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Pourquoi se met-on si souvent en colère?

Les embouteillages sur le ring. La politique belge. La guerre à Gaza. Tant de choses peuvent nous mettre en rogne au quotidien. Mais comment apprendre à mieux la canalyser ?

Si parfois, la colère peut être un catalyseur, il arrive qu’elle gronde trop fréquemment. Flair explore les raisons d’une révolte trop présente et ce que vous pouvez faire pour y remédier.

Ce qui vous met en colère

Lise, 45 ans « Je ressens beaucoup de frustration, à cause d’un déséquilibre dans mon couple depuis quelques années. Tout me revient: du ménage, à l’éducation des enfants, en passant par la planification de l’agenda. Mon partenaire prend très peu d’initiative. Par ailleurs, mes enfants sont souvent en colère contre moi parce que je fixe des limites. Je cherche des solutions depuis longtemps, mais ma patience est à bout. Je pleure souvent et mon mari consulte (enfin) un psychologue. Le fait qu’il commence à comprendre la dynamique et qu’il me laisse me défouler m’aide. Pour ma part, j’essaie de me consacrer activement à autre chose, en voyant des amis ou en faisant du sport en groupe, par exemple. »

Catherine, 35 ans « C’est un cliché, mais les embouteillages m’exaspèrent. Je travaille souvent à domicile, mais lorsque je dois me rendre au bureau, je passe invariablement des heures dans la voiture. C’est une perte de temps qui me donne envie de hurler à la mort ou d’insulter le monde entier. Je commence sérieusement à envisager un abonnement de train, mais je sens que les grèves pourraient aussi m’énerver. »

Amina, 23 ans « Il y a tellement de raisons d’être en colère : la guerre à Gaza, le racisme, le climat... Tout cela me garde parfois éveillée. J’essaie de m’impliquer activement en participant à des marches de protestation ou en sensibilisant d’autres personnes à ces questions, mais le fait que rien ne change ou presque me met en colère. »

Eveline, 33 ans « Les fautes d’orthographe en anglais et en particulier l’utilisation incorrecte de ‘woman’ au lieu de ‘women’ ou de ‘there’ au lieu de ‘they’re’. Dans beaucoup de mèmes, ces mots sont mal écrits et ça m’irrite! »

Gilles, 34 ans « Il m’arrive régulièrement d’être furieux à l’aéroport. Il faut vraiment m’expliquer pourquoi les compagnies aériennes laissent les passagers embarquer pour les laisser debout dans l’entrée de l’avion pendant une demi-heure ! Et je suis également exaspéré par les gens qui essayent de monter dans un bus avant même que les autres passagers soient sortis. Attendez votre tour, s’il vous plaît. »​​​​​​​

Les gens qui restent sur le côté gauche de l’escalator m’exaspèrent. Rester immobile, c’est à droite, marcher, c’est à gauche. Ce n’est pas si difficile, quand même!

Sophie, 31 ans « Le déni de la science m’exaspère. Je travaille pour une grande entreprise pharmaceutique et, pendant la pandémie, j’ai été extrêmement agacée par les anti-vax qui propageaient des théories de conspiration absurdes et des mensonges. Nous avons accès à tant d’informations de nos jours et pourtant certaines personnes ne veulent pas accepter le consensus scientifique. C’est débile! »

Myriam, 31 ans « Les gens qui envoient des messages dans la rue et ne regardent donc pas où ils vont et les gens qui restent sur le côté gauche de l’escalator. Rester immobile, c’est à droite, marcher, c’est à gauche. Ce n’est pas si difficile, quand même! »

Christelle, 36 ans « Mon amoureux et moi essayons de faire un enfant depuis un certain temps, mais nous n’y parvenons pas. Le médecin nous a dit que le stress pouvait être un facteur important et je le sais, mais je n’arrive toujours pas à être zen. Lorsque quelqu’un autour de moi tombe enceinte, j’essaie d’être heureuse pour elle, mais secrètement, je suis jalouse et en colère que cela ne fonctionne pas pour nous. Cela me semble tellement injuste parfois. »

Barbara, 34 ans « L’ignorance numérique et la mauvaise volonté des baby-boomers me mettent en colère. Déjà en 2005, j’ai dû installer un antivirus sur l’ordinateur familial parce que mes parents n’y connaissaient rien et n’ont même pas essayé. D’accord, c’était nouveau à l’époque et les jeunes apprennent plus vite. Mais en attendant, ils n’arrivent toujours pas à installer Netflix sur leur smart-TV eux-mêmes. Nous sommes en 2024 et ils ne veulent tout simplement pas apprendre! »

Chaque personne a des boutons différents, de l’orgueil à la colère. Lorsque quelqu’un appuie sur l’un de ces boutons, cela déclenche une pensée, puis un sentiment.

Pourquoi nous mettons-nous si souvent en colère ?

On se met tou·te·s en colère un jour ou l’autre! Peut-être vous êtes-vous déjà demandé d’où provenait cette colère, et comment avait-elle été déclenchée? Le philosophe, Jan Flamend, s’est penché sur la question et explique où se trouvent les racines de notre colère selon des scientifiques de différents domaines et de différentes époques.

Le cerveau reptilien

Pour les biologistes évolutionnistes, la réponse est simple. Notre cerveau n’a pas évolué avec la société complexe dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Ils parlent d’inadéquation. Nous sommes toujours coincés avec un morceau de cerveau datant de la préhistoire. « Le cerveau reptilien qui vise à détecter le danger et à nous faire réagir avec précision », précise Jan Flamend. Le cerveau reptilien est un terme inventé par le neuroscientifique Paul MacLean qui désigne les couches les plus profondes de notre cerveau. Cette ancienne partie du cerveau serait un vestige évolutif de nos ancêtres reptiliens et serait responsable de la régulation des fonctions de base telles que le mouvement, la respiration, la faim, la survie et la reproduction. Même l’émotion primitive qu’est la colère proviendrait directement de notre cerveau reptilien. Bien que l’hypothèse de Paul MacLean ait été réfutée au cours des dernières décennies, sa théorie reste influente. Ainsi, la prochaine fois que vous attaquerez l’imprimante dans un accès de rage parce que les cartouches d’encre sont encore une fois épuisées, vous pourrez rassurer vos collègues : « Sorry, c’était mon cerveau reptilien ».

Les 4 humeurs

Autre théorie démentie depuis : celle des 4 humeurs. Les Grecs et les Romains de l’Antiquité pensaient que l’état d’esprit d’une personne était déterminé par l’équilibre ou le déséquilibre entre 4 fluides corporels qui gèrent le fonctionnement de notre corps et de notre esprit: « le sang, la bile jaune, la bile noire et la lymphe », développe Jan Flamend. Le savant grec Hippocrate est le parrain des 4 humeurs et le médecin romain Galien s’est appuyé sur sa théorie, qui a perduré jusqu’au 19e siècle. Aujourd’hui, nous savons que la colère n’est pas due à un excès de bile, mais la théorie des humeurs de Galien a laissé des traces dans notre vocabulaire. Il suffit de penser à l’expression ‘décharger (ou déverser) sa bile’ qui signifie se soulager en s’abandonnant à la colère.

Les trois C

Si le cerveau reptilien ou les 4 fluides de vie ne sont pas à l’origine de notre colère, qu’en est-il? Selon le psychiatre américain, Aaron Beck, la réponse se trouve dans nos faiblesses, ou «boutons». Chaque individu a des boutons différents, de l’orgueil à la jalousie. Lorsque quelqu’un appuie sur l’un de ces boutons, cela déclenche une pensée, puis un sentiment, dont la colère. La colère n’est donc pas primitive ou innée, mais une conséquence de nos pensées. Aaron Beck a mis au point la thérapie cognitivo-comportementale pour faire prendre conscience aux patients de leurs schémas de pensée négatifs et leur apprendre à s’en défaire grâce aux trois C : Catch (attraper), Check (vérifier), Change (changer).

1. Attrapez la pensée qui déclenche vos émotions.

2. Vérifiez si cette pensée est correcte ou utile.

3. Transformez la pensée négative en quelque chose de positif.

La forme de psychothérapie de Beck est encore utilisée aujourd’hui, mais même sans séance avec un psychologue, vous pouvez apprendre à ajuster votre comportement en prenant conscience de vos déclencheurs. La prochaine fois que vous vous mettrez en colère, attardez-vous sur la pensée sous-jacente. Quelle en est la cause : jalousie, frustration, ego ? Vos pensées sont-elles correctes ou logiques ? Essayez ensuite de réorienter ces pensées négatives.

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