Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…
© Pexels

A COEUR OUVERT: ““Mon mariage a déclenché une énorme dispute familiale””

Alors qu’il y a un an, Flora, 29 ans, était très proche de sa belle-sœur, Marie, 37 ans, aujourd’hui, rien ne va plus. Et c’est un mariage, ou plutôt deux, qui sont au cœur de toutes les tensions.

« J’ai croisé la route de William, il y a 9 ans. J’avais à peine 20 ans à l’époque, mais il s’est avéré être l’amour de ma vie. Et cerise sur le ­gâteau, mon prince charmant venait d’une famille très chaleureuse, qui m’a accueillie à bras ouverts dès le premier instant, m’amenant ­directement à me sentir comme chez moi. J’avais vraiment de la chance avec ma belle-famille et nous étions très proches, tout ­particulièrement avec Marie, la sœur de Will. Malgré 8 ans d’écart, nous sommes rapidement devenus hyper complices. Lorsque, quelques années plus tard, Marie a trouvé l’amour à l’étranger, j’étais très heureuse pour elle. Sandra est australienne et après une relation longue distance de près de 2 ans, elle a émigré en Belgique pour rejoindre Marie. Cela nous a ­permis, à William et moi, de mieux la connaître et elle a rapidement gagné une place dans nos cœurs. Nous ­vivions à 50 km les uns des autres et ne pouvions donc malheureusement nous voir que tous les 2 ou 3 mois. C’était toujours des retrouvailles que nous attendions avec impatience, mais tristement, tout cela a bien changé… (silence). Si quelqu’un nous avait dit à Will et moi, il y a un an, que nous serions en froid avec Marie et Sandra aujourd’hui, je ne l’aurais pas cru. C’est pourtant vrai et on se ­demande encore comment on en est arrivé là. Comment est-il possible qu’une fête de mariage soit la cause de telles tensions? Derrière celle-ci, il y a une longue histoire. J’ai dû être patiente, mais finalement en janvier 2022, Will a mis un genou à terre, sur le terrain à bâtir que nous avions acheté ensemble. Une fois la majeure partie de la crise sanitaire derrière nous, les mariages ont connu un ­incroyable retour de flamme. Je me souviens que Will et moi, en ­cherchant un lieu, avons rapidement compris que si nous voulions nous dire oui en 2023, la seule solution ­serait d’opter pour ce qui restait, sans faire les difficiles, mais on ne se marie qu’une fois et il n’en était donc pas question. Et puis, nous étions prêts à prendre notre temps et nous avons dès lors choisi de reporter notre union à l’automne 2024. Marie et Sandra étaient ravies pour nous, mais je soupçonne que nous leur ayons ­donné des idées, car, Sandra est ­rentrée de leurs dernières vacances en arborant elle aussi une jolie bague au doigt.

Lire aussi: À COEUR OUVERT: “Nous sommes parents et en couple libre”

Nous n’avions pas les moyens d’aller en Australie pour leur mariage et cela les a rendues folles de rage.

Pas envie de jouer les trouble-fêtes

Cela ne nous posait aucun problème à Will et moi que nous soyons tous les 4 fiancés en même temps. Nous étions très heureux pour elles et avons décidé de célébrer leurs ­fiançailles en grande pompe lors d’un dîner prévu peu après. Will avait déjà demandé à Marie d’être sa témoin et de mon côté, je comptais proposer à Sandra ce soir-là d’être ma demoiselle d’honneur, mais moins de 24 heures avant ces retrouvailles, la première bombe nous est tombée dessus, sous la forme d’une invitation au mariage de Marie et Sandra. Non pas en ­Belgique, mais en Australie, pour une cérémonie se déroulant à peine 10 semaines avant notre propre union. Sur le moment, une onde de choc nous a traversés Will et moi. Et nous étions trop abasourdis pour réagir. Nous souhaitions prendre le temps de digérer la nouvelle, mais en ­parallèle, la panique a pris le dessus. Notamment car un mariage en ­Australie semblait extrêmement cher. En cherchant des billets d’avion, nous avons constaté qu’ils revenaient à plus de 1000 € par personne, ce qui a confirmé nos soupçons. Avec un ­crédit immobilier représentant 2 tiers de nos revenus sans parler des frais liés à notre mariage à venir, la ­conclusion n’a pas traîné. Il était ­impossible pour nous de débloquer cette somme. Quelques heures avant le dîner, nous nous sommes donc rendus chez mes beaux-parents pour discuter de la situation. Ils ont compris notre souci, ce qui nous a donné du courage avant d’entamer la discussion avec Marie et Sandra. Nous savions d’avance que ce ne serait pas une conversation des plus agréables et nous ne voulions absolument pas jouer les trouble-fêtes, mais il ne ­servait à rien de tourner autour du pot. Après les avoir félicitées pour leurs fiançailles, nous leur avons ­expliqué honnêtement que hélas nous n’aurions pas les moyens ­d’assister à leur mariage. Nous ­espérions qu’elles comprendraient, mais cela n’a malheureusement pas été le cas. Sandra a commencé à ­hurler à plein poumons et à faire une scène, au milieu du restaurant bondé, alors que je fondais en larmes. Will et moi ne nous étions jamais sentis pauvres jusque-là, mais il était clair que c’était ce que Sandra pensait de nous et souhaitait que nous ­éprouvions. Selon elle, nous devions considérer leur fête de mariage comme des vacances. D’accord, peut-être, mais encore fallait-il ­pouvoir se les permettre, et vu l’état de notre portefeuille, c’était infaisable.

Elles exigeaient que l’on achète une tenue de gala et que je paye 125 € pour un maquillage, sans quoi je serais trop laide le jour J.

Vive la bridezilla

L’incident du restaurant a marqué le début des problèmes. Nous nous étions sentis traités de la façon la plus irrespectueuse qui soit. Les incidents s’accumulaient, en une liste qui ­s’allongeait au fil des mois. Marie et Sandra ont exigé que nous soyons présents. Ne pas être de la partie les amènerait sinon à annuler leur mariage. Et pire encore, selon Sandra nous les privions en même temps de la possibilité d’avoir des enfants. Une accusation qui me pèse encore terriblement aujourd’hui… Marie ­estimant qu’il était tellement ­essentiel que nous soyons là, mes beaux-parents ont finalement ­proposé de payer nos billets d’avion. Ainsi nous n’aurions plus qu’à couvrir les frais d’hôtel. Un très beau geste de leur part, mais qui nous a obligés à mettre notre fierté de côté. Peu après, elles ont commencé les préparatifs de leur mariage et c’est là que tout le cirque a débuté. Sandra s’est ­transformée en bridezilla, obsédée à l’idée de tout contrôler de A à Z. Elle nous a forcés à acheter des ­tenues de gala suivant un dresscode. Les vêtements que nous avions déjà n’étaient pas assez bien, soi-disant parce qu’ils ne correspondaient pas du tout à son style et auraient été ­déplacés. Il y a encore eu un autre incident concernant notre apparence à la fête. Sandra a annoncé avoir ­embauché une make-up artist ­professionnelle, qui coûterait 200 dollars australiens par personne (près de 125 €). J’ai rétorqué que je me maquillerais moi-même, ce qui ne lui a bien sûr pas plu. Elle a accepté à contrecœur, mais j’ai ensuite appris par ma belle-mère qu’elle craignait que je sois trop laide si je ne faisais pas appel à la maquilleuse... Elle me réduisait aussi au silence à chaque fois que je parlais de nos projets de mariage. Et à un moment, elle m’a même demandé de faire profil bas jusqu’à ce que leur fête soit passée. Je pourrais ainsi énumérer des dizaines d’autres exemples, allant d’attentes absurdes concernant les cadeaux de mariage, au fait de nous ridiculiser en public. Je ne sais pas si elle réalise à quel point un tel comportement et des commentaires comme ceux-là sont blessants. Certains jours je me sens si mal que j’ai fini par chercher une aide psychologique afin d’arriver à faire face à tout ça. Sur les conseils de mon thérapeute, j’ai supprimé Sandra de mes réseaux sociaux. Et actuellement nous ne nous parlons même plus… Marie, de son côté, reste en retrait. Ces derniers mois, Will et moi lui avons parlé à plusieurs ­reprises, lui expliquant à quel point cette situation nous faisait mal, mais elle nous a seulement répondu qu’elle comprenait. J’imagine qu’elle est prise entre 2 feux et qu’elle ne veut pas contrarier sa fiancée, mais c’est vraiment triste que notre lien se soit à ce point rompu ces derniers temps.

Impossible à réparer

J’ai peur que les dégâts soient ­tellement graves qu’ils ne puissent plus être réparés. Je ne sais pas si la situation sera en mesure de se calmer une fois leur fête passée. Parfois, je crains que ces évènements soient juste la partie visible de l’iceberg. ­J’espère surtout que Sandra arrêtera d’être agressive et finira par laisser derrière elle son attitude de bridezilla insupportable. Qu’elle se rendra compte que son comportement a été inacceptable. Je n’ai plus la moindre envie de les voir durant mon temps libre. Et si cela ne tenait qu’à moi, je ne les inviterais même plus à notre mariage. Malheureusement, pour ­éviter d’être en conflit avec mes beaux-parents, il est impossible de les exclure. Cette situation est peut-être encore plus difficile pour eux que pour nous, car toutes les familles ­souhaitent que leurs (beaux-) enfants s’apprécient. Il est presque inévitable qu’ils souffrent eux aussi de tout cela. Même si nous évitons d’aborder le sujet, pour préserver la paix, ils sentent certainement toute la tension qui règne… Mon témoin pense que Marie et Sandra ont été blessées par le fait que Will et moi ayons fait voler en éclats leur bulle de bonheur. La seule raison pour laquelle nous serons présents c’est parce que mes beaux-parents nous ont permis (et pour le coup obligés) à y aller. Notre réaction concernait seulement l’aspect financier. On ne peut pas ­s’attendre à ce que ses invités aient forcément l’argent pour s’envoler à l’autre bout du monde, afin d’assister à un mariage. Marie et Sandra ont une situation financière confortable. Elles pourraient s’acheter une maison sans faire de prêt, alors que de notre côté nous devons faire attention au moindre euro dépensé. La différence entre nos 2 mondes est si énorme que je ne crois même pas qu’elles soient en mesure de comprendre notre point de vue. Je ne dis pas que Will et moi n’avons jamais fait d’erreur. Elles ont sans doute ­également mal vécu certains de nos gestes, mais si elles nous avaient dit ne serait-ce qu’une fois ces ­derniers mois que notre réaction les avait blessées, nous aurions adopté une position différente.

Certains jours, je me sens tellement mal que j’ai fait appel à une aide psychologique pour tenir le coup. 

Guerre froide éternelle

Lorsque Sandra et/ou Marie attaque, nous reculons d’un pas. Et puis de 2, lors de l’assaut suivant. Cela ne fait que creuser l’écart entre nous. ­Comment alors parvenir à nous ­réconcilier? Des excuses de leur part seraient un premier pas, plutôt que d’attendre que Will et moi prenions l’initiative. Non pas concernant leur comportement de ces dernières ­semaines et mois, mais des excuses pour leur total manque de ­compréhension, d’empathie et de bienveillance, mais je crains qu’il n’y ait pas grand espoir de ce côté là. Dans l’état actuel des choses, j’ai ­surtout l’impression que cette guerre froide ne prendra jamais fin. Que l’on fera en sorte d’avoir le moins de contacts possibles, ne se tolérant que quand il n’y aura pas d’autre choix. Chaque année, il y a des évènements familiaux qui obligent à se retrouver à la même table. Mes beaux-parents, par exemple, ne vont sûrement pas organiser 2 fêtes de Noël sous ­prétexte que leurs (beaux-) enfants sont en dispute. Enfin on ne peut ­jamais dire jamais. Si j’avais expliqué à quelqu’un il y a un an qu’on en ­serait là aujourd’hui, il m’aurait ­sûrement ri au nez, mais on voit bien à quelle vitesse le vent peut tourner… Alors parfois, mieux vaut prendre ses distances. Si elles parviennent à une prise de conscience et finissent par s’excuser, cela ne signifie pas que nous seront en mesure de pardonner et d’oublier. En toute honnêteté, je ne pense pas que ce problème puisse se résoudre uniquement avec une bonne discussion, mais des excuses pourraient être un premier pas vers l’acceptation et la réparation. »

*Flora, William, Marie et Sandra sont des noms d’emprunt.

Lire aussi:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires