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TÉMOIGNAGES: le célibat vécu par les hommes, ça donne quoi ?

5 hommes aux profils et aux envies différentes nous racontent comment ils vivent leur célibat en toute sincérité.

Le statut de mec célibataire s’apparenterait à une grande fête permanente. Si beaucoup de femmes le pensent, la vérité est beaucoup plus nuancée. Leur vie ne consiste-t-elle vraiment qu’à sortir, à enchaîner les coups d’un soir et à jouir d’une liberté totale? Nous leur avons posé la question.

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Notre panel d’hommes

Christophe, 34 ans, divorcé depuis 3 ans. Sa relation la plus longue a duré 9 ans.

Samuel, 25 ans, célibataire depuis 3 ans. Sa relation la plus longue a duré 8 mois.

Farhad, 23 ans, n’a jamais eu de longue relation.

Stéphane, 29 ans, célibataire depuis 5 ans, courte romance non incluse. Sa relation la plus longue a duré 2 ans et demi.

Martin, 31 ans, célibataire depuis 6 mois. Sa relation la plus longue a duré 7 ans.

Pensez à la première comédie romantique qui vous vient à l’esprit: probablement l’histoire d’une femme au cœur brisé, à la recherche désespérée du véritable amour. Face à elle? Un homme qui ne cherche visiblement pas une histoire stable, mais qui tombe éperdument amoureux d’elle malgré tout. Après avoir longtemps douté, convaincu qu’il n’était pas vraiment prêt à renoncer à sa précieuse liberté, il se ravise et les tourtereaux vivent heureux jusqu’à ce que la mort les sépare. Pas étonnant – au vu de ce scénario un peu bidon – que nous supposions que les hommes ne recherchent pas vraiment une relation stable, mais qu’ils laissent plutôt le hasard décider pour eux. Pour tenter de comprendre si ce type d’histoires repose sur des clichés, nous avons interrogé les principaux intéressés.

À la recherche de l’amour?

Christophe « Je suis célibataire depuis maintenant 3 ans. Juste avant, j’ai vécu un divorce très douloureux. Je n’avais pas besoin de ces années de célibat pour m’amuser, mais bien pour me remettre de cette rupture. Maintenant que j’ai l’impression de m’être retrouvé, de mieux savoir ce que je veux faire de ma vie et de comprendre pourquoi les choses ont mal tourné dans ma précédente relation, j’ai à nouveau envie de rencontrer l’amour. Mais quand on est dans la trentaine, c’est plus facile à dire qu’à faire. Il y a beaucoup moins de filles célibataires autour de moi que lorsque j’avais une vingtaine d’années. Pour augmenter mes chances, j’ai 3 applications de rencontres sur mon smartphone et je me suis déjà inscrit sur 2 plateformes de rencontres en ligne. Parfois, j’envisage même de consulter un professionnel (type agence de rencontres). Je veux en effet trouver quelqu’un qui me convienne et avec qui partager ma vie. Je me sens prêt pour ça. »

Samuel « C’est différent pour moi. J’ai un bon job, mais pas encore beaucoup de responsabilités et j’en profite au maximum. Je trouve ça génial de pouvoir, sur un coup de tête, décider d’aller camper un week-end avec des potes, de voyager où et quand je veux, de sortir sans avoir à tenir compte de personne. Ce n’est pas que je ne veux pas rencontrer une fille, mais je n’en fais pas une obsession. »

J’aime séduire plusieurs femmes différentes et je ne cherche pas à trouver ‘la bonne’,mais j’annonce la couleur.

Martin

Farhad « Dans la communauté où j’ai grandi, il n’est pas habituel d’avoir de relations sans être marié. Je veux honorer cette tradition, donc je n’ai pas encore eu d’histoire sérieuse. Récemment, je me suis inscrit sur Muzz, une application pour les musulmans. Je suis prêt à rencontrer ma femme, mais je ne veux rien précipiter. Se marier reste encore une étape importante. »

Stéphane « En tant qu’homosexuel, j’ai le sentiment que les préjugés envers les hommes célibataires sont encore plus grands. Comme si tous les gays voulaient mener une vie sauvage et dissolue avec autant de partenaires sexuels que possible. Un cliché, évidemment. Bien sûr, il y a des gays qui ont cette envie. Si c’est leur idéal, tant mieux pour eux, mais, moi, ça ne me convient pas. En tant que célibataire, j’ai des relations occasionnelles, mais j’espère qu’à un moment, je rencontrerai un homme avec qui je pourrai m’installer. Je n’en fais pas une fixette, mais je suis prêt. »

Martin « Je fais partie de ces hommes hétérosexuels qui ont envie de multiplier les rendez-vous (rires). Ne pas être en couple me va très bien en ce moment. Il faut dire que je ne suis célibataire que depuis 6 mois environ. Avant, j’étais avec une fille depuis 7 ans. Dans la vingtaine, je n’ai pas beaucoup papillonné et j’ai l’impression que j’ai un certain retard à rattraper. J’aime faire la connaissance et tenter de séduire de nombreuses femmes différentes. En ce moment, je ne cherche pas à tout prix à trouver ‘la bonne’. Pour ma défense, je tiens à préciser que je ne fais jamais de fausses promesses aux filles que je rencontre. J’annonce toujours la couleur. »

À la recherche de sexe?

Martin « Oui, j’utilise des applications comme Tinder et Happn pour faire connaissance avec des filles qui, comme moi, ont envie de s’amuser ou de vivre une histoire d’un soir. Mais cela ne veut pas dire que je couche avec une femme différente chaque week-end. J’ai juste des besoins et je les assume. Quand ce besoin se fait plus pressant, je sais que je peux trouver quelqu’un avec qui passer un bon moment. Dans mon lit, je suis plus souvent seul qu’accompagné, mais j’ai plus de relations sexuelles maintenant qu’en 7 ans de relation. Si certaines femmes me critiquent, je leur réponds que pour avoir une relation sexuelle, il faut être 2. En d’autres termes, chaque fois que j’ai une nouvelle aventure, ça signifie qu’une femme a eu la même envie que moi. »

Stéphane « Bien dit. Ce n’est pas non plus parce que vous couchez occasionnellement avec quelqu’un que vous ne pouvez pas, en parallèle, chercher une relation sérieuse. J’ai eu des histoires d’un soir, mais si je tombe amoureux et que nous décidons de laisser une chance à cette histoire, je n’ai de relations sexuelles qu’avec cette personne pendant notre relation. »

Christophe « Les aventures d’un soir ne me conviennent pas. Quand je rencontre une femme, je veille à ne pas donner à mon rencard l’impression que je suis juste là pour le sexe. Ce n’est pas ce que je cherche. Ces 3 dernières années, je n’ai eu des relations sexuelles qu’avec 2 femmes avec qui je suis sorti un certain temps. Une fois qu’on a franchi cette étape et que la relation n’aboutit à rien, je me sens déçu et frustré. Honnêtement, ce type d’expériences a tendance à diminuer ma confiance en moi. »

Quand je décide de sortir vraiment avec quelqu’un, je n’ai de relations sexuelles qu’avec cette personne.

Stéphane

Farhad « C’est logique, en fait! Bien sûr, chacun a le droit de faire ce qui lui convient, mais je pense que réserver cet acte intime à quelqu’un que vous aimez est nettement plus valorisant et satisfaisant. »

Samuel « Je pense que chaque homme et chaque femme a des besoins propres. En ce moment, les miens ne sont pas tellement portés sur le sexe. Je profite davantage du temps que je passe avec mes amis. Je fais du sport, je voyage, je regarde un bon film… Et si ça commence à me démanger vraiment, il y a plein de porno sur Internet. Ça aide à faire baisser la pression (rires). »

À la recherche de stabilité financière?

Christophe « C’est clair que j’aimerais une relation, mais pas pour la stabilité financière qu’un couple peut apporter. J’avais assez de ressources pour prendre en charge l’hypothèque de notre maison, sans avoir à modifier radicalement mon mode de vie. Comme je peux aussi compter sur l’aide financière de mes parents, j’ai même la possibilité d’économiser. C’est un sentiment de liberté incroyable. Merci papa, merci maman! »

Farhad « Je vis toujours chez mes parents et ça me convient. Je n’ai pas à payer un loyer ou une contribution financière pour les repas, mais je fais régulièrement les courses pour la famille. Parfois, je fais le plein de la voiture de mes parents. Dans notre famille, tout le monde contribue à sa façon à l’équilibre du ménage. »

Après mon divorce, j’ai refusé certaines invitations parce que je ne voulais pas y aller seul.

Christophe

Martin « Je suis plus heureux maintenant que je suis célibataire, mais mon niveau de vie a baissé, c’est certain. Ma copine et moi avions acheté un appartement ensemble 2 ans avant notre rupture, mais aucun de nous n’avait assez d’argent pour racheter la part de l’autre. J’avais une petite épargne, mais la vie est devenue très chère et le marché du logement a complètement explosé. Impossible d’acheter seul dans ces conditions. Donc, pour l’instant je suis locataire et je fais attention à ce que je dépense pour les courses. Je tiens à l’œil ma consommation d’énergie, mes déplacements... Si je veux à un moment ou à un autre m’investir dans une nouvelle relation, j’aimerais pouvoir, avec ma compagne, acheter une maison avec jardin, mais ce n’est pas une priorité en ce moment. »

Samuel « Heureusement, un amant n’est pas la seule personne avec qui on peut partager les dépenses. Je partage moi-même une maison avec 3 amis. Ça me permet de réduire mes frais. En plus, je pense que ne pas vivre seul est une bonne chose pour moi. Quand je veux me détendre, j’ai toujours une personne dans les parages avec qui partager ce moment de liberté. J’ai maintenant un meilleur revenu. Je suis moins stressé financièrement. Je pourrais épargner davantage – mes parents me le répètent tout le temps – mais je préfère vivre le moment présent. J’aurai tout le temps d’accumuler de l’argent plus tard. Pour l’instant, je préfère collectionner les expériences inoubliables. »

Stéphane « Malheureusement, la coloc’, ce n’est pas fait pour tout le monde. J’ai essayé, mais je n’ai pas aimé. Je crois que je suis trop attaché à mes propres règles. Quand je remarque que mon style de vie est beaucoup moins enviable que celui de amis en couple, ça me frustre un peu. Ce n’est pas que je doive constamment renoncer à des activités, mais je ne peux pas partir en vacances ou manger au resto aussi souvent qu’eux. Il arrive parfois qu’on fasse une cagnotte pour un cadeau. Quand ils annoncent le montant par personne, j’hallucine. Je ne veux pas paraitre radin, donc je me tais, mais cela signifie que je dois faire plus attention à mes dépenses cette semaine-là. »

À la recherche d’un·e partenaire?

Martin « Je dois admettre que ma vie sociale est différente de celle que j’avais lorsque j’étais encore en couple. Je remarque que j’ai tendance à éviter les dîners et les barbecues avec enfants. J’ai aussi dû aller à un mariage récemment. On m’avait casé à une table de célibataires et j’ai passé la majeure partie de la soirée avec les invités qui n’étaient pas venus en couple. Si je n’ai rien contre le fait d’aller seul à un anniversaire ou un mariage, mes sorties sont celles d’un gars célibataire: aller au café, au foot, à des festivals et, de temps en temps, je m’autorise une petite aventure... »

Je me sens prêt à rencontrer la femme de ma vie, mais je ne veux rien précipiter.

Farhad

Samuel « Pour moi, ne pas avoir à tenir compte d’un partenaire quand je sors est un gros avantage. Je bois ce que je veux, je rentre chez moi quand je veux, je discute avec qui je veux, je vais où je veux… Non pas que je pense que toutes les femmes veulent vous enfermer à la maison, mais une relation est forcément basée sur de nombreux compromis. »

Farhad « J’aimerais déjà avoir rencontré ma future femme. Lors des fêtes de famille, j’ai toujours droit aux questions: ‘Quand trouveras-tu une épouse?’, ‘Tu cherches une chouette fille?’, ‘Quand pourrons-nous venir à ton mariage?’ »

Christophe « Un point très douloureux pour moi! En me mariant, j’étais convaincu que je ne devrais plus jamais sortir seul de toute ma vie. La première année après mon divorce, j’ai décliné certaines invitations parce que je ne voulais pas y aller seul. Presque tous mes amis sont en couple, souvent avec des enfants. Pour moi, c’est une situation difficile à vivre. Je suis souvent le seul célibataire lors de dîners. Même si mes amis s’efforcent de ne pas me faire ressentir cette différence, je me sens exclu, comme ‘hors du coup’. Malgré ça, depuis mon divorce, je me sens beaucoup mieux dans ma peau et j’ai beaucoup de nouveaux passe-temps qui m’occupent. Le seul moment critique, c’est le soir devant la télé. La solitude m’envahit encore régulièrement. »

Stéphane « Si je dois aller quelque part, je prends généralement un ami avec moi. Les gens sont tellement habitués que plus personne ne s’étonne. »

À la recherche d’une famille?

Christophe « J’aimerais bien en fonder une. L’une des raisons pour lesquelles mon mariage a échoué est que je ne pouvais pas avoir d’enfants avec mon ex-femme. J’en avais tellement besoin que c’est devenu une obsession. En tant qu’homme, il n’est pas évident de devenir parent célibataire. Parfois, lors d’un premier rendez-vous amoureux, je dois faire attention à chercher une partenaire et pas juste une mère pour mes enfants. Parfois, même quand la fille ne me plaît pas plus que ça, je vois la super-maman qu’elle pourrait être. Mais je refuse de tomber dans ce piège. »

Martin « Les gens ne s’y attendent peut-être pas, mais je veux vraiment des enfants. Je pense que ce serait merveilleux d’être papa. Mais pas question de me mettre la pression. En tant que trentenaire, on me demande souvent si je ne me trouve pas trop vieux pour devenir père. J’ai envie de répondre que je suis encore moi-même un gamin! Plus sérieusement, je sais que dans la vie, tout peut bouger très vite. Mon père avait 37 ans quand je suis né et je n’ai jamais eu l’impression qu’il était trop vieux ou que notre relation était moins facile qu’entre mes amis et leur père plus jeune. »

Je ne me vois pas vraiment dans un rôle de parent. Je n’y pense pas pour le moment.

Samuel

Farhad « J’aimerais être un jeune papa, pas parce que je pense que c’est mieux pour l’enfant. Je veux une grande famille et je pense donc que c’est mieux de commencer tôt! J’ai aussi grandi avec 3 sœurs et un frère et j’aime l’idée de faire partie d’une grande tribu. »

Samuel « En ce qui me concerne, je ne me vois pas vraiment dans un rôle de parent. J’imagine que j’en voudrai un jour, mais n’y pense pas du tout pour le moment. Même faire du babysitting, je n’y pense même pas. Pour ma propre tranquillité d’esprit et pour la sécurité de tous les bébés de ma famille, je crois que c’est mieux (rires). »

Stéphane « Je ne sais pas encore ce que je veux. Pour un couple gay, avoir des enfants n’est pas évident. J’ai bien peur que ce ne soit toujours pas accepté dans notre société. Je suis un grand partisan de l’égalité des droits, mais le cadre législatif ne fait pas tout. Il est important de s’assurer que votre enfant pourra grandir dans un monde ouvert d’esprit. C’est une question qui ne doit pas être prise à la légère. »

L’avis d’Ina Van Ransbeeck, sexologue: « Vous avez de la valeur, même sans amoureux·se à vos côtés »

« En Belgique, on compte de plus en plus de célibataires. Chaque cas est unique. Certains hommes sont heureux seuls. D’autres rêvent de rencontrer l’amour. Et pour ça, ils sont prêts à mettre toutes les chances de leur côté. Homme, femme ou non-binaire, ce n’est pas ce qui importe.

Pression et stress

Quand on est célibataire, on doit souvent faire face à toutes sortes de questions. L’environnement social est source de pression. Les célibataires se sentent parfois obligés de trouver l’amour. De plus, en l’absence de partenaire, on se demande si on va pouvoir acheter une maison ou fonder une famille: des questions difficiles qui sont souvent source de stress. Quand je demande aux célibataires le plus gros inconvénient lié à leur statut, ils répondent: rentrer seul·e à la maison et n’avoir personne avec qui partager ses histoires, devoir prendre des décisions importantes seul·e et devoir assumer seul·e des coûts. Mais aussi: le manque d’intimité. Nous pensons souvent que les célibataires jouissent d’une grande liberté sexuelle, mais ce n’est souvent pas le cas. De plus, tout le monde ne se sent pas à l’aise avec l’idée d’avoir des relations sexuelles avec un·e inconnu·e. Pour beaucoup, aimer la personne est un prérequis.

Du temps pour soi

En tant que célibataire, il peut être utile de réfléchir à l’avance à vos propres intentions et à celles de l’autre. Il en va de même pour les applications de rencontres. Cela peut aider à clarifier ce que vous recherchez. Vous pouvez l’indiquer dans votre bio. Vous préférez ne pas avoir de relations sexuelles? C’est tout à fait recevable. Mais à l’inverse, ne vous sentez pas coupable si vous aimez le sexe. Être célibataire peut – si on le souhaite – contribuer au développement sexuel. Et personnel. Être célibataire vous donne l’espace nécessaire pour mieux vous connaître. Cela peut aussi être l’occasion de réfléchir à une relation passée. Pourquoi ne pas mettre cette expérience à profit pour améliorer vos relations futures? Lorsque vous vous connaissez bien et que vous savez ce que vous voulez, vous ête plus à même d’établir des relations saines. Essayez de ne rien précipiter, ne laissez pas la pression extérieure vous influencer, chérissez les choses qui vous arrivent et ne comparez pas votre propre vie à celle des autres. Vous avez de la valeur, même sans personne à vos côtés. »

Texte de Elien Geboers, Marie Honnay et Ana Michelot

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