Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…
© Karel Daems

Témoignage: ““J’étais enceinte sans le savoir””

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste
Décorer la chambre, acheter des petits vêtements, préparer les faire-part... Daphné n'a pas eu cette chance car elle a appris qu'elle était enceinte juste avant d'accoucher. Elle nous raconte cette expérience.

"Je suis devenue maman pour la première fois à 22 ans, de notre fille Nina. C’était un bébé surprise. Je prenais la pilule, pourtant mes règles se sont arrêtées. J’étais enceinte! Mon compagnon Angelo et moi ne comprenions pas ce qui nous arrivait. Mais ce bébé était plus que le bienvenu. Ma première grossesse fut un rêve. Je me sentais en pleine forme. Nina est née cinq jours après terme, et l’accouchement s’est déroulé tout en douceur. Angelo voulait s’en tenir à un enfant, moi j’en voulais encore un. Nous avons convenu qu’on penserait au deuxième dès que Nina entrerait à l’école.

 

Prendre la pilule

Après la naissance de notre fille, j’ai directement repris la pilule. Vu que notre premier bébé était arrivé par surprise, j’étais particulièrement prudente. J’avais mis ma plaquette sur la table de nuit et je la prenais tous les soirs à la même heure. 

 

Le médecin n’avait rien remarqué d’anormal

Mes règles étaient régulières et je me sentais très bien. Si ce n’est ces 7 kilos qu’il me restait de ma grossesse et que je n’arrivais pas à perdre. Mais bon, je ne pesais toujours que 65 kilos. Je travaille comme aide-ménagère chez des personnes âgées. C’est pourquoi chaque année, je dois subir un examen médical au travail, pour être certaine que je suis toujours bien apte à exercer mon activité professionnelle. Un examen qui n’a révélé rien d’anormal. Le médecin a même tâté mon ventre et n’a rien remarqué d’inhabituel.

 

Aucun symptôme

Pas à un seul moment je n’ai soupçonné une deuxième grossesse. Je continuais à être réglée, je n’étais pas malade ni plus fatiguée que d’habitude, et je ne sentais aucun mouvement dans mon ventre. Un jour, pour rire, Angelo m’a demandé si je n’étais pas enceinte.

Tout allait très bien. Jusqu’à cet après-midi où je suis allée chercher ma fille. Je ne pouvais plus avancer et je me sentais grippée. J’avais aussi des douleurs au ventre, comme si je couvais une grosse grippe intestinale.

J’ai mis notre fille au lit et je suis allée me coucher, moi aussi. Mon mal de ventre était devenu si fort que j’ai pris peur et j’ai téléphoné à Angelo pour qu’il me conduise chez le médecin. Là-bas, j’ai eu une forte hémorragie. Le médecin ne sentait pas de bébé dans mon ventre, pourtant d’après lui, j’étais en plein travail. Tout indiquait que j’étais sur le point d’accoucher. J’étais sidérée! Le docteur a appelé une ambulance avec médecin urgentiste pour me conduire à l’hôpital et il a conseillé à mon compagnon d'emmener notre fille.

 

En 10 minutes et 2 poussées

Lorsque l’ambulance est arrivée, j’avais déjà 10 cm d’ouverture et le médecin pouvait voir la tête du bébé. Dix minutes plus tard, notre fils Liam était né. L’espace d’un instant, le monde s’est arrêté de tourner.

Tout au long de ma grossesse, je n’avais fait attention à rien, j’avais mangé et bu beaucoup de choses déconseillées quand on est enceinte, et je ne m’étais jamais vraiment reposée.

J’avais continué à prendre la pilule, alors qu’un bébé grandissait dans mon ventre. Je n’avais pris aucune vitamine ni effectué aucun contrôle gynécologique. Qui sait quelles seraient les séquelles sur notre bébé!

 

Pas de prénom, pas de pampers

Et puis, quand je pensais au côté pratique, j’étais prise de panique. Toutes les affaires de bébé, nous venions de les stocker dans le grenier de ma grand-mère, deux semaines plus tôt. Nous n’avions pas de prénom, pas de faire-part, pas de dragées. Ni aucun pampers, biberon ou quelque autre matériel de puériculture à la maison.

 

Pardon, bébé

J'étais complètement perdue. Les larmes coulaient sur mes joues et je n’arrêtais pas de m’excuser. Passé le premier choc, mon compagnon et moi, nous nous sommes regardés et Angelo a lui aussi laissé couler ses larmes. Il avait un fils. Ce qu’il avait tant désiré pendant la grossesse de Nina s’était à présent réalisé, de façon totalement inattendue. 

 

Un an après, j’ai craqué

Tout est rentré dans l’ordre assez rapidement à la maison et j’ai cherché à retrouver ma place aussi vite que possible dans notre famille agrandie. Les premiers mois ont été difficiles. Angelo et moi étions très soudés, nous avons reçu le soutien de notre famille, et maman était toujours prête à nous aider. Mais les étrangers ne se sont pas gênés pour nous critiquer. Dans mon dos, on disait que j’avais caché ma grossesse à mon compagnon. Ça fait mal d’entendre ça, et cela a aussi laissé des traces psychologiques.

Un an après, j’ai craqué, j’ai eu le contrecoup de tout ce que j’avais vécu autour de la naissance de Liam. J’ai eu une crise d'angoisse pendant trois heures, et je ne tenais plus sur mes jambes. 

Le médecin m’a prescrit trois semaines de repos. J’ai dormi du matin au soir. Aujourd’hui, je m’inquiète encore parfois pour le développement futur de Liam. Mais entretemps, il a eu 21 mois, et c’est un bébé heureux et en parfaite santé. Nina est dingue de son petit frère. Notre bonheur est complet. Si je n’ai plus peur de tomber enceinte une troisième fois par surprise? Ça ne risque plus d'arriver! Mon homme s’est fait stériliser."

Texte: Jill De Bont. Adaptation: Stéphanie Ciardiello.

 

Si vous souhaitez lire plus de témoignages, ça se passe par ici:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires