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Pensée positive - Getty

PENSER POSITIF: une attitude mentale qui nous veut du bien

Manon de Meersman

Les livres de développement personnel se multiplient et remplissent les étals de nos librairies favorites. Parmi les centaines d’ouvrages qui jonchent les présentoirs, une poignée aborde la pensée positive. Mais de quoi s’agit-il concrètement? Dans quoi ce fonctionnement s’inscrit-il?

La pensée positive est plutôt simple à comprendre. En effet, elle invite tout un chacun à axer son attention, comme son nom l’indique, sur le positif. « C’est partir de l’idée que, dans notre vie, nous sommes conditionnés à critiquer ce qui ne va pas. Le cerveau humain est biologiquement programmé pour porter son attention sur le négatif, explique Marie-Aline Tihon, coach sensibilisée au fonctionnement des émotions et spécialisée dans les accompagnements de mission de vie avec sa société Rêves-Elle-Toi, on prend du recul pour voir ce qu’on a déjà et on porte notre regard sur ce qui fonctionne. » Lorsqu’on décide d’adopter un tel mindset, nous nous positionnons alors en tant qu’acteur·rice de notre vie. ”Cela demande de comprendre et
maîtriser les notions d’optimisme et de pessimisme, ajoute Nina Aala Amdjadi, psychologue et psychothérapeute systémicienne. L’optimisme s’apprend. Il nous invite à adopter des pensées et une vision du monde où un événement négatif qui survient est temporaire et comprendre que l’on peut toujours agir dessus. Nous ne sommes pas passifs face à la situation. »

Changer sa pensée face au monde

Silvia, 44  ans, grande passionnée d’équitation formée en comportementalisme canin et cheffe de projet
dans le digital, a adopté la pensée positive il y a des années maintenant.  “J’ai toujours été très positive et optimiste, et j’intègre naturellement la pensée positive depuis toujours dans mon quotidien, explique-t-elle. A chaque moment de la journée, j’aime être consciente de ce que je suis en train de vivre. Je profite de chaque instant, et je m’en sens reconnaissante en même temps. Je suis littéralement dans la pleine conscience du moment, et je savoure, purement et simplement.” Cela lui apporte un véritable sentiment de bien-être et de bonheur intérieur. “ Il y a dans la pensée positive un rayonnement que l’on a envie de partager avec les autres car certaines personnes n’ont pas cette gymnastique du cerveau ou cette facilité, qui amènent pourtant à une autre vision, et qui apporte cette touche de bien-être.”

La pensée positive s’inscrit dans une démarche de développement personnel. « Elle nous rappelle que nous sommes responsables de notre vie », explique Nina Aala Amdjadi, qui ajoute que la pensée positive nous invite alors, dans ce contexte, à créer de nouveaux schémas de pensées. « La pensée positive nous propose une série d’exercices visant à changer nos patterns neuronaux. C’est-à-dire que nos neurones sont comme des autoroutes, et ils ont l’habitude de prendre les mêmes chemins. Cependant, il arrive que ces chemins ne correspondent pas, ce qui, de facto, amène à des pensées négatives. Avec la pensée positive, nous créons de nouveaux chemins. » Il s’agit très fort d’autosuggestion, et pour parvenir à ce stade, afin de penser positif, il existe plusieurs moyens et exercices capables de bercer nos pensées.

La gratitude

La gratitude: cet exercice consiste à s’entraîner à exprimer notre gratitude. « Que ce soit envers soi-même: ‘merci à moi-même de m’être offert une belle journée en ayant pris soin de moi’, ou envers les autres – puisqu’on ne se centre pas uniquement sur sa propre personne: ‘merci d’avoir fait à manger’ » détaille Nina Aala Amdjadi. Cet exercice peut prendre plusieurs formes: soit via un carnet de gratitude, soit à l’oral avant de s’endormir, par exemple.

La marge de manoeuvre

« Lorsque nous sommes pris dans nos problèmes, nous avons parfois l’impression qu’il n’y a rien à faire, commence Nina Aala Amdjadi. L’idée est alors de resituer notre marge de manœuvre. Par exemple: vous êtes en burn out, mais vous continuez à aller au boulot. Quelles seraient les options? Quelles solutions existent? Il ne faut pas avoir peur de demander de l’aide. Et se rappeler que nous sommes acteurs, et que nous ne subissons pas le poids de notre vie. »

Les phrases positives

Les phrases positives: se répéter une poignée de phrases qui motivent et mettent du baume au cœur, afin de s’ancrer dans une démarche positive et driller son esprit en la matière. Il existe en réalité une pléthore d’exercices, et ceux-ci n’en sont que des exemples, comme l’illustre Silvia, pour qui tout est question de perspective. « J’ai appris à apprécier chaque jour pour ce qu’il a à nous apporter: rien que pouvoir se réveiller le matin est une chance, être en bonne santé aussi. En fait, ce sont dans toutes les petites choses du quotidien que ça va se traduire: me promener et apprécier le chant d’un oiseau. S’il pleut, je me concentre sur l’odeur ou le bruit de cette dernière que j’aime particulièrement. Si je cherche une place de parking, et que j’en trouve une seulement à 15 minutes de marche, je profite de ce temps pour prendre l’air. »

Les pièges de la pensée positive

Si sur papier, la pensée positive a de quoi séduire, il ne faut cependant pas tomber dans ses nombreux pièges. En effet, cette attitude mentale a des limites, et il vaut mieux en être averti·e avant de s’y embarquer, au risque de s’écorcher, plutôt que de s’élever.

C’est important de ne pas croire que si on se concentre uniquement sur le positif, alors on ne doit plus accueillir tout ce qui est négatif.

nuance Nina Aala Amdjadi. “Il faut faire attention à cette dimension car pour pouvoir aller chercher ses émotions de manière générale, il faut également déceler ce qui est désagréable. On ne peut pas uniquement vivre des moments agréables, et si on décide de se concentrer seulement là-dessus, ça risque plutôt de nous desservir. Les émotions, qu’elles soient positives ou négatives sont notre boussole pour savoir si nous sommes sur le bon chemin. On ne peut nier cette partie désagréable. » Mais la réalité est telle qu’il est facile de ne vouloir voir que le positif, et là se trouve le plus grand piège de la pensée positive: tomber dans le déni de ses émotions négatives et insister sur le positif, dans tous les aspects de notre vie. « On a peur de nos émotions négatives car elles nous mettent face à une réalité que nous n’aimons pas, explique Marie-Aline Tihon. Même s’il y a un contrôle et que l’on décide de ne rien montrer, le corps va le ressentir et traduire nos émotions négatives – peur colère tristesse – et il y a alors un double effort puisque nous tentons de camoufler ces sentiments à cette part de nous consciente. » De ce point de vue, se forcer à voir les choses uniquement sous le prisme du positif, c’est refouler nos émotions au fond de nous, et reléguer au second plan nos blessures. « Au lieu de se forcer à ne voir que le positif, l’idéal est d’aller explorer les pensées négatives, comprendre d’où elles viennent et se donner la permission de les ressentir.

On parle de traitement des émotions. Et une fois qu’on les écoute et qu’on décrypte le message derrière, alors on peut s’autoriser à voir le positif. » Pour Vex King, influenceur, écrivain, coach et entrepreneur, auteur du livre “Cultivez l’énergie positive”, c’est très simple: « Ne pas tenir compte de vos émotions négatives, c’est comme laisser un poison circuler dans votre corps.

Apprenez à comprendre ce que vous ressentez, non pas pour amener de force des pensées positives, mais pour transformer vos pensées négatives en quelque chose de plus sain, afin de vous sentir mieux. 


C’est ainsi que l’on comprend que la pensée positive n’est intéressante que si elle est combinée à un véritable travail axé sur les insécurités, les traumas, et les émotions. « La pensée positive, c’est la final touch » déclare Nina Aala Amdjadi. « La pensée positive s’adresse effectivement aux personnes qui ont une démarche de guérison intérieure, de thérapie où on va à la rencontre de ses émotions, ajoute Marie-Aline Tihon. La pensée positive ne doit pas être un by-pass, c’est-à-dire, une excuse pour ne pas vivre son émotion. Par exemple, typiquement, prenons la situation où un enfant a perdu son nounours. Le premier réflexe des parents est de lui racheter un doudou similaire. Il s’agit là d’une erreur puisqu’ils ne laissent pas l’enfant vivre son deuil. Il s’agit d’un by-pass. » Silvia a bien conscience de l’importance de ne pas délaisser ses émotions négatives, et ce, malgré son quotidien empreint de la pensée positive. Une nouvelle fois, il s’agit d’une question de perspective. « Les émotions négatives existent, mais dans une situation moindre. Si quelque chose de négatif se présente à moi, je vais me dire: ‘quel est le pire qui peut arriver face à cette situation? C’est vraiment la question que je vais me poser en premier lieu. En se la posant, on se rend compte que les conséquences sont souvent moins graves que ce que notre émotion primaire aurait en réalité pu nous communiquer. » C’est dans une optique de pratique éclairée de la pensée positive que Marie-Aline Tihon encourage à adopter cette attitude mentale. « Si on adopte la pensée positive avec un regard aiguisé, avec tout ce que l’on a au fond de soi, émotions – positives comme négatives –, traumas, insécurités… alors, la démarche est intéressante. Il faut être capable de mettre le doigt sur ce qui nous rend triste, en colère, ou autre. En somme, l’idée est de rassembler les deux: vivre des peurs tout en ayant une pensée positive. De cette manière, on évite le piège et on se place dans une optique de ‘et’ plutôt que de ‘ou’. » Marie-Aline Tihon évoque à ce propos la métaphore du piano. « On peut tout à fait jouer des graves et des aigus à la fois. En termes de développement personnel, cela signifie que l’on peut très bien à la fois être face à la réalité et se plonger dans la pensée positive en même temps. »

Epanouissement et bien-être

Silvia a mis des années avant d’arriver à un bien-être comme celui dont elle jouit aujourd’hui grâce à la pensée positive. « Aujourd’hui, je prends conscience du travail qu’il y a eu derrière. Et je peux dire que j’ai maintenant tous les outils en main », explique-t-elle, avant de préciser qu’elle ne nie pas la réalité, que du contraire. « J’ai une approche différente des évènements, ce qui ne signifie pas pour autant que nous, les personnes qui pratiquons la pensée positive, faisons les autruches. Je ne vis pas dans un monde de Bisounours, j’en ai réellement conscience. Je me dis juste que même dans des situations qui peuvent paraître dramatiques, il y a toujours des choses positives à en retirer », conclut-elle. Car, comme l’illustre à merveille Vex King dans son ouvrage, « la pensée positive, c’est choisir les idées qui vous rendent plus fort, et non celles qui vous limitent.”

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