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OSÉ POUR VOUS: supprimer Instagram et survivre

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Instagram, c’est comme la clope. On pense qu’on n’arrivera jamais à s’en passer, puis on arrête et on respire mieux.


 

Bien posée sur mon transat’ à Majorque, je discute avec ma meilleure amie, qui se targue d’avoir supprimé Instagram depuis quelques semaines. En découle tout un questionnement sur mon réseau social fétiche. On parle notamment du fameux article de Garance Doré, qui, se confiant sur sa dépression, explique avoir arrêté Instagram sous les conseils de son psychiatre (pour le lire, ça se passe ici). Quant à moi, je ne vis pas exactement la période la plus fun de ma vie et j’ai l’intime conviction qu’Instagram ne m’aide pas à voir le brigh side of life. Déjà, j’y passe un temps con — selon une étude réalisée par Facebook, nous passerions en moyenne 30 minutes de notre journée sur Insta’ (j’ai l’impression d’être au dessus de la moyenne): je ne compte même pas le nombre de fois où, pleine de bonne volonté, je me suis glissée dans mon lit armée d’un bon bouquin, pour finir par écouter Miss Blogueuse livrer ses états d’âme sur la nouvelle collection Bershka. C’est ce qu’on appelle s’endormir plus bête. Le pire, à côté de cette sensation de perdre son temps, c’est de regarder des choses inintéressantes, savoir que ça l’est et continuer quand même. On est à combien sur l’échelle de l’absurdité?

 

 

Ce qui joue aussi dans mon envie de supprimer définitivement l’appli’ à l’appareil photo rétro: les gueules de bois Instagramiennes. Vous voyez très bien de quoi je parle: c’est cette sensation désagréable qui vous submerge après avoir posté une Story un peu con. Exemple: après trois Moscow Mule, vous publiez une vidéo de votre meilleure amie en train d’embrasser la table de la cuisine. Sur le moment, ça vous semble super lolilolle nombre de personnes qui ont regardé votre story). Je parle aussi de toutes les “story” qui n’intéressent que vous: votre café du lundi, votre resto’ du mardi et votre chien qui ronfle…

Quand je postais, ces questions me turlupinaient de plus en plus: tu essayes de prouver quoi? À qui? Pourquoi? Ces questionnements sont plus virulents encore quand vous n’êtes pas bien dans vos baskets: vous remarquez avec stupeur et tremblements le contraste entre votre chaos mental et la vie parfaitement rangée que vous affichez sur votre feed.

J’aurais pu documenter mes vacances à Majorque — immortaliser mes pieds dans le sable, mes jambes bronzées, la mer à perte de vue au petit-déjeuner—. Aux yeux du monde entier (mes 800 followers, calmons-nous), je serais passée pour une meuf très heureuse. On aurait même pu m’envier, sans se douter une seconde qu’en fait, ma vie n’était pas toute rose, et mon corps pas si bronzée. Vous voyez: on participe tous à faire croire que tout est beau, lisse et drôle. On participe tous à cette pièce de théâtre parfaitement mise en scène. Et ça, ça me dérangeait.

 

1 mois sans Instagram: tout va bien


C’est pour toutes ces raisons que j’ai supprimé l’application et désactiver temporairement mon compte. Verdict? Ça va, je tiens (On dirait Lindsay Lohan en cure de désintox, je le conçois). Bizarrement, connaître la vie intime de toutes ces personnes à qui je ne dirais même pas bonjour en vrai, ne me manque pas. Ne pas admirer le samedi soir déjanté de mes potes alors que je suis bien pépère devant On n’est pas couchés me fait même plutôt du bien. Bien sûr, il subsiste cette impression super triste de “vivre les choses pour rien”. Bah oui, à quoi ça sert d’avoir été ce week-end à un showcase privé d’Angèle ou au Brussels Fashion Days, d’avoir dévoré un brunch dans de la vaisselle vintage et d’avoir préparé un gâteau si ce n’est même pas pour en faire profiter le monde entier (on est toujours à 800 abonnés, calmons-nous)?

Dimanche, dans mon bain, j’ai même regretté de ne pas pouvoir photographier mes pieds vernis dans la mousse, et puis, j’ai reconnecté au plaisir de lire un bouquin. En général: j’aurais peut-être pris une photo de mes pieds vernis et de mon livre, pour au final n’en lire que 3 lignes et demi. On est à combien sur l’échelle de l’absurdité?

 

 

Je ne vous apprends rien si je vous dit que ça fait du bien d’être davantage dans le moment présent et un peu moins sur son téléphone. Alors oui, bien sûr, je vais encore checker mes comptes Instagram préférés et je vais très certainement ré-activer mon compte un de ces quatre. Bien sûr, Instagram est aussi une mine d’or d’inspiration et de beau. Mais le beau est aussi ailleurs. Si vous n’êtes pas dans un bon mood, je peux vous assurer que vous éloigner d’Instagram un temps ne peut vous faire que du bien. Vivez les choses pour vous; elles n’en seront que plus belles #NoFilter

 

 

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