Du désir d’enfant à la maternité, mettre un petit être au monde peut parfois s’apparenter à des montagnes russes. Magali nous raconte sa grossesse difficile et comment elle vit désormais, après qu’on lui a découvert deux cancers de l’utérus et de l’ovaire.
Magali et son compagnon rêvaient d’avoir un enfant. Malheureusement, ils ne pouvaient y parvenir de manière naturelle. Après plusieurs traitements, la jeune femme apprend qu’elle est enceinte de jumelles. “Pour moi, ce fut un choc. On avait tellement du mal à en concevoir un, alors deux bébés…”, commente Magali, qui se souvient d’une grossesse particulièrement compliquée. Elle a, par exemple, dû être alitée de sa 16e à sa 37e semaine de grossesse, et a fait un Covid long entre septembre 2020 et janvier 2022.
L’accouchement par césarienne est programmé le 21 janvier 2021. Si la jeune mère se souvient d’avoir donné naissance à sa première fille, Adèle, elle n’a absolument aucun souvenir d’avoir mis au monde Alba. Elle a repris conscience au moment où les médecins la recousaient. “Je me rappelle avoir senti tout ce qu’ils faisaient, avoir ressenti une douleur très intense, m’être dit que ce n’était pas normal. Ensuite, j’ai ouvert les yeux en salle de réveil, mais je ne me souviens pas qu’ils m’aient anesthésiée”, explique Magali.
Malgré mon insistance pour avoir des examens complémentaires, je ne me suis pas sentie prise au sérieux. Mon gynéco suggérait que la douleur était dans ma tête.
Des douleurs persistantes et un médecin qui ne la prend pas au sérieux
Après son accouchement, la jeune femme est restée six jours à l’hôpital, dont trois alitée. Un délai très long, même après une césarienne. Elle avait encore des douleurs aigües à l’abdomen et dans la région du bas-ventre, mais les infirmières lui assuraient à chaque fois que c’était normal. Néanmoins, plus les jours passaient, plus elle avait mal. “Je suis allée voir mon gynécologue, qui me suivait depuis de nombreuses années. Il m’a annoncé que ces douleurs pouvaient durer jusqu’à trois ans après l’accouchement”, se souvient-elle. “Malgré mon insistance pour avoir des examens complémentaires, je ne me suis pas sentie prise au sérieux. Il suggérait que la douleur était dans ma tête. Jusqu’alors, je l’avais toujours trouvé très cool, mais après mon accouchement, les choses ont changé, et j’ai commencé à me poser des questions.”
Quand j’apprend pour le cancer, je demande l’ablation des ovaires, mais les médecins m’ont répondu que du haut de mes 36 ans, j’étais trop jeune.
Magali a alors décidé de consulter un autre gynécologue, lequel lui a immédiatement prescrit une IRM. Le rendez-vous était fixé trois mois après sa visite, et entre-temps, les douleurs ne s’étaient toujours pas estompées. Pire encore, les anti-douleurs comme le Dafalgan ou le Tramadol (qui peut entraîner une dépendance, ndlr) ont fini par ne plus faire effet. Après l’IRM, la mère de famille a encore dû patienter deux mois avant de revoir son nouveau gynécologue. Le jour J, celui-ci lui annonce la présence d’une tache blanche au niveau de son utérus. Ne sachant pas de quoi il s’agit, le médecin suggère l’opération. Il s’avérera qu’il s’agissait de kystes et d’un cancer de l’utérus. “Quand j’apprends cela, je demande immédiatement l’ablation des ovaires. Je savais que je ne voulais plus d’autres enfants. Mais les médecins m’ont répondu que du haut de mes 36 ans, j’étais trop jeune”, regrette Magali.
Double cancer et trois opérations en quelques mois
La première opération, qui consistait à enlever les kystes et une partie de son utérus, s’est déroulée en juillet 2022. Celle-ci n’a malheureusement rien amélioré, les symptômes douloureux étant toujours bien présents. Quant au kyste, il est parti en culture pour analyse. Quelque temps plus tard, les médecins ont rappelé Magali pour lui annoncer qu’elle avait une tumeur de Brenner. Une seconde opération est programmée en octobre de la même année pour lui retirer l’ovaire droit au complet, le gauche n’étant pas atteint. Puis, en décembre 2022, la jeune mère passe à nouveau sur le billard. Cette fois, pour une compresse qui avait été oubliée dans son utérus lors de la deuxième opération. “J’étais constamment constipée, je sentais que quelque chose n’allait pas. Un scanner révèlera la présence d’un corps étranger”, indique Magali. “Plus tard, j’ai appelé mon gynéco, qui m’a dit que c’était sa faute.”
À l’heure actuelle, la trentenaire ne connaît toujours pas la nature de ses deux cancers, ni ce qui a pu les déclencher. “Les premiers médecins pensent que c’est lié à mon Covid long. Leur argument étant que mon corps était faible et plus enclin à tomber malade”, explique Magali, qui admet, qu’encore aujourd’hui, elle se remet difficilement des maladies et des blessures. “D’autres médecins pensent qu’ils sont liés au déclenchement de mon accouchement. Mais on n’a toujours pas de réponse.”
Beaucoup de personnes n’osent pas remettre en question l’avis et l’autorité des docteurs. Sans mon second gynécologue, qui n’a pas hésité à demander l’avis de confrères, qui sait où je serais aujourd’hui…
“Faites-vous confiance”
Depuis sa grossesse, Magali n’est plus jamais retournée au boulot. Voilà quatre ans que la médecine du travail l’empêche de reprendre le cours normal de sa vie. Et pour cause, elle est désormais incapable de se baisser. “Un gros inconvénient lorsque l’on est institutrice maternelle et que l’on doit régulièrement s’abaisser pour ramasser des choses ou aider les enfants à faire leurs lacets”, commente-t-elle. À cela s’ajoute un problème de vessie nécessitant une rééducation quotidienne. “Travailler me manque. Cela fait deux ans que je demande pour reprendre le chemin de l’école, mais les médecins sont catégoriques, c’est non”, regrette-t-elle.
Si Magali a un conseil à donner aux femmes comme aux hommes, c’est de s’écouter et de “ne pas se laisser manipuler par des médecins sous prétexte qu’ils ont une bonne réputation”. “Beaucoup de personnes n’osent pas remettre en question l’avis et l’autorité des docteurs”, ajoute-t-elle. “Parfois, quand ils sont plus âgés, ils ne se remettent pas en question. Les plus jeunes le font davantage, comme le second gynécologue que j’ai consulté, qui n’a pas hésité à demander l’avis de confrères et de consœurs. Sans lui, qui sait où je serais aujourd’hui…”
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