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BABYSTORY: « Je voulais un deuxième enfant à la place j’ai eu des triplés »

Que feriez-vous si vous attendez non seulement un deuxième enfant, mais aussi un troisième et un quatrième en même temps? C’est ce qui est arrivé à Marieke, 29 ans, qui a donné naissance à ses triplées, Daphne, Jolien et Helena, le 7 novembre 2022.

«Stef et moi sommes ensemble depuis ­presque 10 ans et nous savions dès le début de notre relation qu’un jour nous aurions des enfants. J’ai toujours su que je voulais devenir maman, et plutôt à 25 qu’à 30 ans, un scénario que Stef – qui est un an plus jeune que moi – était également ravi d’envisager. Nous avons acheté une maison, fait quelques travaux de rénovation et peu après notre emménagement, je suis tombée enceinte. Notre fils Guust est né le 28 avril 2020. Quand il a eu un an et demi, nous avons envisagé d’avoir un deuxième enfant.

Grâce à un test sanguin, j’ai découvert au printemps 2022 que notre souhait était devenu réalité et que Guust allait devenir grand frère. Pendant ma première grossesse, mon taux d’­hormones était relativement ­élevé. J’étais autour de 1000 à 5 semaines seulement, alors qu’à la même période, j’avais déjà atteint une valeur de 4000 pour cette deuxième grossesse. Ma sœur – qui a elle-même des ­jumeaux – avait une valeur de mille pendant sa grossesse, donc j’ai abordé la première échographie à 8 semaines en pensant que je serais également enceinte de 2 enfants.

Je m’entends encore dire: ‘Tant qu’il n’y en a pas 3, ça va!’ Quand le troisième bébé est apparu à l’échographie, j’ai fondu en larmes.

Avant même que l’assistant-gynécologue ne fasse son compte-rendu, j’ai immédiatement vu qu’il y avait ­effectivement des jumeaux dans mon ventre. ‘Tant qu’il n’y en a pas 3, ça ira!’, ai-je dit à l’assistant-gynécologue, sans savoir qu’une minute plus tard, je verrais un troisième bébé apparaître sur l’écran de l’échographie… Au début, j’ai pensé que c’était un kyste, mais lorsque l’assistant a confirmé qu’il s’agissait bien d’un troisième foetus, j’ai fondu en larmes. Bien que je n’ai pas tout de suite réalisé, c’est un moment que je n’oublierai jamais. Le seul aspect pratique auquel je pouvais penser à ce moment était que notre maison n’était pas encore complètement rénovée et ne compte pas 5 chambres, comment allions-nous faire? Ma voiture n’était pas assez grande, alors où allais-je ­mettre ces 4 enfants? Comment gérer 4 poussettes et qui ­accepterait de garder 3 bébés? Des tas de questions me hantaient. J’étais principalement préoccupée par l’aspect matériel, tandis que mon cœur me disait que j’aimerais chacun de ces bébés, peu importe leur nombre.

Qui vivra verra

Apprendre que l’on attend des ­triplés est un véritable choc, surtout quand il faut gérer seule l’information, car Stef était malade et s’occupait à ce moment-là de Guust. Je ne voulais pas annoncer la nouvelle à Stef par téléphone, mais comme j’habite à 15 minutes de l’hôpital, si je n’avais pas pu en parler à quelqu’un pendant mon trajet de retour, j’aurais probablement craqué en rentrant chez moi (rires). J’ai donc appelé ma maman, qui m’a ­rassurée et m’a rappelé que nous n’étions pas seuls. Dès que je suis rentrée chez moi, j’ai montré les échographies à mon homme et lui ai demandé s’il ­remarquait quelque chose. D’une voix calme, il a demandé s’il y en avait 3. Il était si serein, ce que je n’avais pas ­vraiment anticipé. Je pense qu’il lui a fallu plus de temps que moi pour ­assimiler cette nouvelle. Il était quelque peu préparé à l’idée de jumeaux, mais des triplés est encore autre chose. Stef et moi voulions juste un deuxième enfant et nous avons eu immédiatement un troisième et un quatrième.

Comment gérer 4 poussettes et qui acceptera de garder 3 bébés? Ces questions me hantaient.

À l’époque, je n’avais pas réalisé ce qui nous attendait, ­encore moins imaginé comment cette grossesse se déroulerait. Ce n’est que lors de ma première consultation avec un gynécologue spécialisé dans les grossesses ­multiples que j’ai été ­confrontée à la réalité. Chaque ­grossesse comporte des risques, et attendre des triplés ­augmente les ­complications potentielles, comme par exemple, la naissance prématurée (extrême). Le gynécologue a même proposé de retirer un ou 2 embryons. 2 des 3 embryons ­semblaient être des jumeaux ­identiques partageant le même placenta et la même poche ­amniotique. Pour avoir 90 % de chances d’avoir un bébé en bonne santé et à terme, le meilleur scénario serait de retirer les jumeaux, mais je n’arrivais pas à me faire à cette idée. Je suis pour ­l’avortement, ne vous méprenez pas. Je suis tellement reconnaissante que cela soit légal en Belgique et que ­chaque femme puisse ­décider de mettre un enfant au monde ou non, mais je ne voulais pas jouer à Dieu. Je ne suis pas du tout croyante, mais la nature avait décidé que j’attendais des triplés. Je n’avais aucune idée si mon corps pourrait le supporter, mais je voulais laisser l’univers ­décider si je pourrais ­mettre les 3 bébés au ­monde ou non. Je me suis dit, ce qui doit arriver arrivera.

Nourrir et changer les bébés ce n’est pas rien. Je pense que j’utilisais un paquet de couches tous les 2 jours.

Un paquet de sucre

En raison des risques, j’ai été suivie de très près. Jusqu’à 26 semaines, je devais aller chez le gynécologue toutes les 2 semaines, et à partir de ce moment-là, j’ai pu faire une échographie chaque semaine. Est-ce que ma ­grossesse s’est déroulée sans encombre? J’ai bien sûr eu beaucoup plus de stress. Quand je sentais Guust bouger, j’étais rassurée. Avec les triplées, je sentais des ­mouvements dans mon ventre, mais il était difficile de savoir quel bébé bougeait. C’était ce que je trouvais le plus difficile. Physiquement, je ne souffrais pas trop, à part l’instabilité pelvienne, beaucoup de reflux gastrique et des douleurs aux côtes. Plus ma grossesse avançait, plus elle devenait difficile physiquement. Quand j’ai atteint 32 semaines, j’étais épuisée ­physiquement et j’ai passé une ­semaine à l’hôpital pour me reposer. C’est là que ma césarienne a été programmée, elle devait ­normalement avoir lieu à 35 semaines et 5 jours. Cela m’a apporté une ­certaine tranquillité d’esprit et j’étais convaincue que j’atteindrais ce terme, mais le soir même de mon retour à la maison, j’ai perdu les eaux. À l’hôpital, il s’est avéré que j’étais déjà dilatée à 4 centimètres et que le travail était déjà tellement avancé qu’il n’a plus été ­possible de retarder l’accouchement. L’équipe – une ­sage-femme pour moi, 3 autres pour les bébés, 2 pédiatres pour les soins après la naissance, un ­anesthésiste pour ma péridurale et un gynécologue pour la césarienne – a été mobilisée pour que l’accouchement se déroule bien. Le 7 novembre 2022, après 33 semaines et 4 jours, nous avons pu accueillir Daphne, Jolien et Helena. Daphne, avec ses 40 centimètres et 1,330 kilos, était la plus petite des 3, à peine plus lourde qu’un paquet de ­sucre. Helena pesait 1,700 kilos et mesurait 42 centimètres, alors que Jolien pesait 1,810 kilos et mesurait 42,5 centimètres à la naissance. Comme elles étaient ­prématurées, elles ont dû rester un certain temps en couveuse dans le service de néonatologie. Le 2 décembre, Helena et Jolien étaient suffisamment en forme pour ­rentrer à la maison, et 7 jours plus tard, ce fut enfin le tour de Daphne. Voir mes 3 filles allongées côte à côte dans leur lit pour la première fois est un moment que je n’oublierai jamais.

Pas une attraction touristique

Et tout à coup, nous avions un tout-petit et 3 nouveau-nés à la maison. J’ai essayé d’allaiter, mais comme pour Guust, je ne ­produisais ­malheureusement pas assez de lait. Pendant les premiers jours, j’ai essayé de tirer autant que possible pour qu’elles puissent tout de même recevoir ces anticorps, mais dès qu’elles ont pu rentrer à la maison, je suis passée aux biberons. Les nourrir était déjà tout un bazar, tout comme changer les couches. Je pense que je vidais un paquet tous les 2 jours (rires). Pendant les premières ­semaines et les premiers mois, nous avons essayé de nourrir et de faire dormir les triplées à la même heure, mais maintenant qu’elles ont un an et demi, nous ­essayons surtout de suivre leur rythme. La parentalité est un défi, surtout quand il faut diviser son attention entre 4 enfants. J’essaie d’impliquer Guust autant que possible dans les soins de ses sœurs, car les bébés demandent énormément d’attention. Comme elles sont restées un certain temps en couveuse, je n’ai pas ressenti ­immédiatement cet instinct maternel typique que j’avais eu avec Guust dès sa naissance. Cet amour a dû grandir avec les filles, ce qui a bien sûr été accompagné d’un ­sentiment de culpabilité. C’est pourquoi, de temps en temps, je laissais 2 filles chez ma mère et gardais l’une d’elles avec moi pour une journée et une nuit, afin de ­passer vraiment du temps de qualité avec chacune d’elles. Nous allions notamment prendre un bain ensemble pour avoir suffisamment de contact peau à peau, car avec 3 bébés, ce n’est pas si évident.

Depuis avril 2023, j’ai repris le travail et les filles vont 3 jours par semaine à la ­crèche, mais le mercredi, je ne ­travaille qu’une demi-journée. J’ai fait cela spécialement pour Guust, afin qu’il puisse aussi avoir toute mon attention et ne pas toujours la partager avec ses sœurs. Avec des triplées, on attire beaucoup l’attention, mais heureusement pas au point de se sentir comme une attraction touristique. Des triplées, ce n’est évidemment pas courant, et c’est quelque chose que la plupart des gens ne verront peut-être jamais. Cette attention n’est pas toujours agréable, mais il est difficile de rester cloîtrés chez nous. Les réactions que nous recevons de l’extérieur sont généralement très positives, à quelques exceptions près. Je me souviens encore que j’ai dû consulter le ­médecin du travail, qui n’a pu que dire: ‘oh’ quand j’ai mentionné que j’attendais des triplés. Pourquoi pour ­certaines personnes, avoir des triplés est-t-il une mauvaise nouvelle? On aurait dit qu’il portait déjà un jugement. Non seulement sur notre situation, mais aussi sur nos enfants, et c’est inacceptable. Stef et moi sommes toujours ­occupés, c’est indéniable. Mais d’un autre côté, nous serons rapidement débarrassés des couches, et cela ­comporte évidemment aussi de nombreux avantages.

C’est souvent le bazar, je ne suis jamais plus seule une seconde, mais nous sommes ravis de vivre cette expérience.

Plus jamais seule

Daphne, qui est née la première, a vraiment le caractère d’un deuxième enfant. Bien qu’elle soit beaucoup plus prudente que Jolien et Helena, il vaut mieux ne pas la perdre de vue une seule seconde, sinon elle grimpe partout. Elle est intrépide et ne cesse de parler. Elle est aussi assez jalouse, car quand elle est sur mes genoux, elle préfère qu’aucun frère ou sœur ne soit à proximité. Jolien, notre ‘dancing queen’, est la plus têtue, mais aussi la plus attentionnée des 3. Quand ses sœurs pleurent, elle leur remet leur tétine dans la bouche avec Guust et leur apporte des peluches pour essayer de les réconforter. Helena est la plus jeune du groupe et ça se voit, car elle veut être chouchoutée de toutes les manières possibles (rires). C’est très agréable qu’elles aient 3 caractères différents, même si j’espère que leurs côtés jaloux et têtus s’atténueront avec le temps. Sinon, les années d’adolescence risquent d’être très intenses.

Mon conseil pour les parents (ou futurs parents) de triplés ou de jumeaux: n’ayez pas peur de demander de l’aide. Laissez vos enfants de temps en temps quelques heures ou une nuit chez la famille ou des amis, afin de pouvoir aussi prendre soin de vous. La première année, on vit à 100 à l’heure, c’est presque une question de survie et on avance en pilote automatique. Maintenant que Helena, Daphne et Jolien ont presque 2 ans, le stress est moins présent, et je le ressens sur certains plans. Par exemple, j’ai été malade pendant plusieurs mois. Mon médecin n’a jamais dit que c’était à cause des triplées, mais il est difficile de ne pas penser que leur arrivée a eu un impact sur mon corps. Heureusement, je vais mieux, mais je réalise désormais que je ne dois pas m’oublier. Je dois essayer de me reposer régulièrement pour être une meilleure maman pour eux. Avec un garçon et 3 filles, c’est un job à temps plein, et les drames ne sont jamais loin. Je ne suis plus jamais seule une seconde, même pas dans la plus petite pièce de la maison (rires).

Ne vous mettez pas trop de pression non plus. Si quelqu’un arrive chez nous à l’improviste, il voit tout de suite que notre maison est remplie de jeunes enfants, car chaque pièce est un champ de bataille plein de jouets et de piles de linge que je n’arrive pas à plier. La vaisselle reste souvent en plan parce que Stef et moi manquons de temps pour faire toutes les tâches ménagères. Et si par chance, ils font tous la sieste en même temps, et que j’ai le choix entre ranger ou dormir un peu, le choix est vite fait. Avoir des triplées est la meilleure leçon pour apprendre à lâcher prise, car on n’a tout simplement pas le choix. Mais c’est aussi une aventure extraordinaire que Stef et moi sommes incroyablement heureux de vivre! »

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