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MATERNITÉ: comment gérer les nuits avec bébé?

Dormir est plutôt simple. Il « suffit » de fermer les yeux pour s’endormir profondément et se réveiller le matin. Mais pour les parents qui connaissent des nuits entrecoupées et des journées éreintantes, dormir n’est pas aussi facile et peut même devenir un problème. Voici quelques pistes pour tomber dans les bras de Morphée.

De nombreux parents, qu’ils aient de jeunes enfants ou même des enfants plus âgés, vivent parfois des nuits ­difficiles, voire plusieurs nuits ­consécutives. Se réveiller nuit après nuit parce que votre enfant se réveille peut être ressenti comme une ­véritable torture, à tel point qu’on peut finir par redouter la nuit et ­qualifier son enfant de « mauvais dormeur » en parlant d’un « problème de sommeil ». Comment faire face à ce manque de sommeil? Nous avons posé la question à Hanne Wils et Anouk Van Nuffel, deux expertes qui nous éclairent sur notre manière de percevoir le sommeil, et sur la façon dont parents et enfants peuvent être soutenus de manière douce et ­bienveillante dans ce processus de sommeil.

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Hanne « Il est important de ­comprendre qu’un problème de ­sommeil ne concerne pas ­uniquement le comportement du bébé, mais plutôt la capacité du foyer à gérer la situation. Un problème de sommeil survient lorsqu’une famille a le sentiment qu’elle n’arrive plus à faire face. Il est difficile pour les ­intervenants extérieurs d’évaluer où se situe la limite de cette capacité, car elle varie pour chaque famille. Des informations précises sur ce qui est considéré comme un comportement de sommeil normal peuvent renforcer la résilience d’une famille. Souvent, il y a une différence entre ce que nous pensons être les faits et ce qu’ils sont réellement. En examinant ces faits, les familles peuvent mieux comprendre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Nous présentons une approche réactive des problèmes de sommeil. Cela peut donner l’impression que nous disons que tout est normal et que vous devez simplement suivre les souhaits de votre enfant. Mais ce n’est pas le cas. Nous définissons un problème de sommeil comme un problème lorsque la famille en souffre. Il est important de ­reconnaître quand ça ne va plus, et si c’est le cas, il y a des mesures à prendre pour améliorer la situation. La solution à un problème de ­sommeil concerne toute la famille. Il s’agit de faire en sorte que toute la famille (ou mieux encore, tout leur entourage ou le “village”) collabore pour créer une meilleure situation de sommeil. »

Anouk « Ces mauvaises nuits ont ­indéniablement un impact sur vos pensées et votre état d’esprit. Il en va de même pour la façon dont vous pensez au sommeil, la manière dont vous croyez que votre bébé devrait dormir, les remarques provenant de votre entourage, ainsi que votre propre niveau de stress. Adopter le bon état d’esprit peut aider à mieux gérer ces mauvaises nuits. Il est important de réaliser qu’il est tout à fait normal, et même fondamental, que votre bébé veuille être près de vous, et que bercer et nourrir pour endormir sont tout à fait permis. »

Les expériences des mamans

Eva « Ma fille Mila est un ­véritable oiseau de nuit. Dès sa naissance, dormir a été un défi. Elle souffre de reflux, ce qui la tient souvent éveillée et agitée. Nous avons essayé une multitude de choses, des biberons différents aux oreillers spéciaux. Finalement, nous avons trouvé qu’une chaise à bascule et des petits biberons réguliers étaient ce qu’il y avait de mieux pour nous. Ces moments ont été épuisants, mais nous avons trouvé un rythme qui nous convient. Ce qui m’a aidée à surmonter cette épreuve, c’est la prise de conscience que cette phase est temporaire et qu’il est important de prendre aussi des moments de repos. »

Sarah « Lorsque mon fils est né, je m’étais préparée à des nuits blanches et à des pleurs incessants. À ma grande ­surprise, il s’est révélé être un vrai dormeur. Dès le début, il a dormi de longues heures et n’a pas eu de mal à faire ses nuits, ce qui m’a permis de me reposer suffisamment. Bien sûr, il lui arrivait de se réveiller la nuit, notamment lors des poussées de croissance ou lorsqu’il était malade, mais dans l’ensemble, j’avais ­l’impression d’avoir touché le jackpot. Mon conseil? Créez un rituel du coucher calme et cohérent qui aide votre bébé à comprendre qu’il est temps de dormir. »

Nadia ​​​​​​​« Pour nous, le cododo a été la clé de meilleures nuits. Ma fille Aisha voulait sans cesse être près de moi, et bien que j’aie eu des doutes sur le cododo au ­début, cela s’est avéré être une bénédiction pour nous deux. Elle dort plus ­calmement et je peux répondre à ses besoins plus vite, sans avoir à subir une séance de drame nocturne. Pour nous, cela fonctionne ­parfaitement, même si je ­comprends que ce n’est pas la solution idéale pour tout le monde. »

Laura « Avec mon fils Noah, les premières semaines ont été un véritable calvaire. Il était ­incroyablement alerte et avait du mal à s’endormir. Après mûre réflexion, nous avons décidé d’instaurer une routine stricte à l’heure du coucher. Le même rituel tous les soirs: un bain, un livre, puis un doux bercement pendant que je lui chantais une chanson. En quelques semaines, j’ai ­remarqué une énorme ­différence. Il est devenu plus calme et s’est endormi plus ­rapidement. Il faut de la ­discipline et de la patience, mais la routine nous a vraiment aidés à créer de meilleures ­habitudes de sommeil. »

Kim « Mon fils Liam dort ­généralement bien, mais il y a des nuits où il se réveille ­soudainement et ne veut tout simplement pas dormir. Il s’est avéré que cela était lié à la croissance ou à des poussées dentaires. C’était frustrant, ­surtout quand je ne trouvais pas de cause claire. Ce qui m’a ­aidée, c’est de rester patiente et de le réconforter sans être trop frustrée. C’était une ­véritable leçon de patience et de flexibilité.»

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Quelques conseils

Informez-vous bien sur ce que vous pouvez réellement attendre de votre enfant en matière de sommeil. Dressez la liste de ce qui vous cause du stress et de ce qui vous procure de la sérénité dans votre rôle de parent. Réfléchissez à comment ­augmenter ces ­moments sereins. Prenez conscience de ­l’importance de vous détendre avant d’aider votre enfant à ­s’endormir, et envisagez de prendre dix minutes pour vous avant le rituel du coucher. Soyez attentive à vos propres sentiments de tristesse, vos peurs, ou vos problèmes ­relationnels, et n’hésitez pas à demander de l’aide profes­sionnelle si nécessaire. Envisagez les choses une nuit à la fois, un réveil à la fois. Ne vous focalisez pas sur l’avenir et sur les frustrations ou peurs potentielles. Essayez de vivre l’instant présent. Dans le ­moment, vous êtes capable de gérer la situation. Séparez la nuit et le jour. Une mauvaise nuit ne signifie pas nécessairement une mauvaise journée, et une mauvaise nuit aujourd’hui ne garantit pas une mauvaise nuit demain. Partagez les responsabilités parentales et les moments de sommeil avec des proches de votre entourage. Vous n’avez pas à tout gérer seule.

Fixez des limites

La parentalité peut être très ­exigeante, surtout la nuit. Ces défis peuvent sérieusement affecter la ­capacité des parents à faire face. C’est pourquoi nous partageons ici quelques conseils pratiques afin de protéger votre capacité à gérer sans vous perdre vous-même.

Faites moins d’efforts. Relisez cette phrase! Cela peut être aussi simple que de dormir près de votre bébé, pour éviter de vous lever constamment. Préparez-vous bien pour la nuit en disposant tout ce dont vous aurez besoin à l’avance. Dès le départ, introduisez diverses ­associations de sommeil, ce qui vous facilitera la tâche à long terme. Bercer ou nourrir votre bébé pour l’endormir sont des associations naturelles qui n’ont pas besoin d’être modifiées si elles fonctionnent bien et conviennent à votre bébé et à votre famille.

Impliquez votre entourage. Il faut tout un village pour élever un enfant, et aussi pour vous protéger. Faites appel à votre réseau pour respecter vos limites. Demandez à votre partenaire de prendre en charge une partie des nuits. Sollicitez vos parents ou des amis proches pour vous ­relayer de temps en temps, voire pour vivre temporairement avec vous. ­Prenez au sérieux votre besoin de ­repos! Vous n’avez pas de « village »? Ou peut-être que votre village actuel ne vous semble pas être un refuge sûr, à cause de leurs idées différentes des vôtres? Dans ce cas, cherchez activement un nouveau réseau dans lequel vous vous sentirez à l’aise. ­Envisagez de faire appel à une aide à domicile, une doula ou une baby-sitter. Vous pouvez aussi rejoindre des initiatives locales pour parents et bébés. Rappelez-vous, ce n’est pas grave si toutes les figures ­d’attachement de votre enfant n’ont pas la même vision que vous. Il est capable de supporter quelques ­différences, surtout si cela vous ­permet de recharger vos batteries.

Écoutez-vous. Vous vous retrouvez souvent à dépasser vos limites? ­Demandez-vous pourquoi c’est le cas. Est-ce lié à votre éducation? Avez-vous appris enfant que vos limites n’importaient pas? Ressentez-vous la pression de devoir tout gérer seul(e)? Prenez le temps de réfléchir à ce dont vous avez besoin pour lâcher prise et poser des limites. Si tout devient trop lourd, il peut être utile de faire appel à une aide professionnelle. Vous n’avez pas à tout faire seule!

Changez ce qui ne fonctionne plus pour vous. Prête pour le ­changement? Sachez que rompre avec des habitudes demande de l’énergie. Il n’est pas facile de poser des limites autour de quelque chose qui est déjà devenu une routine. Les enfants aiment la prévisibilité, car elle leur apporte de la sécurité. Si vous décidez de changer quelque chose, choisissez un bon moment, par exemple lorsque la famille n’est pas trop occupée. Et rappelez-vous, il faut du temps, de la patience et de l’amour pour établir de nouvelles routines et habitudes. Mais vous faites déjà du super boulot!

Sécurité émotionnelle

Quelle est la clé pour une bonne nuit de sommeil?

Anouk « Imaginez que vous êtes en vacances dans un magnifique parc naturel, que vous allez camper et que vous apercevez soudain un gros ours en train de gambader à proximité du camping. Ce n’est pas vraiment rassurant. Le guide promet de vérifier chaque nuit que tout est sûr. La ­première nuit, vous dormez tranquille, mais la nuit suivante, le guide n’est pas là. Et vous voilà bien réveillée et agitée, car que se passera-t-il si l’ours entre dans votre tente? La sécurité est primordiale lorsqu’il s’agit de dormir, et c’est particulièrement vrai pour les jeunes enfants. La sécurité physique et émotionnelle est essentielle pour un bébé, qui est totalement dépendant des personnes qui s’occupent de lui. Tout comme vous ne feriez plus confiance au guide, un bébé doit ­vérifier si ses parents sont dignes de confiance, ce qui est le cas s’ils viennent quand on a besoin d’eux. »

La sécurité émotionnelle est la base d’un bon sommeil. Mais comment assurer cette sécurité émotionnelle? »

Hanne « Les études montrent que le fait de répondre aux besoins de votre enfant lorsqu’il dort peut conduire à une meilleure qualité de sommeil, à une durée de sommeil plus longue et à moins de problèmes de sommeil. En revanche, les conflits et la distance émotionnelle entre le parent et ­l’enfant entraînent davantage de ­problèmes de sommeil. Les premières expériences de sécurité pendant le sommeil constituent la base d’une relation saine avec le sommeil pour l’avenir. La sécurité émotionnelle ­indique donc à quel point un enfant perçoit sa situation familiale de ­manière positive et stable et s’il peut compter sur ses parents. Un enfant qui se sent en sécurité ose explorer le monde, peut se consacrer pleinement au jeu et à l’apprentissage et s’endort plus facilement. La sécurité affective contribue à une image de soi saine, à l’équilibre émotionnel, aux compétences sociales et à une relation heureuse avec le sommeil. »

Anouk « Un enfant que l’on met au lit sous la contrainte, qui a peur des ombres et qui n’a pas la certitude que quelqu’un viendra quand il pleurera, ne dormira pas bien. Un enfant que l’on borde après un rituel affectueux au moment du coucher, sûr que ses parents sont toujours là quand il a besoin d’eux, s’endormira plus ­facilement. Ainsi, lorsqu’un enfant se sent en sécurité dans la relation qu’il entretient avec ses parents, le ­sommeil devient une chose positive. Toutefois, cela ne ­signifie pas que tout doit toujours être parfait. Chaque ­famille connaît des moments de stress et des conflits, ce qui est ­normal. Mais il est important pour un bébé de sentir que ces tensions sont temporaires. Avant tout, un bébé a besoin de chaleur, d’amour et de calme pour se sentir en sécurité. Ainsi, une routine de ­sommeil saine peut s’installer. Ne ­placez pas la barre trop haut et concentrez-vous sur ce qui compte vraiment, à savoir l’amour et la sécurité. »

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