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Cette phrase a changé ma vie sentimentale (et m’a libérée des connards)

Kathleen Wuyard


Comme nombre de mes potes, j’ai longtemps enchaîné les relations avec de purs connards que j’étais certaine de pouvoir “changer” (voire même, de convaincre de m’aimer, échec). Jusqu’à ce qu’au détour d’un article, je tombe sur une phrase qui a changé ma vie sentimentale.


À l’époque, je sortais d’une relation avec le pire connard de la galaxie. Menteur, violent, infidèle et prisonnier d’un bon Oedipe des familles en prime: ne cherchez pas, le mec a la palme. Sauf qu’au lieu de me réjouir d’être enfin débarrassée de ce poids mort qui me ralentissait, j’étais là à me morfondre et à me dire que “non mais si seulement il n’avait pas été un connard, il aurait pu être un super copain”. Débile, je sais, mais qui ne s’est jamais autorisé.e à penser une variation de cette aberration, en mode “si seulement il/elle ne me trompait pas – il/elle me prêtait de l’attention – il/elle voyait que je suis fait.e pour lui (rayer les mentions inutiles) on serait tellement heureux ensemble”?

C’est bien ce qu’il me semblait. Et j’aurais moi-même pu rester prisonnière de cette spirale relationnelle destructrice si au hasard de la lecture d’un article, je n’étais pas tombée sur une phrase a priori anodine qui a pourtant totalement bouleversé ma vie sentimentale.



C’est qu’au printemps 2015, alors que mon chemin et celui de Mr Pireconnarddelagalaxie venaient enfin de se séparer, Taylor Swift, elle, filait le parfait amour avec Calvin Harris. Moment confession pour ne pas induire en erreur les méga fans qui nous liraient: non seulement je n’écoute jamais Taylor Swift mais en prime, je serais bien à mal de citer le titre de la moindre de ses chansons. Sauf que là j’étais fraîchement célib’, je m’ennuyais comme un rat et “Vanity Fair” avait décidé de lui consacrer un long reportage que je m’étais surprise à lire. Sans rien en attendre, forcément, et pourtant, ma vie sentimentale allait en sortir transformée. Rien que ça.

Éloge de la gentillesse


C’est que comme beaucoup de mes potes, et des leurs, et des vôtres aussi, je m’étais longtemps persuadée qu’il n’y avait rien de plus ennuyeux que de sortir avec un garçon gentil, “gentil” étant d’ailleurs utilisé de manière dérogatoire pour débriefer l’un ou l’autre date sans avenir.

– Alors, raconte, c’était comment?

– Bah. Il était gentil”.


“Gentil” étant donc ici le code utilisé pour désigner n’importe quel mec qui ne nous faisait pas vibrer, un bon parti sur papier, peut-être, mais nous ce qu’on voulait c’était la passion, le garçon un peu dangereux qui nous collerait un envol de papillons dans le bide, celui contre lequel tous nos proches nous mettraient en garde sans qu’on les écoute parce qu’on savait qu’avec nous, ce ne serait pas pareil. Ah! Mais je m’égare.



Cette fameuse interview, donc. Après avoir eu une série de relations à la durée inversement proportionnelle à leur médiatisation, Taylor Swift était donc heureuse en amour et pas avare de confidences sur sa vie sentimentale. Et à la journaliste qui lui demandait ce que sa rencontre avec Calvin Harris avait changé, elle avait eu cette réponse, paraphrasée ici parce que tout de même, l’article date d’il y a six ans et il était en anglais:

J’ai enfin arrêté de sortir avec des petits garçons pour sortir avec un homme. Un homme ne joue pas de jeux avec vous”.


Et d’ajouter que “si un homme veut vous voir ou si vous lui plaisez, il vous le dit, et si vous lui envoyez un message, il vous répond sans attendre. Il n’y a pas à deviner”.

Repenser sa vie sentimentale


Parce qu’en fait, même si les débriefs alcoolisés entre copines où on décrypte la moindre virgule tel des linguistes de la lose, c’est drôle, ça le devient de moins en moins quand ça se multiplie et qu’on en est à tenter de se convaincre par tous les moyens que “non mais il a mis trois heures à me répondre mais c’est parce qu’il me kiffe du coup il veut un peu jouer et moi je vais attendre cinq heures pour lui répondre à lui”. Hi hi hi hi hi, guerre des nerfs vie.

Pour ma part, quelques semaines seulement après la lecture de cette phrase fatidique, j’ai rencontré quelqu’un. Un mec bien, que quelques mois auparavant, j’aurais pourtant peut-être trouvé trop sage. Non seulement il n’avait ni skate ni tatouages (c’était il y a six ans, mes critères étaient encore fort adolescents) mais surtout, il était là. Tout le temps.

Il me répondait aussi vite qu’il avait lu mes messages. Il proposait une multitude de dates. Il prenait de mes nouvelles et s’intéressait à ce que je lui répondais. Il était... gentil. Le plus gentil, vraiment, à part peut-être mon frère. C’était un homme, pas un ado attardé féru de mind games, et grâce à Taylor Swift (phrase que je n’aurais jamais pensé écrire) j’étais prête à accepter que l’amour, en fait, ça ressemblait à ça.



Au respect. À la tendresse. Aux petites attentions. Au sentiment d’être la plus précieuse à ses yeux. En six ans de relation, mon mec ne m’a jamais poussée à me demander s’il m’aimait vraiment, et je n’ai jamais dû m’arracher les cheveux en me disant que si seulement il était plus ceci ou moins cela, tout irait tellement mieux.

J’ai enfin compris, après pas mal d’essais-erreurs avant de le rencontrer, qu’il y avait une grande différence entre les papillons dans le ventre et l’estomac noué parce qu’on attend une réponse depuis plus de 24h à un message qui affiche la mention “vu”. Et je n’ai qu’un regret: qu’il m’ait fallu tant de temps pour le réaliser.

Depuis, Taylor Swift et Calvin Harris se sont séparés de manière relativement acrimonieuse, mais pour ma part, je reste convertie du bien fondé de son critère. Et je suis évidemment devenue cette meuf en couple pénible qui prêche la bonne parole à toutes ses copines, et désormais aussi, au lectorat de ce magazine.

De rien, bisou, Cupidon soit avec vous.



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