BABYSTORY: ““Mes grossesses ont été un enfer à cause de l’hyperémèse gravidique““
Du désir d’enfant à la maternité, mettre un petit être au monde peut parfois s’apparenter à des montagnes russes. Pour ses deux grossesses, Caroline a connu ce qu’on appelle “l’hyperémèse gravidique”, une maladie rare qui touche environ 1 femme enceinte sur 200 et qui provoque des vomissements incoercibles. Rencontre avec cette maman pour parler grossesse, nausées et isolement.
Caroline a 34 ans, elle habite Lasne et est esthéticienne. Elle partage sa vie avec son mari Olivier depuis 7 ans. Ensemble, ils ont une petite Georgia qui a 3 ans et demi et Caroline est enceinte de son deuxième enfant.
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La maternité
“J’ai toujours voulu des enfants, je ne me suis jamais posée la question. Après notre mariage et le retour de notre voyage de noces en 2020, nous avons décidé de nous lancer. C’était l’étape logique, on en avait envie tous les deux. J’ai fait retirer mon stérilet et je suis tombée enceinte la semaine d’après.“
Les premiers symptômes
“Environ à six semaines d’aménorrhée, j’ai commencé à avoir les premiers symptômes.
Ça a commencé par des nausées assez fortes qui n’ont fait qu’empirer petit à petit. Tension très basse, nausées violentes, entre dix et quinze vomissements par jour…
On m’a alors prescrit un médicament qui n’a pas vraiment aidé. J’ai tout essayé: le gingembre, des tisanes de gingembre, d’autres médicaments, mais rien ne fonctionnait. Heureusement à cette époque, on était en pleine période covid, nous étions tous confinés et j’ai ainsi mieux vécu le fait d’être isolée.“
Des vomissements incoercibles
“Lors de ma première grossesse, j’ai perdu quatre kilos en quelques semaines. Ma gynécologue voulait m’hospitaliser mais avec le covid, elle a préféré éviter dans un milieu hospitalier car les informations étaient alors nébuleuses quant au risque pour la maman et le bébé. À l’époque, ma gynécologue ne parlait pas d’hyperémèse gravidique mais de vomissements incoercibles. J’ai pris sur moi jusqu’à ce que les symptômes s’atténuent pour tout à fait disparaitre au bout de la 16e semaine d’aménorrhée. J’ai donné naissance à ma fille Georgia le 7 novembre 2020. Heureusement l’hyperémèse gravidique n’a pas eu d’impact sur ma fille, elle se porte à merveille!“
L’angoisse d’une seconde grossesse
“Je me rappelle que durant ces moments difficiles, je me suis dit que je n’étais pas sûre de vouloir un deuxième enfant. Mais on oublie vite et puis surtout ma grossesse s’est dans l’ensemble bien passée et j’ai eu un accouchement de rêve. Quand ma fille a eu deux ans et demi j’ai décidé que j’étais prête. Je suis tombée enceinte tout de suite, c’était l’été dernier. Je m’en suis rendu compte assez vite car je connais mon corps. Les symptômes sont apparus au bout de 7 semaines d’aménorrhée.“
Alors que pour Georgia, les vomissements étaient venus progressivement, lors de ma deuxième grossesse ça a été l’enfer du jour au lendemain.
L’enfer du jour au lendemain
“J’ai eu des nausées très fortes, je vomissais entre vingt à trente fois par jour. C’était terrible. Je n’ai pas quitté mon lit pendant les trois premiers mois de la grossesse. Je faisais des syncopes, je m’évanouissais, je ne savais rien avaler. La seule chose qui passait et que mon estomac acceptait de garder durant 20 minutes, c’était des saucisses apéritives, des chips, de la soupe et des bonbons. Après, je finissais toujours par vomir.“
La situation était invivable. Je ne savais plus rien faire, mon mari devait s’occuper de tout: me préparer à manger, s’occuper de ma fille, faire le ménage… Toutes les odeurs m’étaient devenues insupportables, même celle de mon enfant, de mon mari et de mon chien.
“Le plus dur a été l’isolation sociale. Mon entourage me proposait de passer mais j’étais dans un tel état que je ne savais voir personne. Je ne pouvais plus m’occuper de ma fille, ça m’a profondément attristée. J’ai longtemps culpabilisé mais heureusement j’ai pu en parler avec mon mari. Il a été un vrai pilier durant ces mois.“
L’inquiétude
“J’ai perdu cinq kilos en trois semaines. On ne peut comprendre ce qu’est l’hyperémèse gravidique tant qu’on ne l’a pas vécue. C’est comme une intoxication alimentaire qui dure des mois. J’appelais régulièrement ma gynécologue pour lui demander de l’aide. Elle m’a alors conseillé de m’hospitaliser mais j’ai refusé car l’idée d’être dans un lit d’hôpital pendant plusieurs jours sous intraveineuse, à ne pas pouvoir manger etc, je ne voulais pas.“
J’ai commencé à craindre pour la santé de mon bébé.
“Avant de capituler, j’ai d’abord demandé à essayer de me nourrir d’une autre façon pour tenter de garder ce que je mangeais plus longtemps dans l’estomac. J’ai commencé à boire des jus de fruits et des soupes que j’arrivais à garder pendant une heure. À partir de ce moment-là, elle m’a autorisée à rester à la maison. Même boire de l’eau c’était compliqué… Je ne buvais que de l’eau pétillante à la pêche. Je ne mangeais rien de consistant. C’était terrible car j’avais envie de manger mais je savais que j’allais être malade si je le faisais. Les nausées commençaient dès le réveil, j’avais peur de me réveiller et j’essayais de dormir le plus tard possible.“
L’acupuncture comme un miracle
“J’étais perdue. Je prenais un nouveau médicament qui fonctionnait deux heures sur la journée, ce n’était pas suffisant. J’ai alors commencé à chercher des solutions par moi-même.“
Une amie m’a conseillé de consulter un acupuncteur. Après la première je n’ai pas remarqué de changements, mais lors de la deuxième, dès le lendemain, je revivais presque normalement.
“J’avais encore des chutes de tension mais j’arrivais à nouveau à manger, je vomissais beaucoup moins souvent (deux à trois fois par jour), j’ai même su aller au restaurant! J’ai su reprendre ma douche seule. L’acupuncture m’a vraiment sauvée.“
Une maladie encore trop peu connue
“Durant toutes ces semaines, jamais ma gynécologue ne m’a parlé de médecine alternative ni vraiment prononcer le diagnostic d’hyperémèse gravidique. J’ai le sentiment que cette maladie n’est pas vraiment reconnue. Les médecins ont tendance à parler de vomissements incoercibles épouvantables. J’ai moi-même un jour répondu à un questionnaire en ligne pour savoir si je souffrais de cette maladie. Je cochais quasi toutes les cases. Avant de le vivre, je n’avais jamais entendu parler de l’hyperémèse gravidique avant d’être enceinte. On ne m’a pas non plus proposé d’aide psychologique et je trouve ça dommage.“
Des histoires tragiques
“Lors de ma première grossesse, je m’étais inscrite sur un groupe Facebook consacré à l’hyperémèse gravidique. En lisant les témoignages, j’ai réalisé que beaucoup de mamans avaient perdu leur bébé ou avaient dû avorter car elles n’arrivaient à rien ingérer et avaient perdu trop de poids.“
Personnellement, la pensée de mettre un terme à la grossesse m’a traversé l’esprit un court instant. Mais je me suis raccrochée aux paroles de ma gynécologue qui me disait que le pic arrivait vers 11 semaines. Je me motivais à tenir le coup avec ce but en tête.
“On s’était toujours dit avec mon mari que si je perdais le bébé que je porte aujourd’hui, on ne tenterait pas une nouvelle grossesse. C’est quelque chose qu’on s’est dit à ce moment-là, mais maintenant que la situation s’est calmée, évidemment ma vision des choses a changé.“
Un deuxième trimestre plus serein
“Aujourd’hui, je suis toujours sous traitement. J’ai encore des épisodes où je suis malade, mais c’est tout à fait supportable. J’ai su reprendre le travail et une vie normale. Je remange normalement. J’ai repris tout le poids que j’avais perdu et j’en ai même pris. Dès que je me suis sentie mieux, je me suis ruée sur la nourriture. Je n’ai plus envie de soupes ni de saucisses (rires).“
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