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Je suis en couple mais le célibat me manque… c’est normal?

La rédaction

Cela fait 3 ans que je suis en couple et tout se passe merveilleusement bien! Mais parfois, quand je pense que je ne retomberai plus jamais amoureuse et que je ne rentrerai plus jamais de soirée avec un charmant inconnu, ça me file le cafard.

« Profites-en, car avant que tu t’en rendes compte, tout ça sera derrière toi! » Voilà ce que m’a dit un soir une copine mariée alors que j’étais encore célibataire. C’était il y a 4 ans. J’étais arrivée à cette soirée dévastée par un mec que je voyais à l’occasion. J’avais expliqué toute l’histoire à mon groupe de copines, toutes bien casées! Elles avaient l’habitude que je leur raconte mes dates, mes plans foireux et ça les amusait beaucoup, elles qui avaient une vie très rangée, avec maison-jardin-chien. Je dois avouer que j’avais parfois l’impression d’être le clown de la bande!

Trois ans plus tard, je fais moi aussi partie du clan des casées: j’ai une relation aussi stable que mes copines et je comprends désormais leur nostalgie du célibat. Même si j’adore ma vie actuelle, sans crise existentielle, l’intensité de mes amourettes de l’époque me manque parfois. Ma relation m’apporte de l’amour, de la stabilité, de la sécurité et du plaisir, mais mon côté impulsif, coquin et luxurieux est passé au second plan. Comment faire revenir cet aspect de moi dans ma très chère relation monogame?

Pas de comptes à rendre

« Ils sentent que tu es célibataire », m’a dit un jour une copine, alors que je venais de lui raconter une histoire rocambolesque. J’étais dans le Thalys entre Paris et Bruxelles lorsqu’un bel homme, de l’autre côté de l’allée, a commandé un coca. Comme sa carte bancaire ne fonctionnait pas, je me suis dit que j’allais l’aider. J’ai commandé une boisson pour moi et j’ai dit au serveur de lui servir son verre. Il a bafouillé en me disant qu’il devrait me rendre la pareille plus tard. Sur le quai, il m’a expliqué qu’il déménageait à Bruxelles pour son travail et une fois sortis de la gare, nous sommes allés boire un verre en terrasse. Après des heures de discussions et de rires, nous sommes rentrés ensemble à l’hôtel que son employeur lui avait réservé. Nous avons passé une nuit merveilleuse, particulièrement sauvage. C’était plutôt excitant, mais il devait se lever tôt pour son premier jour de travail et s’est précipité nerveusement hors de sa chambre d’hôtel le matin. Quand je suis rentrée chez moi, je me suis demandé ce que je venais de faire… Aujourd’hui, je me dis que c’était particulièrement bien joué! J’en ai alors parlé à mes copines avec une certaine honte. Je leur ai demandé si elle trouvait ça normal et elles m’ont toutes rassurée.. Tant que je m’étais protégée, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir osé vivre de telles aventures. Aller où je le voulais, quand je le voulais, sans devoir rendre de comptes à personne. Pouvoir dire ‘oui’ aux projets les plus fous sans me retenir. Ça m’a permis d’expérimenter, et de vivre sans inhibitions. Rétrospectivement, je suis reconnaissante de cette phase de vie si enrichissante. Dommage qu’elle ait été accompagnée de tant de doutes à l’époque. Alors maintenant que je suis en couple, je ne cherche pas à aller voir ailleurs, par respect pour mon Chéri, mais de temps en temps, l’envie de flirter se fait sentir.

Frissons du premier baiser

Ce que je me dis aujourd’hui, c’est que j’ai grandi à une époque où les relations amoureuses semblaient être la norme et que ce n’est peut-être pas si sain, au final. On voulait toutes devenir aussi amoureux que Jack et Rose dans Titanic. Mais ce genre d’amour existe-t-il dans la vraie vie? Je pense qu’il faut apprendre à être reconnaissant pour ce qu’on a et arrêter de chercher toujours plus, toujours mieux. Quel grand défi, n’est-ce pas?! En fait, ce qui me manque le plus, c’est cette liberté de draguer et d’être draguée. De sortir en boîte et de faire des eye contacts à des hommes sur la piste de danse, de leur sourire, d’engager des conversations, de sentir la tension monter, de s’effleurer, danser ensemble et, au bout d’un moment, de s’embrasser. Cette sensation de frissons qui parcourent le corps en entier… N’est-ce pas merveilleux?

Il y a des périodes où cette excitation m’envahit, mais au lieu de la transposer sur mon amoureux, je me mets à rêver de mes amis ou de mon ex. Par exemple, je songe régulièrement que je suis assise sur des rochers au bord de la mer, quelque part en Italie, et qu’un de mes bons amis se déshabille et plonge. Il m’ordonne de le suivre, je nage vers lui, nous commençons à nous embrasser et à nous caresser sous l’eau. Un peu comme Johnny et Baby dans Dirty Dancing, mais en plus chaud et en plus méditerranéen! Quelques instants plus tard, je me réveille excitée à côté de mon amoureux. Je décide alors de ne rien lui dire et, pendant le reste de la matinée, je ressens un mélange d’excitation et de culpabilité. Oui, c’est déroutant… et ce n’est pas pour rien si je fais ce rêve récurrent. J’ai un ami avec qui il y a toujours eu une tension sexuelle. Mais nous n’avons jamais cédé! On a longtemps tu notre attraction l’un pour l ‘autre, mais lors d’une soirée trop arrosée, il y a quelques mois, tout est sorti. On s’est avoués qu’on se trouvait mutuellement méga attractifs, depuis des années. Il n’était pas question d’avoir une relation, nous n’avons pas voulu mettre en péril notre amitié. Nous étions trop différents et l’enjeu était trop important. Et pourtant, les jours qui ont suivi cette discussion, j’ai eu l’impression d’être sur un petit nuage. Même si nous ne nous sommes pas donné de chance, j’ai repensé à ses déclarations pendant des semaines, voire des mois: ‘J’en rêve depuis longtemps’, ‘Tu as toujours été mon fantasme’... C’est tellement satisfaisait d’exaucer un désir. Seulement... ce n’est plus possible quand on commence une relation monogame! J’ai eu beaucoup de mal à me défaire de la tension entre moi et ce garçon. En écrivant cet article, je la réveille même si elle était restée enfouie pendant des années. Ha !

Aimée et comprise

Ne vous méprenez pas: je suis très heureuse dans ma relation. Mon petit ami est un trésor, qui me fait rire tous les jours et avec qui je peux être moi, même au lit. Je me sens en sécurité, aimée et comprise. Et je ne veux pas non plus glorifier la vie solo. En tant que célibataire, surtout pendant la pandémie, j’ai trouvé très difficile à vivre la façon dont les couples, et par extension les familles, étaient pris comme référence par le gouvernement. Comme si ce n’était pas l’individu, mais le couple ou la famille avec enfants qui était la norme à laquelle il fallait se référer. Je me suis sentie si seule. Dans un pays où les célibataires constituent le groupe le plus important en termes de croissance, en temps de crise, la famille classique restait encore la référence. On est alors doublement puni en tant que célibataire. J’avoue qu’en plus de pouvoir compter sur son partenaire dans la vie, il est aussi plus facile de trouver sa place dans le tableau social quand on est en couple. C’est comme si on n’était plus dans la salle d’attente du bonheur (rires). Sortir du célibat, c’est aussi ne plus sortir épilée les soirs du week-end en se disant qu’on va peut-être rencontrer quelqu’un. C’est pouvoir être soi-même et ne pas avoir à cacher ses côtés les moins séduisants. Le fait d’avoir à mes côtés, depuis 3 ans, quelqu’un qui me voit comme je suis réellement et qui me connaît par cœur est très gratifiant. »

Les conseils de la psy

« L’envie de flirter se manifeste par vagues. Parfois, elle est fort présente, puis elle s’estompe, pour réapparaître à un autre moment, en fonction de ce qui se passe dans et à côté de ma relation. Ne sachant pas comment y faire face de manière saine, ni si je dois en parler avec mon partenaire, je soumets mes questions les plus pressantes à une experte. Sarah Hertens, psychologue clinicienne qui accueille dans son cabinet des célibataires et des couples aux prises avec des problèmes relationnels. ​​​​​​​»

Comment assouvir son envie d’expérimenter et de flirter quand on est dans une relation stable et monogame?

Sarah Hertens: « D’un côté, vous avez un besoin de connexion, de sécurité et de stabilité; de l’autre, vous avez besoin d’autonomie, d’aventure, de stimulation et de dynamisme. Il est important de comprendre que ces 2 besoins humains sont également importants dans une relation stable. Les personnes qui entament une nouvelle relation se concentrent souvent sur les aspects liés à la sécurité, et à la définition de la relation, par exemple en emménageant rapidement ensemble, alors que cela peut être désastreux pour le désir, l’excitation et la passion. Pour garder la flamme à long terme, il est important de continuer à mettre l’accent sur l’individualité, de planifier des choses pour soi-même, de garder ses propres intérêts et loisirs. Par exemple, il n’est pas nécessaire d’emménager tout de suite ensemble. Lorsque l’on ne se voit pas tous les jours dans la vie quotidienne, l’excitation et le désir durent souvent plus longtemps, parce que l’on peut se manquer et ne pas être immédiatement confronté aux soucis du ménage. »

Comment faire en sorte que ce désir de flirt soit satisfait, sans blesser son partenaire ?

« Supposons que vous sortiez avec des amies et que vous flirtiez, est-ce nécessairement mal? Vous ne faites rien de répréhensible, cela peut simplement vous donner un regain de confiance en vous et une énergie positive que vous transmettrez ensuite d’une autre manière à votre partenaire. Ce n’est pas parce que vous avez une attirance pour un·e autre que quelque chose ne va pas dans votre relation. Si une relation devient très exclusive et étouffante, elle peut aussi être pernicieuse pour votre connexion. Si vous regardez les couples échangistes, par exemple, vous constaterez que le fait de sortir ensemble dans des clubs renforcent leur énergie érotique. L’honnêteté, la confiance et le respect sont essentiels. La confiance et le respect s’obtiennent également en concluant des accords ensemble et en s’y tenant. Convenez ensemble des limites à ne pas dépasser et allez aussi vite que le plus lent d’entre vous. Il peut être agréable de rentrer à la maison après une soirée agréable et de pouvoir dire à votre partenaire : ‘J’ai pas mal flirté cette nuit et c’était très amusant, mais je suis tellement contente de pouvoir m’allonger dans tes bras maintenant.’ Cette transparence peut vous rapprocher et même vous soulager du fait que l’autre personne fantasme aussi de temps en temps. Vous avez envie de repousser un peu les limites, mais vous ne savez pas comment vous y prendre? Commencez par partager vos fantasmes avec l’autre. ‘De quoi rêves-tu parfois?’, ‘Qu’est-ce qui te plairait dans le fait de coucher avec quelqu’un d’autre?’ Ces questions peuvent insuffler un peu d’air frais dans la relation et vous permettre de continuer à surfer sur une vague positive. »

Comment éviter qu’une tension sexuelle se créé entre soi et d’autres personnes lorsqu’on s’engage dans une relation monogame?

« La question est de savoir si cela s’impose. Vous n’êtes pas la propriété de l’autre. Aimer, c’est avoir quelque chose sans le posséder. Vous rencontrerez toujours des personnes avec lesquelles vous aurez une certaine tension ou un certaine attirance, et cela ne dit rien sur la qualité de votre relation. Ce qui compte, c’est que vous respectiez les accords conclus dans le cadre de votre relation. Je soulève également la question suivante : votre partenaire doit-il tout savoir ? Si vous avez un bon contact avec un collègue, devez-vous le lui dire ? Si vous savez que vous ne dépassez pas les limites, ce n’est peut-être pas nécessaire. Vous pouvez avoir vos petits secrets sans rien faire de mal pour autant. Je ne parle pas d’envoyer des messages intimes interminables à votre collègue, bien sûr, mais d’un flirt innocent à la machine à café, par exemple. Le fait de flirter avec d’autres personnes peut s’avérer enrichissant et stimulant. Ainsi, vous pouvez tous deux bénéficier de l’énergie sexuelle que cette séduction externe génère. En fait, il est dommage que les frontières ouvertes soient encore parfois si marginalisées. »

Et que se passe-t-il si vous dépassez les limites convenues ?

« Dans ma pratique, j’ai connu beaucoup de couples qui ont été trompés, mais qui ont fini par expérimenter ensemble et se retrouver. La tromperie a été l’élément déclencheur pour en chercher la cause, parler de leurs besoins et de leurs manques, des limites à respecter. Il existe également de nombreux couples qui sont émotionnellement loyaux envers leur partenaire, mais qui aiment rechercher l’excitation et l’énergie érotique avec d’autres personnes, en accord avec leur propre partenaire. Certains préfèrent que ce soit en dehors de leur lit conjugal ou dans des clubs échangistes, par exemple. Le plus important est que les choses soient faites dans le respect des 2 partenaires, et en partant d’une base solide et positive. »

Comment gérer ses propres désirs et la jalousie de son partenaire ? Ou la jalousie à l’égard des envies de son partenaire ?

« Il est important que vous soyez sur la même longueur d’onde et que vous vous sentiez tous les 2 à l’aise. Vous pouvez commencer par partager vos fantasmes avant de repousser les limites. Il est important que le plus lent des 2 donne le rythme. Si quelqu’un se sent forcé, cela ne fonctionnera pas. Vous ne devez pas le faire parce que votre partenaire le veut. Vous pouvez aussi vous en tenir à des fantasmes, où vous faites quelques expériences, comme regarder du porno ensemble ou utiliser des sextoys. La jalousie provient souvent de la peur de perdre l’autre personne ou de sa propre insécurité. Si vous vous engagez en faveur de la connexion, de la sécurité et de la stabilité et que vos bases sont solides, vous pouvez commencer à jouer un peu! »

Faut-il parler du désir de flirt avec sa ou son partenaire?

« Encore une fois, s’il ne se passe rien, faut-il le dire? Flirter a toujours une signification qui n’a pas grand-chose à voir avec la personne en question, mais plutôt avec ce qu’elle représente. Cette personne peut réveiller une part de vous qui vous manque, une partie de vous-même que vous avez peut-être perdue en cours de route. Commencez à examiner cet aspect de vous et discutez-en avec votre partenaire. Comment pouvez-vous donner forme à cette part de vous dans votre relation ? De même, si vous ressentez vous-même de la jalousie, faites quelque chose pour y remédier, sinon elle s’immiscera entre vous. Si vous voulez vous épanouir en tant que couple, cherchez le bon équilibre entre la connexion et l’autonomie. Une relation exige toujours de prendre en compte, de s’adapter et de s’accorder à l’autre, mais sans se perdre soi-même. Il faut savoir s’accueillir, s’encourager, mais aussi se faire confiance et lâcher prise. C’est dans cet équilibre que réside la clé. »

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