Il y a bientôt 5 ans, j’annonçais à mon entourage que j’aimais une fille, après avoir été en couple pendant de nombreuses années avec un garçon. Un chamboulement total, pour ma famille, mais avant tout et surtout aussi, pour moi, qui voyais mon monde basculer du jour au lendemain.
J’avais 21 ans lorsque j’ai rencontré une fille qui a remis en question l’orientation sexuelle sur laquelle je m’étais calquée depuis le début de ma vie. J’avais 21 ans lorsque j’ai pris conscience que dans le fond, les choses ne sont pas blanches ou noires, mais peuvent embrasser un large nuancier entre les deux. J’avais 21 ans lorsque j’ai découvert ce qu’est de se rendre vulnérable, juste en étant qui on est.
Il y a bientôt 5 ans, j’ai fait mon coming-out et aujourd’hui, quelques années plus tard, avec le recul, il y a certaines choses que j’aurais aimé savoir pour avancer au mieux en tant que personne LGBT.
L’homophobie ordinaire existe.
L’homophobie existe depuis toujours, indéniablement. Mais en revanche, c’est l’homophobie ordinaire, plus vicieuse et subtile, qui s’est surtout immiscée dans mon quotidien. Késako? Des remarques anodines aux premiers abords et qui pourtant, piquent très fort. Et font mal, parfois sans que notre interlocuteur·trice ne s’en rende compte. “Tu es super féminine pour une lesbienne”, “T’es sûre qu’une jolie fille comme toi veut vraiment être avec des femmes?”, “Tu trouves cette fille belle? Elle est pas lesbienne hein”... Des phrases du genre, j’en ai entendu à la pelle et je dois l’admettre, je n’étais pas prête. Prête à constater que de nombreux clichés imprègnent encore l’image LGBT+, prête à constater que des personnes, jeunes et moins jeunes, n’ont que peu de connaissance sur le sujet, prête à constater que s’en tenir aux stéréotypes est une réalité.
La curiosité est incessante.
En faisant mon coming-out, j’ai appris à cultiver un jardin secret et surtout, à me protéger. De quoi? Des questions curieuses de tout un chacun·e. “Mais moi je me demande vraiment: comment vous faites l’amour entre femmes?”, “Tu peux m’expliquer comment tu t’en occupes?”, “Mais la pénétration du coup, ça existe pas?”... Au début, c’est drôle, je formulais superficiellement un élément de réponse pour satisfaire les curieux·ses, aussi et surtout car ça m’amusait. Mais désormais, ce n’est plus le cas. Je suis fatiguée des questions intrusives à propos de ma sexualité. Cela ne regarde que moi. Et pourtant, avant de faire mon coming-out, je n’aurais jamais imaginé que je ferais face à tant de curiosité au quotidien ou même que parler de sexe finirait par me déranger.
Le coming-out ne se fait pas qu’une fois.
Le coming-out est pour moi un concept bien réducteur et ne devrait plus spécialement avoir sa place dans la société aujourd’hui. Pourquoi? Car il renforce l’idée que l’homosexualité n’est pas dans la même norme que l’hétérosexualité. Cela, je m’en suis rendu compte au fur et à mesure des années. Lorsque j’ai annoncé à mes proches et à ma famille que j’aimais une fille, je n’avais pas imaginé que je devrais réitérer l’expérience de l’annonce à chaque nouvelle rencontre. Alors, non, on ne se définit pas selon une orientation sexuelle, loin de là, mais force a été de constater au fil du temps que préciser que je suis lesbienne à de nombreux·ses interlocuteurs·trices s’est imposé. Exemple d’une conversation tout à fait normale, avec l’amie d’une amie, où la précision de l’orientation sexuelle se fait malgré elle:
– Et t’as un Chéri? Il s’appelle comment?
– Non, j’ai une Chéri·e. C’est “elle”, en fait.
L’échange est court, mais suffit à rappeler que l’inclusivité ne fait pas encore partie intégrante de la société actuelle. Lentement, mais sûrement, évidemment, et je ne crache pas sur les avancées quotidiennes à cet égard. Simplement qu’en tant que LGBT+, ces situations obligent à revivre un éternel coming-out.
Les remises en question sont légitimes.
Lorsque je me suis mise en couple avec ma première petite amie, j’étais persuadée que ça serait la première et la dernière. Force est de constater que ça n’a pas été le cas et qu’au fil des années, je me suis sentie davantage moi-même en appartenant à la communauté LGBT+. Pourtant, les remises en question ont été nombreuses et encore aujourd’hui, je vogue sur les eaux impétueuses des questionnements. Et en fait, j’aurais aimé qu’on me dise un jour: c’est OK d’avoir des doutes, de se remettre en question et de s’interroger sur son orientation, même après avoir fait un coming-out. C’est légitime de se demander si on pourrait encore aller vers un homme lorsqu’on aime a priori les femmes. L’ouverture d’esprit prend son importance au sens large du terme dans ces questionnements, et la bienveillance doit s’imposer comme le maître-mot. Avoir fait un coming-out, être avec une femme, et ensuite se demander si on pourrait aimer un homme, c’est tout ce qu’il y a de plus normal pour la simple et bonne raison que les choses ne sont pas définies. Tout n’est pas noir ou blanc. Et c’est ça la beauté de la vie.
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