Nous savons désormais que chacun·e possède un QI, ou intelligence intellectuelle, mais il existe aussi le QE, ou l’intelligence émotionnelle, qui reflète le degré de « compétence émotionnelle » d’une personne. On vous explique ce que ça signifie!
Avez-vous déjà eu l’impression que vos émotions fusaient dans tous les sens? Comme si vous étiez parfois submergé·e par un tsunami de sentiments? Bonne nouvelle: c’est tout à fait normal.
« Lorsqu’il s’agit du QE d’une personne, 2 questions peuvent être posées: comment une personne gère-t-elle ses propres émotions et celles des autres, et comment réagit-elle face à l’adversité », déclare d’emblée Wendy de Pree, psychologue et thérapeute comportementale. Elle est à l’origine du centre d’expertise Learn Positive Thinking et auteure du livre What Really Works for Children Who Are Quickly Anxious.
Wendy de Pree: « L’intelligence émotionnelle implique une série d’aptitudes, de compétences et de qualifications non cognitives. Elles n’ont rien à voir avec les capacités de réflexion ou la compréhension analytique, mais sont très importantes pour le fonctionnement de la vie personnelle et les situations sociales. En fait, elle peut permettre à une personne d’éprouver un plus grand sentiment de bonheur, de nouer de meilleures relations et de mieux résister aux échecs et aux pressions exercées sur elle par son environnement.
On pensait autrefois que l’intelligence ou les capacités cognitives constituaient un facteur prédictif important de la réussite.
Cependant, on a découvert par la suite que les personnes capables de gérer leurs propres émotions et celles des autres ont plus de chances de réussir dans la vie.
Et cela est de plus en plus important dans notre société: l’intelligence est importante, mais la capacité à bien gérer ses émotions et celles des autres l’est tout autant. Les personnes ayant un QI ou un QE faible seraient plus susceptibles d’être confrontées à divers problèmes sociaux et personnels tels que la dépression, l’abus d’alcool, les troubles de l’alimentation ou les comportements agressifs. »
Boussole intérieure
Le QE joue donc un rôle dans notre fonctionnement et notre bien-être. En effet, sans lui, nous n’aurions que peu de liens avec nous-mêmes et avec les autres, nous réprimerions nos émotions et nous nous sentirions facilement attaqué·e·s.
Wendy de Pree: « Un QE bien développé peut non seulement vous aider à être plus heureux·se, mais aussi à mieux réussir dans vos relations, au travail et dans la vie en général. En fait, les recherches montrent qu’un QE élevé peut rendre les individus plus résistants au stress et les aider à mieux s’adapter aux circonstances, ce qui se traduit par une meilleure santé physique et mentale. C’est comme un superpouvoir qui vous aide à être plus résilient·e, empathique et connecté·E à vous-même et aux autres. »
Nous pouvons donc considérer le QE comme une sorte de boussole intérieure, et cette boussole est constituée d’un certain nombre d’éléments clés. Wendy de Pree les énumère pour vous.
Reconnaître et nommer ses propres émotions
En reconnaissant vos propres émotions, vous apprenez forcément à les contrôler et à vous sentir moins submergé·e par elles. Les personnes dotées d’une intelligence émotionnelle savent exactement où se situent leurs forces et leurs faiblesses, et en jouent intelligemment. Elles utilisent leurs émotions pour atteindre leurs objectifs, plutôt que de se laisser guider par leurs sentiments.
Gestion consciente des sentiments
Prendre un peu de temps pour réfléchir et observer curieusement comment vous réagissez à ce qui se passe autour de vous vaut son pesant d’or. Les personnes dotées d’une intelligence émotionnelle sont capables d’améliorer leur humeur rapidement après un revers, de faire face au changement et d’accepter les critiques. Elles apprennent de leurs erreurs et ne s’enferment pas dans la négativité.
Utiliser les émotions pour atteindre des objectifs
On passe tou·te·s une mauvaise journée de temps en temps, mais les personnes émotionnellement intelligentes ne laissent pas les sentiments négatifs prendre le dessus. Elles sont proactives dans l’amélioration de leur situation et ne s’écrasent pas dans un rôle de victime. Elles voient souvent le positif dans chaque situation et sont capables d’inverser les pensées négatives. Par conséquent, elles restent concentrées sur leurs objectifs à long terme et ne se laissent pas distraire par des impulsions.
Faire preuve d’empathie à l’égard des autres
Une bonne dose d’empathie est une caractéristique de l’intelligence émotionnelle. La capacité de sentir ce que les autres vivent sans avoir à le dire explicitement est une super compétence. Elle est utile non seulement dans les relations personnelles, mais aussi pour comprendre et soutenir les autres à un niveau plus profond.
Établir des relations solides
Les personnes dotées d’un QE élevé sont très douées pour établir et entretenir des relations, car elles savent communiquer et coopérer. Elles osent s’engager dans des conversations difficiles et savent nommer les sentiments non exprimés. C’est ce qui fait d’elles d’’excellentes personnes, tant dans le cadre personnel que dans le cadre professionnel.
Plus haut/plus bas
Tout comme le QI, le QE se réfère également à 2 extrêmes: un QE élevé et un QE faible, mais qu’est-ce qui caractérise ces extrêmes?
Wendy de Pree: « Les personnes ayant un QE élevé sont plus heureuses, plus positives, plus résilientes, elles communiquent plus efficacement, ce qui réduit les malentendus et les conflits. Elles sont également mieux à même de faire face au stress et aux défis émotionnels, ce qui contribue à leur bien-être général. Vous avez confiance en vous, vous êtes moins sensible aux critiques et vous pouvez garder vos objectifs à l’esprit. Vous avez de la persévérance, de la vision et de la motivation. C’est utile sur le plan personnel, mais aussi sur le plan professionnel. Le QE intègre une bonne régulation des émotions, ce qui signifie que les émotions peuvent être nommées et reconnues de manière à pouvoir les gérer avec souplesse, sans se laisser submerger.
De leur côté, les personnes ayant un QE faible ont beaucoup de mal à se connecter à leurs propres sentiments et émotions, elles sont peu capables de comprendre les sentiments des autres et ont donc du mal à nouer et à entretenir des relations. Ce sont souvent des personnes égocentriques qui éprouvent des difficultés à faire des choix ou qui pensent que les autres sont mieux lotis, se positionnant ainsi dans un rôle de victime. Elles peuvent également avoir du mal à communiquer efficacement, ce qui entraîne des malentendus et des conflits. Ce manque d’intelligence émotionnelle peut entraîner des problèmes de gestion du stress et des émotions négatives, ce qui nuit à leur bien-être général. Sur le plan professionnel, les personnes souffrant d’un faible QE peuvent rencontrer des difficultés dans le travail d’équipe et le leadership, ce qui peut entraver leur développement professionnel. »
Les opposés ne s’attirent pas
On dit que les opposés s’attirent… En va-t-il de même pour l’EQ? Que se passe-t-il si une personne ayant un QE élevé doit travailler ou relationner avec une personne ayant un QE faible et vice versa?
Wendy de Pree: « Il peut être difficile pour une personne ayant un QE élevé de traiter avec une personne ayant un QE faible, et vice versa.
Les différences d’intelligence émotionnelle peuvent entraîner diverses difficultés dans les interactions et les relations.
Pour les personnes ayant un QE élevé, il peut être frustrant de constater que leurs sentiments ne sont pas reconnus ou compris par une personne ayant un QE faible. Ce manque d’empathie réciproque peut provoquer des sentiments d’isolement et d’insatisfaction. En outre, la communication peut s’avérer problématique, car une personne à faible QE a souvent du mal à exprimer et à interpréter ses émotions, ce qui entraîne des malentendus et des conflits. Les personnes ayant un QE élevé peuvent se sentir épuisées et sous-estimées si leurs efforts pour apporter un soutien émotionnel passent inaperçus.
D’autre part, une personne au QE faible peut se sentir dépassée par la profondeur émotionnelle d’une personne au QE élevé. Elle peut avoir des difficultés à comprendre les besoins émotionnels de l’autre personne et à y répondre, ce qui entraîne un sentiment d’incompétence et de malaise. En outre, les attentes émotionnelles élevées d’une personne au QE élevé peuvent être source de frustration, car il n’est pas toujours possible de répondre à ces attentes. Le manque de compétences émotionnelles peut également entraîner une escalade de conflits et de malentendus.
Pour les 2 parties, il est important de faire preuve de compréhension et de patience. Voici quelques conseils pour mieux gérer cette dynamique.
– Communication: continuez à communiquer ouvertement et honnêtement sur vos sentiments et vos attentes. Utilisez un langage simple et direct pour éviter les malentendus.
– Pratiquez l’empathie: essayez de comprendre le point de vue de l’autre et soyez patient·e. Une personne ayant un QE élevé peut essayer d’ajuster ses attentes, tandis qu’une personne ayant un QE faible peut s’efforcer d’améliorer ses compétences émotionnelles.
– Fixer des limites: s’assurer que les 2 parties respectent les limites de l’autre et reconnaître que chacun apprend et grandit à sa manière et à son rythme.
Avec un respect mutuel et (beaucoup) d’efforts, des personnes ayant des niveaux d’intelligence émotionnelle différents peuvent collaborer efficacement et entretenir des relations saines et équilibrées.
QE 2.0
Il est évident qu’un QE bien développé présente de nombreux avantages. Mais est-il possible de l’améliorer ou de mieux le développer?
Wendy de Pree: « Comme pour l’entraînement physique, vous pouvez renforcer votre intelligence émotionnelle en pratiquant et en cultivant consciemment certaines compétences, mais cela se fait par petites étapes et n’a rien d’évident. Le développement de votre QE est un processus qui dure toute la vie et chacun va à son propre rythme et suit son propre chemin vers la croissance émotionnelle. En gardant à l’esprit les 5 composantes ci-dessous, nous savons sur quoi nous pouvons miser pour accroître ce QE ou pour le déployer de manière ciblée. »
5 façons d’améliorer votre QE
Nommez vos émotions
- Nommer: sur Google ou Pinterest, vous pouvez trouver des affiches avec l’image ou les mots de différentes émotions. Un tel poster peut vous aider à nommer ce que vous ressentez et donc à réfléchir à ce que vous ressentez réellement dans votre corps et à vos émotions. Par exemple, vous avez l’impression de respirer plus vite ou d’avoir les mains moites? Vous pouvez comprendre d’où proviennent ces réactions physiques et à quelles pensées elles sont liées.
- Il peut être utile de faire un contrôle 3 fois par jour et de vous demander comment vous vous sentez: ce que vous ressentez, ce qui se passe dans votre corps, ce que vous pensez, comment vous y faites face. Il n’est pas nécessaire d’en faire quelque chose, le simple fait d’en prendre conscience est déjà utile.
- En pratiquant régulièrement la pleine conscience ou la méditation, vous apprenez à mieux percevoir vos pensées et vos émotions sans porter de jugement. Cela renforce votre conscience de soi.
Améliorez votre autorégulation
- Quoi et pourquoi: lorsque vous êtes submergé·e par des émotions, il est important de comprendre comment vous réagissez et ce que vous aimeriez changer. Vous vous taisez? Ou vous commencez au contraire à crier très fort? Qu’est-ce qui serait le plus utile? Examinez également d’un œil critique l’origine de ces émotions et les pensées qui les sous-tendent, car elles sont peut-être déclenchées par un petit diable sur votre épaule.
- Si vous remarquez que vos émotions prennent le dessus, éloignez-vous littéralement de la situation en sortant un moment, par exemple. Vous aurez ainsi le temps de vous détendre, de réfléchir et de réagir de manière plus réfléchie. Si vous vous sentez dépassé·e, respirez profondément pour vous calmer. Cela vous aidera à mieux gérer vos émotions avant de réagir. L’exercice physique peut aussi vous permettre de vous détacher de vos pensées et de la situation.
Développez l’empathie
- Observez le langage corporel: essayez d’éprouver de l’empathie pour votre interlocuteur·rice. Prêtez attention aux signaux non verbaux des autres, tels que les expressions faciales et la posture du corps, afin de mieux comprendre ce qu’il·elle·s ressentent.
- Écoute active: essayez d’écouter réellement ce que les autres disent, sans répondre immédiatement ni juger. Posez des questions ouvertes et montrez de l’intérêt pour leurs sentiments et leurs points de vue. Il s’agit en fait d’une simple « curiosité sincère ».
Renforcez vos compétences sociales
- Communiquer efficacement: améliorez vos compétences en matière de communication en vous exprimant clairement et avec assurance, sans être agressif·ve. Entraînez-vous également à donner et à recevoir un feedback constructif. Ce n’est pas facile, car il faut d’abord être capable de faire ce qui précède.
- Résolution des conflits: apprenez des techniques pour résoudre les conflits de manière calme et respectueuse. Essayez toujours de trouver des solutions gagnant-gagnant.
Augmentez votre motivation
- Fixez des objectifs: fixez-vous des objectifs clairs et réalisables et travaillez systématiquement à leur réalisation. Cela vous permettra de vous orienter et de vous concentrer.
- Attitude positive: essayez de garder une vision positive de la vie, même lorsque celle-ci est difficile. Entourez-vous d’influences positives et rappelez-vous vos succès et vos qualités.
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