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Pourquoi je n’arrive pas à oublier mon ex?

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Certaines personnes que l’on a aimées restent encore dans nos pensées des années après la rupture. Tout nous pousse à les oublier et pourtant, ces exs occupent inlassablement un coin de notre tête. Comment couper le cordon et laisser le passé derrière soi?

Jonas, 36 ans, est enseignant.

« En secondaire, on était les meilleurs amis du monde. On est sortis ensemble après l’université. On a grandi ensemble, je connaissais bien sa famille et elle connaissait la mienne. Alors que nous vivions ensemble depuis 5 ans, je l’ai surprise en train de coucher avec l’homme avec lequel elle a maintenant des enfants. Ma vie entière s’est brisée; je n’ai jamais connu autant de douleur. Nous sommes maintenant 10 ans plus tard et j’ai eu quelques relations entre-temps – je suis d’ailleurs en couple depuis 2 ans maintenant – mais cela n’a jamais été comme avec L. Il y a des périodes où je rêve d’elle, puis j’en suis vraiment dégoûté pendant des jours. Je suis une thérapie depuis un certain temps, parce que je veux vraiment aller de l’avant et me débarrasser de son fantôme. Mais même si elle m’a fait du mal, elle me manque toujours. Je pense que je n’ai plus connu le bonheur depuis cette rupture. »

Aline, 33 ans, est graphiste.

« Au début de notre relation, il y a presque 4 ans, j’ai fait une grosse erreur: j’ai couché avec quelqu’un d’autre. Nous étions en dispute depuis une semaine quand c’est arrivé. J’avais peur qu’il me largue, ce qui n’a finalement pas été le cas. Je pensais que nous étions en pause, et il a senti que j’avais violé sa confiance. Quoi qu’il en soit, il ne m’a jamais pardonné, et je ne le me suis jamais pardonnée non plus. C’est la raison de notre rupture et je le regrette encore tous les jours. Nous étions vraiment bien ensemble, même si on se disputait de temps en temps. J’ai essayé pendant des mois qu’on se remette ensemble, mais pour lui, c’était fini. On se croise de temps en temps quand on sort, car nous vivons dans la même ville, mais il se montre distant à chaque fois. Je sais qu’il m’aime toujours, mais quoi que je fasse, il ne veut pas nous donner une autre chance, il est très attaché à ses principes. C’est tellement frustrant... Cela fait plus d’un an, mais je me sens toujours mal à ce sujet. Cela me ronge, ma vie est au point mort, mais je ne peux ni ne veux aller de l’avant. J’ai l’impression d’avoir gâché ma chance d’avoir un bel avenir avec lui. Tout ça à cause d’une stupide erreur. »

Shari, 31 ans, est assistante de production.

« Mon ex était un grand amateur de musique, et je ne peux toujours pas écouter certaines chansons ou me rendre dans sa ville sans être un peu triste. Tout le monde dit que le temps guérit toutes les blessures, mais je pense que ce n’est que partiellement vrai. Je vais bien et je suis heureuse avec mon petit ami actuel, mais certains souvenirs me taraudent encore. »

Oui, c’est normal!

« Aussi douloureux que cela puisse paraître, il est tout à fait naturel de penser à son (ses) ex(s) » explique Vanessa Muyldermans, thérapeute de couple. « Vous avez partagé, construit et vécu quelque chose ensemble, il est donc logique que cette personne occupe vos pensées de temps en temps. Par contre, cela ne veut absolument pas dire que vous êtes faits l’un pour l’autre ou que vous devez vous revoir.

Les gens s’imaginent parfois que ce n’est pas permis, ce qui les pousse à chercher trop de sens derrière cela. On pense à tort que c’est bizarre, alors qu’au contraire, ne pas y penser du tout indique une dissociation ou un blocage.

Lorsque nous effaçons nos souvenirs et nos expériences, comme dans le merveilleux film The Eternal Sunshine of the Spotless Mind, nous effaçons également une partie de nous-mêmes. Après tout, les personnes avec lesquelles nous avons partagé une vie ont façonné ce que nous sommes aujourd’hui. D’ailleurs, penser à son ex ne doit pas nécessairement être une menace pour le nouveau partenaire; cela peut tout à fait coexister. C’est pour cette raison que je déteste le terme ‘oublier’ poursuit Vanessa Muyldermans. Il faut plutôt apprendre à y penser différemment. Cela peut se faire de n’importe quelle manière. Par exemple, si vous en ressentez le besoin, il devrait être tout à fait possible de continuer à raconter des histoires que vous avez vécues ensemble. Cet ex n’a pas besoin d’être soudainement réduit au silence. Vous pouvez également conserver des photos au lieu de vider immédiatement votre disque dur. À moins que la relation n’ait été très toxique, un ex a tout à fait le droit de rester dans votre vie, d’une certaine manière. » déclare Vanessa Muyldermans.

David, 36 ans, est ingénieur et vit à Berlin.

« Caroline et moi nous sommes rencontrés il y a 11 ans, alors que nous vivions toutes les 2 à Berlin. Son appartement se trouvait au coin de la rue, elle venait donc chez moi presque tous les jours. Très vite, nous avons commencé à tout faire ensemble. Nous avions donc notre rituel du dimanche, qui consistait à bruncher avant d’aller nous balader. J’y repense encore souvent. Au bout d’un moment, on a fini par coucher ensemble, mais comme je sortais d’une longue relation, je lui ai dit que je ne voulais rien de sérieux. Par la suite, j’ai eu envie de quelque chose de plus, mais c’était à son tour d’avoir des raisons pour ne pas s’engager. C’était comme si on se loupait toujours.

On a passé 6 ans à se fréquenter. C’était intense! Mais j’ai l’impression que nous n’en avons pas tiré tout le bénéfice possible. Un jour, nous nous sommes disputés violemment, c’était tellement complexe... Depuis, elle ne veut plus rien savoir de moi. Entre-temps, elle vit de nouveau en Belgique et cela fait 5 ans que nous ne nous sommes pas vus. La dernière fois qu’elle est venue à Berlin pour rendre visite à des amis, elle ne m’a rien dit. Depuis, j’ai une nouvelle petite amie, une femme vraiment géniale, mais je pense encore au passé tous les jours. Je suis même une thérapie pour cela. Ma petite amie veut commencer à avoir des enfants, mais mes sentiments pour Caroline m’en empêchent. »

Quinten, 36 ans, est enseignant.

« Mon amoureuse est enceinte de 5 mois et n’a absolument plus envie de faire l’amour. Je le comprends, bien sûr, mais malheureusement, ça me pousse à penser plus souvent à mon ex. Elle et moi avions eu une vie sexuelle débridée. Elle a été ma première amante sérieuse, avec qui j’ai vécu pendant 2 ans quand on était étudiants. Katrien était quelqu’un qui sortait souvent et qui aimait expérimenter au lit. Nous étions jeunes et aventureux et nous nous sommes bien amusés. Lorsque j’ai déménagé récemment, j’ai retrouvé des photos de nous deux. J’avais l’impression d’être si libre et si heureux. Construire une famille, ce que je désire vraiment, je ne pourrais jamais le faire avec elle, mais maintenant que tout semble si sérieux et mature, ces moments sauvages et spontanés me manquent. Et je crains que cela ne devienne de plus en plus difficile avec l’arrivée du bébé. »

Ai-je un problème?

À partir de quand penser à son ex devient-il problématique?

Lorsque, par exemple, vous laissez une porte ouverte à quelqu’un de votre passé et que, par conséquent, vous n’arrivez pas à avancer dans votre vie actuelle.

, répond Vanessa Muyldermans. « Ou lorsque vous comparez constamment chaque partenaire à votre ancienne relation. À cet égard, il est très important de se livrer à une introspection. Allez à la découverte de ce qui vous manque exactement. Il arrive souvent que l’on commence à faire abstraction de certains éléments négatifs du passé, surtout si l’on est célibataire ou si l’on est à la recherche d’un partenaire depuis longtemps.  Il est important de regarder le tableau dans son ensemble, de ne pas minimiser la douleur et de ne pas surévaluer les bons moments. Votre entourage peut vous y aider en vous donnant une vision réaliste des faits. »

« Souvent, la nostalgie de la personne que vous étiez à l’époque joue également un rôle », poursuit Vanessa Muyldermans. « Si vous repensez aux histoires que vous avez eues pendant vos études par exemple. Souvent, cela ne tourne pas autour d’un ex, mais d’une période particulière de votre vie. Si vous avez connu des années incroyables, comme un Erasmus à l’étranger, par exemple, il est trop facile d’y repenser avec mélancolie et de les associer à un partenaire. Souvent, cela est davantage lié à la situation générale qu’à une personne en particulier. Sur le plan sexuel également, cette comparaison faussée se produit trop rapidement. Peut-être que le sexe avec votre ex était vraiment incroyable, mais vous étiez jeunes et insouciants, bien dans votre peau, vous n’aviez pas un travail chargé et stressant ou vous n’étiez pas fatigué à cause des enfants... Posez-vous donc la question: est-ce que je me sens seul, est-ce que c’est la personne qui me manque, est-ce que je me languis de cette période de ma vie? Ensuite, si vous êtes toujours convaincu que c’est l’ex en question qui vous manque, travaillez sur cette douleur. Déterminez pourquoi vous souffrez encore autant après tout ce temps et tirez-en les leçons. Si vous avez commis une erreur à l’époque, ou si vous n’avez pas donné suffisamment de chances à la relation, assurez-vous de le faire maintenant. Car si nous osons regarder la situation en face, la fin d’une relation est une formidable opportunité d’apprentissage. »

« Penser à un ex peut aussi être le signe que vous vous posez encore des questions et que vous n’avez jamais réussi à mettre un terme à cette histoire » explique Vanessa Muyldermans. « Même longtemps après la rupture. Il peut être utile de demander à votre ex de le revoir pour faire le point (avec l’accord de votre et de son ou sa partenaire actuel·le). Ne le faites qu’avec un objectif concret à l’esprit, ne vous contentez pas d’exiger un rendez-vous. Si l’occasion ne se présente pas, je demande parfois à mes clients d’écrire une lettre à leur ex (qu’ils n’envoient jamais par la suite) ou de parler à une chaise vide. Ils doivent alors dire tout ce qu’ils veulent encore dire. Si un élément de votre passé affecte négativement votre présent, voire le bloque, vous devez y travailler. Une conversation ou une thérapie peut vous aider à donner au passé sa juste place et à aller de l’avant. »

James, 40 ans, est un professionnel de l’informatique vivant à New York.

« J’ai vécu des moments spectaculaires avec mon petit ami de l’époque pendant 3 ans. Il travaillait à Londres dans le secteur de la mode, ce qui nous permettait d’aller à toutes les fêtes, ou parfois de voyager à New York ensemble. Mais il était assez intense et on se disputait pour la moindre chose, si bien que j’ai fini par rompre. La rupture a été dramatique… Il m’a même harcelé pendant un moment. Mais en dehors de toute cette folie, qui m’a démontré que la rupture était le bon choix, nous avons aussi passé beaucoup de bons moments ensemble. Et même si c’est moi qui ai décidé de rompre avec lui, il me manque toujours. Par exemple, je fantasme souvent sur lui, parce qu’honnêtement, c’est le meilleur coup que j’ai jamais eu. Par la suite, je me suis parfois demandé si je ne devais pas discuter avec lui et espérer qu’il change, mais ma sœur est toujours parvenue à me convaincre de ne pas le faire. Je suis conscient de ma valeur et je sais que personne ne devrait pas me traiter de la sorte. Et pourtant... cette passion continue de me manquer, je n’ai rien connu de similaire depuis. »

Tara, 39 ans, est consultante en nutrition et habite à Rotterdam.

« J’ai plusieurs exs qui me manquent! Tous ceux que j’ai aimés me viennent encore souvent à l’esprit. J’éprouve parfois certains regrets, mais cela fait partie de la vie, je suppose. Par contre, je ne regrette aucune relation, même les plus toxiques. Chaque partenaire m’a appris quelque chose. Ils m’ont enseigné des expériences intéressantes et m’ont montré des situations que je n’aurais jamais connues autrement. »

Ce fut beau

Les ex et les chagrins d’amour font partie de la quête de soi. C’est de cette façon que l’on découvre qui l’on est et ce que l’on veut. Alors vivez ces belles expériences, laissez votre cœur se déchirer quelques fois et n’hésitez pas à y repenser avec nostalgie des années plus tard. Car comme le dit Vanessa Muyldermans: « Nos ex-partenaires et les souvenirs qui les accompagnent font de nous ce que nous sommes. » Laissez-moi vous rappeler une citation de Butters dans South Park. Après avoir été largué par une serveuse, on le retrouve pleurant sous la pluie. Au moment où l’on commence à avoir pitié de lui, il se lance dans un monologue que même Esther Perel lui envierait: « La seule raison pour laquelle je me sens si triste aujourd’hui est le fait d’avoir ressenti tant de bonheur avant. Je dois donc prendre le mauvais avec le bon. Je suppose donc que ce que je ressens est une belle tristesse. »

5 étapes pour y voir plus clair

Réalisez que c’est normal

La fin d’une relation est toujours synonyme de deuil, même s’il s’agissait d’une relation toxique ou d’un choix que vous avez vous-même posé. Vous avez partagé et aimé quelqu’un pendant un certain temps, il est normal d’y repenser. Réalisez que c’est logique et regardez ce chagrin sous le bon angle.

Examinez ce qui vous manque

Examinez ce qui vous pose problème et ce qui vous manque exactement. Vous vous sentez seul·e, vous êtes nostalgique d’une certaine période, vous vous posez des questions sur votre vie, ou cet ex vous manque-t-il vraiment? Ce faisant, soyez la plus honnête possible avec vous-même.

Reconnaissez les sentiments difficiles

Reconnaissez et acceptez les sentiments difficiles qui accompagnent le chagrin d’amour. Lorsque nous les nions, les minimisons ou les repoussons, ils continuent à s’enraciner en nous. Si nous voulons que la tristesse diminue, il est important de lui faire face. Le temps et l’intensité du chagrin varient d’une personne à l’autre, donc allez-y à votre rythme.

Envisagez un rituel de fin

Vous avez encore des questionnements? Envisagez une conversation ou un rituel de clôture. Avec ou sans thérapeute / chaise / lettre/ symbolique... Faites ce rituel avec un objectif concret en tête.

N’essayez pas de l’oublier

5. Considérez le fait de « l’oublier ​​​​​​​» comme une manière de penser à lui·elle différemment. Ce n’est pas parce que vous ne devez plus voir cette personne que vous ne pouvez pas vous en rappeler. Les gens n’ont pas besoin d’être physiquement présents pour avoir une place dans votre cœur ou dans votre vie. C’est vous qui décidez de cette place.

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