Après un déni de grossesse et après avoir accouché de sa première fille, Aurore, 18 ans à l’époque, a passé six mois dans une maison maternelle, un établissement qui aide notamment les jeunes mères. Sans cet établissement d’aide psychosociale, la jeune femme pense qu’elle ne s’en serait pas sortie.
On en parle très peu, mais il existe, en Belgique, ce que l’on appelle des “maisons maternelles”. Il s’agit d’établissements qui accueillent des femmes faisant face à des difficultés psychosociales, avec ou sans enfants. Ceux-ci offrent un hébergement et un accompagnement individuel pour que ces jeunes femmes puissent retrouver leur autonomie et retourner à une “vie normale”.
Aurore, 28 ans, est passée par l’une de ces maisons maternelles. Son parcours de vie n’a pas été simple. La Liégeoise a été placée dans un foyer d’accueil par le Service de l’aide à la jeunesse, lorsqu’elle avait 11 ans, à la suite d’un accident de moto qui a rendu sa mère tétraplégique et incapable physiquement de s’occuper de sa fille. Quelques mois après avoir soufflé ses 18 bougies, la jeune femme a appris qu’elle était enceinte de sept mois. Si Aurore a découvert si tard qu’une petite fille grandissait en son sein, c’est parce qu’elle avait jusqu’alors fait un déni de grossesse. “Je savais qui était le père, mais au moment où j’ai découvert que j’étais enceinte, nous n’étions plus ensemble”, commente-t-elle. “Et je vais être très honnête, je ne sais pas si j’aurais avorté ou non, si j’avais su plus tôt que j’attendais un bébé.”
Quand on arrive là-bas, on est un peu comme des SDF.
Après, la certitude
Un jour, Aurore a fait une malencontreuse chute qui l’a menée à l’hôpital. À l’échographie, les médecins n’ont pas entendu battre le cœur de son bébé. C’était quelques semaines avant qu’elle n’accouche. “Je me souviens qu’à cette époque, une émission sur les mères adolescentes passait à la télé”, commente-t-elle. Au bout de douze heures d’hospitalisation, les médecins ont fini par entendre le cœur de sa fille à naître. “Ça m’a convaincue de la garder.”
Les débuts n’ont toutefois pas été simples pour la jeune femme, qui a eu du mal à nouer des liens avec sa fille, durant les premiers instants de sa vie. “Sans la maison maternelle, je pense que je ne m’en serais pas sortie”, commente Aurore, qui avoue avoir songé à faire adopter le fruit de sa chair. C’est la directrice de son foyer d’accueil qui lui a parlé de ce type d’établissement et a fait les démarches pour la Liégeoise.
Mère et élève
“Quand on arrive là-bas, on est un peu comme des SDF”, se souvient-elle. “Les éducateurs sont là pour nous guider, nous conseiller, nous encadrer pour les démarches administratives, car à 18 ans, on n’a jamais fait ça. On a aussi droit à l’aide de puéricultrices pour bien s’occuper de son enfant.” À ce titre, intégrer une maison maternelle a permis à Aurore de poursuivre ses études, tandis que sa fille était sous bonne garde. La jeune mère est retournée à l’école en septembre, comme si rien ne s’était passé durant l’été.
Je m’y sentais bien. Je me suis sentie soutenue, écoutée et guidée. Mais d’autres vivaient beaucoup moins bien la situation…
Ne souhaitant pas rester éternellement au sein de l’établissement, elle a ensuite trouvé un appartement grâce au CPAS pour étudiants, un job d’été et une place en crèche pour sa fille, et a ainsi pu quitter la maison maternelle qui l’avait tant aidée jusqu’alors. Entrée le 12 août 2014, sept jours après avoir donné naissance à sa fille, qui devait normalement naître le 20 août, la jeune femme est restée dans la maison maternelle jusqu’au début du mois de février 2015. Elle y a vécu six mois en tout.
Une étape et une chance pour Aurore
Dans la maison maternelle qu’elle a intégrée, il y avait une vie en communauté, mais chaque femme possédait sa propre chambre avec tout le nécessaire pour dormir, vivre et étudier, mais aussi un coin pour le bébé. “Je m’y sentais bien. Je me suis sentie soutenue, écoutée et guidée”, souligne Aurore, pleine de reconnaissance. “Mais d’autres vivaient beaucoup moins bien la situation…”
Si Aurore avait déjà l’âge de la majorité, ce n’était pas le cas des autres femmes qui partageaient sa vie au quotidien. “La plus jeune avait 16 ans, mais il y avait aussi deux femmes plus âgées qui souffraient d’instabilités psychologiques”, explique-t-elle. “Chaque situation était différente. Si j’avais la chance de vivre auprès de mon bébé, ce n’était pas le cas de toutes les résidentes. Certains enfants ont dû être placés.”
Durant les cinq années qui ont suivi son départ de la maison maternelle où elles étaient, Aurore et sa fille ont vécu à deux. Aujourd’hui, la Liégeoise est une mère épanouie. Elle a retrouvé l’amour et vit désormais dans sa propre maison, entourée de son mari et de ses trois filles.
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