FAUT QU’ON PARLE: la bisexualité est une orientation sexuelle comme une autre
Suscitant bien souvent la confusion, la bisexualité est généralement mal comprise et souffre de nombreux clichés.
La bisexualité se définit comme une attirance amoureuse, émotionnelle ou sexuelle avec des personnes qui sont de même sexe et de sexe différent. Une définition simple, pourtant encore trop peu comprise à l’heure actuelle. À coups de “en gros, tu sais pas vraiment ce que tu veux” ou encore de “t’es juste paumé.e en fait”, les personnes bisexuelles souffrent de cette incompréhension.
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Car oui, il s’agit là d’une réalité: les personnes bisexuelles sont souvent réduites à des clichés négatifs, comme celui d’être “indécises”, “confuses”, ou “hypersexuelles”. Ces stéréotypes simplifient leur expérience et effacent la légitimité de leur orientation sexuelle en la dépeignant comme un comportement confus plutôt qu’une identité stable. Et ça, il faut qu’on en parle!
Le phénomène d’effacement bisexuel
Qu’on le veuille ou non, la société tend à fonctionner autour d’une vision binaire de la sexualité (hétérosexualité vs. homosexualité). Tout ce qui se situe en dehors de ces deux catégories est souvent perçu comme “déroutant”, voire carrément “anormal”. La bisexualité remet en question cette dichotomie simpliste. Dans ce cadre, on voit souvent les relations hétérosexuelles et homosexuelles comme les seules “vraies” expressions de l’orientation sexuelle.
Cela conduit à un manque de visibilité pour les personnes bisexuelles, un phénomène appelé “effacement bisexuel”. Cela peut se produire dans les médias, la culture populaire et même dans les communautés LGBTQIA+. “Je me souviens avoir eu un date avec une femme il y a quelques années, nous confie Léa*. Et lorsque je suis arrivée, en voyant mon style, elle m’a de suite demandé: ‘rassure-moi, t’es lesbienne et pas bi, hein?’. J’ai été choquée de sa remarque, car il s’agit d’homophobie ordinaire, et je ne m’attendais pas à ça de la part d’une personne faisant elle-même partie du spectre LGBTQIA+.”
L’effacement bisexuel – ou biphobie effaceuse – est réel, et les personnes bisexuelles seront les premières à en témoigner. Ce phénomène est l’illustration même que la bisexualité est ignorée, minimisée ou niée. Il s’agit d’une forme de discrimination subtile, mais systémique qui contribue à l’invisibilité des personnes bisexuelles et à la méconnaissance de leur orientation sexuelle.
“Lorsque j’ai commencé à sentir que j’avais également de l’attirance pour les hommes, mes ami.e.s ont commencé à me charier en évoquant une “bi crisis”, pendant que d’autres se sont permis des remarques du genre: ‘de toute façon, c’était évident que t’es pas lesbienne’. Avec le recul, je peux totalement dire que cela ne m’a pas du tout aidée à m’assumer bisexuelle”, confie Léa. “Je pense que certaines personnes croient que la bisexualité n’existe pas vraiment, considérant qu’une personne doit être soit homosexuelle, soit hétérosexuelle, et que l’attirance pour plus d’un genre est temporaire ou illusoire. Forcément, ça entraîne la perception que la bisexualité est une phase transitoire, une forme de confusion, ou un simple pas vers l’homosexualité ou l’hétérosexualité. Or, c’est une véritable orientation sexuelle.”
La bisexualité perçue comme de l’indécision
Parlons-en justement, de cette tendance à voir la bisexualité comme une phase ou une indécision. Car il s’agit là de l’un des stéréotypes les plus fréquents: celui que la bisexualité n’est qu’une étape vers une orientation appartenant à la dichotomie décrite ici plus haut. Dans cette même idée, la bisexualité souffre d’une hypersexualisation constante.
Lorsque j’ai commencé à avoir des dates avec des hommes et avec des femmes, cela amusait mon entourage. ‘Alors, Léa, plutôt fille ou garçon aujourd’hui?’ me balançaient certain.e.s. J’étais perçue comme quelqu’un qui cherchait juste à multiplier ses expériences sexuelles, or la bisexualité dépasse ce cadre. Je n’ai pas à coeur un désir de vouloir tout essayer à tout prix... Je me laisse juste vibrer avec une personne, qu’il s’agisse d’une homme ou d’une femme.
, nous raconte Léa. Aussi, par la force des choses, lorsque les personnes bisexuelles sont en couple, leur orientation peut souvent être “effacée” par la présomption qu’elles sont soit hétérosexuelles (si elles sont en relation avec une personne du sexe opposé), soit homosexuelles (si elles sont en relation avec une personne du même sexe). “Cela peut rendre la bisexualité plus difficile à reconnaître et à comprendre pour les autres”, ajoute Léa.
Le besoin de coller des étiquettes
De par les nombreux clichés et incompréhensions autour de leur orientation sexuelle, certaines personnes bisexuelles peuvent ne pas vouloir s’identifier ainsi, préférant des termes plus inclusifs comme “queer” ou simplement éviter les étiquettes. “Personnellement, je m’assume totalement bisexuelle, ce qui n’a pas été le cas pendant des années. Je suis fière de l’être, mais je connais certaines personnes qui préfèrent adopter la fluidité plutôt que de parler directement de bisexualité”, explique Léa. En effet, pour beaucoup, la bisexualité implique une certaine fluidité dans l’attirance sexuelle, ce qui peut déstabiliser les personnes qui préfèrent des orientations fixes et claires.
Au final, si on fait le compte, on se rend compte que la bisexualité est mal comprise principalement en raison de l’hétéronormativité, de l’effacement bi, ou encore de ce besoin de coller des étiquettes à tout prix. Cela crée un climat où les personnes bisexuelles se sentent souvent invisibles ou illégitimées, tant par les hétérosexuels que par les communautés LGBTQIA+ elles-mêmes comme le prouve le témoignage de Léa. En éduquant sur la diversité des orientations sexuelles et en brisant les mythes autour de la bisexualité, il est possible de lutter contre ces incompréhensions et de promouvoir une meilleure acceptation.
Pour contrer cela, il est essentiel de reconnaître et de valoriser la diversité des expériences bisexuelles, et de créer des espaces inclusifs où les personnes bisexuelles se sentent comprises et respectées.
*prénom d’emprunt.
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