BABYSTORY: ““Nous avons eu un enfant grâce à un donneur““
Du désir d’enfant à la maternité, mettre un petit être au monde peut parfois s’apparenter à des montagnes russes. Pour pouvoir avoir un enfant, Louise* et son conjoint ont dû faire appel à un donneur. Rencontre avec cette maman qui nous raconte son parcours peu commun pour arriver à donner la vie.
Louise* a 33 ans, elle habite Rixensart et est en couple avec son mari depuis 7 ans. Ensemble, ils ont une petite fille née en avril 2022. *nom d’emprunt
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Du désir d’enfant à la désillusion
“D’autant que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu être maman, c’était une evidence. J’avais dit à mon conjoint que je voulais commencer à mettre un enfant en route avant la fin de ma thèse et avant mes 30 ans. J’ai arrêté la pilule en pensant que je tomberais enceinte dans les 3 mois. Sauf qu’un bout de trois mois, toujours rien. Six mois plus tard, ça ne fonctionne toujours pas. À ce moment-là, je ne me mettais pas encore la pression même si je trouvais ça de moins en plus marrant de devoir commencer à calculer en fonction de mon évolution.”
Au bout d’un an d’essais, je décide de consulter ma gynécologue.
Les résultats tombent
“On nous annonce que les résultats de mon côté sont normaux. En revanche, pour mon conjoint, les choses sont différentes. Dans les échantillons récoltés, il n’y a presque pas de spermatozoïdes. Face à cette nouvelle, je ne m’effondre pas. Je suis une scientifique, j’ai tendance à analyser les problèmes de façon pragmatique et chronologique. Je cherche des solutions et à trouver une explication. Mon mari me fait confiance et croit aux progrès scientifiques.”
Je me rappelle que c’est à ce moment-là que j’ai commencé à mal vivre les grossesses des autres. Nos proches ne savaient pas ce qu’on vivait, on a gardé ça pour nous tant qu’on était dans les examens et qu’on ne savait pas ce qu’il en était.
“On nous a alors proposé une opération afin d’aller voir les spermatozoïdes à la source, dans les testicules. Mon conjoint accepte car il veut savoir ce qu’il se passe et potentiellement trouver un problème qu’on pourrait résoudre. Malheureusement, on ne trouve rien de plus lors de cette opération et on apprend qu’il n’y a pas assez de spermatozoïdes pour pouvoir en congeler en vue d’une potentielle insémination ou FIV. “
La quantité de de spermatozoïdes était tellement faible qu’ils ne savaient pas les étudier. Aucun test n’était possible.
Une période compliquée
“Il faut savoir que tous ces examens ont eu lieu pendant la période covid. Alors que normalement ce genre de batterie de test va assez vite, ici le corps médical ne cessait de reportait les rendez-vous nous disant que ce n’était ‘pas essentiel’. Sauf que si, ça l’était pour nous! C’était très dur à entendre. Nous avons commencé les essais bébé en janvier 2020. En janvier 2021, nous avons eu les premiers tests de fertilité et les résultats ont été échelonnés sur tout l’année 2021.”
Trouver une solution
“Suite à cela, on voulait comprendre pourquoi le nombre de spermatozoïdes était si faible et quelles étaient les options qui se présentaient à nous. On nous a alors proposé un screening génétique de mon mari qui a révélé une translocation chromosomique. Pour lui, c’est clair, on devait adopter. Mais j’ai refusé. J’ai des membres de ma famille qui ont été adoptés, ça ne m’est donc pas inconnu et je sais aussi les difficultés que ça représente.”
Envisager le don
“L’hôpital me dit qu’on peut faire appel à un donneur. J’y suis tout de suite favorable car selon moi, cette méthode permet de concevoir des enfants nés de l’amour de deux parents qui s’aiment très fort. Dans ce cas, il n’y a pas de traumatisme d’abandon, ce ne sont pas des enfants qui grandissent en voulant connaître leurs origines, car leurs origines, ce sont les deux parents qui s’aiment.”
Sauf que mon mari refuse. Pour lui, si on adopte ‘ça ne sera ni de toi ni de moi’. Mais moi je veux connaitre la grossesse et porter la vie.
Finalement, au bout d’un moment, il finit par accepter même s’il se pose pas mal de questions: ‘si j’avais eu un enfant biologique, est ce qu’il me ressemblerait?’ et ‘si un jour mon enfant me disais que je ne suis pas son père?’”
Le don
“Je pensais que la procédure du don prendrait du temps, mais il existe des tas de banques de spermes belges et européennes facilement accessibles. Pour en bénéficier, on se rend dans un centre de PMA qui a accès à ces banques.”
L’équipe médicale ‘choisit’ un donneur en fonction des critères physiques du papa mais c’est très limité (couleur de peau, couleur de cheveux et des yeux et groupe sanguin).
“On ne reçoit aucune information sur son origine, son poids, sa taille, son métier, ses hobbies… L’anonymat est dans les deux sens: aussi bien pour nous que pour lui. On ne connaître jamais sont identité. Lors de tout ce processus, nous avons bénéficié d’un suivi psychologique à l’hôpital. On nous informe qu’avec l’avancée technologique, l’hôpital ne peut pas totalement exclure le fait que notre enfant ait un jour accès à des données. Entre ce rendez-vous et l’annonce qu’un donneur a été trouvé il se passe une semaine.”
Le coût
“En ce qui concerne les frais médicaux comme les prises de sang, les inséminations etc, ils sont en partie remboursés par la mutuelle. En revanche, la commande et la conservation de paillettes de spermatozoïdes sont à notre charge. Il faut compter un bon 500 euros par cycle.”
Se lancer
“Nous avons tenté une insémination artificielle sur cycle naturel. Le taux de réussite est entre 10 et 15% de chance par cycle. Personnellement, je le vois comme des probabilités, c’est logique. . Je m’estime chanceuse, car il me faut seulement 4 cycles pour tomber enceinte, ce qui est rapide. L’insémination a eu lieu le 22 juillet 2021.”
Deux semaines plus tard, j’ai su que j’étais enceinte.
“Je n’ai pas attendu la prise de sang officielle et j’ai fait un test urinaire chez moi. Je voulais mon ‘+’ pour pouvoir l’annoncer moi-même à mon mari avec une chouette mise en scène. Sauf que ça ne s’est pas du tout passé comme je l’avais prévu. Il m’a entendue pleurer dans la salle de bains et l’a découvert comme ça.”
S’identifier
“J’ai accouché de ma fille le 22 avril 2022. Dès sa naissance, mon conjoint et moi avons fait des choix symboliques pour la lier le plus possible à lui. Ainsi, son deuxième prénom est le prénom de sa grand-mère paternelle, elle ne porte que son nom de famille à lui. Ayant eu une césarienne, ma fille lui a été confiée et il a pu vivre le premier peau à peau avec elle. Physiquement, ma fille me ressemble.”
Aussi étrange que cela puisse paraître, elle a beaucoup de mimiques du côté de mon mari (de ses grands-parents et parents paternels).
“On oublie vite que cet enfant est né d’un donneur. Ma fille adore son père, elle fait tout comme lui, ça ne change rien.”
En parler ou le garder secret
“Dès le début, on nous a averti qu’il fallait faire un choix. Soit on ne le disait jamais à personne, car notre fille risquait de l’apprendre tôt ou tard, soit on en parlait. Nous n’avons jamais envisagé de le garder secret. Nos familles étaient déjà au courant et puis avec les avancées technologiques, nous sommes sommes convaincus qu’elle pourrait l’apprendre un jour. À notre fille, nous en parlerons vraiment quand elle demandera comment on fait des bébés ou si un deuxième enfant étant en route. On pourra alors lui expliquer comment ce bébé est arrivé dans mon ventre. Je pense qu’en en parlant dès le plus jeune âge, ça lui permet d’assimiler l’information sans se rendre compte que c’est ‘différent’ des autres familles. Ça fait partie de son histoire. Elle aura sûrement un jour des questions.”
Je pense que le plus important, c’est que notre fille a été plus que désirée et attendue, c’est une véritable preuve d’amour envers elle. Au final, je pense que ça ne change rien. C’est une jolie histoire où un enfant naît de l’amour entre deux êtres.
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