait involontaires et fortuites dans la vie d’une maison familiale. Il y aura toujours des moments où le corps va être un petit peu dévoilé. Et ce n’est pas grave, ce sont des choses qui arrivent. Il ne faut pas dramatiser. C’est aussi l’occasion pour les enfants d’apprendre ce que c’est, à quoi ressemble un corps d’homme, à quoi ressemble un corps de femme. » Ce rapport à la nudité entre parents et enfants est quelque chose sur lequel on échange rarement, presque comme si c’était gênant ou tabou. Pourtant, lorsqu’on interroge des personnes, de tous horizons, de sexes et d’âges différents, on se rend compte que cela en dit bien plus qu’on ne le pense sur soi-même.

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Naya, 24 ans « Quand j’étais petite, j’avais l’habitude de voir mes parents nus dans la maison sans aucun tabou. Je me souviens qu’une fois, j’étais avec ma mère et elle était nue ou torse-nu et on était si à l’aise que je lui avais demandé comment ça se passait quand elle m’allaitait et elle m’avait même montré sur sa propre poitrine pour que je comprenne. Enfant, mes parents n’étaient pas pudiques, mais c’est drôle en grandissant, ils ont commencé à cacher leur corps et moi et mon frère, on a fait de même. Mais je pense que si je ne suis pas pudique à la base, c’est parce que j’ai eu l’habitude de voir mes parents nus petite, et j’ai gardé ce ‘manque’ de pudeur, même si je n’ai pas l’impression d’être dans l’abus non plus. »

Sébastien, 27 ans « On est très pudiques dans la famille. Mes parents ne se sont jamais mis nus devant moi à part dans de rares cas. Si je rentrais dans la salle de bains sans faire exprès, ils se cachaient directement avec un essuie. On ne nous a jamais appris à montrer notre corps. »

Mathilde, 30 ans « Je n’ai pas eu d’exemple à la maison de ‘Il faut se cacher’, on a toujours été sans gêne dans la salle de bains entre filles avec ma mère et ma sœur, toutes nues sans que cela ne pose problème. Mon père, lui, les fois où j’ai pu le croiser nu dans la maison, il se cachait les parties intimes avec ses mains, mais ça ne m’a jamais choquée, je trouvais ça plutôt normal. Ce sont mes parents, ce sont eux qui m’ont faite. Je crois que j’ai seulement été plus pudique pendant une courte période à l’adolescence, sûrement parce que je me sentais moins bien avec mon corps. »

Thomas, 26 ans « On ne s’est jamais montré nus chez moi, ni moi, ni mes parents et je trouve ça gênant rien que d’en parler. Dans les vestiaires d’école ou à la salle de sport j’ai toujours été pudique aussi, même avec mon colocataire, j’ai toujours fait en sorte qu’il ne me voie jamais nu. »

Lila, 24 ans « Depuis petite, j’ai toujours vu mes parents nus dans la salle de bains, les portes n’étaient pas souvent fermées donc je venais parler à ma mère pendant qu’elle prenait sa douche. Il n’y a jamais eu de gêne, et pourtant, je savais qu’avec d’autres personnes ce n’était pas OK de se montrer nue. Encore maintenant, si je suis chez mes parents, il n’est pas rare que l’on entre sans frapper quand je me douche ou que le soir avant d’aller se laver, un de mes parents se balade nu dans le couloir, car il vient de déposer ses vêtements sales dans le panier à linge. »

Stéphanie, 45 ans « Chez nous quand j’étais jeune, on se cachait, mes parents avaient l’habitude de ne jamais se montrer nus. Je me souviens d’une seule fois où je me suis mise à moitié nue devant eux, c’était l’été je bronzais dans le jardin adolescente et ma mère m’avait dit: ‘Tu peux enlever ton haut de maillot pour bronzer’, donc je l’ai fait, mais sinon de moi-même, je ne pense pas que je l’aurais fait. »

Mathieu, 29 ans « J’ai grandi avec un seul parent, ma mère. Mon père, je le voyais peu donc je n’ai jamais eu ce rapport-là avec lui. Ma mère, je l’ai vue nue quand j’étais petit, je ne sais pas jusqu’à quel âge exactement, mais je m’en souviens. »

Éric, 50 ans « Chez moi petit, je vivais seulement avec ma mère et mon frère, je me souviens qu’on se voyait parfois nus les uns les autres, ma mère s’en fichait, car on était ses enfants donc elle n’était pas pudique sur ce plan. Mais il y avait tout de même un énorme tabou sur la nudité. On n’en parlait jamais. On sentait qu’il ne fallait mieux pas aborder ce sujet. Même quand il arrivait qu’il y ait une femme nue dans un film à la télé, elle éteignait tout de suite sans rien dire. »

Alex, 16 ans « Mes parents se sont toujours montrés nus devant nous à la maison donc je n’ai pas du tout de gêne à être nu devant eux dans la salle de bains. Je dirais même que le fait de voir ma mère et ma sœur nues sans aucun malaise m’a déjà encouragé à poser des questions sur le corps féminin, sur les règles, les poils, ou les seins, des choses dont je n’aurais sûrement jamais osé parler autrement et qui sont pourtant importantes. Je sais qu’on peut parler de tout sans que ce ne soit gênant et voir des corps féminins réels dans la vraie vie, c’est aussi important pour avoir une vision réaliste, par rapport à tout ce que l’on voit sur Internet… »

La psy : La nudité est inévitable et c’est l’occasion pour les enfants d’apprendre à quoi ressemble un corps d’homme, un corps de femme.

Faut-il se cacher ou se montrer?

« C’est une question à laquelle on ne peut pas répondre par oui ou non », tranche Marie Géonet, psychologue. Elle explique qu’il faut d’abord suivre son instinct: « Il n’y a pas de marche à suivre comme ‘Il faut absolument se mettre nu ou il ne faut pas du tout se mettre nu’ parce que d’abord ça dépend de comment les parents se sentent face à la nudité. C’est-à-dire qu’il n’est pas question que les parents se sentent obligés de se mettre nus face à leur enfant. Il n’y aurait aucun sens à cela. Il faut déjà que ce soit quelque chose qui se fasse dans les limites de ce que chacun peut accepter ou pas. » Mais elle insiste sur l’instauration de la notion de pudeur et celle de l’acceptation de son corps: « Tout doucement, il faut pouvoir mettre les limites de la pudeur et les montrer à ses enfants. Et à la fois de l’autre côté, c’est important aussi de ne pas diaboliser le corps et de ne pas se cacher pour ne pas que l’enfant ait l’impression que le corps nu est quelque chose de mal. »

La psy : Il n’est évidemment pas question que les parents se sentent obligés de se mettre nus face à leur enfant.

La pudeur, notion cruciale

La pudeur est donc une notion qu’il faut enseigner: « L’apprentissage du corps nu dans la sphère privée, la notion de pudeur, de limites, doit pouvoir être appréhendée en tant que parent auprès de nos enfants. Jusqu’à 4, 5 ans, en général, ils n’ont pas vraiment cette notion de pudeur. Ils sont plutôt à l’aise avec la nudité, voire même, à partir de 2-3 ans, assez curieux de la nudité de l’autre, de papa, de maman, en observant un peu les caractéristiques plus masculines, plus féminines. Et puis de manière assez spontanée, vers 4 à 6 ans, les enfants développent d’eux-mêmes une certaine pudeur, en tout cas plus marquée que quand ils étaient tout petits, parce qu’ils commencent à créer leur identité, à se différencier des autres, à être plus conscients aussi de ce qu’est le genre masculin, féminin, et des caractéristiques physiques qui y sont liées. À partir de cet âge-là, ils peuvent commencer à devenir plus pudiques. Puis on a une évolution plus marquée de la pudeur en grandissant, où c’est encore plus important de laisser de l’espace à l’enfant et à l’adolescent, car le corps change. »

Impact sur le futur adulte

Les comportements de nos parents par rapport à la nudité et à la pudeur, ont-ils des répercussions sur les adultes que nous devenons?

Naya, 24 ans « Comme mes parents se montraient sans gêne à la maison, j’avais un rapport très détaché à la nudité et ça a été une confrontation quand je suis arrivée en club de handball à 11 ans. Toutes les filles se cachaient pour prendre leur douche, mettaient leur maillot de bain, et moi j’étais la seule au début à débarquer toute nue dans les douches. Je me souviens que ça avait un peu choqué. J’ai commencé à mettre un maillot pour faire comme les autres et ne pas paraître bizarre. Ce qui est marrant, c’est qu’en grandissant, petit à petit les autres tombaient davantage le maillot jusqu’à ce qu’on prenne nos douches avec l’équipe senior féminine où elles se lavaient nues. Les filles de mon équipe se sont mises à faire comme les grandes et à la fin, quand on était toutes en seniors, on se comparait les seins dans les douches, on se montrait les poils incarnés au maillot, c’était vraiment sans tabou. »

Sébastien, 27 ans « J’ai toujours appris à me cacher donc j’ai du mal à memettre à nu devant quelqu’un même dans l’intimité. Et dans les vestiaires en sport, je gardais un essuie autour de ma taille. Quand je faisais de la natation et qu’on se changeait, j’allais dans les vestiaires fermés alors que d’autres se changeaient devant tout le monde. »

Mathilde, 30 ans « Même si à la maison c’est super naturel de se montrer nu avec mes parents, à l’extérieur, par exemple avec les hommes, j’étais plutôt pudique, mais ça va de mieux en mieux avec les années. Maintenant même à la plage, si je dois me mettre en maillot, ça ne me dérange pas d’être seins nus le temps de l’enfiler alors qu’avant, je me serai plutôt cachée. »

Lila, 24 ans « Étonnamment, je suis devenue très pudique en grandissant lorsqu’il s’agissait de se montrer nue à mon partenaire, il me fallait toujours beaucoup de temps pour être à l’aise. Mais quand je suis en confiance comme maintenant avec mon amoureux, ça ne me gêne pas de me balader nue dans la maison. Par contre avec des inconnus, j’ai toujours le même blocage comme récemment lors d’un cours de sport où je ne savais pas que le vestiaire serait collectif, une fois entrée, j’étais extrêmement gênée de voir toutes ces femmes nues et super à l’aise. J’ai fait 3 fois le tour de la pièce en essayant de trouver des toilettes pour m’y réfugier, j’ai même envisagé le placard à balais avant de me raisonner et de combattre ma pudeur en me changeant à la hâte. Comme quoi l’habitude d’être à l’aise nue à la maison, ne m’a pas aidée à l’être dans toutes les situations. »

Thomas, 26 ans « Avec ma copine, si je suis dans la salle de bains et qu’elle entre sans frapper, même si on s’est vus des centaines de fois nus, je me cache tout de suite et je râle, car pour moi c’est ma sphère privée. »

Mathieu, 29 ans « Avoir vu ma mère nue étant petit ne m’a pas fait un déclic, je n’ai pas intégré que la nudité était quelque chose de normal. Je suis super pudique, mais ça va mieux depuis que je fais du sport. Je me dis qu’on est tous pareil et que si tout le monde le fait, je peux le faire aussi, même lorsqu’il y a l’équipe extérieure qui se douche avec nous. C’est plutôt le sport collectif qui m’a débloqué que le rapport à la nudité que j’avais avec ma mère. Mais peut-être que si j’avais eu ce rapport avec mon père, avec la nudité d’un homme, ça aurait été différent. »

Stéphanie, 45 ans « L’habitude de se cacher m’a suivie longtemps, même à la plage je gardais toujours le haut, j’étais trop pudique pour ça. Dans les vestiaires des cours de sport, j’ai toujours été gênée, également. Et avec mon mari au début aussi, car c’est le premier homme que j’ai connu. »

Éric, 50 ans « J’étais très pudique et complexé par mon corps. Il a fallu beaucoup de temps pour que je me déshabille sans gêne devant les autres. Ce qui m’a un peu forcé, c’est d’aller en internat à 16 ans. Au départ aller à la douche collective était une épreuve. Après c’est tous les jours donc je me suis habitué. »

Être à l’écoute

La psychologue met en garde sur l’impact que nos comportements peuvent avoir sur les enfants plus tard: « Effectivement, il peut y avoir des parents qui sont particulièrement pudiques et qui sont assez attentifs à respecter ces limites-là parce que c’est plus confortable pour eux. Dans ce cas-là, il faut être attentif à ne pas dramatiser ces moments fortuits où l’enfant va débarquer dans la salle de bains ou dans la chambre à coucher quand on sera en train de se changer. Même si on est mal à l’aise, on doit pouvoir simplement cadrer en disant que la prochaine fois, il faut penser à frapper à la porte parce que c’est notre intimité. Mais sans sur-réagir en s’énervant ou autre. À l’inverse, si votre enfant vous fait part de sa gêne face à votre nudité ou vous demande plus d’intimité, il est aussi important de respecter sa demande sans le vexer, car ce rapport à la nudité entre parents et enfants va dessiner les prémices de la vision de la nudité et du corps plus tard, même si celui-ci n’est pas défini uniquement par notre famille. « C’est plurifactoriel, à la fois l’environnement et les aspects relationnels vont avoir une influence. La manière dont les parents vont gérer leur propre nudité, à l’intérieur de la famille, va probablement influencer un peu les choses en termes de devenir sur cette question chez les enfants. Mais il n’y a pas que ce facteur-là qui va compter, il y a des questions de personnalité qui vont entrer en ligne de compte, intrinsèques à l’enfant, qui font qu’il y a des enfants plus pudiques que d’autres, comme il y a des adultes plus pudiques que d’autres. C’est comme ça qu’on a parfois dans des familles, des parents très à l’aise avec la nudité et des enfants qui sont pas du tout à l’aise avec ça », précise la psychologue.

Intimité et consentement

Peu importe la manière de procéder devant les enfants, il est important de leur inculquer des notions de base qui vont leur servir à fonctionner en société et à se protéger eux-mêmes. Dès le plus jeune âge, il est important de poser les bases comme « votre corps vous appartient » pour qu’ils comprennent qu’on ne peut pas se montrer nu n’importe quand, devant n’importe qui, et que quelqu’un ne peut pas non plus leur demander de le faire. «  Cette verbalisation des limites entre ce qui est socialement acceptable et ce qui ne l’est pas… Le fait de mettre aussi des limites par rapport à son propre corps, que celui-ci nous appartient, que c’est de l’ordre de la vie privée. ‘Personne n’a à le voir si tu n’en as pas envie.’ Tout cet apprentissage-là doit se faire très tôt, de manière progressive, dès très petit », affirme Marie Géonet. Elle ajoute: « Cet apprentissage est crucial, car il va agir en tant que prévention, notamment contre tout ce qui est violence ou agression à caractère sexuel. Apprendre à dire non, apprendre à mettre des limites. » Par rapport aux personnes très à l’aise avec leur nudité, la psychologue rappelle qu’il ne faut pas non plus imposer sa nudité aux autres: « Si ça crée de l’inconfort chez les autres, les parents doivent communiquer le plus possible. Il ne faut pas hésiter à dire: ‘Nous on fait comme ça, mais dans d’autres circonstances, ça ne va pas forcément se passer de la même façon.’ » Marie Géonet rappelle qu’en matière de parentalité en général et en ce qui concerne la question de la nudité, l’important est de trouver un équilibre « entre la pudeur, l’apprentissage des limites et de l’intimité, d’un côté, et de l’autre, la normalisation des corps, la dédramatisation de la nudité ».

La psy : La famille est un mini-laboratoire de ce qu’on va rencontrer par la suite.

Elle rappelle: « Un corps, c’est un corps, c’est normal, on vit avec, mais il faut aussi intégrer la notion d’intimité pour être en société, ce sont ces 2 éléments-là qui sont dans la balance et avec lesquels il faut essayer de composer pour trouver un certain équilibre. » Avant de poursuivre avec une métaphore parlante, celle de la famille comme laboratoire de la vie: « C’est un premier apprentissage de ce qu’on va vivre plus tard dans la société, notamment pour la question de la nudité: la famille est un peu une espèce de mini-laboratoire de ce qu’on va pouvoir rencontrer par la suite. »

Reproduira-t-on les actes de nos parents ?

Ce laboratoire dans lequel on expérimente en tant qu’enfant va-t-il façonner notre manière de nous ­comporter par rapport à la nudité dans la famille que l’on fondera plus tard? La spécialiste: « Sur la question de la nudité comme dans beaucoup de domaines, on a tendance à reproduire ce qu’on a connu. Tout dépend de comment on a vécu les choses. Si cela nous a bien convenu, on va avoir plus tendance à les reproduire. À l’inverse, s’il y a des choses qu’on a mal vécues, on va plutôt prendre le contre-pied et se dire: ‘Je ne vais pas faire comme mes parents et je vais aborder les choses différemment.’ »

Naya, 24 ans « Plus tard, je crois que je ne serai pas pudique avec mes ­enfants, parce que ça permet de voir ce qu’est un vrai corps et d’apprendre à ne pas le cacher. »

Sébastien, 27 ans « Je trouvais ça normal en tant qu’enfant, que mes parents se cachent. Je pense que je ferai comme eux, car je ne trouve pas ça forcément normal de se mettre tout nu devant ses enfants. »

Lila, 24 ans « Plus tard, je crois que je ferai comme mes parents. Mais peut-être avec un peu plus de respect de l’intimité en toquant avant d’entrer et en m’adaptant aux choix de mes enfants. Je voudrais que mes enfants sachent que tout le monde est pareil au fond et qu’il n’y a rien de honteux dans un corps nu. Qu’ils soient à l’aise avec leur corps me paraît la priorité, tout en expliquant que notre corps n’appartient qu’à nous et qu’il ne faut pas se montrer nu n’importe où et avec n’importe qui. »

Stéphanie, 45 ans « Je suis maman et pour mes enfants, j’ai choisi de faire l’inverse de mes parents, probablement pour qu’ils n’aient pas ce poids de la pudeur excessive. Je n’ai pas de problème à me montrer nue devant eux, autant quand ils étaient petits que maintenant ados, et eux pareil. On n’y fait même pas attention. Il n’y a pas de tabou et s’ils ont une question sur leur corps, ils ne sont pas du tout gênés de nous en parler. »

Éric, 50 ans « Avec mes enfants, je n’ai pas de problème à me montrer, je ne veux pas leur donner ce complexe-là, donc je ne me cache pas. Et puis je crois que c’est aussi quelque chose de générationnel, à l’époque la nudité c’était encore l’interdit. Par contre, j’ai bien dit à mes enfants qu’il ne fallait pas se mettre nu avec n’importe qui, ni accepter la nudité des autres n’importe comment. Avec tout ce qu’il se passe désormais, il est important de faire de la prévention sur ces choses-là… »

3 conseils pour les (futurs) parents

Marie Géonet, psychologue: « Il n’y a pas de recette miracle, mais il y a quelques règles communes. »

Respecter ses limites et celles de l’enfant

«Il n’y a pas vraiment de guide pratique de ce qu’on doit faire ou ne pas faire à la maison, car ça dépend de soi en tant que parent et comment on se sent soi par rapport à la nudité, c’est déjà une question à se poser: ‘Est-ce que moi je me sens à l’aise ou pas?’ Car il n’est pas question de sortir de son cadre et de ses limites en se forçant à certaines choses. Puis il y a comment mon enfant se sent par rapport à ça et qu’est-ce que je veux lui apprendre pour qu’il puisse bien fonctionner par la suite. Ce sont les 3 choses dont il faut tenir compte. Souvent le bon point de départ, c’est de se faire confiance, de s’écouter et de ne pas essayer de sortir de ce qu’on pense être ‘ juste’ par rapport à nous et à notre enfant. »

Ne pas imposer la nudité

« Pour les parents très à l’aise avec la nudité, se rappeler qu’on n’impose pas sa nudité aux autres. Même dans le cercle familial, il faut essayer d’être attentifs aux signes d’inconfort ou de malaise chez les enfants. »

La notion de consentement

Faut-il demander le consentement de votre enfant pour le laver ou le déshabiller? Voici la réponse de la psychologue: «  Au niveau des phases du développement, dès le moment où cette notion d’identité commence à s’instaurer, ça coïncide souvent avec l’âge auquel les enfants commencent à s’habiller tout seuls. Il y a quelque chose de relativement bien fait à ce niveau-là en termes d’apprentissage et de développement. Il ne faut pas demander ça avant, car c’est un peu trop tôt, justement. Mais par contre, vers 4-5 ans environ, cela devient naturel, car en général, les enfants commencent à s’habiller tout seuls. C’est à cet âge-là justement, que cette différenciation au niveau des corps va se mettre en place. »

Texte: Ana Michelot. Merci à Marie Géonet, docteure en psychologie et psychologue clinicienne, spécialisée en psychologie du couple et sexologie.

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