Impôts, mutuelle...: comment soigner une phobie administrative?
Remplir sa déclaration d’impôt, s’inscrire à la mutuelle, régler des factures: tant de démarches qui peuvent susciter une grande angoisse chez certains. Comment soigner une “phobie administrative”?
Le mot administration vous donne des crampes au ventre? Pour certain.e.s, gérer l’aspect administratif du quotidien représente un poids insurmontable. Ils sont terrifié.e.s à l’idée de faire leur comptabilité, de s’inscrire à la mutuelle, de renouveler leur carte d’identité ou encore de changer de banque. Résultats, iels accumulent la paperasse et les retards, se retrouvant parfois dans des situations intenables. Un comportement communément appelé “phobie administrative”. Mais cette phobie existe-t-elle vraiment? Et, surtout, comment en finir avec elle? Nous avons posé nos questions à Manuel Dupuis, psychologue coordinateur de Psychostress, un centre spécialisé dans le traitement du stress, de l’anxiété et du burnout situé à Bruxelles.
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La phobie administrative: mythe ou réalité?
Certains psychologues estiment que cette peur n’existe pas et qu’il s’agit plutôt d’une stratégie d’évitement. Un avis partagé par notre intervenant. “Pour moi, cette phobie n’existe pas en tant que tel, mais elle s’inscrit dans une problématique plus large. Il s’agit plutôt d’un comportement que l’on retrouve chez certaines personnes souffrant de problématiques diverses comme les personnes très anxieuses, par exemple. Cette ‘phobie administrative’ est en réalité une forme d’anxiété qui fait partie d’une anxiété plus générale. Ce sont des personnes qui sont plus dans la pensée que dans l’action, elles ont tendance à ruminer. On rencontre aussi ce comportement chez les personnes dépressives ou celles qui ont un problème avec l’alcool. Ce qui est difficile avec ce type d’anxiété, c’est qu’il s’agit d’une peur abstraite. Les mails, la paperasse, tout ça reste très abstrait. Ces personnes évitent de s’y atteler et postposent sans cesse.”
Qui est concerné?
Comme l’explique le psychologue Manuel Dupuis, ce comportement est généralement la face visible de l’iceberg. Elle peut être le signe d’un mal plus profond, d’une peur des responsabilités ou de l’échec. Généralement, elle se manifeste chez les adolescents ou les jeunes adultes. “Cela se développe souvent à partir de l’âge de 15 ans. Un âge auquel nous sommes confrontés aux premières démarches administratives. Cette stratégie d’évitement est très fréquente, car, comme je l’ai dit précédemment, elle est présente dans plusieurs pathologies différentes, à des niveaux variés.”
Que faire?
“Pour sortir de cette phobie, je préconise une psychothérapie plus générale et pas uniquement centrée sur cette peur de l’administration afin d’en comprendre l’origine. Elle nécessite une psychothérapie cognitive et comportementale, mais aussi des techniques de gestion des pensées et des exercices de relaxation en vue d’éviter les ruminations. Il faut aussi des exercices d’exposition afin de confronter la personne à vivre des situations concrètes de la vie quotidienne. Des exercices durant lesquels iel est amené.e à être dans l’action plutôt que dans la réflexion et l’évitement.
Tout ça se fait par la visualisation mentale. La personne ferme les yeux et imagine la situation. On lui demande de gérer son stress et ses angoisses. Ces exercices l’amènent à développer des stratégies pour les situations qui le/la bloquent habituellement, mais aussi à mieux contrôler ses pensées et ses émotions. Ces exercices lui permettent de visualiser un comportement d’action. Ces exercices de confrontation se font de manière progressive. On va, par exemple, inviter la personne à ouvrir les lettres qu’elle reçoit. Même s’il s’agit d’un exercice de visualisation, cela augmente la probabilité qu’iel le refasse par la suite. Cela conditionne le cerveau, car il a l’impression de l’avoir déjà fait.”
Comment aider une personne atteinte de cette phobie?
“C’est compliqué. Il faut être présent, mais il ne faut pas non plus trop l’infantiliser. Il faut en discuter avec iel, proposer son aide et aussi lui conseiller d’en discuter avec un psychologue. Il existe aussi des services d’aide à domicile, comme les équipes mobile du Projet 107 qui peuvent apporter une aide sur le terrain”, conclut le psychologue.
- Psychostress, Rue François Vander Elst, 79, 1150 Woluwé-Saint-Pierre
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