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Avortement sous stérilet
© Getty Images

À COEUR OUVERT: ““Cet événement traumatisant a confirmé que je ne voulais pas être mère””

Sarah Moran Garcia
Sarah Moran Garcia Journaliste web

Il y a deux ans, Émilie (nom d’emprunt) a connu la pire souffrance de son existence. Sous stérilet, elle est tombée enceinte. La réponse était évidente, elle ne voulait pas garder le bébé. Mais le regard des autres et le délai d’attente avant l’avortement ont été pénibles pour elle.

Les moyens de contraception comme le préservatif, la pilule ou l’implant sont de bons moyens d’empêcher une grossesse, cependant, le risque zéro n’existe pas. Émilie (nom d’emprunt) l’a vécu. En 2022, des douleurs à l’estomac l’ont poussée à se rendre aux urgences, où les médecins ont découvert qu’une petite graine poussait en elle. Pourtant sous stérilet, elle en était alors enceinte de sept semaines.

Face à son incompréhension, ses médecins lui ont assuré que cela pouvait arriver. Par ailleurs, des cas similaires s’étaient déjà produits dans son entourage. Elle ne pensait cependant pas que cela lui arriverait un jour. “Je ne sais malheureusement pas ce qu’il s’est passé, mais je pense que mon stérilet a bougé et a pu se plier”, commente-t-elle.

Une souffrance

Quand la jeune femme a appris qu’elle était enceinte, elle a fondu en larmes et appelé son copain. “J’avais honte, je voulais qu’on arrête la blague que l’on était en train de me faire. Je n’y croyais pas”, se souvient Émilie. Si elle n’y a d’abord pas cru, elle n’a néanmoins pas hésité une seconde. “Je ne voulais pas le garder.” Une décision qui fut par la suite lourde de conséquence. “Le regard et les jugements des autres me semblaient lourds, j’avais l’impression de porter une étiquette de ‘tueuse de fœtus’. Que, peu importe où j’étais, les gens le savaient et me trouvaient misérable.”

Les professionnels me disaient que j’avais de la “chance” que ça aille aussi vite… Pourtant, pour moi, c’étaient les jours les plus longs de ma vie

La grossesse d’Émilie coïncidait avec l’abrogation de la loi Roe v. Wade, aux États-Unis, ce qui a décuplé son sentiment de culpabilité, son impression d’être un monstre. Pourtant, dans son entourage, personne n’a jamais dit ou sous-entendu qu’elle était un monstre ou une “tueuse de fœtus”.

Trop longue attente

Entre le moment où elle a découvert qu’elle était enceinte et l’avortement, 17 jours se sont écoulés. “Les professionnels me disaient que j’avais de la ‘chance’ que ça aille aussi vite… Pourtant, pour moi, c’étaient les jours les plus longs de ma vie”, insiste la jeune femme, qui se demande encore aujourd’hui pourquoi imposer un tel délai de réflexion. “Cette obligation m’a fait souffrir plus qu’elle ne m’a aidée.”

Avortement
© Getty Images

Étant donné qu’elle était enceinte de sept semaines au moment de la découverte de la grossesse, et le délai légal de réflexion, ainsi que les rendez-vous qui ont suivi, Émilie ne pouvait plus avorter par traitement médicamenteux. La procédure s’est faite par aspiration.

Aucun regret

Cet épisode a été pour Émilie la plus grande souffrance de sa vie, car depuis son plus jeune âge, elle sait qu’elle ne veut pas d’enfant. Tomber enceinte a toujours été pour elle l’un de ses pires cauchemars, et le fait qu’il soit devenu réalité a été réellement traumatisant. “J’en ai souffert physiquement et psychologiquement. Je ressassais sans arrêt, je me disais que j’avais ‘volé’ la chance d’une autre femme qui, elle, voulait un enfant, que c’était honteux de ma part de ne pas accepter ce ‘cadeau’. J’ai dû me blinder et m’entourer correctement, car j’ai énormément pleuré. Je me suis renfermée”, se souvient la jeune femme.

Cet événement a confirmé à 100.000 % que je ne voulais pas être mère.

Deux ans plus tard, Émilie ne regrette aucunement sa décision d’avorter. “J’ai fait le bon choix, je n’aurais pas voulu mettre au monde un enfant qui n’était pas voulu ou qui aurait souffert”, indique-t-elle. Si le cas devait se présenter à nouveau, elle assure qu’elle prendrait la même décision. “Cet événement a confirmé à 100.000 % que je ne voulais pas être mère.”

Après l’avortement, Émilie a fait remplacer son stérilet, ce qui lui a permis de rencontrer des professionnels à son écoute et celui de son corps. Elle explique avoir longtemps envisagé de se faire ligaturer les trompes, mais n’avoir jamais su comment s’y prendre. Désormais, elle a en sa possession des noms de professionnels de la santé en accord avec son choix, et “qui sauront m’accompagner correctement, sans que j’aie à risquer des violences gynécologiques”.

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