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SLA et cancer
Viviane avec ses enfants après la découverte de son cancer, et avec sa mère "quand tout allait encore bien". © D.R.

À COEUR OUVERT: ““J’ai découvert que j’avais un cancer, alors que je m’occupais de ma mère atteinte d’une SLA””

Sarah Moran Garcia
Sarah Moran Garcia Journaliste web

En 2011 et en 2012, Viviane a vécu une double épreuve. La SLA de sa mère et la découverte de son cancer du sein. Aujourd’hui, sa mère n’est plus, mais Viviane se bat en sa mémoire et pour aider toutes les personnes atteintes d’un cancer.

Durant un an et demi, Viviane s’est occupée de sa mère, atteinte d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA, autrement appelée maladie de Charcot), sans plus faire attention à sa propre santé. Jusqu’en 2011, quand la quinquagénaire a appris qu’elle souffrait d’un cancer du sein. “Mon frère vivant au Brésil et mon père étant en home, j’étais la seule à pouvoir m’occuper d’elle”, explique Viviane. “Parce que je n’avais le temps pour rien d’autre, j’ai reporté plusieurs fois une mammographie prévue depuis longtemps. Au bout d’un certain temps, j’ai fini par aller au rendez-vous, et c’est là que j’ai découvert mon cancer du sein gauche.” Cette mauvaise nouvelle a amené la mère de famille à se dire que tout ce qui était négatif dans sa vie l’avait fait tomber malade.

Elle m’a dit: “Ta maladie se soigne, mais pas la mienne. Tu dois te battre et montrer l’exemple.”

“Un soir, nous nous sommes retrouvées seules, ma mère et moi, et elle m’a dit que je devais la laisser partir. Elle avait toutes ses capacités mentales, mais pas physiques”, se souvient Viviane. “Je lui ai dit qu’elle ne pouvait pas, car j’avais besoin d’elle, et c’est là que je lui ai annoncé que j’avais un cancer.” Une annonce qui a convaincu sa mère de s’accrocher encore un peu à la vie, le temps que sa fille guérisse. “Elle m’a dit: ‘Ta maladie se soigne, mais pas la mienne. Tu dois te battre et montrer l’exemple.’”

Viviane et sa mère.
Viviane et sa mère. © D.R.

Viviane a subi une mastectomie, puis un traitement de chimiothérapie. À cette période-là, son frère est revenu du Brésil pour pouvoir s’occuper de leur mère, la quinquagénaire n’ayant plus la force de le faire. En famille, ils ont fêté Noël. Le dernier passé ensemble, malgré la maladie qui affaiblissait la matriarche.

L’heure des adieux

Le 31 mars 2012, ce fut pour Viviane sa dernière séance de chimiothérapie. “Ma mère m’a alors dit qu’elle passerait Pâques avec tout le monde, mais qu’on devait la laisser partir ensuite”, se remémore-t-elle. Le week-end qui a suivi les fêtes de Pâques, sa mère a reçu des soins palliatifs à domicile. “Je m’en souviendrai toujours. J’avais rendez-vous chez le médecin pour un examen de contrôle. Étonnement, il n’y avait aucun retard, et j’ai pu retourner rapidement aux côtés de ma mère”, explique Viviane. “Au moment de son dernier souffle, j’ai ressenti comme jamais sa main gauche serrer la mienne. J’ai senti toute son énergie passer dans mon bras.”

Pour la mère de deux enfants, cette période a été particulièrement difficile, mais elle a jugé qu’elle n’avait pas d’autres choix que d’avancer. “Je ne voulais pas que mes enfants perdent leur grand-mère et leur mère en même temps”, souligne-t-elle. “À l’époque où j’étais encore malade, je me souviens avoir vu un reportage à la télévision qui suivait une femme atteinte d’un cancer. Je m’étais dit que je n’y arriverais pas, que je n’aurais jamais la force dont elle faisait preuve”, poursuit Viviane. “Mais je me suis trompée. Et j’ai aussi donné tort à l’oncologue que j’avais consulté au moment de la découverte de mon cancer, qui m’annonçait que j’allais inévitablement mourir.” Aujourd’hui en rémission totale, la quinquagénaire se plie régulièrement à des examens de contrôle, mais reste tout de même angoissée à l’idée de retomber un jour malade.

Viviane, son mari et ses deux enfants.
Viviane, son mari et ses deux enfants. © D.R.
Cette volonté de se battre, je veux la partager avec les autres. Montrer aux personnes malades que l’on peut s’en sortir.

Relais pour la Vie

Des années plus tard, Viviane respecte toujours la promesse qu’elle a faite à sa mère avant qu’elle ne s’en aille. Elle s’est battue contre son cancer et se bat encore quotidiennement contre la maladie en étant très impliquée dans la Fondation contre le cancer. “Cette volonté de se battre, je veux la partager avec les autres. Montrer aux personnes malades que l’on peut avancer, que l’on peut se soigner et s’en sortir”, indique-t-elle. “Ce que je dis à chaque fois, c’est que pour se soigner, il faut d’abord accepter la maladie. Quand on ne l’accepte pas, il est plus difficile d’aller de l’avant.”

Elle invite tout le monde à participer au Relais pour la Vie. “C’est très chouette, et ça peut aider des gens.” Les personnes qui se battent contre un cancer sont mises à l’honneur, et c’est aussi le cas des accompagnant·e·s, sans qui les patient·e·s pourraient ne pas tenir le coup. “Mon mari, par exemple, a toujours été là pour moi, ma maman et mon papa. Sans lui, je ne serais peut-être plus là”, tient-elle à souligner. “Ces personnes ont, elles aussi, besoin d’aide et de soutien. Elles ont besoin d’être reconnues.”

Viviane durant un Relais pour la Vie. © D.R.

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