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A-t-on vraiment besoin de beaucoup d’amis ?

Justine Rossius Journaliste
Ana Michelot Journaliste

Certaines personnes pourraient remplir un bar entier avec leur cercle d’amis, tandis que d’autres préfèrent s’en tenir à un dîner avec 2 ou 3 personnes de temps en temps. ­L’amitié est précieuse, mais pourquoi certaines personnes ont-elles plus ou moins de copains. Et finalement, est-ce vraiment un problème?

«Les êtres humains sont des créatures sociales. C’est pourquoi l’amitié est quelque chose de très ­précieux pour presque tout le monde », explique Sarah Hertens, psychologue clinicienne et ­thérapeute de couple. Les ­recherches soutiennent cette idée et montrent que les amis contribuent à notre bien-être mental. La ­spécialiste va même jusqu’à comparer l’amitié à une relation amoureuse, soulignant que tout comme avoir un·e partenaire avec qui partager sa vie, avoir des ami·e·s rend plus résistant·e au stress et à la dépression, tout en renforçant la résilience. C’est un rappel puissant de la valeur des liens sociaux dans notre vie quotidienne. Sarah Hertens: « Que vous soyez ­célibataire ou en couple, entretenir des amitiés solides est un véritable atout dans la vie. Les amis agissent comme un filet de sécurité dans les moments cruciaux et offrent un ­espace pour se lâcher et se défouler. Leur soutien est inestimable lors des épreuves. » Elle met aussi en avant le rôle d’inspiration des copains, surtout celles et ceux qui ont partagé de nombreuses étapes de votre vie. Ces ami·e·s, qui vous connaissent ­intimement, peuvent jouer un rôle significatif en vous ­soutenant et en vous comprenant intimement. Ils ­deviennent une partie essentielle de votre vie, et apportent richesse et soutien à votre parcours.

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Au plus, au mieux?

Si les ami·e·s sont si importants dans votre vie, vous pourriez penser que plus il y en a, mieux c’est. Une idée reçue qui ne se vérifie pas forcément. Sarah Hertens, psychologue, explique pourquoi il n’est pas du tout étrange que certaines personnes aient plus de potes et que d’autres préfèrent en avoir un peu moins: « Le nombre d’amitiés que vous entretenez et la fréquence à laquelle vous voulez passer du temps avec vos amis ­dépendent simplement de qui vous êtes en tant que personne et des ­besoins que vous avez dans la vie. Le fait d’avoir beaucoup ou peu d’amis ne devrait jamais être considéré comme quelque chose de négatif ou de bizarre. Les personnes ­extraverties rechargent leurs ­batteries grâce aux contacts sociaux. Après une journée de travail difficile, elles auront besoin d’une bonne discussion et ­auront un regain d’énergie en ­discutant avec un ami sur le chemin du retour. Pour une personne ­introvertie, c’est tout le contraire. Dans le même cas de figure, ­l’introverti aura besoin de passer du temps seul en allant se balader, un podcast dans les oreilles ou en restant à la maison pour lire un peu. »

Friend with (all kinds of) benefits

Ce n’est donc pas la taille de votre cercle d’amis ou la fréquence de vos rencontres qui vous rend heureux·se, mais plutôt la façon dont vous restez proche de vous-même et de ce dont vous avez besoin dans la vie. Certaines personnes auront besoin d’entretenir un grand cercle d’amis, alors que pour d’autres, quelques liens d’amitiés seront suffisants à leur bien-être. Mais quoi qu’il en soit, les potes – comme un·e ­partenaire – doivent être considérés comme des compléments à votre vie. Toutefois, selon la psychologue: « La grande différence entre une relation amoureuse et une amitié (outre ­l’aspect sexuel, bien sûr), c’est qu’avec les amis, on ne mise pas tout sur une seule personne. En effet, on peut avoir différentes amitiés qui ­revêtent toutes une signification ­différente. Par exemple, on a souvent un·e ami·e à qui on peut se confier facilement, avec qui on partage des conversations profondes, des émotions et des pensées. À côté de ça, d’autres ami·e·s seront les ­premières personnes à qui l’on pense pour faire la fête ou partir en virée shopping. Dans une relation ­amoureuse, nous aurons tendance à vouloir trouver tous ces aspects en une seule et même personne: un·e meilleur·e ami·e, un·e partenaire qui nous soutient, un·e sexfriend, un·e co-parent, etc. Les amitiés, ­diverses et variées, nous permettent de ne pas condenser tant d’attentes sur une seule personne. Conclusion? Si vous avez de nombreux besoins différents, il est donc tout à fait ­normal que vous souhaitiez entretenir de nombreuses amitiés. Si vous avez moins d’attentes ou de besoins, il n’est pas surprenant que vous ayez également moins d’ami·e·s. »

Tout comme être en couple, le fait d’avoir des amis dans sa vie permet de mieux résister au stress et à la dépression.

BFF pour la vie

Mais qu’en est-il du cas de figure où vous n’avez qu’un·e seul·e ami·e proche et beaucoup de besoins ­différents? La psychologue insiste sur l’importance de trouver un équilibre entre ce que l’on donne et ce que l’on reçoit dans ses amitiés: « Si vous placez toutes vos attentes sur un ou quelques amis, cela comporte ­évidemment des risques, comme c’est le cas dans une relation. Si vos attentes deviennent trop élevées ou trop irréalistes et que l’équilibre entre ce que vous donnez et ce que vous recevez se déséquilibre, cela peut avoir un impact important sur votre amitié et, par conséquent, sur votre vie. En effet, trop attendre d’une ­amitié peut être étouffant pour l’autre personne. De plus, si une amitié se brise à cause de cela, l’impact est bien sûr beaucoup plus important que si vous avez plus d’amis. »

Le nombre d’amis que vous avez et la fréquence à laquelle vous les voyez dépendent simplement de votre personnalité et de vos besoins.

La qualité plutôt que la quantité?

Ne pas avoir un cercle étendu n’est donc pas grave, mais il n’est pas vrai non plus que les gens qui ont ­beaucoup d’ami·e·s ont nécessairement des amitiés moins profondes. On peut donc parfaitement avoir un grand cercle d’amis, mais entretenir des relations plus étroites avec quelques-uns. « La seule chose qui compte, c’est que vous restiez proche de vous-même, même dans vos ­amitiés », explique la psychologue. Il arrive aussi souvent que l’on ait ­plusieurs copains et copines, tout en sachant que certaines amitiés sont plus intimes ou spéciales.

Question d’éducation

La taille de votre cercle d’amis ­dépend donc en grande partie de qui vous êtes et de ce dont vous avez besoin dans la vie, mais vos parents peuvent aussi jouer un rôle. La ­psychologue, Sarah Hertens: « Lorsque nous parlons de relations amoureuses, le terme d’attachement revient souvent. En bref, votre style d’attachement est déterminé par la façon dont vous avez été élevé et aimé pendant votre enfance. Il constitue ensuite le schéma directeur de vos relations ultérieures à l’âge adulte, mais cela ne s’applique pas seulement aux relations amoureuses. Votre style d’attachement peut aussi jouer un rôle dans l’amitié. » ­Fondamentalement, on distingue 4 types d’attachement: l’attachement sécurisé, anxieux, évitant ou mixte. La spécialiste explique comment ce style d’attachement peut avoir un impact sur l’importance que vous accordez à vos ami·e·s: « Une personne qui a un attachement ­anxieux a un besoin d’affirmation et recherchera aussi ce besoin dans ses amitiés. Elle souhaite souvent avoir beaucoup d’amis et attend beaucoup de ces amitiés. C’est pourquoi elle recherche souvent l’affirmation de ses amis, les consulte sur toutes sortes d’aspects de la vie et leur ­demande souvent conseil lorsque quelque chose ne va pas très bien. Une personne ayant un style ­d’attachement évitant, en revanche, se retirera davantage dans les ­périodes moins favorables et ­s’éloignera donc davantage de ses amis. »

Il est normal que certaines amitiés se diluent avec le temps et il n’y a rien de mal à rompre une amitié.

L’heure du bilan

Nos évolutions personnelles jouent également un rôle primordial dans notre manière d’investir nos amitiés. Après les études, on se met parfois en couple, et on troque notre kot et notre vie nocturne contre une maison avec jardin et une autre vie nocturne (un bébé, par exemple). « Il est tout à fait normal que vous considériez vos amitiés différemment à ce ­moment-là, nous rassure la ­psychologue. Il est tout à fait normal que les amitiés et les besoins à ce ­niveau évoluent au fil des ans. En ­évoluant en tant que personne, cet aspect de votre vie évolue également. C’est pourquoi je conseille d’oser jeter un regard critique sur leurs amitiés de temps à autre et d’évaluer ce qui fonctionne ou ne fonctionne plus. Cet ami est-il toujours un atout dans votre vie ou ne le fréquentez-vous que parce que c’est devenu une ­habitude? Cette amitié recharge-t-elle encore vos batteries ou vous coûte-t-elle surtout de l’énergie? ­Souvent, ce travail semble difficile à mener, mais il est tout à fait normal et sain que des amitiés s’étiolent avec le temps et il n’y a rien de mal à vouloir y mettre un terme si elle ne semble plus valoir l’investissement. »

Il faut prendre le temps d’évaluer une amitié: existe-t-il un déséquilibre? Qu’est-ce que cette relation m’apporte?

L’amitié est un verbe

Un investissement: c’est ainsi que la psychologue l’entend, car tout comme l’amour, l’amitié est un verbe. Il n’existe pas d’amitiés à long terme sans investissement, confirme-t-elle: « Tout comme une relation ­amoureuse, les amitiés ­s’entretiennent si on veut qu’elles durent. Cela ne signifie pas qu’il faille nécessairement se voir 3 fois par mois. Une bonne amitié ne repose pas sur la quantité, mais sur la qualité de la relation. Intégrez plutôt quelques moments de qualité (ce que cela signifie est très personnel) au lieu de vous forcer à vous voir tous les mois sans en tirer une véritable énergie. »En outre, un bon équilibre est ­également essentiel pour une amitié saine, poursuit la psychologue: « Dans une bonne amitié, il doit également y avoir un bon équilibre entre ce que l’on donne et ce que l’on reçoit. Si vous avez l’impression de devoir constamment investir de l’énergie, sans obtenir grand-chose en retour, il se peut que l’équilibre ne soit plus bon. Il faut alors prendre le temps d’évaluer cette amitié: existe-t-il un déséquilibre? Pensez-vous que cela vaut toujours la peine d’y ­consacrer de l’énergie? Voulez-vous continuer à investir dans cette ­amitié? » Sarah Hertens insiste ­également sur l’importance de rester en contact avec les amis qui comptent vraiment pour vous, sans pour autant vous rendre la tâche difficile. Il peut s’agir d’un petit appel sur le chemin du retour du boulot, d’un message d’encouragement ou de prise de nouvelles. « De cette façon, vous restez impliqué sans avoir à prendre le temps de vous voir à chaque fois et votre amitié reste un ajout agréable, et non un effort, dans votre vie. »

Comment nouer de nouvelles amitiés une fois adulte?

Quand on était enfant, un petit bout de papier avec les mots: « Veux-tu être ma meilleure amie? » suffisait souvent pour faire de nouvelles connaissances, mais une fois l’âge adulte atteint, dur dur d’élargir son cercle d’amis. Voici 7 conseils pour créer de nouvelles affinités.

1) Rencontrez des gens qui partagent les mêmes centres d’intérêt

Les centres d’intérêt communs ­constituent un élément important d’une bonne amitié, mais il est ­­également possible d’inverser ce ­mouvement. En investissant dans un intérêt personnel et en rejoignant un club de sport ou un nouveau groupe de loisirs, par exemple, vous apprenez à connaître de nouvelles personnes avec lesquelles vous partagez déjà ce centre d’intérêt. C’est une bonne base pour construire une amitié. Après un cours de céramique ou de yoga, ­proposez de prendre un café avec un autre participant avec lequel vous vous sentez en phase.

2) Swipez vers la droite

De nos jours, de nombreuses applications de rencontres offrent également la possibilité ­d’indiquer que vous souhaitez ­rencontrer de nouvelles personnes pour nouer des liens d’amitié. Sur Bumble, par exemple, vous pouvez indiquer que vous êtes sur l’application pour vous faire des amis. Meet5 est une autre application conçue ­spécifiquement pour rencontrer de nouvelles personnes. Elle vous indique les activités organisées dans votre quartier et vous permet de vous inscrire pour rencontrer d’autres personnes dans votre région.

3) Devenez bénévole

Faites d’une pierre deux coups et portez-vous volontaire pour une organisation ou une œuvre ­caritative qui vous tient à cœur. Vous apporterez ainsi votre pierre à l’édifice et il y a de fortes chances que vous rencontriez des personnes partageant les mêmes idées que vous et avec lesquelles vous pourrez nouer une belle amitié.

4) Reprenez contact avec de vieux amis

L’upcycling est à la mode, alors pourquoi ne pas faire de même avec vos amis? Car les « nouveaux » amis ne doivent pas nécessairement être « nouveaux ». Grâce aux réseaux sociaux, vous pouvez facilement ­reprendre contact avec des amis du passé avec lesquels vous vous êtes ­toujours bien entendu·e, mais que vous avez un peu perdus de vue au fil de la vie. « Hey, ça fait longtemps, mais ça te dirait d’aller boire un verre? » C’est aussi simple que cela.

5) Réservez un voyage de groupe

Voyager est souvent une ­expérience très inspirante, qui peut même changer la vie. Partager cette expérience avec d’autres ­personnes permet de créer presque inévitablement un lien fort. Les ­personnes qui s’inscrivent à des voyages de groupe gardent souvent de belles amitiés de cette expérience. Consultez le organisations comme ­Copines de voyage, UCPA, Huwans…

6) Réservez une place dans un espace de coworking

Le travail est souvent un lieu où se nouent de nombreuses amitiés entre adultes. Vous travaillez à domicile ou êtes indépendant·e? Dans ce cas, cette opportunité risque de ne pas se présenter. Il peut alors être intéressant de réserver une place dans un espace de coworking pour quelques jours par semaine ou par mois. Non seulement le changement d’environnement ­pourra vous faire du bien, mais il s’agit aussi d’un endroit agréable pour ­rencontrer de nouvelles personnes et aller luncher ensemble, par exemple.

7 ) Rencontrez vos voisin·e·s

On dit parfois qu’il vaut mieux avoir un voisin proche qu’un ami ­éloigné. Alors sortez le nez de chez vous! Discutez avec vos voisin·e·s de palier ou de quartier. Vous venez ­d’emménager? Invitez votre voisinage à prendre un verre pour la pendaison de crémaillère. Vous habitez la même rue depuis longtemps? Proposez à vos voisin·e·s sympas d’organiser ensemble une fête de rue, pour mieux connaître les autres habitant·e·s.

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