Noël, Nouvel An, la plus merveilleuse période de l’année... Sauf pour les personnes qui se retrouvent le cœur brisé juste avant de les célébrer. Pourquoi l’hiver est-il la saison des ruptures? Et comment faire face à cette situation douloureuse au milieu des réunions de famille?
On dit parfois que les couples se séparent plus souvent durant les mois d’hiver. C’est pourquoi on appelle cette période de l’année « la saison des ruptures ». Rompre n’est bien sûr jamais agréable, mais lorsque l’un des deux décide juste avant le repas de Noël qu’il n’est plus possible de continuer, la situation devient doublement plus difficile à accepter. D’autant que vous aviez sûrement prévu des plans pour cette fin d’année avec l’élu·e de votre cœur. Et lorsque ceux-ci s’effondrent, rester d’humeur festive devient mission impossible. Vous auriez certainement préféré célébrer votre amour en même temps que le réveillon et devoir expliquer à votre famille (à plusieurs reprises) pourquoi votre moitié n’est pas là cette année ne fait qu’ajouter à l’amertume et à la blessure. Mais comment se fait-il que tant de ruptures se déroulent particulièrement pendant cette période associée à la joie? Les papillons dans le ventre disparaissent-ils en même temps que le soleil? Les journées qui raccourcissent et les nuages gris pèsent-ils aussi sur notre bonheur sentimental? Nous avons posé la question a des témoins ayant vécu cette situation ainsi qu’à notre sexologue, Ina Van Ransbeeck.
Rienke a rompu avec son compagnon le soir de Noël, car elle ne pouvait attendre un jour de plus.
Rienke: « Il était 2 h du matin, la nuit de Noël. J’étais allongée près de mon amoureux de l’époque, dans son ancien lit, chez ses parents, après avoir célébré le Réveillon. Et je n’avais pas encore fermé l’œil. Les pensées ne cessaient de tourner dans mon esprit. Et tout ce qui s’en dégageait était: ‘Je suis tellement malheureuse. Il faut que cela s’arrête.’ Ce n’était pas la première fois que je ressentais de tels doutes. Ceux-ci avaient émergés quelques mois plus tôt et j’en avais alors parlé avec lui avant de faire marche arrière. J’essayais de me persuader, tout comme lui, que ça n’avait été qu’une incertitude passagère. Après tout, nous étions ensemble depuis 7 ans, nous nous disputions rarement, voire jamais et il n’y avait aucune raison évidente de nous séparer. Mais assise là, à la fête de Noël chez mes beaux-parents, j’ai soudain réalisé que je n’aurais pas dû être là. Je n’étais pas heureuse et je devais partir.
J’avais le sentiment que mon cœur et ma tête exploseraient cette nuit-là si je ne disais rien. Alors, j’ai réveillé mon copain et lui ai avoué ce que je ressentais. C’était bien sûr le pire moment imaginable, mais c’est comme si il m’était devenu impossible de retenir mes mots.
Cela a été une nuit terriblement douloureuse, mais nous avons convenu de faire comme si de rien n’était le lendemain matin devant sa famille et d’ensuite avoir une discussion sérieuse après les Fêtes.
Finalement, cette situation a traîné 4 mois. Il y avait toujours un élément ou l’autre qui rendait compliqué de prendre une décision définitive. Mais cela n’aura amené qu’à rendre plus difficile encore le moment où nous nous sommes enfin vraiment séparés. »
Ce qu’en dit l’experte
Est-ce vraiment une coïncidence que Rienke (et tant d’autres) décident de de rompre pile durant la période des fêtes? Ina Van Ransbeeck, notre sexologue ne le pense pas: « Il arrive que ce soit un hasard, mais la fin de l’année marque souvent le moment où l’on fait le bilan de la période écoulée et où l’on réfléchit à l’avenir qui s’annonce. C’est aussi l’occasion de réfléchir à son couple, ce qui peut amener une remise en question et des doutes dans son sillage: est-ce vraiment la personne que je veux à mes côtés pour le restant de mes jours? Avons-nous un avenir ensemble? Ai-je été véritablement heureux·se ces derniers temps? Pour celles et ceux qui se sont récemment mis en couple, il peut aussi être confrontant de devoir soudainement présenter leur partenaire à l’ensemble de leur famille. Et parfois, constater que l’on n’est pas à l’aise, amène à réaliser que la personne avec qui l’on fait du chemin n’est pas forcément la bonne.
Une autre explication au fait de ne pas se sentir confortable à l’idée d’emmener son partenaire chez sa famille, est que votre relation ne va pas bien depuis un certain temps. Et l’impression de devoir sauver les apparences et jouer un rôle, met d’autant plus en exergue les problèmes que vous rencontrez. »
Il existe de nombreuses raisons de se séparer pendant les fêtes, mais n’est-ce pas malgré tout le pire des timings possible? La sexologue poursuit: « En principe, il n’y a pas de moment vraiment approprié pour rompre. Cela n’est jamais agréable et fait toujours mal. De plus, il y aura toujours dans le futur un évènement, une fête ou un voyage qui pourra nous pousser à reporter la rupture encore un peu plus longtemps. Mais cela n’aurait pas de sens. Le plus utile et sain est au contraire d’engager au plus vite une conversation franche avec son partenaire. Si l’on ressent des doutes sur cette relation depuis un certain temps, mieux vaut essayer d’aborder le sujet rapidement. N’attendez pas pour annoncer subitement (par exemple à Noël) que vous ne pouvez pas continuer, alors qu’aucun signe ne le laissait présager jusque-là. Oser parler de ses doutes est une manière de montrer du respect envers son partenaire mais aussi envers soi-même. Et c’est aussi donner la possibilité à l’autre de réfléchir à la situation et de se préparer à une éventuelle peine de cœur. »
Remco aurait aimé célébrer Noël avec son ex, afin de pouvoir dire au revoir à son ancienne belle-famille
Remco: « Trois semaines avant Noël, ma petite amie déménageait ses dernières affaires de la maison que nous avions achetée ensemble un an plus tôt. Je lui ai demandé si elle ne préférait pas attendre après les fêtes pour mettre un terme à notre histoire, afin de vivre une dernière fois cette période ensemble, mais elle a refusé. Je n’ai dès lors pas pu dire au revoir à ma belle-famille avec qui j’avais une belle relation après 5 années passées ensemble. Ne plus pouvoir voir les petits enfants de son frère m’a particulièrement touché. Sans parler du fait de me retrouver assis tout seul à table à Noël en compagnie de ma famille, qui m’a aussi causé beaucoup de peine. J’étais tellement bouleversé que mon cœur était en miettes, au sens propre. Pendant la fête j’ai eu une sorte d’attaque de panique, accompagnée de palpitations et de vertiges et j’ai donc passé la majorité de la soirée au lit. Cela a été le pire Noël de ma vie. »
Ce qu’en dit l’experte
La difficulté à assumer cette période, censée être pleine de joie, alors qu’on se retrouve seul·e à la table du Réveillon est aussi pointée du doigt par la sexologue: « Les fêtes sont censées être le moment le plus chaleureux de l’année, mais lorsqu’on se sent abandonné, car on vient de perdre la personne qu’on aimait, ressentir cette convivialité est bien souvent impossible. Et la présence d’autres couples à la fête peut amener à se sentir d’autant plus seul·e. On éprouve cruellement l’absence d’une personne à ses côtés, sans parler du possible malaise d’être l’unique célibataire.
Dans ces cas-là, il est important de vous rappeler que votre famille et ou vos ami·e·s considère votre présence tout aussi précieuse, que vous soyez en couple ou non.
Et ils peuvent même prendre comme un signe de grand courage que vous trouviez la force de vous joindre à eux et de célébrer malgré la période difficile que vous traversez.
N’évitez donc pas ces moments essentiels en leur compagnie. Vous aurez bien sûr besoin de temps pour vous, mais vous isoler n’est pas pour autant une bonne idée. Continuez à voir vos proches et n’hésitez pas à prendre l’initiative de le leur proposer. Même si vous ne l’imaginez pas forcément, d’autres peuvent également se sentir seul·e et avoir besoin de compagnie. N’ayez pas peur non plus de vous confier sur votre sentiment de solitude. Et pourquoi ne pas proposer de ramener une copine ou un ami à la fête? Ainsi vous n’aurez pas à affronter seul·e le buffet de Noël. Et surtout, souvenez-vous qu’il n’y a aucune honte à avoir un coup de blues durant cette période. Si tous vos plans tombent à l’eau, car vous deviez passer la journée de Noël avec votre belle-famille, proposer à un·e ami·e de passer du temps ensemble. Et si les circonstances de la vie vous amènent à rester seul·e, rendez ce moment agréable en vous faisant plaisir: cuisinez-vous un délicieux petit plat, regardez un bon film et profitez d’une journée de repos bien méritée.
Employez les périodes où vous êtes seul·e à faire des choses que vous aimez et qui vous apportent de l’énergie et mettez-les à profit afin de mieux vous connaître. Si vous ne vous sentez pas bien face à la solitude, chercher à tout prix un·e partenaire avec lequel traverser les fêtes et la période hivernale n’est pas la meilleure solution. Assurez-vous d’abord de vous sentir bien dans votre peau et de vous être (re)trouvé·e avant d’entamer une nouvelle relation. »
Jasmien n’en pouvait plus de devoir expliquer pourquoi elle était seule aux fêtes de fin d’année
Jasmien: « J’ai mis fin à ma relation à l’hiver dernier et les fêtes qui ont suivi sont loin d’avoir été le meilleur moment de l’année pour moi. Avec ma famille proche, cela n’a pas été un drame, au contraire. Ils étaient déjà au courant et m’ont entourée d’amour et de soutien. Mais au Nouvel An, la famille de mon père organise à chaque fois un grand rassemblement avec tous les oncles, tantes, cousins, cousines, même les plus éloignés. Et cette réception étant le seul moment de l’année où je vois la majorité d’entre eux, j’ai dû expliquer au moins 10 fois pourquoi mon copain n’était pas là . Ce n’est jamais agréable de devoir raconter (surtout en boucle) une rupture, mais quand certains de tes oncles et tantes s’exclament ‘Mais enfin Jasmien, ce garçon était super. On ne comprend vraiment pas! Tu ne devrais pas encore y réfléchir?’ c’est encore mille fois pire. »
Ce qu’en dit l’experte
« Si vous n’avez pas envie d’annoncer à votre tonton Luc ou votre tante Rita que votre copain et vous avez rompu la semaine dernière, c’est totalement votre droit », assure la sexologue Ina Van Ransbeeck. « En principe, on est censé partager uniquement ce que l’on souhaite avec son entourage. Nous avons tous droit à une vie privée. Mais être aussi honnête que possible n’est cependant pas une mauvaise idée dans une telle situation. N’essayez pas d’inventer d’excuse pour justifier l’absence de votre ex. Soyez simplement honnête afin que les autres puissent comprendre et vous soutenir. Cela ne vous force pas pour autant à répondre aux questions que vous trouveriez gênantes. N’hésitez pas à fixer vos limites et à dire que vous ne souhaitez pas entrer dans les détails pour l’instant.
Et si vous deviez envisager d’inviter votre ex à la fête uniquement pour éviter les questions gênantes, je vous conseille de reconsidérer cette idée (même si tout dépend évidemment du type de fête). S’il s’agit d’une soirée avec des ami·e·s commun·e·s, il est logique que vous puissiez tous les deux y être et vous y amuser. Si par contre on parle d’un dîner de Noël ou d’une réception de Nouvel An chez votre ex belle-famille, il serait peut-être préférable de ne pas y participer. Cela peut être très confrontant, surtout si la rupture est récente. De plus, il n’est ni positif ni utile de faire semblant d’être toujours ensemble si ce n’est pas le cas. Et cela peut entraîner des situations encore plus inconfortables.
Chérissez ce que vous vivez, même si ces moments ne sont pas ceux que vous espériez. Profitez de vos proches et de ces instants avec votre famille et vos ami·e·s. Vous n’avez pas à être la meilleure version de vous-même et à prétendre que tout va bien. On a le droit d’être triste, période de fête ou non. Mais enveloppez-vous dans le soutien de ceux que vous aimez, afin de rendre cette période chaleureuse et douce malgré votre cœur brisé. »
Lire aussi:
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici