PSYCHO: faut-il s’aimer soi-même avant de pouvoir aimer quelqu’un d’autre?
Si vous êtes célibataire ou si vous l’avez été par le passé, vous avez certainement entendu cette phrase des dizaines de fois: “Avant de trouver l’amour, tu dois d’abord apprendre à t’aimer toi”. Alors, c’est vrai, ça? Laurane Wattecamps, thérapeute de couple, répond à cette question en profondeur dans son podcast Intime Idée.
Si vous ne connaissez pas encore le podcast Intime Idée, on vous invite fortement à l’écouter. Laurane Wattecamps, sexologue et thérapeute de couple, propose des clés de compréhension pour déconstruire les mythes autour de l’intime. Dans son dernier épisode, la spécialiste nous invite à nous pencher sur une croyance limitante, largement propagée, qui dit qu’il faut s’aimer soi-même pour pouvoir aimer quelqu’un d’autre, et donc, par ricochet, à se mettre en couple. S’il est intéressant de décortiquer cette croyance, c’est avant tout parce que, comme toute injonction — « Il faut… », « On doit… » —, elle est source de culpabilisation et donc de souffrance. Si vous avez déjà été solo et désireux·se de vous mettre en couple (ce qui n’est pas une obligation, rappelons-le aussi), vous savez que s’entendre dire qu’il faut d’abord « apprendre à s’aimer » peut être très irritant et laisser la sensation ô combien désagréable que le·la seul·e responsable de notre situation, c’est nous !
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Ça veut dire quoi, s’aimer soi-même ?
Dans l’épisode que l’on vous a glissé ci-dessus, Laurane Wattecamps commence par questionner la notion même d’amour de soi: « On ne peut pas parler d’amour de soi sans aborder le concept d’estime de soi. Ma perception, c’est que l’amour qu’on se porte va passer par l’estime qu’on se porte » explique l’experte, qui définit ensuite l’estime de soi comme « la perception de sa propre valeur et de sa valeur par rapport aux autres. » Selon elle, plus on s’estime, plus on va avoir tendance à prendre soin de soi, et, par conséquent, à poser des limites. Cette estime de soi n’est pas innée, elle se construit à travers, notamment des paroles valorisantes, encourageantes, bienveillantes, des feedbacks positifs, dans l’enfance, mais aussi après! Lauranne: « Cette estime de soi n’est pas figé, elle va se développer pendant toute notre vie ». Ce principe d’évolution a énormément d’importance pour nuancer cette croyance du: « Il faut s’aimer soi-même pour aimer quelqu’un d’autre ». Car si on peut évoluer et changer, on peut dès travailler son estime de soi avec les autres! Nous sommes des êtres sociaux et évoluons à travers les autres, rappelle-t-elle, mettant ainsi en exergue le fait que le couple peut aussi être un vecteur d’épanouissement, de développement personnel et de cheminement vers une estime de soi plus grande. Se mettre en relation avec un autre être humain, de manière intime (ou pas), nous permet toujours d’apprendre sur nous-même que ce soit à travers les réussites, mais aussi les échecs. Un seul regard d’une personne qui nous aime vraiment peut booster notre selflove d’un coup d’un seul! A l’inverse, une rupture amoureuse, même douloureuse, peut nous permettre d’en savoir davantage sur ce qu’on ne veut plus accepter en couple. Et c’est cette connaissance de soi qui nous permet de poser nos limites et donc de faire grandir notre estime de soi.
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Relation saine et estime de soi
Dans la seconde partie du podcast Intime Idée, Laurane Wattecamps prend la question dans le sens inverse : peut-on avoir une relation équilibrée si on ne s’aime pas ? « Quand on a une bonne estime de soi, on développe une faculté peut-être plus grande à écouter ses besoins et à les combler en autonomie. Et donc à poser ses limites ». Or, poser ses limites, connaître ses besoins et assumer ses responsabilités sont trois des piliers les plus importants pour qu’une relation fonctionne et soit épanouissante pour les deux partenaires. Laurane Wattecamps:
Ne pas avoir une estime de soi installée et sereine peut impliquer d’accepter beaucoup de choses qui ne nous conviennent pas dans une relation.
Or, ne pas poser de limites et ne pas s’écouter va amener des frustrations et peut avoir un impact sur la santé mentale. Ces frustrations vont pointer un besoin d’être entendu·e, compris·e et si ce n’est pas considéré par un·e partenaire, les conflits risquent de s’escalader, ce qui peut tout à fait amener à une rupture.”
Reste qu’on peut avoir une estime de soi relativement stable et saine et vivre pourtant une relation de couple compliquée car nous sommes tous — 90 % selon une étude — en proie à des traumatismes (des expériences ayant un fort impact émotionnel). La thérapeute et podcasteuse en est convaincue: la relation de couple, aussi chouette puisse-elle être, est sans doute l’un des plus grands miroirs à traumas que l’on puisse rencontrer. Se mettre en couple nous mettrait ainsi face à nos blessures les plus enfouies. Il n’est pas rare de se sentir très bien dans ses baskets seul·e, et de voir toutes ses blessures ressurgir une fois en couple. Se surprendre à ressentir de la jalousie quand l’autre sort, de l’anxiété lorsqu’il·elle ne répond pas à notre message, une sensation de rejet aussi, lorsqu’il·elle n’est pas d’accord avec nous…
C’est parfois en entrant en relation qu’on peut se rendre compte de nos blessures et de nos comportements dysfonctionnels
explique la thérapeute, rappelant que, encore une fois, ce n’est pas figé et que, surtout, cela peut-être positif. Notre partenaire peut nous permettre de nous rendre compte de nos sensations inconfortables et surtout, de ce qui le déclenche, et être ainsi un point de départ à une évolution constructive. Ainsi, imaginer l’estime de soi comme un graal à atteindre avant d’envisager une relation amoureuse n’est pas réaliste. Nous sommes tous emplis de petites blessures et de failles et notre niveau d’estime personnel fluctue au fur et à mesure de notre vie et des expériences vécues. Si l’on attendait d’être inébranlable pour se jeter dans la bouche de l’amour, nous pourrions attendre toute une vie. Or — spoiler alert — elle est courte! Reste que s’estimer un minimum permet d’affronter avec plus de sérénité les aléas inévitables qu’induit l’amour. À la spécialiste de conclure: “Une rupture peut être perçue comme un échec de quelque chose qu’on a essayé de faire marcher. Il y a souvent des responsabilités dans les deux camps, ce n’est pas binaire. Une bonne estime de soi amènera sans doute un apaisement plus facile alors qu’une faible estime de soi peut entraîner une flagellation durant des mois. Avoir une bonne estime signifie souvent avoir aussi accès à des ressources intérieures pour surmonter les événements inconfortables, notamment de la résilience.”
Intime idée: le podcast de l’intime
Ce sujet vous a plus? Alors retrouvez le podcast Intime idée de Laurane Wattecamps, sexologue, thérapeute de couple et journaliste de l’intime, sur Spotify ou sur Apple Podcasts. Vous y trouverez des clés pour déconstruire les mythes et les idées reçues autour de l’intime.
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